Lundi 15 avril

En théorie, je n'aime pas beaucoup les lundis matin. Mais il faut se méfier des idées générales, y compris celles concernant les lundis matin. Considérez chaque lundi matin dans sa spécificité et évaluez-le pour ce qu'il est vraiment, en oubliant tout ce qu'on pu vous dire sur les lundis matin (sans parler des chansons).

Mardi 16 avril

Je retire tout ce que j'ai pu affirmer en faveur des lundis matin. Celui-ci fut particulièrement pénible. Retour au travail difficile et un pneu crevé en rase campagne. Nul.

Mercredi 17 avril

Si j'étais à la place de l'internaute tombant par hasard sur le site du GFIV, je pense que ça me ferait plaisir. Madre fait une critique mitigée de l'agenda dans sa chronique. Je crois qu'il y a aussi quelque-chose d'un peu irritant chez nous, mais je ne saurais dire précisément quoi.

Jeudi 18 avril

Malgré le titre de ce journal et le fait que je revendique un certain désœuvrement, je ne pratique pas beaucoup la sieste. Je fais partie de ceux qui tiennent le sommeil diurne pour suspect. Je viens de découvrir le plaisir de somnoler l'après-midi sur le canapé en écoutant Bitches Brew (Miles Davis) - certains états de conscience, à la limite du rêve. A creuser.

Le GFIV dans les liens de Fluctuat.

Vendredi 19 avril

Comme la moitié des français, je ne sais pas ce que je ferai dimanche. Je sais que j'écouterai encore une fois Across the Universe par Fiona Apple (chanson qui figurait dans le top ten des mes 17 ans), que j'irai voir le dernier film d'Almodovar. Voter ? Oui, je sais...

Samedi 20 avril

Brouillard sur le jardin, ce matin. Je regarde les Inrocks et découvre avec joie que Les deux anglaises et le continent, le plus beau film de Truffaut, va passer à la tété. J'écoute Big Star, Thirteen. C'est pas avec ça que je vais me réveiller. Je vais me refaire du café.

Dimanche 21 avril

On publie la correspondance de Dashiell Hammett. J'ai toujours préféré le romantisme désabusé de Chandler - dont je suis fan.

Lundi 22 avril

Dans notre département, le borgne arrive en tête. Ce n'est pas si étonnant quand on voit toutes ces populations larguées et les hommes politiques s'agiter sur une autre planète.Leurs réactions sont consternantes. Je me dis qu'il faudrait avoir envie de se remettre à s'occuper un peu plus de politique. Pourquoi est-ce si difficile ?

Mardi 23 avril

Reçu ce message de Djee (programmateur musical de l'agenda)

En te lisant ce matin, je pensais encore à ce système électoral faussement démocratique, à cette 5ème république qui donne au scrutin électoral présidentiel valeur d'adoubement.Oui c'est une faillite, terrible désillusion (si bien entendu il restait des illusions) plus que jamais cette élection laisse comme un gout de sable dans la bouche. Si je dois suivre le raisonnement sans doute nécessaire de survie sociale et intellectuelle (en dehors de tout discours partisans), Je me dois dans ce grand concert de participer au plébiscite d'un individu pour lequel je n'ai aucun respect...Paradoxal que dans un collège électoral, 27% se soient abstenus, que 40% ce soient positionnés à la gauche de l'échiquier et que le 05 mai entre 70 et 80% donneront vision d'union républicaine parce que le choix est impossible....

Prisonnier je l'étais, Otage je deviens.....

Mercredi 24 avril

Plus déprimant que le premier tour des élections présidentielles : les commentaires et les réactions. Les exclus utilisent le seul moyen d'expression à leur disposition pour dire à ceux qui vivent loin de là que ça va très très mal pour eux. Réponse de ceux qui découvrent l'existence des exclus : beurk !

Jeudi 25 avril

Un message de Ptrck sur la liste de discussion qui résume assez bien l'analyse du GFIV:

----- Original Message -----
From: PtrckFRANCOIS@aol.com
To: GFIV-Connection@yahoogroupes.fr
Sent: Wednesday, April 24, 2002 2:25 PM
Subject: [GFIV-Connection] les leçons du premier tour


où l'on découvre qu'il existait bien, au delà des petites différences de surface, un réseau, un gang intello-médiatique, fonctionnant comme une tribu de lascars d'une cité se partageant plateaux de télé, chroniques dans la presse et édition.
ce sont eux qui ont systématiquement escamoté la réalité d'une partie de la société française et ce sont eux qui manipulent et encadrent les manifs lycéennes en ressortant le vieux plan déjà utilisé sous tonton (touche pas à mon pote). quelques noms entendus ou vus dernièrement : july, adler, ppda, kristeva, lang... la liste est longue. ce sont ceux qui pleurent jospin et contiennent mal leur dépit de voir le réel leur revenir en pleine gueule.

