Mesure statistique de l'efficacité de la Pastorale de l'Eglise Catholique en République française
Philippe Brindet
26 janvier 2009


La Conférence des Evêques de France de l'Eglise Catholique publie sur son site Internet [1] une sorte d'annuaire qui, pour l'année 2006, dresse une sorte de bilan de son activité. Sont fournis les quatre chiffres suivants :
baptêmes de tout-petits322 225
confirmations51 595
mariages religieux89 014
enterrements80% des funérailles
On a recherché sur le site Internet de l'INSEE [2] ainsi que sur celui de l'INED [3] des chiffres à mettre en regard de ceux fournis par l'Eglise :
Naissances en France métropolitaine796 896
Nbe d'enfants agés de 14 ans735 000
Nbe mariages267 300
décès531 100
On s'est demandé si l'on pouvait tirer une première estimation de l'efficacité de la pastorale de l'Eglise Catholique en République française. De la comparaison des deux tableaux, on en déduit par un simple rapport numérique, une mesure d'un taux d'efficacité relative de l'activité pastorale de l'Eglise en France à l'activité de l'Etat civil comparable de la République française :
Activité pastoraletaux d'efficacité
baptêmes40%
Confirmations7%
Mariages33,3 %
enterrements80%
Le premier taux est celui du nombre de baptêmes de tous petits en 2006 rapporté au nombre de naissances de l'Etat-civil métropolitain sur la même année.

Le second taux est celui des confirmations au nombre d'enfants des deux sexes agés de 14 ans en 2006. Ce rapport n'est pas le meilleur, mais il est le plus simple de ceux qui se rapprochent le plus de la réalité. En effet, il existe deux tendances pour admettre un enfant à la confirmation. Selon la première, il doit avoir terminé son cycle de catéchisme. Selon une seconde tendance, le postulant à une confirmation doit avoir passé les premières années de l'adolescence, notamment pour être en mesure de faire un choix libre, celui d'un enfant de 10 ans qui devrait sortir d'un cycle classique de catéchisme étant tenu pour contraint par des adultes, parents ou catéchistes. De ce fait, une tendance récente va encore plus loin [4]. Il en résulte que la confirmation peut se passer entre 10 et 16 ans.

On remarque que le nombre de baptêmes est près de la moitié moindre que l'enterrement. Une première analyse sur des mesures absolues fournit le constat que le service de l'Eglise chargé des enterrements est deux fois plus efficace que celui chargé les baptêmes.

La connaissance des services de l'Eglise catholique en France conduit à la perception d'une toute autre réalité. Il n'existe AUCUNE pastorale concernant les enterrements et AUCUNE pastorale concernant les baptêmes. L'Eglise catholique en France se borne à considérer son travail comme une annexe du service public de l'Etat civil, obligatoire relativement à l'Etat et optionnel relativement à l'Eglise.

La considération d'un caractère optionnel des deux services ecclésiastiques analysés demande alors une analyse des populations concernées par ces services pastoraux. Ce sont essentiellement les grand-parents qui sont demandeurs du service d'enterrement et les parents qui sont demandeurs du service de baptême. Il semble donc que les parents sont deux fois moins demandeurs du service d'état-civil optionnel qui les concerne que les grands-parents.

Le troisième taux envisagé concerne le mariage demandé à nouveau par la même catégorie de personnes : les parents de 25 à 55 ans. On note que le mariage est demandé presque cinq fois plus que la confirmation.

La Confirmation est le sacrement qui est conféré à la fin de l'instruction catéchétique des enfants. On peut donc considérer que le faible nombre de confirmants est une mesure de la faiblesse de la mise en catéchisme. Si on considère que chaque femme a deux enfants dans sa vie, on peut estimer le nombre minimal souhaitable de confirmations à 14 ans défini comme le nombre des enfants issus de mariages catholiques, il aurait donc dû y avoir environ 180.000 confirmations. C'est-à-dire que seul 1 enfant sur 3 issus de mariages religieux passe en confirmation.

A rebours, on peut signaler que l'analyse qui précède est sensiblement réduite si on affirme que les mariages catholiques produisent plutôt 3 enfants par femme quand les mariages généraux en France parviennent à deux enfants par femme. Ceci est renforcé par le fait que l'indice de fécondité de deux enfants par femme est fondé sur l'ensemble des maternités et pas sur celui des mariages !... Mais, les chiffres même corrigés dans ce sens ne font que réduire le taux calculé.

Si on rapporte la confirmation au baptême, le taux obtenu est encore plus faible parce qu'il semble que de nombreux baptêmes de jeunes enfants sont issus de mariages qui n'ont pas été religieux. En effet, 322.000 baptêmes par an, en situation constante, devraient donner de l'ordre de 322.000 confirmations 14 ans plus tard. Or, on arrive alors à un taux de confirmands à 14 ans de seulement 16% des baptisés à chiffres constants. Or, la situation est encore pire, puisque le nombre de baptêmes en 2006 - 14 = 1992 est probablement bien supérieur aux 322 225 baptêmes de 2006 !...

Par ailleurs, on note que 90.000 mariages religieux ne produisent que 180.000 baptêmes à deux enfants par mariage. Or, on en compte 322.000, ce qui indique que de l'ordre de (322000 - 180000)/2 = 71.000 couples demandeurs de baptêmes ne sont pas mariés à l'Eglise ...

A rebours, on ne peut pas facilement travailler sur le quatrième taux d'activité, fourni directement par la Conférences de Evêques de France. Son importance est étonnant quand on le rapporte à un sondage de 2008 dans lequel 51% des sondés se définissaient comme catholiques.

On en arrive ainsi aux conclusions suivantes :
1°) L'activité de la pastorale basée sur le nombre des baptêmes des jeunes enfants est surestimée.

2°) Les mariages catholiques ne sont pas majoritairement issus d'une pastorale objective, mais une simple réponse de l'Eglise en France à la demande sociale d'un service d'Etat-civil optionnel.

3°) La pastorale de la confirmation devrait inciter à une profonde révision de la pastorale des familles.

4°) La différence entre le taux d'efficacité des enterrements et celui des baptêmes démontre que la déchristianisation est plus intense pour les générations nées après le Concile Vatican II, qui se marient beaucoup et se baptisent peu, que pour celles nées avant, qui meurent dans l'Eglise. On s'en doutait un peu ...


Il est clair que les défenseurs de l'Eglise ne manqueront pas de souligner le caractère trop parcellaire de cette estimation qui se borne à quatre chiffres et qui en déduit des contestations qui paraîtront à d'autres singulièrement dénuées de tact et de sens de la discipline dans l'Eglise ....
o o o


Notes

[1] Voir la page concernant cette statistique à quatre chiffres pour 2006

[2] voir sur la page de l'INSEE

[3] voir sur la page de l'INED

[4] voir sur la page du diocèse de Nanterre. Il est très suggestif de rapprocher cette page du contenu magistériel offert sur cette page du Saint-Siège. Il y a comme un problème qui ne se limite pas à Nanterre.