Le spectacle des deux Orange
Philippe Brindet
5 aout 2009


France Télévisions nous faisait la veille au soir la "grâce" d'une soirée de deux opéras à la gloire du médiatique ténor français Roberto Alagna. Heureusement qu'il s'agit d'un immigré sicilien, parce que un chanteur de souche française n'aura jamais la chance d'une telle promotion. La soirée commençait par un documentaire à la dévotion d'Alagna et de sa Sicile originelle, puis la transmission en direct d'Orange de Cavaliera Rusticana de Mascagni, puis de Pagliaci de Leoncavallo.

Je ne sais si j'ai déjà eu l'occasion de dire tout le mal que je pensais de la voix de Alagna. Si je ne l'ai pas eu, c'est heureux parce que, pour la première fois depuis bien longtemps, elle était de très belle qualité. L'artiste a toujours eu une belle projection vocale à la hauteur de son engagement dans ses rôles "italianisants". Mais très souvent, les ports de voix, les erreurs d'intonation et les fautes de style annulaient tous les efforts du chanteur. Là, dans le Mascagni, Alagna a été très bon, très crédible à la fois vocalement et scéniquement.

Ses partenaires étaient bons et à sa hauteur. L'orchestre et la direction étaient probablement excellents. Mais, l'écoute sur un mauvais récepteur de télévision ne permet pas de juger de toutes les qualités d'interprétation. On aura noté dans les ensembles avec choeurs un certain nombre d'approximations, qu'on va qualifier de ... latines.

La mise en scène ne se distingue par rien de bien "novateur". C'est heureux. Le seul point "excitant" des "bourges" abrutis qui servent depuis longtemps de public à l'opéra aura été souligné par l'imbécilité du présentateur de la retransmission télévisée, Alain Duault. Ainsi le metteur en scène Jean-Claude Auvray, dont j'ai pu voir déjà une ou deux mises en scène du même genre abruti, il y a plus de vingt ans me semble t'il, renverse sur le plateau un immense crucifix, pour signifier, nous dit Alain Duault, "l'effrayante emprise de l'Eglise catholique sur la vie du village". Tu m'en diras t'en !

Ainsi nous avons dû subir à nouveau le spectacle télévisé d'un outrage au christianisme d'un crucifix renversé sur la voie publique et qui ne pouvait pas être piétiné par la foule seulement parce qu'il était trop gros. Et le chef d'orchestre s'appellait ... Prêtre.

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