La période pré-conciliaire - Un exemple consternant
Philippe Brindet
2 juillet 2009


Rentrant en voiture, j'entendais ce jour un documentaire radiophonique sur une radio d'Etat. Une femme au ton bizarre, un commentateur insinuant, des gens de rencontre et une petite question lancinante : "Mais, pourquoi diable restait-il donc curé ?"

Le documentaire était produit par un ancien séminariste, ancien novice dominicain qui n'a pas donné suite semble-t'il. Un de ses oncles, prêtre, l'avait toujours intrigué. Notre producteur était alors séminariste dans les années 60. Il rencontre son oncle de prêtre qui lui intime ce conseil, ensoutanné jusqu'aux oreilles : "Ne rentre pas dans la réaction".

Le parcours de ce prêtre est exemplaire des années qui ont précédé le Concile Vatican II. Le documentaire tente de rechercher qui était "tonton" et pourquoi resta-t'il prêtre.

Il semble qu'il fut un prêtre du diocèse d'Evreux, ordonné au courant des années 30. Un frère était prêtre aussi et fut envoyé dans le diocèse de Nice. Lui fut envoyé dans le diocèse de Saint-Brieux. Pourquoi cette mutation presque immédiate ?

Après diverses affectations, il fut nommé enseignant dans un pensionnat de garçons du diocèse de Saint-Brieux. C'était avant la Seconde Guerre mondiale, et sa façon d'enseigner exaspérait le Supérieur du Collège. Il est à nouveau déplacé dans le diocèse et la Guerre le prend pour en faire un prisonnier.

Quand il revient, pendant l'Occupation, il se livre sur la terre bretonne à une vie sentimentale assez compliquée. On lui connaît deux ou trois enfants naturels. Le documentaire retrouve une bretonne encore toute stupéfaite d'apprendre qu'elle était fille de prêtre. Il semble qu'il se soit chargé de marier les mères, avec des amis subjugués par sa pastorale. Il en résulte qu'il se trouve "tonton" d'un nombre incroyable de bambins. Et tout ce petit monde finit par se retrouver. L'Eglise semblait dans ce temps-là pleine de zèle pour le repeuplement de la France durement éprouvée par les sacrifices de la guerre ...

Il va alors être affecté à une cure bretonne où il reste jusque vers 1960. Là, il est brutalement prié de rentrer dans son diocèse d'Evreux. Il disparaît pendant un an. On le signale à Paris. Il rentre alors à Evreux pour se faire envoyé comme aumônier de religieuses à Paris, probablement à Corentin-Celton. C'est là où il décédera.

Interrogé sur la cause de son renvoi de Saint-Brieux à Evreux, le chancelier de l'Evêché répond qu'il s'agit d'un motif du "for interne" qui ne peut donc pas être publié et qui, bien entendu, ne laisse aucune trace dans les archives. Mais, il affirme qu'il ne doit pas s'agir d'un problème de moeurs comme un mariage clandestin, qui est traité différemment par l'Eglise (la réduction à l'état laïc).

On peut voir dans le mouvement conciliaire trois catégories d'activistes :
- les experts subtils comme Congar ou Weakland qui après avoir participé au Concile, vont goûter aux honneurs pontificaux ;
- les experts agitateurs d'idéologies comme Küng ou Houtart qui vont faire fortune dans le business de l'agitation anticatholique ; et
- un nombre incroyable de petits pretraillons qui pensaient préparer la voie aux commissaires politiques de l'URSS en se livrant aux pires turpitudes sur l'Eglise, espérant par leur activisme s'attirer les bonnes grâces des futurs maîtres.
C'est dans cette dernière catégorie que semble se classer le bizarre individu à qui son descendant rend l'hommage d'un documentaire d'Etat. Certains semblent tout étonnés des dérives du Concile. Mais, elles étaient déjà exécutées dans l'Eglise de l'après-guerre.
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