Remarques sur la prédictibilité de la catastrophe de L'Aquila
Philippe Brindet
14 Avril 2009


En prédisant le tremblement de terre de l'Aquila, le physicien italien Giampaolo Giuliani aura provoqué une avalanche de condamnations de la part des autorités scientifiques, compétentes et autorisées, bien entendu de ce seul fait même ...

Personne n'aura relevé donc que ce pauvre Giulani, s'il n'a pas été responsable du tremblement de terre de L'Aquila, aura tout de même été la cause et la victime d'une avalanche d'injures ... D'ici à ce qu'on le lui mette aussi le cataclysme sur le dos ...

On fera une première remarque concernant les répliques des scientifiques qui rejettent la "prévision" de Giulani. Giulani n'est même pas un chercheur titulaire. Accepter sa prévision serait mépriser la qualité du travail des chercheurs autorisés. Pour mesurer combien Giulani n'est pas un membre des séismologues, on relèvera qu'il a déposé un brevet pour protéger son détecteur de radon pré-sismique à son propre nom et manifestement à ses frais. La presse souligne qu'il s'agit d'un homme "exalté" (source : Le Monde 7 avril 2009 : il se dit "apeuré et en colère" ...), hors de lui et que c'est un ... technicien de laboratoire. La plus basse classe de notre démocratique société égalitaire ...

Les journaux nous apprennent qu'il avait prévu un séisme le 29 mars 2009 à Sulmona. Perfidement, ces journaux instillent que le "grand séisme" eut lieu à L'Aquila et le 6 avril. De cette présentation spécieuse, s'ensuivent des déclarations péremptoires sur un prétendu "échec de la prévision de Giulani", déclarations à la fois des médias, un peu rapides, et d'autorités civiles et scientiques bien dépitées. Malheureusement pour les journaux, le séisme de Sulmona eut réellement lieu le 29 mars 2009. Mais, il fut seulement de force 4 sur l'échelle de Richter (voir l'article). Et sous le coup d'une plainte en justice intentée par les autorités gouvernementales, Giulani ne pouvait diffuser d'informations sur le séime du 6 avril 2009 à L'Aquila.

Or, le 6 avril 2009, Giulani, qui habite L'Aquila, a dormi dehors avec sa famille ! (Source : Jérôme Bouin, Le Figaro du 7 avril 2009) Avait-il prévu sur sa machine, après celui de Sulmona du 29 mars, le séisme de L'Aquila du 6 avril ?

Depuis plus de vingt ans, on sait qu'il existe des séismes dont l'émission de radon atmosphérique est précurseur de 6 à 36 heures. Mais, selon certains spécialistes, certains séismes ne dégagent pas de radon. Il faut donc probablement en déduire que les séismes se classent en deux catégories : ceux qui émettent un radon précurseur et les autres ! Giulani a donc raison !

On remarque en plus que le radon est un gaz radioactif dont l'isotope "sismique" 222 descend de l'uranium 238 et dont la demie-vie est de 3,8 jours. Or, l'uranium est contenu notamment dans les roches granitiques et magmatiques. Du genre de celles des Abbruzzes.

Selon certains témoins, la terre tremblait deux fois par jour à L'Aquila depuis la fin de février. Personne ne voulait avoir le courage de se dire que la catastrophe approchait. Plus les gens se disaient dans leur subconscient que le Grand Cataclysme approchait, et moins ceux qui annonçaient cette éventualité étaient "crédibles" jusqu'à en devenir victimes d'une chasse aux "oiseaux de mauvais augure" !.

Les choses les moins crédibles ne sont-elles pas celles que tout le monde sait sans oser les dire ?

Et celui qui prédit la catastrophe que tout le monde refusait d'accepter devient le maudit de la société.

Il y a encore une autre chose troublante dans l'affaire du technicien prédicteur de séismes. L'Italie est parfaitement consciente de sa position dangereuse à la frontière entre deux plaques tectoniques en cours de mouvement. Aussi, de nombreux moyens scientifiques et donc à la fois humains et économiques, sont consacrés à l'étude de la terre et des séismes. Or, Monsieur Giulani n'est pas un membre de la "société" des séismologues autorisés. Et sa formation scientifique est des plus modestes. C'est un simple technicien qui réalise des instruments de mesure pour son Institut de Physique (Gran Sasso). Et Monsieur Giulani a développé lui-même, avec ses seuls moyens financiers, un instrument avec lequel il affirme pouvoir prédire les séismes !

Admettre son succès, c'est bafouer les milliards d'Euros dépensés depuis des années sans atteindre le moindre résultat. C'est se moquer de la compétence de centaines de scientifiques de haute valeur.

De plus, de nombreux "économistes" de la recherche scientifique, en réalité, des activistes qui agissent en vue d'infléchir les décisions politiques, soutiennent l'image d'une recherche scientifique moderne, enfin "dégagée" du mythe du savant génial, de l'image d'Epinal du découvreur solitaire. Ces idéologues d'une démocratie régnant partout, même sur les Sciences, sont persuadés et veulent persuader le public que la science moderne est celle des grands appareils d'Etat, à la limite de grands consortiums d'entreprises privées, géantes et mondialisées. Ils ont imposé l'idée que la découverte scientifique exige le débat démocratique et le consensus au sein d'un peuple de scientifiques diplômés. L'incontestabilité de leur autorité dérive de ce consensus qui dérive alors de la volonté générale du Contrat social ...

C'est tout celà qui fait rejeter Monsieur Giulani. Et pourtant, a-t'il raison et ont-ils tort ?

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