Une apparition miraculeuse et une conversion au catholicisme.
Philippe Brindet
22 janvier 2008


Le dimanche 20 janvier 2008, Sa Sainteté Benoit XVI a évoqué l'apparition de la Vierge Marie le 20 janvier 1842 à Rome. Cette apparition a été offerte par la Vierge Marie à un juif fortement anticlérical, Alphone Ratisbonne, de Strasbourg.

Le fait que Alphonse Ratisbonne fut juif présente une importance certaine. Son anticléricalisme d'origine aussi. Mais sa conversion suggère d'autres réflexions.

En effet, il est courant aujourd'hui de se demander si les chrétiens, catholiques en l'occurrence, sont "crédibles" pour convertir ceux qui ne sont pas chrétiens. En pratique, cette critique indique seulement que les chrétiens, ne vivant pas conformément aux principes évangéliques, ne témoignent pas de manière correcte pour convertir par leurs perfections les gens qui ne sont pas chrétiens.

Le relativisme religieux considérant que toutes les religions se valent, la conversion au catholicisme est tenu pour quelque chose de socialement indifférent en ce sens qu'Alphonse Ratisbonne aurait aussi bien pu se convertir à l'Islam ou au boudhisme. A l'inverse, l'idée qu'une religion pourrait interdire l'apostasie est tenue pour une atteinte aux droits de l'homme. Cette critique, il faut bien l'avouer, porte surtout sur l'Islam, dans la mesure où en effet, il semble être la seule religion appliquant encore avec rigueur une sanction capitale à la faute d'apostasie.

Le problème, c'est que justement Alphonse Ratisbonne ne s'est pas converti à une autre religion qu'au christianisme et que cette conversion ne lui a pas été imposé par des hommes, fussent-ils religieux. Aucune intervention sociale "crédible" ne lui a été infligée non plus. Il a simplement accepté une simple proposition de la foi de la part d'amis chrétiens. Il n'a pas suivi une formation biblique ou théologique catholique étendue. Plus encore, il est très probable que les amis chrétiens d'Alphonse Ratisbonne étaient particulièrement peu "crédibles" avec leur "bigoterie ridicule", proposant à un juif anticlérical une médaille de la Vierge et lui demandant de recopier une prière. L'entrainer à Rome, ville agréable au demeurant et chargée d'histoire et d'arts, n'était pas beaucoup plus crédible en vue d'une conversion, négociée selon des critères de crédibilité.

La conversion d'Alphonse Ratisbonne, bien qu'elle fut spectaculaire à cause de l'apparition de la Vierge Marie, a d'abord été un processus personnel, d'autant plus que cette apparition s'est laissée voir à peu de témoins. De ce point de vue, la conversion est d'abord une démarche qu'on pourrait presque dire selon le principe de laïcité républicaine imposée en France. Elle reste secrète, d'autant plus qu'elle est profonde.

Ensuite, elle a été littéralement "forcée" par l'intervention surnaturelle. Nul ne peut croire en Dieu s'il ne laisse pas Dieu s'emparer de lui. La foi ne se prend pas et aucun homme ne la donne. Le rôle de la Mère de Dieu, qui est vraiment comme une Mère aimante, est particulièrement important.

Le Pape, faisant mémoire de l'apparition de la Vierge Marie, a prononcé cette prière :
« Que la Mère de Dieu dont on rappelle aujourd'hui l'apparition à Alphonse Ratisbonne, en l'église Sant'Andrea delle Fratte, obtienne du Seigneur pour tous ses disciples l'abondance de l'Esprit Saint, de façon à ce qu'ensemble nous puissions atteindre l'unité parfaite, et offrir ainsi le témoignage de foi et de vie dont le monde a un besoin urgent ».