Une section "subversion" à la DGI ?
Philippe Brindet
22 février 2009


Les événements de Guadeloupe présentent un tour dramatique avec la mort d'un dirigeant syndical qui appartient à la célèbre DGI. En Union Soviétique, il y avait le KGB, aux USA, il y a la CIA et en France, la DGI. Bon.

Comme chacun sait, il n'y a plus une goutte d'essence en Guadeloupe. Les insurgés ont depuis le 15 décembre 2008 empêchés l'approvisionnement en essence. De temps à autre, un rare camion-citerne environné de gardes mobiles vient décharger son précieux liquide, dans les cuves immédiatement assiégées par des queues de plusieurs heures. Mais cet homme lui pouvait circuler à une heure du matin en voiture. Il a seulement acquitté une taxe de 80 % à son ... employeur. Vous croyez celà ?

Cet homme a été malencontreusement tué en contournant un barrage tenu par des émeutiers armés de fusils tirant des balles à sanglier. Il en a reçu une qui a arrêté nette sa tentative de contournement.

Le fait qu'il soit un dirigeant syndicaliste interroge. Bizarrement, les fonctionnaires des impôts ont en effet légalement le droit de se syndiquer. Il n'est pourtant pas naturel que ce genre de fonctionnaire soit syndicable. En cherchant bien, on découvre que le syndicaliste n'est pas un "agent des impôts" banal. Il est cadre et remplit la fonction de Contrôleur des Impôts, c'est-à-dire qu'il peut décider de contrôles contraignants de citoyens et d'entreprises et de sanctions qui peuvent conduire à la disparition d'une entreprise ou à la faillite. Comme il est annoncé par la presse comme fondateur de la section des impôts de la CGT de Guadeloupe, on peut se demander si sa fonction de contrôleur provient du fait qu'il est patron de la section syndicale, ou l'inverse. Dans les deux cas, on peut s'interroger sur la coexistence de ces deux genres.

Mais cet éminent fonctionnaire, en plus d'être dignitaire d'un syndicat dont les liens avec le Parti Communiste sont connus depuis un siècle, est aussi membre d'un club qui a organisé l'insurrection en Guadeloupe et que la presse ne nomme que par son sigle : "LKP", sans dire de quoi il s'agit. Selon les sites d'information des Antilles, le "LKP" est une ligue contre la "profitation", terme créole assez transparent pour définir l'anti-capitalisme primaire.

Que faisait donc à une heure du matin, un contrôleur des impôts syndicaliste à la DGI et activiste du LKP à proximité d'un barrage d'individus qui ne sont réclamés ni du LKP, ni de la CGT-G, ni de la DGI?

Comment peut-on accepter que la situation fiscale d'un citoyen libre et égal ou d'une entreprise économique soit examinée par un activiste d'une ligue contre la "profitation" ?

Comment un fonctionnaire de rang supérieur peut-il être aussi dirigeant d'une organisation subversive ?

Selon de très partielles informations, qui se limitent à l'évocation d'une "cérémonie religieuse" et à une photo sur laquelle paradent deux prêtres catholiques (et békés), il semble donc que la victime ait appartenue à l'Eglise catholique à un titre ou à un autre. Il n'y a eu aucune déclaration facilement accessible de la part du catholicisme au sujet de l'insurrection qui règne aux Antilles. On en reste donc à une idée très générale - on a le droit de pratiquer la religion qu'on veut.

C'est bien ainsi, mais n'apporte aucune réponse aux questions. Aujourd'hui encore, aucun résident sur le sol de la Guadeloupe ne courrait le risque de contester l'insurrection. Aucun ne le fait, malgré les privations et l'effondrement économique privé. C'est étrange.

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