L'Eglise occupée - Une citation de Saint Pie X

Philippe Brindet
7 décembre 2007


PASCENDI DOMINICI GREGIS

LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETé LE PAPE PIE X SUR LES ERREURS DU MODERNISME



[...]

2. Ce qui exige surtout que Nous parlions sans délai, c'est que, les artisans d'erreurs, il n'y a pas à les chercher aujourd'hui parmi les ennemis déclarés. Ils se cachent et c'est un sujet d'appréhension et d'angoisse très vives, dans le sein même et au coeur de l'Eglise, ennemis d'autant plus redoutables qu'ils le sont moins ouvertement.

[... 3 ...]

Ennemis de l'Eglise, certes ils le sont, et à dire qu'elle n'en a pas de pires on ne s'écarte pas du vrai. Ce n'est pas du dehors, en effet, on l'a déjà noté, c'est du dedans qu'ils trament sa ruine; le danger est aujourd'hui presque aux entrailles mêmes et aux veines de l'Eglise; leurs coups sont d'autant plus sûrs qu'ils savent mieux où la frapper. Ajoutez que ce n'est point aux rameaux ou aux rejetons qu'ils ont mis la cognée, mais à la racine même, c'est-à-dire à la foi et à ses fibres les plus profondes. Puis, cette racine d'immortelle vie une fois tranchée, ils se donnent la tâche de faire circuler le virus par tout l'arbre: nulle partie de la foi catholique qui reste à l'abri de leur main, nulle qu'ils ne fassent tout pour corrompre. Et tandis qu'ils poursuivent par mille chemins leur dessein néfaste, rien de si insidieux, de si perfide que leur tactique: amalgamant en eux le rationaliste et le catholique, ils le font avec un tel raffinement d'habileté qu'ils abusent facilement les esprits mal avertis.

[...]

78. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 8 septembre 1907, la 5e année de Notre Pontificat.



Cette encyclique est publiée notamment sur le site du Saint-Siège. La méditation en vérité de ce texte suffit. Ce qui suit ne constitue que quelques réflexions qui n'engagent que leur auteur et que nous offrons à la curiosité du lecteur.


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SS Pie X vise principalement les ennemis de l'Eglise, artisans d'erreurs. Le ton de l'Encyclique est résolu et il est celui d'un Chef d'Etat possesseur d'une force capable de combattre ses ennemis.

Un tel ton est aujourd'hui perçu comme incongru. Il n'est d'ailleurs plus utilisé.

Cette différence est surtout formelle, nous allons le montrer.

Replacer Pascendi dans les conditions de son temps

Comme forces séculières, SS Pie X pouvait à l'époque compter sur une partie de l'Italie, sur l'Espagne et surtout, sur l'Autriche. D'autres Etats pouvaient aussi compter comme la Russie et l'Angleterre. Appuyé sur l'Etat du Vatican, même sans concordat avec l'Italie royale, le Pape était assuré d'une certaine puissance temporelle.

Mais, il faut remarquer que les ennemis visés par SS Pie X n'attaquent pas l'existence même de l'Eglise. Il s'agit bien plus de ceux qui adhèrent à une erreur que le Pape va désigner à la suite de Pie IX : le modernisme qui propageait des mouvements révolutionnaires dangereux pour les régimes politiques de l'époque. Dans le modernisme condamné par les Papes de ce temps-là, se trouvaient également le libéralisme et le marxisme, le socialisme étatiste et la glorification des Lumières de 1789.

De ce fait, SS Pie X pouvait compter sur la coopération d'une grande majorité d'Etats pour contre-attaquer les dangers qu'Il énonçe dans la suite de l'Encyclique.

Comparer la situation actuelle

Aujourd'hui, le Pape ne peut plus compter sur aucun des soutiens de l'Eglise du XIX° siècle. Cependant, Il est encore protégé relativement par les Organisations internationales et les traités qui, comme la Charte de l'OSCE, lui garantissent une certaine forme de protection.

