Lundi 5 mars

Depuis sa réouverture, le Centre Pompidou affiche une programmation résolument fun. Après "Au delà du spectacle", "Les années Pop". Les deux expositions s'articulent très bien : dépassement de la critique de la Société du Spectacle et lecture révisionniste de la période qui a vu naître cette critique. Bien joué.

Mardi 6 mars

En ce moment, "procès de 68" dans les médias. Je ne vois qu'un reproche à faire à "68" : c'est d'avoir échoué à nous débarrasser de la société spectaculaire marchande et d'avoir, en fait, participé à son renforcement.

Mercredi 7 mars

Aujourd'hui, rien de spécial. Surfé sans rien relever de notable, lu des choses ennuyeuses, participé à des discussions anodines. Rien.

Jeudi 8 mars

Je retravaille sur ma thèse. J'essaie d'écrire sur le thème de "la création dans le cyberespace" (tout un programme). L'intérêt, c'est qu'il n'y a rien, ou presque. Impression d'avancer en terre inconnue. Le texte sera en ligne sur le site après la soutenance.

Vendredi 9 mars

Aujourd'hui, un peu de bagarre avec un petit chef. Plaisir rare.

Samedi 10 mars

Vidé les cendres de la cheminée. Peut-être que le printemps approche.

A part moi lors de mes mises-à-jour, je me demande qui peut bien venir ici. On se sent parfois un peut seul dans le cyberespace. Vous qui transitez par ces pages, vous pourriez laisser un mot sur le mail, histoire de s'assurer qu'il y a bien une présence humaine quelque-part.

Finalement, je crois que je vais refaire du feu.

Dimanche 11 mars

Bon dimanche. Jardinage, plantations. Puis Lonesome Pat est passé avec sa guitare et nous avons passé en revue nos chansons préférées : Dead Flowers, Waiting For My Man, Honest I do, et surtout Ain't Me Babe. Le soir tombait sur le jardin pendant qu'on était en train de hurler NO, NO, NO ! et c'était vraiment bien.

Lundi 12 mars

Beaucoup de pluie. La rivière défile comme dans un film accéléré. J'attend le moment où il sera possible d'envoyer des films sur Internet. Pour l'instant, il faut se contenter des animations. Bill dit qu'il ne faut pas lire les explications sur la prise en main des logiciels et que cela permet de retrouver l'élan, l'improvisation et la surprise, comme dans le free jazz.

Mardi 13 mars

Lu les derniers mails du groupe anti-dollar. La Banque Universelle de l'Art est opposée au fait que la création soit traitée comme une marchandise. Mais comme toujours, les choses sont assez compliquées. Par exemple, les peintres les plus chers sur le marché sont des artistes indéniablement importants (citons Johns, Basquiat). C'est un peu moins vrai pour ceux que les institutions montent en épingle en ce moment. Mais il est vrai que dans leur cas, le marché ne suit pas. Un Hybert vaut beaucoup moins cher qu'un Bacon. Il faudrait ajouter que chez les artistes ignorés du marché, les génies méconnus sont très rares. Et, en même temps, la BUA a raison : l'art doit rester une création de l'esprit, indépendante des échanges financiers qui s'appliquent à la marchandise.

Mercredi 14 mars

Comment déclencher des hoquets rockabily. 1 : Écoutez une chanson sur votre lecteur genre Realplayer (j'ai essayé avec Tupelo Honey de Van Morrison, ça marche très bien). 2 : Connectez-vous à Internet. 3 : Lorsque la connexion s'effectue, on entend des hoquets à la Elvis. Voilà, c'est tout, mais c'est déjà beaucoup.

Jeudi 15 mars

Chute de la bourse : Voici la thèse de Joe Le Gloseur. Les maîtres du monde (une vingtaine de personnes maxi) se sont mis d'accord pour provoquer ce KRASH virtuel (qui ne l'est pas pour les pauvres pigeons qui ont vraiment cru que tout le monde allait pouvoir devenir capitaliste et fumer le cigare). Le but ? Mettre une putain de PRESSION sur les gouvernant (au premier rang desquels, le bleu Electric Bush). Pour obtenir quoi ? Un soutient inconditionnel, qu'on les laisse faire leur très gros profit en paix, qu'on les aide à dégager les emmerdeurs. Ceci pourrait alors sonner, toujours selon Joe, le début d'une nouvelle phase encore plus destructrice du libéralisme.

Vendredi 16 mars

Le web vous fait passer par de drôles d'états. Cela va de l'euphorie du pionnier découvrant un continent à la gueule de bois des lendemains d'euphorie où l'on se sent floué. Quels que soient les merveilles communicationnelles d'Internet, il y aura toujours une petite sensation de manque liée au fait que tout se passe dans un espace virtuel et que, pendant ce temps, ceux qui nous dominent le font dans le monde réel.

Samedi 17 mars

Les artistes sont historiquement prédisposés aux mondanités. Il sont avant tout des courtisans qui cherchent à séduire le mécène, à convaincre le collectionneur. Cela tient à leur côté profession libérale.

Dimanche 18 mars

Je m'installe devant la télé pour regarder Un après-midi de chien, un film que j'avais voulu voir à sa sortie et que j'avais raté, je ne sais plus pourquoi. Tout était mieux dans les années soixante-dix. Ce n'est pas de la nostalgie ou du passéisme : c'est juste la réalité. Comme dit Schuhl vers la fin de son livre, comme dit également Lonesome Pat dans son roman jamais publié, il s'est passé quelque chose d'étrange, une sorte de faille spatio-temporelle, qui fait que l'on n'arrive pas à replacer cette période dans une continuité avec le présent. Il est même très difficile de se dire qu'elle a précédé le long tunnel où nous sommes en train de nous traîner.

 

 

 

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