Note de Lecture - Lettre de SS Jean-Paul II de février 1980
Philippe Brindet
27 juillet 2009


SS Jean-Paul II avait écrit une première lettre aux prêtres pour le Jeudi-Saint de l'an 1979. Il réitère son Exercice pour la seconde année de son Pontificat d'heureuse mémoire.

La lecture de cette Seconde Lettre du Jeudi-Saint produit deux impressions dominantes. Le Saint-Père veut d'abord passer en revue tous les aspect fondamentaux de la Réforme liturgique du Concile Vatican II pour illustrer leur bénéfice pour l'Eglise et les resituer dans l'état actuel de la vie de l'Eglise. La seconde impression est plus acide. Le Pape constate, à la suite de son Prédecesseur, que la Réforme liturgique est accompagnée d'erreurs ou bien qu'elles profitent de la Réforme conciliaire pour s'implanter ou se développer, ou bien qu'elles se produisent à l'occasion de son application.

Le Pape conclut en affirmant que, quoiqu'il advienne, la Réforme progressera et poursuivra son chemin et il appelle l'Eglise à une maturation sur les points délicats.

Vingt ans ont passé. Jean-Paul II est décédé, très diminué par la maladie et les fatigues endurées pendant un pontificat littéralement missionnaire par le nombre d'interventions publiques internationales, le plus souvent de réputation mondiale. Et sa dernière Encyclique, "Ecclesia de Eucharistia vivit", va parcourir les points délicats de la Réforme liturgique, devenus négatifs et qui se sont imposés partout, essentiellement par l'action des prêtres qui étaient les destinataires de cette Seconde Lettre de Jeudi-Saint. Et le Pape va produire un véritable cri d'alarme. L'application erronnée, non voulue par le Concile, place l'Eglise dans un grand péril, parce qu'elle ne remplit plus, par sa liturgie eucharistique, le rôle que lui a assigné le Seigneur de faire mémoire de son sacrifice rédempteur.

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Déjà en 1963, SS Paul VI avait écrit l'encyclique "Mysterium fidei" à laquelle Jean-Paul II et son Successeur, Benoît XVI, se sont amplement référés. Cette encyclique avait déjà, avant même l'application de la Réforme, indiquée les mêmes alarmes que celles des deux Pontifes successeurs. SS Paul VI avait souligné deux directions essentielles à maintenir pour ne pas faire sombrer l'Eglise. La messe est un drame sacré qui unifie l'Eglise autout du Sauveur, seul Prêtre. La consécration est participation des enfants de Dieu à un sacrifice sanglant qui produit la Présence Réelle du Seigneur, seule Victime Offerte, sous la forme des espèces eucharistiques.

Toute célébration eucharistique, tout culte eucharistique, qui ne se soumet pas à ces deux exigences est sacrilège et impie.

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Dans sa Seconde Lettre du Jeudi-Saint, SS Jean-Paul II est constamment animé du souci de son Prédecesseur SS Paul VI. Le caractère sacré de l'Eucharistie ne provient pas de l'homme, ni de l'Eglise. Il provient du Seigneur lui-même qui l'a institué lors de la Cène. Le caractère de l'Eucharistie vient de la personnalité du Seigneur et non pas de notre volonté mémorielle (voir Lettre, alinéa 8, 2° et 3° para).
"Le mystère eucharistique, s'il est disjoint de sa nature sacrificielle et sacramentelle, cesse tout simplement d'être tel.".
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Le Pape souligne dès 1980 une exigence spéciale de la Litugie eucharistique. Elle ne peut s'écarter de ce que veut l'Eglise dans ses normes et son magistère.
"Ce Sacrum ... peut manquer de quelque élément secondaire, mais en aucune façon il ne peut être dépourvu de sa sacralité et de sa sacramentalité ... transmises et contrôlées par l'Eglise."
Or, il faut interpréter de manière correcte l'expression utilisée par SS. La transmission et le contrôle des éléments caractéristiques du dépôt de la foi sont exclusivement de l'autorité du Saint-Siège. Cette autorité magistérielle a été constamment minimisée ou bien au prétexte que l'Ordinaire du lieu, évêque ou curé, considère qu'il a donné la norme, ou bien par simple annulation des normes vaticanes au motif de la "collégialité".