Aussi, le ton de Pie X ne peut plus être utilisé aujourd'hui, parce que les conditions sociales ont profondément changées. Lui reprocher un ton agressif à l'égard du monde moderne est une attitude irréfléchie qui ne peut se fonder que sur un anachonisme fautif.

L'erreur plus dangereuse que la persécution

SS Pie X identifie les ennemis de l'Eglise comme les artisans d'erreurs. Plus que les persécuteurs de chrétiens, les artisans d'erreurs sont les véritables ennemis de l'Eglise. Or cette affirmation elle aussi n'est plus affirmée avec l'énergie de SS Pie X.

Mais, là aussi, il faut rejeter tout anachronisme. Lorsque le Souverain Pontife dénonce des erreurs, Il vise bien entendu des erreurs concernant la Foi catholique dont l'Eglise est la Maîtresse, Gardienne et Enseignante.

Cette caractéristique est absolument inchangée aujourd'hui et aucun des derniers Papes ne s'est dérobé à cette charge.

L'irréfutable séparation de l'Eglise et du monde

Mais, une grande chose a changé depuis le temps de SS Pie X. La Foi juste et authentique était aussi le fondement de la Politique et le Souverain Pontife pouvait voir dans la politique des Etats une forme de praxis de la Foi. De ce fait, dénoncer les erreurs contre la Foi, était largement au sens du Pape, équivalent à dénoncer des atteintes à cette base politique du monde de la fin du XIX°siècle.

Il s'ensuit que le Pape pouvait attendre des pouvoirs politiques qu'ils défendent par la force du bras séculier l'Eglise contre les artisans d'erreurs, poursuivant ainsi la politique médiévale des rois de France notamment, mais aussi en Espagne.

Or aujourd'hui, les politiques contemporaines se sont écartées de toute référence même à une simple morale chrétienne, même réduite à la morale naturelle. Divorce, contraception, avortement, euthanasie, manipulations génétiques, instrumentation de l'être humain sont autant de mesures inscrites comme des progrès des sciences et de la loi des sociétés civiles. La mise à l'écart de l'Eglise dans la conduite des affaires sociales est telle que, dans des textes fondateurs de l'Union européenne, des Etats européens ont obtenu l'effacement de l'évocation des racines chrétiennes de l'Europe.

Il en résulte que les Papes contemporains ne peuvent plus compter sur l'évaluation des Etats séculiers qu'une atteinte à la Foi catholique serait une menace pour la stabilité des sociétés laïques. Au contraire. De nombreuses lois de ces Etats constituent des atteintes graves à la Foi. Divorces, contraception, avortements, euthanasie, eugénisme, promotion de cultures agressives à l'égard du catholicisme.

Le danger de l'erreur vient de l'intérieur de l'Eglise

SS Pie X dénonce une forme particulière d'ennemis : les ennemis de l'intérieur de l'Eglise. Et pour parvenir à leurs fins, ces ennemis déguisent leur propos en mêlant habilement le rationalisme des ennemis de l'extérieur avec un catholicisme trompeur.

Cette infiltation est particulièrement notable donc à l'époque de SS Pie X. Or, cinquante ans plus tard, lors de la tenue du Concile Vatican II, un auteur traditionaliste, Marc Diem, protestant contre les orientations du Concile, considérait que l'Eglise était occupée par ses ennemis.

Le propos était excessif, Il reste aujourd'hui excessif. Jean-Paul II et Benoît XVI nous le montre. Mais, pour excessif qu'il soit, ce propos évoque la dénonciation par SS Pie X des ennemis de l'intérieur. Comment ne pas comparer l'état de l'Eglise au temps de SS Pie X à celui d'aujourd'hui. Amiens, ville cathédrale contient en 1900 11 églises majeures. Ces églises existent encore en 2007. Mais alors qu'au temps de SS Pie X, elles étaient le lieu d'un culte quotidien, avec plusieurs messes, des vêpres, et de nombreuses célébrations, dont les obsèques religieuses, aujourd'hui, seules trois églises ouvrent leur porte le dimanche pour une rare messe.

