Etude de réactions de lecteurs à deux articles sur le Pape
Philippe Brindet
06 Octobre 2008


Le journal Le Monde publie ce jour sur son site internet [1] un article intitulé "Benoît XVI dénonce les sociétés modernes sans Dieu". L'article n'est pas signé. Comme souvent, une liste de commentaires déposés sur le site Internet par de lecteurs est annexée.

Résumons le contenu de l'article.

Il comporte l'évocation d'une phrase du Pape prononcée lors du discours d'ouverture d'un Synode sur "la Parole de Dieu". Les guillemets sont de la rédaction du Monde. Cette parole du Pape concernerait la dénonciation d'une certaine culture moderne développant le thème de la mort de Dieu et qui en réponse déveloperait la divinisation de l'homme. Il en résulterait le malheur.

Puis, l'article décrit le Synode en quelques mots. Il rassemble des évêques pour discuter de la diffusion et de la réception de la Parole de Dieu dans le monde d'aujourd'hui. Il y manquerait des évêques chinois et il y aurait un rabbin.

C'est tout. C'était peu. Et pourtant, les réactions sont extrêmement virulentes, malgré la visite du Pape de Septembre, il y a moins d'un mois, qui a soulevé des réactions très favorables.

Nous avons eu la curiosité de compter les réponses bienveillantes à l'égard du Pape et les réponse de rejet du discours du Pape.

Le résultat est confondant :

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Opinions Nombre
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PRO 2
ANTI 37
NUL 4
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L'indigence des réponses est absolument consternante. Si on excepte les éructations anti-religieuses, il doit rester deux ou trois remarques anti-religieuses, indignes d'un adolescent éduqué dans une école marxiste des années 50 en Union Soviétique.

Plus grave encore, les deux réponses escomptées à une tendance PRO Catholique sont elles aussi absolument impertinentes.

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La même information, beaucoup plus développée et centrée sur un autre aspect, est publié dans un article [2] du Figaro, intitulé "Le synode de Benoît XVI contre les intégrismes", écrit par le journaliste Jean-Marc Guénois, le même jour.

Pour résumer l'article de Guénois, il se tiendrait un synode d'évêques à Rome, convoqué par le Pape pour répondre à la question de savoir comment peut-on lire la Bible aujourd'hui. Il semblerait que une vertu serait recherchée : l'audibilité de la Parole de Dieu dans le monde et un défaut serait combattu : le fondamentalisme biblique.

Les deux articles étant différents, les lectorats pouvant de plus être différents, le résultat d'une statistique sur les commentaires à l'article du Figaro est assez différent de celle sur les commentaires des lecteurs du Monde :

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Opinions Nombre
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PRO 10
ANTI 18
NUL 2
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Parmi les ANTI, se trouvent plusieurs chrétiens progressistes, catholiques ou protestants, à la fois anti-papistes et revendiquant une ouverture sur l'athéisme. Les PRO sont souvent des traditionalistes qui préfèrent répliquer plus ou moins sèchement aux ennemis de l'autorité de l'Eglise ou de la tradition, sans tenir compte qu'ils soient anticatholiques ou progressistes.

Pour conclure, on dira que les deux statistiques révèlent dans les deux journaux une majorité très nette pour les opposants à l'Eglise, ces derniers étant majoritairement des athées militants dans le lectorat du Monde, qui serait essentiellement recruté parmi eux, tandis que la minorité favorable au Pape se trouverait dans le lectorat du Figaro.

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Je voudrais faire deux observations.

La première est de mesurer, après quarante ans d'application du Concile Vatican II, l'inefficacité complète de la "fameuse" ouverture au monde qu'il aurait imprimé à l'Eglise. Initiée pour réduire le fossé entre l'Eglise et le monde, l'"ouverture au monde" n'a réduit aucun fossé. Il a même, semble t'il, servi de sépulture à la foi de nombreux chrétiens. La réduction dramatique du clergé pourrait bien être une simple proportionalité de la réduction de la pratique catholique et les deux réductions sont des conséquences de l'inefficacité du Concile Vatican II aux problèmes pour lesquels il aurait été convoqué.

La seconde observation voudrait répondre à la faction progressiste dans l'Eglise qui ne manquera pas de souligner que les réactions négatives relevées ici n'ont pas été produites par le travail concilaire de l'Eglise, mais par une simple déclaration du Pape qui a été très critique depuis longtemps sur les "avancées" du Concile.

Une intégration plus complète du progressisme dans l'Eglise, le progressisme étant présumé par nature améliorer l'ouverture au monde de l'Eglise, aurait-elle été meilleure pour la réception du message chrétien que ce qui a été réalisé jusqu'à maintenant ?

La réponse est, à notre opinion, absolument positive. Parler d'un "Dieu-Père" de tous les hommes, d'un homme divinisé qui est Dieu lui-même, d'un homme qui a tous pouvoirs sur le monde et sur ses semblables, d'un monde dépourvu de transcendance, mais enfermé dans des solidarités matérialistes, voilà qui répondrait favorablement au coeur perverti de l'homme.

Mais, même présenté avec l'écoeurant amour des "brebis perdues" qui autorise la trahison du service de l'Eglise, l'homme repousserait ce message trompeur et faux, parce que l'homme comprend que, s'il était dieu lui-même, il n'existerait pas de dieu. Il en découle que tout accommodement du message chrétien, accommodement par nature erronné, car aucun chrétien n'est maître du message, ne peut calmer la haine du monde contre Dieu.

Dire au monde le don de Dieu, est la seule voie pour l'Eglise, sans aucun accommodement. Le progressisme, qui entend aller par étapes progressives dans la révélation, ne peut que déchaîner les forces du mal contre l'homme.



Notes

[1] Lien vers l'article du Monde

[2] Lien vers l'article du Figaro