Or, l'autorité qui peut régler la "sacralité" et la "sacramentalité" de la liturgie eucharistique ne peut être que celle qui à la fois à la charge de l'unité de l'Eglise et celle d'affermir les ministres du sacerdoce dans la Foi Il en résulte qu'il ne peut s'agir que du Pape et de ses Congrégations. Et c'est bien ainsi que l'entend SS Jean-Paul II.

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On est cependant un peu interloqué par la véhémence de SS Jean-Paul II pour éviter toute mise en cause de la Réforme liturgique déterminée par le Concile Vatican II.
"... je me réclame encore une fois du magistère du Concile Vatican II, ..." (alinéa 1, para 4 in fine)
Cette déclaration de SS Jean-Paul II renforce la thèse gallicane de la supériorité des Conciles sur le Pontife romain. Or, une telle position a été condamnée par de nombreux Papes, particulièrement les deux derniers Papes canonisés, S. Pie VI et S. Pie X.

SS Jean-Paul II renonce ainsi à déterminer les modifications introduites par la Réforme liturgique relativement au rite tridentin :
"Le Concile Vatican II a lui aussi apporté quelques modifications à la suite desquelles la liturgie actuelle de la messe se différencie sous certains aspects de celle que nous avons connu avant le Concile. Je n'ai pas l'intention de parler de ces différences." (al 8, para 1)
Juste avant cette déclaration, Jean-Paul II a souligné que l'histoire de la liturgie eucharistique permet de dégager une constance des éléments essentiels et note qu'au contraire que "les eléments secondaires ont subis certains changements".

On peut donc en déduire que SS Jean-Paul II considérait en 1980 que les différences introduites par la Réforme liturgque ne concernent que des éléments secondaires.

La question se pose alors de savoir pourquoi, dans leur immense sagesse, les Pères du Concile Vatican II n'ont pas fait comme le leur montrait SS Jean XXIII. Si seuls des points secondaires du culte eucharistique étaient modifiés par la Réforme, il suffisait simplement d'introduire ces "modifications secondaires" dans le rite Tridentin, par exemple dans sa forme dernière selon la dernière réforme voulue et édictée par SS Jean XXIII dans le Missale Romanum de 1962. Or en 1963, par la promulgation de la première Constitution concilaire, Sacrosanctum Concilium, Jean XXIII étant à peine enterré, sa réforme l'est aussi et les autorités ecclésiastiques n'ont eu de cesse d'affirmer que la Réforme liturgique comportait l'interdiction absolue de célébrer dans l'ancien rite, et que l'objet de la Réforme portait justement sur un rite complètement différent.

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Quand en 1964, SS Paul VI semble enfin découvrir l'étendue du cataclysme qui va s'opérer, il donne une encyclique absolument décisive, "Mysterium fidei" dans laquelle il déclare ses craintes les plus élevées concernant les aspects les plus centraux de la Réforme liturgique, dont il montre qu'ils concernent des éléments centraux de la Messe, et absolument pas les éléments secondaires que dit SS Jean-Paul II. La Réforme liturgique mise en place avec une brutalité inouïe, en moins d'un an, personne ne commentera cette encyclique, sauf pour en extraire ce qui semblait servir le mouvement destructeur de la Réforme liturgique.

Quinze ans plus tard, SS Jean-Paul II reprend le texte de l'Encylique. Et sa Seconde Lettre aux Prêtres marque un embarras terrible. La majorité des nouveaux évêques et des prêtres est parfaitement acquise aux modifications substantielles introduites par la Liturgie de Vatican II. Ce n'est même pas un schisme que peut provoquer le Pape en 1980, c'est simplement sa déposition.

Or, le Pape Jan-Paul II est tellement conscient que ce sont des modifications substantielles qui sont introduites par l'application perverse de la Réforme de Vatican II qu'il est contraint de défendre la sacralité et la sacramentalité du Sacrifice de la Messe dans le cadre de la Réforme liturgique. Et pour éviter des querelles de mot, le Pape est contraint d'utiliser des termes latins (au moins dans la version française de sa Seconde Lettre, et on a montré combien il y a à dire sur les traductions en français des écrits pontificaux -Indiquer article sur Ecclesia de Eucharistia vivit, préambule- parce que la tendance progressiste contrôle sensiblement l'Eglise.

De fait, personne ne commentera la Seconde Lettre aux Prêtres, sauf certains dépôts de choses écrites qu'on s'obstine dans l'Eglise de France à nommer presse catholique -il manque des références-, et qui s'efforceront de neutraliser l'effet de la sage et pesée Lettre de Jean-Paul II.

