Les fils adoptifs de Dieu sont les catholiques
Philippe Brindet
le 30 mars 2008

Une opinion erronnée s'impose progressivement dans la mentalité des catholiques que tout homme, fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, est fait "fils adoptif de Dieu" par sa seule conception dans le sein maternel.

Cette opinion est malheureusement à la fois majoritaire, ou à tout le moins fortement répandue, et elle est erronnée.

Une telle affirmation doit être argumentée et fondée. Pour fonder la contestation de l'affirmation d'une qualité de nature de tout homme à être fils adoptif de Dieu, on doit se référer aux textes normatifs de l'Eglise Catholique. On se réfère ici au Catéchisme de l'Eglise Catholique, publié sur le site du Vatican, dans sa version française.

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Le Catéchisme de l'Eglise Catholique indique très clairement :

DEUXIEME PARTIE LA CELEBRATION DU MYSTERE CHRETIEN
    * DEUXIÈME SECTION LES SEPT SACREMENTS DE ÉGLISE
          o CHAPITRE PREMIER LES SACREMENTS DE L’INITIATION CHRETIENNE
                + Article 1 LE SACREMENT DU BAPTEME

Article 1

LE SACREMENT DU BAPTEME

1213 Le saint Baptême est le fondement de toute la vie chrétienne le porche de la vie dans l’Esprit (vitæ spiritualis ianua) et la porte qui ouvre l’accès aux autres sacrements. Par le Baptême nous sommes libérés du péché et régénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l’Église et faits participants à sa mission...


Cette définition n'indique pas nettement que seuls les baptisés sont Fils de Dieu par adoption. Elle indique clairement que le baptême régénère le baptisé comme fils de Dieu. S'il a besoin de cette régénération, on convidendra que c'est qu'il lui manque une certaine plénitude et que cette plénitude est bien celle de l'état de fils de Dieu.

DEUXIEME PARTIE LA CELEBRATION DU MYSTERE CHRETIEN
          o DEUXIÈME SECTION LES SEPT SACREMENTS DE ÉGLISE
                + CHAPITRE PREMIER LES SACREMENTS DE L’INITIATION CHRETIENNE
                      # Article 1 LE SACREMENT DU BAPTEME
                            * VI. La nécessité du baptême
1257 Le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3, 5). Aussi a-t-il commandé à ses disciples d’annoncer l’Évangile et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28, 20) (cf. DS 1618 ; LG 14 ; AG 5). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16). L’Église ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle ; ...


Cette seconde citation n'indique pas non plus l'idée que le baptême seul confère l'état de fils de Dieu, mais, de manière encore plus étroite, que "l'Eglise ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle". Or, si les fils de Dieu sont ceux qui ont part à la béatitude éternelle c'est que ceux qui n'ont pas le baptême n'ont pas la qualité de fils de Dieu.

DEUXIEME PARTIE LA CELEBRATION DU MYSTERE CHRETIEN
    * DEUXIÈME SECTION LES SEPT SACREMENTS DE ÉGLISE
          o CHAPITRE PREMIER LES SACREMENTS DE L’INITIATION CHRETIENNE
                + Article 1 LE SACREMENT DU BAPTEME
                      # VII. La grâce du baptême

" Une créature nouvelle "

1265 Le Baptême ne purifie pas seulement de tous les péchés, il fait aussi du néophyte " une création nouvelle " (2 Co 5, 17), un fils adoptif de Dieu (cf. Ga 4, 5-7) qui est devenu " participant de la nature divine " (2 P 1, 4), membre du Christ (cf. 1 Co 6, 15 ; 12, 27) et cohéritier avec Lui (Rm 8, 17), temple de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 6, 19).


Cette citation indique de manière formelle par la citation de Saint Paul aux Galates, que le néophyte devient formellement fils adoptif de Dieu
par le baptême.

Ainsi est clairement résolue la question de savoir qui est fils adoptif de Dieu.

Le même passage du Catéchisme indique :

1270 " Devenus fils de Dieu par la régénération [baptismale], (les baptisés) sont tenus de professer devant les hommes la foi que par l’Église ils ont reçue de Dieu " (LG 11) et de participer à l’activité apostolique et missionnaire du Peuple de Dieu (cf. LG 17 ; AG 7, 23).

On voit donc que l'idée selon laquelle toute créature faite à l'image de Dieu serait Fils de Dieu est erronnée. Elle rendrait inutile la mission fondamentale de l'Eglise et de ses membres "de professer devant les hommes la foi que par l'Eglise ils ont reçue de Dieu", citation de la Constitution concilaire Lumen Gentium d'ailleurs.

Pour finir, le Catéchisme indique dans un "En bref" :

1279 Le fruit du Baptême ou grâce baptismale est une réalité riche qui comporte : la rémission du péché originel et de tous les péchés personnels ; la naissance à la vie nouvelle par laquelle l’homme devient fils adoptif du Père, membre du Christ, temple du Saint-Esprit Par le fait même, le baptisé est incorporé à l’Église, Corps du Christ, et rendu participant du sacerdoce du Christ.


