| Benoît XVI et le Trésor de la Tradition, Scot Erigène Philippe Brindet 20 juin 2009 |
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Sa Sainteté Benoît XVI insiste lors de ses Audiences du mercredi sur l'apport des grands auteurs ecclésiastiques des siècles passés. Toutes ses Audiences sont absolument passionnantes. Mais il faut prendre garde à ne tenir d'elles qu'un enseignement historique, une sorte de cours de culture générale pour chrétien ou pour honnête homme du III° millénaire un peu pressé. Si on éditait l'ensemble des Audiences que Benoît XVI aura réservé à ces auteurs du passé, on disposerait d'une sorte de Mélange de Littérature Ecclésiastique d'autrefois. En réalité, il faut lire le texte de ces Audiences avec un tout autre point de vue. Le Pape est bien un érudit, mais il est surtout un Enseignant de la Foi. C'est cet homme qu'il faut lire dans le texte de ces Audiences. A l'Audience du 10 juin 2009, le Saint-Père portait son enseignement sur Jean Scot Erigène (Texte de l'Audience sur le site du Saint-Siège) un auteur du IX° siècle carolingien. Erigène est un surnom qui signifie qu'il est né en Eire, Irlande. Benoît XVI souligne que Scot Erigène connaissait aussi bien les auteurs latins que les auteurs grecs, et particulièrement qu'il pratiquait le grec. Cet enseignement du Pape est particulièrement important à une époque où des gens mal intentionnés tentent d'imposer l'idée - ressassée jusqu'à la nausée par les médiocres à partir du XVIII° siècle - que le Moyen-Age chrétien aurait été l'âge de l'obscurantisme. On a vu aussi des gens se prétendant intellectuels, souvent catholiques d'ailleurs, affirmer que les catholiques romains ne connaissaient pas la littérature grecque, que les Arabes leur auraient apporté au XII° et au XIII° siècles. On a aussi prétendu que le grand Schisme entre Rome et Bizance provenait d'un mépris et d'une méconnaissance de la part des Latins des auteurs ecclésiastiques grecs. Benoît XVI nous apprend que non seulement Scot Erigène lisait le grec, mais qu'il avait une connaissance profonde de leur Tradition, et quil connaissait parfaitement la philosophie grecque. Benoît XVI nous apprend aussi que Scot Erigène affirmait "les valeurs de la raison, fondée sur la certitude selon laquelle l'autorité véritable est raisonnable, car Dieu est la raison créatrice". Scot Erigène ne se laissait jamais intimider par une quelconque autorité tant qu'il ne s'était pas persuadé en suivant une étude droite et rationnelle. Scot Erigène soutint aussi une thèse sur la destination rationnelle de l'Ecriture qui nous est donnée à cause du péché pour que nous puissions purifier notre raison et revenir au souvenir de ce que nous portons en tant qu'image de Dieu. Le sens caché de l'Ecriture doit donc être dégagé par un effort de la raison. Scot Erigène fut aussi un auteur mystique qui a décrit une expérience profonde de la privation de Dieu. Benoît XVI cite ici Scot Erigène : "Le plus grand tourment d'une créature rationnelle est la privation et l'absence de Dieu."Benoît XVI est conscient qu'une faction dans l'Eglise profite d'une interprétation erronnée du Concile Vatican II. En effet ce concile, visant à un légitime renouveau de l'Eglise dans le monde, est vu par certains comme un tournant qui rendrait caduque les idées du passé, en un mot la Tradition. Le Pape, non seulement enseigne les auteurs de ce passé, mais donne en exemple leurs travaux aux théologiens d'aujourd'hui. Le Saint-Père prononce à son Eglise une sage leçon de fidélité à la Tradition. Il faut aussi savoir que Jean Scot Erigène était un laïc et n'avait reçu aucun ordre religieux, et que selon certains, il savait aussi l'hébreu. Il a longtemps travaillé à la Cour du Roi Charles à Laon. Sa pensée fut suspectée de panthéisme et pourchassé il tomba dans l'oubli. Il ne laisse plus aucune trace après l'an 870. |