Vraiment, il est regrettable que SS Jean-Paul II n'ait pas indiqué ces "quelques modifications à la suite desquelles la liturgie actuelle de la messe se différencie sous certains aspects de celle que nous avons connu avant le Concile."

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Le Pape Jean-Paul II souligne l'existence dans la liturgie de Vatican II, de deux tables : la Table de la parole de Dieu et la Table du pain du Seigneur (voir alinéas 10 et 11).

La notion de "table" est extrêmement délicate.

Tout d'abord, concernant le sacrifice eucharistique, comment le Pape peut-il ignorer qu'il existe une interprétation majoritaire dans l'Eglise catholique romaine, au moins en France - mais il existe de tristes indications qu'il en soit de même aux Etats-Unis, en Allemagne et en Belgique - selon laquelle il n'existe aucun sacrifice rédempteur lors de la messe, mais seulement "re-présentation" d'un repas originel - la Cène - qui rassemble les amis d'aujourd'hui d'un homme, mort il y a deux mille ans, et qui se rassemblent pour faire mémoire de cette mort et pour y fonder de manière ésotérique une fraternité humaine.

Aussi, désigner l'autel eucharistique par le nom du mobilier qui sert habituellement aux repas conviviaux, est une voie ouverte aux pires déviations de la Réforme liturgique.

Ensuite, l'image de la "Table de la parole de Dieu" est inconsistante en soi et largement aussi dangereuse que celle de la "Table du pain du Seigneur". En quoi la "parole de Dieu" aurait-elle besoin d'une "table" ? On s'interroge. Si l'on réfère au Livre Sacré qui en est un témoignage fragmentaire, on désigne classiquement le meuble qui le soutient ouvert pour la Lecture sous le nom de "lutrin" ou de "pupitre". Mais "table" ne fait pas sens.

Sauf si on exploite une autre hérésie extrêmement répandue dans l'Eglise catholique romaine. Jésus a dit qu'il était le pain de vie et, selon les hérésies de ce genre, il voulait par là désigner sa parole. Ainsi, les deux tables que dit Jean-Paul II ne servent qu'à une seule et même chose - représenter que Jésus est une parole qui s'écoute dans une communauté fraternelle. Et les deux "tables" sont la formalisation du diktat issu des pires déviations de la Réforme liturgique de Vatican II selon lequel l'autel eucharistique doit être rejeté dans les poubelles de l'obscurantisme clérical d'avant le Concile et laisser place à la célébration de la fraternité autour du pain partagé qui est la parole de Dieu.

A ce propos du rejet de l'autel eucharistique, on se souvient que le Cardinal Ratzinger, dès 1986, avait protesté contre l'idée que la Réforme Liturgique de Vatican II aurait imposée la supression de l'autel eucharistique, auquel le prêtre sert dos aux fidèles, au profit d'une "table" à laquelle "le prêtre préside face au peuple" (Voir son ouvrage, "L'Esprit de la Liturgie").

On fera ici seulement remarquer trois statuts qui posent plus de problèmes qu'ils n'en résolvent. Le statut de la "parole de Dieu" est une grande difficulté quand on tient son prononcé pour une "partie" de la liturgie eucharistique. Le statut du prêtre qui, de serviteur de Dieu à l'autel, devient président du peuple de Dieu aux deux tables est une autre grande difficulté. Enfin, le statut de la pénitence face à la disproportion de la "parole de Dieu" comme préalables à la digne participation au sacrifice proprement dit est une autre grande difficulté. On n'en dira pas plus ici, mais on soulignera combien la doctrine des deux tables esquissée par SS Jean-Paul II est dangereuse.

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On remarque combien le Pape peut être manipulé par son entourage quand il déclare incidemment que les "tenants" de l'ancienne liturgie seraient simplement des vieillards nostalgiques du latin.
"Mais il y a également des personnes qui, éduquées encore en fonction de l'ancienne liturgie en latin, ressentent l'absence de "cette langue unique" ..." (alinéa 11 deuxième paragraphe, cinquième phrase)
Chaque mot employé par le Pape est l'écho d'une manipulation qu'il a subi de la part de son entourage.