Détail consternant et révélateur. Un parti de traditionalistes disposait près d'Amiens d'une chapelle concédée, non par l'évéché, mais par le Conseil Général, laïque. Cette chapelle était vendue avec l'ensemble foncier auquel elle était attachée et les traditionalistes se retrouvaient à la rue. L'évêque contacté refuse de concéder une des 8 églises inutilisées dans la ville d'Amiens au motif que les intégristes sont des schismatiques. Les intégristes, sans user de violence, célèbrent alors la messe dominicale en plein air, sur la place du Parvis de la cathédrale d'Amiens. Malgré le froid et la pluie, de 500 à 700 fidèles assistent à cette célébration.

Pendant ce temps à l'intérieur de la cathédrale immense et désertée, moins de cinquante fidèles assistent à la messe de Paul VI. Pénétré de l'importance de sa charge, l'évêque y fait prononcer un sermon prônant le dialogue inter-religieux et oecuménique. Outrés, des paroissiens interpellent le prêcheur et abandonnent la messe ordinaire pour la messe intégriste en plein air.

Qui sont les ennemis de l'intérieur de l'Eglise ? Ceux qui célébrent la Messe sous les intempéries, ou ceux qui occupent la cathédrale ?

L'erreur infeste non pas les marges de la Foi mais la Doctrine elle-même

La méthode d'agression découverte par SS Pie X est particulièrement virulente. Selon SS Pie X, les ennemis de l'intérieur se sont emparés de la Doctrine elle-même et s'emploient à diffuser une forme déviée, pervertie de la foi vers l'ensemble des fidèles, trompés par l'apparence de catholicité prise par ces ennemis rusés.

Tout d'abord, de nombreux ecclésiastiques contemporains ont écrit des textes indiquant clairement que, pour eux, le Concile Vatican II tel qu'ils le lisent, instaure un nouveau régime dans l'Eglise, comme 1789 a éliminé l'Ancien Régime.

Une telle position, absolument contraire à l'enseignement du Concile lui-même et des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI, n'a pas été possible par la seule conclusion du Concile. C'est bien parce que des ennemis de l'intérieur même de l'Eglise ont propagé un enseignement perverti de la Foi et de la Doctrine, que l'enseignement du Concile lui-même a pu être aussi facilement et aussi largement diffusé de manière perverse.

Ainsi, Benoït XVI a lui-même noté dans son ouvrage "L'Esprit de la Liturgie" que deux réformes ont été imposées dans un cadre qui n'avait été prévu ni par le Concile ni par la Congrégation pour le Culte Divin quand le missel de Paul VI a été promulgué.

Tout d'abord, la célébration face à l'assemblée, en tant que norme de célébration universelle, ne se trouve dans aucun livre liturgique promulgué par la Congrégation du Culte divin. Là aussi, au motif que cette disposition était celle à Saint-Pierre de Rome, des ecclésiastiques s'en sont emparés pour disposer la célébration nouvelle avec le célébrant comme centre de l'Eucharistie. Et Benoît XVI a condamné cette place illégitime du célébrant.

Ensuite, le latin a été affirmé comme la langue officielle de la liturgie latine. Le recours aux langues vernaculaires était seulement envisagé dans des occasions particulières : assemblées de jeunes, certaines parties de la liturgie célébrée dans certains milieux, pays de missions. Mais, il n'était absolument pas envisagé de supprimer l'usage du latin, notamment pour le Canon de la Messe et pour les grandes prières de la Messe, Kyrie (qui est du grec, nous ne l'ignorons pas, mais qui n'est pas plus une langue vernaculaire ...) Gloria, Credo, Pater.