C'est donc une vérité particulièrement simple que celle par laquelle un fruit du baptême est de devenir "fils adoptif du Père, membre du Christ".

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Pourquoi les catholiques commettent-ils l'erreur de croire que tous les hommes sont fils de Dieu ?

Il existe de nombreuses motivations personnelles dans le détail desquelles il n'est pas le lieu d'entrer. Mais on peut apercevoir deux tentations mortelles internes au catholicisme.

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La première tentation mortelle procède de l'idée issue des Lumières que tous les hommes sont frères, et donc que en appliquant les Lumières au christianisme, si certains hommes sont fils adoptifs de Dieu, alors c'est qu'ils le sont tous.

Or, on peut montrer (voir notre précédent article) que l'idée d'une fraternité de tous les hommes n'est pas une vérité de foi. Il est souhaitable que tous les hommes deviennent frères en Jésus-Christ, mais cette situation est loin d'être envisageable dans l'état actuel des relations de l'Eglise et du Monde.

Certains rétorqueront que l'amour du prochain est une obligation évangélique et qu'elle constitue tout homme quelqu'il soit, comme frère de n'importe quel chrétien.

Dans un certain sens, ils n'ont pas tort. Mais, il s'agit d'une autre fraternité. Ainsi, la fraternité instituée par le baptême, qui exclue les non-baptisés, n'est pas négation d'autres fraternités, tant s'en faut. Ainsi, l'Eglise reconnait-elle la fraternité familiale qui, elle, provient en effet de la nature. Dans d'autres textes, l'Eglise reconnaît beaucoup d'autres fraternités, notamment celles associant les hommes dans des sociétés. Mais il ne s'agit pas d'une fraternité indistincte d'une part et il ne s'agit pas non plus d'autre part d'une fraternité liée à l'incorporation au Christ que l'Eglise apporte par le baptême.

Cette première tentation est une tentation mortelle pour la foi parce qu'elle fait disparaître cette distinction essentielle de l'Eglise et du Monde, cette Eglise qui est dans le Monde, mais qui n'est pas du Monde (cf. Ev. Saint Jean - Discours sacerdotal).

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La seconde tentation mortelle pour des chrétiens de constituer tout homme dès sa conception comme fils adoptif de Dieu réside dans l'idée que le prêtre, et à sa suite et sous son contrôle, tout chrétien, serait "au service" de l'humanité toute entière, ce qui, dans un certain sens n'est pas faux. Mais, dans l'esprit de nombreux catholiques, cette universalité du "service", qui pèse son poids d'humilité pateline et perverse, sert seulement de dissimulation à une volonté de puissance, surtout de la part d'ecclésiastiques.

On pouvait penser que l'hypertrophie contemporaine de la valeur de "laïcité" empêcherait une telle erreur de se propager dans l'Eglise. En France, hélas, les catholiques sont loin de de se trouver éloignés de porter atteinte à la laïcité.

Bien sûr, c'est sous le vocable de "service de frères" et autres pommes pourries tombées du panier de l'Eglise que les tenants de cette insertion de l'Eglise dans le monde avancent en se croyant "masqués". Or, cette tentation constitue simplement l'Eglise en un club plus ou moins ouvert, agissant plus ou moins de concert avec d'autres clubs, dans une offre encore démocratique, c'est-à-dire sans forcer les consciences, mais tentant de manipuler celles-ci dans une direction bien précise.

S'imposant comme "compagnons d'humanité", il est apparu à un certain nombre d'ecclésaistiquess, soucieux de s'engager dans le monde, qu'il était opportun de se débarrasser d'un certain nombre de valeurs tenues pour encombrantes. Ainsi celles de fils adoptifs de Dieu et de frères dans le Christ, trop discriminatoires à leur goût. La haine viscérale des ecclésiasitiques "engagés"
à l'égard des chrétiens n'a d'égal que leur prétendu "amour" pour les "pauvres" qui n'ont qu'une condition à remplir : refuser d'être chrétien.

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Sauf dans un régime où la majorité des membres de la société démocratique sont convertis librement au catholicisme, régime très sûrement disparu à l'orée du XX° siècle, ce qui n'est donc pas d'hier, l'Eglise ne devrait prendre aucune part dans la direction du monde, que ce soit directement par le moyen de dirigeants politiques chrétiens, ou indirectement en bradant les valeurs évangéliques sous forme de valeurs prétendues démocrates.

Plus encore, c'est par un véritable exercice de la charité les uns envers les autres que les membres de l'Eglise pourront, sur cette base communautaire, se tourner vers les autres hommes pour leur apporter le message évangélique. Non pas en disant "Aimez-vous les uns les autres", mais en faisant dire aux hommes : "Voyez comme ils s'aiment."