"... Il y a des personnes ... " est une première expression qui indique que le Pape a été endoctriné par la sous-estimation quantitative des chrétiens attachés à la messe tridentine, dont on sait d'après les ressources de l'archéologie religieuse qu'elle est, à très peu près, la messe qui a toujours été célébrée depuis le deuxième siècle à Rome. Or, si les partisans des rares ecclésiastiques résistants au changement de Vatican II ne sont pas très nombreux, il existe un nombre extrêmement considérable de fidèles participants à la liturgie de Vatican II qui y assistent horrifiés par les scandales sans nombre dont elle est l'occasion. Le décret "Ecclesia Dei", qui date de 1987, est d'ailleurs la reconnaissance par le Vatican que le nombre des fidèles attachés au rite tridentin n'est pas négligeable et qu'il ne mesure pas que de "simples personnes", mais au contraire un mouvement de fond dans l'Eglise catholique romaine.

"... des personnes, qui éduquées encore en fonction de l'ancienne liturgie en latin, ..." révèle l'influence sur la Pape de la thèse des pires ennemis de l'Eglise comme Weakland et Congar, qui affirmaient depuis le début du Concile que la nouvelle liturgie perdrait ses derniers opposants quand les vieillards qui avaient connus l'ancien rite seraient tous morts. Il n'en est rien et c'était simplement une inspiration satanique.

" ...l'ancienne liturgie en latin ..." révèle une autre influence terrible sur le Pape. Des "experts" douteux de Vatican II, comme Dom Botte ou Dom Weakland, mais aussi des experts qui après la catastrophe des édits qui résultaient comme le RP Bouyer, ont toujours méprisé les traditionalistes, prétendant que c'était de simples abrutis attachés aux vieilles traditions. A les entendre, si la messe avait été dite en verlan, les traditionalistes auraient exigé que la messe reste en verlan. Cette affirmation calomnieuse et méprisante était prétenduement confirmée par les insinuations de l'appartenance des "traditionalistes" aux sociétés conservatrices, royalistes dans les pays démocratiques, souvent taxées de compromission avec le nazisme ou le fascisme. Elle permettait d'élever un rideau de fumée pour masquer la réalité de l'application de la Réforme liturgique de Vatican II.

On remarque tristement aussi que le qualificatif "d'ancienne" associé à "liturgie" pour viser le rite tridentin montre assez l'influence que les ennemis de l'Eglise pouvaient avoir sur la pensée du Pape Jean-Paul II. En effet, le rite tridentin ne peut être "l'ancienne liturgie" en 1980 que si ce rite est interdit au profit de la "nouvelle liturgie". Or, en 2007 SS Benoît XVI rejette cette position fondamentale en affirmant explicitement que le rite tridentin n'a jamais été abrogé, ni interdit. SS Jean-Paul II se trouve donc confronté à l'interrogation de savoir si la Réforme liturgique concernait ou non de simples modifications secondaires.

"... l'absence de 'cette langue unique'..." révèle une autre manipulation subie par Jean-Paul II de la part de son entourage. En effet dans le texte du Pape, il n'est pas possible de décider si le caractère "unique" du latin vise le fait que la culture latine est irremplaçable ou s'il s'agit du fait que l'unicité de langue exprime l'unité de l'Eglise. En effet, dans le paragraphe analysé ici, le Pape déclare :
"... 'cette langue unique' qui, dans le monde entier, a été aussi une expression de l'unité de l'Eglise ..."
qui soutient la seconde interprétation, tandis que deux lignes plus loin, le Pape déclare dans une phrase commencçant par :
"L'Eglise romaine a des obligations particulières envers le latin, langue splendide de la Rome antique, ..."
dont on se demande comment le Pape ne s'est pas aperçu qu'elle excitait la première interprétation selon laquelle les intégristes étaient disposés à "se battre" pour la langue des poètes pornographes de la Rome du Bas-Empire.

On a ici dénoncé de manière tatillonne une "manipulation du Pape". Il ne manquera pas d'esprits forts pour ricaner sur une nouvelle application de la "théorie du complot". Souvent, quand on rétorque la "théorie du complot", on confond "complot" et conjuration. Or, si la conjuration exige une organisation, le complot n'en a pas besoin. Il suffit que se coagulent des volontés perverses à l'encontre du Bien.

Quant à l'existence d'une ou de plusieurs conjurations dans l'Eglise de Vatican II, il n'est pas le lieu ni le temps d'en faire le procès. Mais si on remonte de quelques siècles, les historiens ne sont pas empêchés d'en décrire cent.