Or, presque immédiatement après la promulgation du Missel de Paul VI, le latin était éliminé du prononcé de la liturgie. Sans aucune raison législative. Par simple fantaisie d'ecclésiastiques. Les ennemis de l'intérieur.

Certains considèrent que le "légitime" passage d'une langue incompréhensible - le latin - à la langue du peuple est d'abord un progrès dans la compréhension, et ne touche pas à la Doctrine. Une telle opinion est erronnée et la démonstration de cette erreur en montre toute la toxicité.

En effet, on a profité de la traduction du latin vers une langue quelconque pour dévier le sens droit que le latin portait, en lien avec la doctrine, quand cette dernière était correctement enseignée. Toutes les traductions qu'il a été possible d'étudier du latin vers une langue vernaculaire, français, anglais, allemand, et dans une mesure moindre, italien et espagnol, se sont ingéniées à dévier le sens orthodoxe des paroles de la liturgie, liturgie qui se fonde pourtant sur le Concile lui-même.

Parmi les erreurs graves s'en trouvent deux genres :
  • l'erreur qui introduit dans le culte sacré des rites venus de cultes anti-chrétiens.
  • l'erreur qui procède d'un sens ambigue.

Les erreurs sur le sens de la foi

Le premier genre d'erreurs se trouve par exemple dans le rite d'introduction de l'Offertoire. Dans le rite ordinaire, qui se prétend "messe de Paul VI", on a introduit un rite pratiqué dans le culte théophilanthropique de 1793. Ce culte consistait à faire apporter par le peuple à l'autel les produits de la nature, l'officiant les offrant ensuite à l'Etre Suprême. Le rite théophilanthropique a été adapté à la particularité binaire de l'Eucharistie et "on" n'y a vu que du feu.

Une description de ce rite théophilanthropique se trouve dans un ouvrage édité par la Bibliothèque Nationale à l'occasion d'une exposition consacrée à la Révolution française. Cet ouvrage contient un catalogue des pièces de cette exposition tenue au début de l'année 1928. Une pièce numérotée '671', rapportée page 190 de l'ouvrage est à citer entièrement :
"671 - Le Culte naturel. Gravure à l'eau-forte", par Jean-Baptiste Malet, peintre et graveur (1759-1835). H 0,353 x L. 0,480. - Est., Qb 108.
Présentation d'un enfant à la Société théophilanthropique. Cette estampe fut annoncé dans le Journal de Paris du 25 décembre 1797. Elle se vendait "chez l'auteur, rue Gît-le-Coeur, n° 18". Le culte "naturel" consistait dans le dépôt, sur un autel de forme antique, de productions de la nature apportées par les fidèles et offertes à l'Etre suprême par l'officiant."
Certains pourront opposer le fait que, si les paroles citées sont toujours prononcées, la procession des fidèles apportant du pain et du vin, comme fruits de la vigne et de la terre, n'est pas toujours "solennisée", mais seulement simulée par la quête, déposée au pied de l'autel, et souvent par la présentation du pain et du vin eucharistiques par des fidèles qui montent alors à l'autel.

De fait, ce "rite théophilanthropique" est souvent affaibli pour éviter de le rendre trop décelable. Il n'en demeure pas moins vrai que ce "rite théophilanthropique" était déjà conçu comme une déviation du rite eucharistique du rite de Saint Pie V. Cette déviation consistait à éliminer toute référence au Christ et à son Sacrifice réedempteur. L'introduction de ce "rite" dans l'offertoire n'a jamais eu d'autre but.

Les erreurs sur l'interprétation de la foi

Le second genre d'erreurs est exemplifié par les paroles qui suivent l'offrande "des fruits de la Nature et du travail des hommes" du rite ordinaire. Le prêtre prononce ces mots extrêmement ambigus " Qu'elles (ces offrandes) deviennent pour nous le Corps et le Sang de ...". La mention ambigue réside dans la locution "pour nous".