Dans la rubrique autosatisfaction, il y a Slone qui m'écrit pour me dire qu'il aime bien mes peintures :

ceci dit, j'ai découvert tes peintures (je suppose que l'on peut se tutoyer ?
désolé sinon) et j'ai été agréablement surpris... tout ne m'a pas plus sur le
site, mais il faut avouer que tes peintures sont particulièrement réussi... Je
n'arrive pas encore à savoir tout ce à quoi cela me fait penser, au niveau du
style, mais dès que j'aurai décanté ça, je t'en ferai part... Enfin, si ça me
semble suffisamment intéressant pour l'évoquer, et si tu es toi-même
intéressée....

Oui, oui, oui ! - et puis pendant ce temps-là, on parle d'autre chose.

Vendredi 26 avril

C'est vrai, nous ne mettons pas beaucoup le nez dehors. De temps en temps, il faut bien aller au supermarché du coin pour approvisionner la base. Et c'est souvent sur moi que ça tombe (no comment). J'en reviens et c'était terrible. J'avais l'impression de voir des électeurs FN partout. Même la caissière, qui s'est crispée bizarrement lorsqu'elle a vu la couverture des Inrocks (qui invite à voter Chirac, comme nous). Cela m'a rappelé mes premiers joints dans des concerts, quand le public se mettait à devenir menaçant, les visages plus inquiétants les uns que les autres. Brrrr !

Samedi 27 avril

Il y a encore quelques jours, lorsqu'Ahmed m' écrivait pour me faire part de son angoisse devant la situation, je lui envoyais des messages lénifiants du genre "Le second tour sera un large plébiscite anti-fasciste". Je ne pourrai plus l'affirmer avec autant de certitude aujourd'hui.

Dimanche 28 avril

" Je dis qu'il y a actuellement, sur le terrain, une dynamique à l'oeuvre qui va très vite et que personne ne contrôle, des inhibitions qui tombent et, il faut l'appeller comme ça, de la jouissance. On sent ça dans les bar PMU de province, derrière les vitrines des charcuteries, dans les silences des femmes de ménage. Il y a de la revanche dans l'air."

Un signe inquiétant, parmi d'autres : Patrick qui perd son cool.

Lundi 29 avril

I feel bad. Et même : I feel fuckin' bad. Ma "sensibilité féminine", comme dit Joe qui ne peut pas rester en place et s'est remis à fumer des cigarillos.

Mardi 30 avril

Comme moi, peut-être en avez-vous marre d'essayer de comprendre pourquoi des gens votent back to vichy uniquement pour le plaisir de nuire ? Un seul remède contre la morosité : ce roman de Saul Bellow. Une méditation brillante, drôle et profonde, sur l'amitié et sur la mort. Un chef d'oeuvre bourré d'humour juif qui vous redonnera envie de vivre, d'aimer et de vous battre.

Mercredi 1er mai

Le temps est couvert. C'est un peu un rituel pour le 1er mai, non ?

Jeudi 2 mai

C'est curieux, je respire mieux ce matin. Vu des visages rassurants. Des regards sans haine. Cela nous change un peu. On ne peut pas toujours se pencher sur ce qu'il y a de pire dans l'homme, de plus bas. Il faut bien s'oxygéner un peu.

Vendredi 3 mai

Le café du village est divisé en deux, avec un coin pour les vieux et un coin pour les jeunes, avec des jeux et de la musique. D'habitude, les deux parties s'ignorent mais cohabitent. Ce soir, l'ambiance était bizarre, le patron contrarié. Le comptoir des vieux (qui ont largement voté vichy au premier tour) était entièrement désert, il n'en restait pas un, même pas le pilier inamovible. Chez les jeunes, c'était plein. Les visages étaient tendus, livides, et le son de la sono à fond (du R & B). C'était leur manière à eux de manifester leur dégoût, dans ce village de la france profonde.

Samedi 4 mai

J'ai la gueule de bois, but that's right.

Dimanche mai

Je ne vois rien qui puisse me détendre à l'extérieur - le ciel est tourmenté, les arbres agités par le vent. Résultat : je ne lève pas les yeux de mon livre.

 

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