L'erreur du Vicaire Général Borras

Philippe Brindet
8 mars 2009 + 10.04.2014

Alphonse Borras, vicaire général du diocèse de Liège, a été mis à contribution en France pour mettre en ordre de combat tout ce que l'Eglise compte d'exécuteurs des hautes oeuvres, qui brûlent de se venger de l'affront terrible qui leur aurait été infligé par le Décret de levée d'excommunication des évêques lefebvristes. Son Excellence a donc commencé par publier un papier de ce ton dans le quotidien La Croix.

Rassuré par le sérieux de cette publication, le comité de rédaction du quotidien "Le Monde" lui a, peu après, ouvert ses colonnes. On remarque que les auteurs des papiers les "mieux" réussis dans les colonnes de La Croix reçoivent un prix d'honneur en ayant droit à une petite surface de papier imprimé dans le quotidien Le Monde. La seule condition est que la teneur de l'article soit une attaque contre le Pape et l'Eglise catholique. Alphonse Borras s'est acquitté de sa mission, manifestement avec délectation et sur un petit ton d'auto-satisfaction, sous la forme d'un interview, publié le 7 mars 2009.

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Le journaliste du Monde présente Alphonse Borras comme un "fidèle de l'Eglise" à la différence de Küng, "contestataire" :

"Alphonse Borras n'est pas un contestataire, au sein de l'Eglise catholique. Il porte pourtant un regard sans indulgence sur cette affaire, dans laquelle, selon lui, le droit pénal de l'Eglise a été "instrumentalisé", et dont il faut "tirer les leçons"."

Pourtant la thèse de Borras est strictement identique à celle de Hans Küng. Alphonse Borras déclare :

"On a souvent souligné que Joseph Ratzinger, comme préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, puis comme pape, a toujours voulu la réconciliation avec les dissidents lefebvristes. Mais cela ne peut se faire à n'importe quel prix. Ce récent épisode donne l'impression que le pape a voulu brader Vatican II."

Dans le même quotidien Le Monde en date du 24 février 2009, Hans Küng répondait à la même question de la même manière :

"Au fond, Benoît XVI a une position ambiguë sur les textes du concile, car il n'est pas à l'aise avec la modernité et la réforme. Or Vatican II a représenté l'intégration du paradigme de la réforme et de la modernité dans l'Eglise catholique. Mgr Lefebvre ne l'a jamais accepté, et ses amis à la Curie non plus. En cela Benoît XVI a une certaine sympathie envers Mgr Lefebvre."
Il est donc patent que Borras et Küng sont exactement sur la même répétition de slogans éculés et faux. Küng a été interdit il y a vingt ans. Mais non seulement Borras n'est toujours pas interdit, mais en plus, il a droit aux honneurs et aux places d'influence et de gouvernement dans l'Eglise.

Avec une insolence incroyable, Borras se permet de qualifier l'action du Pape de "braderie du Concile", ce qui est un outrage sans précédent. D'autant plus que, en matière de trahison du Concile, pour prendre l'exemple d'un de ses livres récents sur le diaconat, Borras est plus en avance que qui que ce soit.

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Après une lecture et une relecture attentives de l'article du Monde, on est vraiment atterré. Qu'une autorité, à la fois de gouvernement et d'enseignement, produise autant d'erreurs que Borras, montre assez l'étendue des destructions provoquées par la mise en oeuvre monstrueuse de la déviation générale du Concile.

On aurait souhaité faire une discussion argumentée sur les erreurs de Borras. Les termes volontairement insidieux, faux et infondés rendent inefficaces la critique.

Résumons dans la tristesse notre contestation de l'opinion erronnée de Borras.

1°) Les lefebvristes n'ont aucun repentir à formuler parce que, à l'exception de leurs quatre évêques, ils ne sont frappés d'aucune sanction canonique. Quant aux évêques lefebvristes, il est clair que la réaction des ecclésiastiques qui se réclament abusivement du Concile pour le trahir sans vergogne, rendrait impossible le repentir des lefebvristes, chose qui n'est d'ailleurs pas canoniquement exigé pour la levée d'une excommunication, contrairement à une censure.

2°) Les ecclésiastiques fussent-ils "conciliaires", commettent une faute lourde, prévue et sanctionnée par le Droit Canon, lorsqu'ils contrarient la démarche de paix et de rétablissement de l'Union menée par le Pape Benoît XVI.

3°) Le Pape et sa Curie sont au-dessus de tout soupçon d'être des fauteurs de désordre et Borras devrait avoir honte de ses insinuations.

4°) Le Décret de levée d'excommunication n'est en rien un acte arbitraire, et encore moins une "instrumentalisation", terme sans objet ici, du droit canonique. Le délit qui a causé l'excommunication est en effet de la juridiction exclusive du Saint-Siège. Il est donc attentatoire à la dignité du Saint-Siège de prétendre que son application du Droit Canonique serait fautive ou seulement douteuse.

5°) Les lefebvristes ne sont pas des dissidents. Ce sont des catholiques qui ont été blessés par la brutalité insensée d'ecclésiastiques qui trahissent par leur conduite et leurs manoeuvres honteuses l'enseignement le plus élémentaire du Concile qu'ils prétendent appliquer.

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Conclusion

On rappelle la teneur du canon 1373 :

Can. 1373 - Qui excite publiquement ses sujets à la contestation ou à la haine contre le Siège Apostolique ou l'Ordinaire à cause d'un acte du pouvoir ou du ministère ecclésiastique, ou bien qui incite les sujets à leur désobéir, sera puni d'interdit ou d'autres justes peines.

La teneur de l'interview de Borras se rapproche du cas d'application de ce canon. On note seulement que l'office ecclésiastique de Borras se tient sur un territoire en dehors de la ville de parution du quotidien Le Monde. Serait-ce une ruse des agitateurs français de recourir à des ecclésiastiques exemptés du canon 1373 pour exciter à la révolte contre le Saint-Père, puisque Borras n'est pas dans la juridiction de Paris, mais de Liège.

Il serait extrêmement fructueux que le Saint-Siège prenne de très sévères sanctions contre les propos contestataires des ecclésiastiques prétendument fidèles à l'Eglise, même et surtout quand ils ont des offices de gouvernement ou d'enseignement.

Si les lefebvristes se trouvent en état de schisme par refus du Concile Vatican II, les conciliaires se trouvent en schisme par refus de la Tradition et de ce fait même, rejoignent les lefebvristes dans leur rejet du Concile. Si les lefebvristes ont été sanctionnés, il paraît équitable que leurs adversaires dans l'Eglise le soit aussi pour la même raison.

Une fois de plus, par une faveur inouïe de la Divine Providence, l'Eglise est toujours assurée dans la Vérité en écoutant le Pape Benoît XVI. Benoît XVI n'est pas une troisième voie, Il n'est pas un moyen terme ni un compromis entre une "droite" et une "gauche". Il est assuré dans la Vérité, le roc sur lequel le Christ bâti son Eglise.

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