Une première interprétation catholique, et correcte, consiste à interpréter "deviennent pour nous" comme l'expression que la transformation des espèces eucharistiques n'est pas faite pour rien, mais qu'elle est opérée par Dieu pour notre Salut, à nous indistinctement, tous les hommes. C'est le sens que prend la formule du rite extraordinaire

Hélas, il existe une seconde interprétation, bien connue des luthériens, dans laquelle le "pour nous" vise les membres de l'assemblée eucharistique, locale, instantanée. Il en résulte que le Sacrifice de la messe perd sa destination universelle pour devenir le fameux repas fraternel auquel les ecclésiastiques veulent réduire l'eucharistie dans le rite ordinaire.

Ainsi, par le moyen de traductions, incompréhensiblement revêtues de toutes les autorisations ecclésiastiques possibles, les ennemis de l'intérieur ont entièrement perverti la rectitude de la Doctrine, même sur la signification du Saint Sacrifice lui-même.

Pourtant, jamais le Concile et les Papes n'ont voulu une telle catastrophe. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi le rappelait dans une déclaration récente de son Président, le Cardinal Levada, dans un document intitulé : "RéPONSES à DES QUESTIONS CONCERNANT CERTAINS ASPECTS DE LA DOCTRINE SUR L'éGLISE". Cette déclaration date du 29 juin 2007 et elle est publiée sur le site du Saint-Siège, dans les pages relatives à la Congrégation.

Dans ce document, la Congrégation pose la question suivante :
"Le Concile oecuménique Vatican II a-t-il changé la doctrine antérieure sur l'église ?"
La réponse est brève : "non". Mais la Congrégation expose les raisons de cette constance de la Doctrine. Et ces raisons s'appliquent à l'ensemble de la Doctrine et bien entendu à la liturgie. Citant SS Paul VI, le cardinal Levada prend au compte de la Congrégation la déclaration solennelle de promulgation de la Constitution Lumen Gentium :
"Le meilleur commentaire que l'on puisse en faire, semble-t-il, est de dire que vraiment cette promulgation ne change en rien la doctrine traditionnelle. Ce que veut le Christ, nous le voulons aussi. Ce qui était, demeure. Ce que l'église a enseigné pendant des siècles, nous L'enseignons également."
Dans son Discours du 11 octobre 1962 SS. JEAN XXIII déclare :
" Le Concile [...] veut transmettre dans son intégrité, sans l'affaiblir ni l'altérer, la doctrine catholique."

Les erreurs se propagent parce qu'elles sont massives

L'effet de la perversion de la liturgie, maintenant traditionnelle dans l'église qui se doit "concilaire" alors qu'elle est en révolte contre le Concile Vatican II, est massif. Alors que le Concile appelait au renouveau liturgique justement pour ajouter aux foules catholiques qui se pressaient aux messes du dimanche, le nombre important de ceux qui n'y allaient pas, la réforme liturgique, appliquée par des pervers, a fait déserter les fidèles de la célébration de la Messe. En France, la situation est absolument catastrophique. Ce n'est plus tant le manque de prêtres qui est la cause du défaut d'ouvertures d'églises. C'est parce qu'il n'y a plus de fidèles pour assister au Saint-Sacrifice que les églises ferment.

Croyez-vous que les ennemis de l'intérieur reconnaissent leur erreur ? Non. Pour masquer leur écrasante responsabilité, ils incriminent la paresse des laïcs qui ne veulent plus se faire "prêtre", alors qu'ils éloignent du Temple les membres de l'Eglise. Il est tellement facile de souligner abvec un ton de voix doucereux que les gens n'ademttent plus de prendre des engagements et de généraliser dans tous les domaines : mariages, service des pauvres, engagement syndical, etc.

Mais, admettre la réduction énorme du nombre des fidèles assistant à la messe dominicale, reviendrait à avouer la faute du clergé dit "concilaire". Un tel aveu lui est encore impossible. Il sauverait l'Eglise.

