Ayerdhal est l’un des rares auteurs francophones de
SF, il incarne avec d’autres le renouveau du genre et publie,
avec Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé
un de ses meilleurs romans. L’action de celui-ci se déroule
dans un univers médiéval qui aurait très bien pu être notre Moyen-âge,
un monde où l’on naît pauvre et où on le reste, en redoutant
la garde et les questeurs d’impôts, en tremblant devant le
Prévôt ou le connétable, en agonisant doucement...
Un jour, un homme, Karel, décida que ce n’était
pas normal, que ce ne serait pas toujours ainsi. Ce philosophe
fut promptement exécuté, mais ses idées restèrent dans les mémoires.
Et alors que les suzerains s’entre-déchirent, que la Ghilde
et les partisans du Dogme complotent ; dans la ville de Macil,
sur la colline, Parleur (le personnage éponyme) décide que tout
cela doit changer.
Il reprend à son compte
les écrits de Karel, prêche pour la liberté et l’égalité
entre tous les hommes, et parvient à soulever la colline qui fait
sécession et forme une enclave dans la ville de Macil, les insurgés
formeront alors une vraie démocratie, juste et égalitaire, jusqu’au
moment où...
On ne peut s’empêcher de penser que l’auteur
s’est largement inspiré à la fois de la Révolution française
et des tragiques événements de la commune en 1870-71, les habitants
révoltés de la colline étant d’ailleurs surnommés “ les
collinards ”. A travers le récit des aventures des personnages
où amours, haines et amitiés s’entrechoquent, on perçoit
ce que devait être la vie d’une ville médiévale, du point
de vue des mentalités comme de la vie quotidienne, ce qui sera
utile à tout MJ qui se respecte.
Bref, Parleur est un roman passionnant, qui donne
à réfléchir : les héros sont attachants, se battent pour un idéal,
les événements sont nombreux, on ne s’ennuie pas une seconde.
En conclusion, si vous ne l’avez pas lu, n’hésitez pas
!
Manfred P.