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On remarque une mise au point de SS Jean-Paul II concernant l'adoration eucharistique.
" Un tel culte (adoration) ... pénètre avant tout la célébration de la liturgie eucharistique. Mais il doit aussi remplir nos sanctuaires même en dehors des heures de messe. ... L'adoration du Christ ...doit trouver ensuite son expression en diverses formes de dévotion eucharistique : prières personnelles devant le saint sacrement, heures d'adoration, expositions brèves, prolongées, annuelles, ...." (alinéa 3, para 4)
Dans sa dernière Encyclique, SS Jean-Paul II fera une critique radicale de la pratique de l'Eglise plus de vingt ans après sa Seconde Lettre aux Prêtres de 1980. Cette critique se fonde sur le constat de la quasi disparition, dans la majeure partie des lieux de culte qui étaient dévolus à la Réforme liturgique, de tout culte significatif d'adoration. Le Saint-Sacrement n'est d'ailleurs plus exposé ou alors dans des conditions extrêmement criticables.

En France, la situation est simple. Quelques lieux de culte sont encore le siège de l'Adoration eucharistique. On peut citer la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, ou encore la Basilique de Paray-Le-Monial. Ailleurs, ou bien le Saint Sacrement est littéralement oublié dans son Tabernacle, souvent sans même le lumignon rouge marquant la Présence Réelle, ou bien, et c'est le cas des églises touristiques, le Saint Sacrement est installé dans une salle annexe, comme s'il était étranger au corps de l'église, objet de l'admiration touristique.

Le nombre de prêtres qui connaît simplement l'existence d'un culte d'adoration eucharistique est quasi nul en France semble t'il. Ils sont pour la plupart entouré d'activistes laïcs anticléricaux qui interdisent toute exposition du Saint-Sacrement, au motif très simple que le Pain Eucharistique n'est à leurs yeux que le signe de leur fraternité célébrée à l'envie lors de la "messe du dimanche". Qu'Il fut Dieu Lui-même leur est en horreur.

On remarque que cette dernière position n'empêche pas l'ordinaire du lieu de se "fendre" à l'occasion, pour faire taire les critiques et les "calomnies des intégristes", d'un couplet lénifiant sur la question, publié dans la feuille de chou "paroissiale" ou autre, recopié avec fautes d'orthographe d'une prose signée d'une quelconque autorité ecclésiastique, comme la Revue Golias. Parfois même, le desservant ira jusqu'à organiser une veillée d'adoration dans des conditions telles que deux vieilles femmes et un idiot seulement se retrouvent à l'heure dite. "On" en déduit immanquablement que le culte eucharistique ne répond pas à une demande des fidèles et il est donc simplement oublié pour dix ans.

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En conclusion, cette Seconde Lettre de Jeudi-Saint de SS Jean-Paul II aux prêtres, laisse un goût amer. Le Pape est bien sûrement tributaire de ce que veulent bien lui exposer les prêtres qui l'entourent farouchement. Il semble que les rares alarmes qui lui parviennent ont simplement échappées à la vigilance des idéologues qui veillent autour de lui à ce que rien ne trouble son sommeil.

Mais malgré les interrogations soulignées plus haut, la lecture de sa Seconde Lettre montre assez que son sommeil de Pape est troublé dès 1980.

A la question de savoir comment les Papes avec leur claire conscience des drames provoqués par la Réforme liturgique de Vatican II peuvent ils laisser sans sanction ces errements, il faut lire le cri de SS Jean-Paul II dans la Seconde Lettre de Jeudi-Saint :
"... les problèmes de la liturgie ... ne peuvent pas être une occasion de division pour les catholiques et de menace pour l'unité de l'Eglise. C'est exigé par la compréhension élémentaire de ce sacrement, ... au nom du Christ crucifié lui-même et de sa Mère, je vous prie et je vous adjure d'abandonner toute opposition et toute division, ..." (alinéa 13, paragraphe 5)
Quand le 7 juillet 2007, SS Benoît XVI édicte son Motu Proprio Summorum Pontificum, il est contraint à une extravagante contorsion en déclarant qu'il n'y a qu'un seul rite eucharistique qui prend deux formes, "ordinaire" selon la Réforme de 1963 et "extraordinaire" selon la Réforme de 1962. Il applique d'une certaine manière la doctrine de SS Jean-Paul II, affirmant que la Réforme de Vatican II ne concerne que des modifications secondaires du rite tridentin. Mais il lui reste encore, nous semble-t'il, à identifier ces modifications secondaires, pour autant qu'elles soient légitimes, et enfin à les intégrer dans le Missel de 1962.

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