Saint Pie X en quelques lignes d'une intensité prophétique, dénonce par avance cette situation inimaginable.

Les erreurs du traditionalisme

Nous savons tous qu'un fraction de catholiques se tiennent farouchement à distance de ce qu'ils appellent, cinquante ans après, "la nouvelle messe" et qu'ils assistent exclusivement à la célébration du rite tridentin. Nous savons aussi que, depuis le mois de Juillet 2007, SS Benoît XVI a ouvert, par une procédure prudente, la voie à une reprise de la célébration du rite tridentin dans sa réforme promulguée par Jean XXIII.

Or, nous voyons tous que de nombreux ecclésiastiques se sont ingéniés à rendre sans force le Motu proprio de Benoît XVI. Par exemple, au mois de décembre 2007, les sites Internet de nombreux diocèses se font l'écho de la satisfaction des évêques qu'aucune demande de messe tridentine ne leur soit parvenue à ce jour, ou encore qu'une messe tridentine sera célébrée dans une église désaffectée, à 22 heures, un soir de janvier.

Une telle attitude est indigne.

Les erreurs sont largement le fait des cadres dirigeants de l'Eglise, pas du peuple

Mais, il y a plus grave. C'est que la position majoritaire des évêques, telle qu'elle ressort des documents officiels publiés par les diocèses sur le Web, révèle que les laïcs de l'église concilaire considèrent la messe du rite ordinaire comme LA messe traditionnelle, tandis que la messe tridentine, même rebaptisée "rite extraordinaire", leur semble une nouveauté absolument inacceptable.

De fait, alors que l'âge moyen des fidèles des messes tridentines se trouve dans la classe d'âge des parents de familles nombreuses, celui des messes de Paul VI devient toujours plus élevé. Mgr Dagens l'avait lui-même noté dans un article paru dans Le Monde à l'occasion des JMJ de Jean-Paul II en France. Les jeunes qui venaient, fervents, aux assemblées et manifestations monstres des JMJ ne se retrouvaient jamais aux messes paroissiales des dimanches (ni des autres jours, d'ailleurs).

Les erreurs ne peuvent être combattues que par la mise en oeuvre de TOUTE la doctrine

Plus grave encore. En parfaite application d'une théologie erronée qui produit la déviation liturgique de la messe de Paul VI, les sermons des prêtres de l'église dite concilaire, probablement parce qu'elle le pervertit, ont imposé une conception de la religion comme auxiliaire de la police de l'Etat moderne. Lutte contre l'exclusion, contre la pauvreté, contre le racisme et la xénophobie, pour la solidarité et contre le réchauffement climatique, pour le développement durable et contre l'impérialisme des pays riches. On est fatigué de ce monceau de niaiseries. Et pourtant, elles s'imposent dans la durée.

Il en résulte que, passé le cap de la compréhension du latin, langue absolument inconnue des catholiques contemporains, les fidèles "concilaires" seraient horrifiés d'entendre la théologie catholique exprimée dans le rite de Saint Pie V.

Il est donc probable qu'il serait plus expédient que les fidèles de l'Eglise de toujours, allant jusqu'au Pape Benoît XVI en passant par le Concile Vatican II, fassent un effort d'enseignement de la Doctrine avant de tenter d'introduire le rite extraordinaire.

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Dans ce mouvement d'introduction à la Doctrine droite, il serait bon aussi de lutter pour évacuer les rites déviants et ambigus du rite ordinaire, dit "rite de Paul VI". Une fois nettoyée des errements dénoncés par Jean-Paul II dans "Ecclesia de Eucharistia vivit", ou par Benoît XVI, la liturgie voulue par Paul VI et le Concile de Vatican II ne sera plus aussi exogène de l'authentique Tradition de l'Eglise et le rite tridentin comme rite extraordinaire reprendra son caractère central dans l'Eglise.

Il est clair que la lutte des cinquante prochaines années sera celle de la restauration du vrai culte de l'Eucharistie.

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