La science économique aux mains des idéologues
Philippe Brindet
9 septembre 2009


Un illustre économiste co-signe un article ce jour dans les colonnes d'un quotidien et qui s'intitule "Comment répondre à l'impératif économique de façon rationnelle ?".

Interprétant le titre, je pensais que, la rationalité régnant dans l'esprit des auteurs, le caractère irrationnel de l'impératif écologique allait être dénoncé. Redoutable erreur d'interprétation ! Dès la seconde phrase, l'illustre savant, auquel tous les honneurs sont dus puisqu'il est illustre, ramène la question de la rationalité à son exacte proportion :
"Les experts estiment qu'une division par deux ..." [1].
Ainsi, nous apprenons que, pour un "illustre" économiste, la rationalité consiste essentiellement à suivre l'avis des experts. Plus de deux siècles après Kant le Sapere aude - pourtant repris d'Horace il y a 2.000 ans - est littéralement ignoré ! Dans son célèbre essai Qu'est-ce que les Lumières ? (Déc. 1784), Emmanuel Kant donne la définition suivante :
« Aufklärung ist der Ausgang des Menschen aus seiner selbst verschuldeten Unmündigkeit. Unmündigkeit ist das Unvermögen, sich seines Verstandes ohne Leitung eines anderen zu bedienen. Selbstverschuldet ist diese Unmündigkeit, wenn die Ursache derselben nicht am Mangel des Verstandes, sondern der Entschließung und des Muthes liegt, sich seiner ohne Leitung eines andern zu bedienen. Sapere aude! Habe Muth dich deines eigenen Verstandes zu bedienen! ist also der Wahlspruch der Aufklärung. » « Le mouvement des Lumières est la sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable, puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières.»
Le degré zéro de la civilisation est ainsi de retour et les temps de l'obscurantisme restaurés !

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Le reste est à l'image du début : un tissu d'âneries indignes des ânes, qui sont personnes placides peut-être, mais pleines de bon sens. Un commentaire de cette pathologie de la science devrait être réservé aux psychiatres, mais une autre assertion de l'illustre économiste m'a fait bondir :
"Si, comme le recommande le rapport Rocard, la taxe carbone était fixée à 32 euros, les acteurs économiques seraient incités à réaliser toutes les actions coûtant moins de 32 euros par tonne de CO2 évitée, et seulement celles-là."
C'est encore une économie idéologiste que les auteurs de la chronique analysée ici appliquent sans aucune vergogne. Mais, c'est confondre l'ambition étatique de l'impôt spoliateur avec la réalité économique !

La pratique de l'impôt est toute autre !

Un agent économique d'une taille suffisante ne cherche jamais à réduire ses coûts pour des raisons fiscales. Il répercute immédiatement sur le consommateur le moindre enchérissement de son coût et bien au-delà. Et s'il fait celà, c'est justement parce que la fiscalité s'entend avec lui pour appliquer cette hausse des prix !

En effet, la tonne de CO2 est essentiellement produite au début de la chaîne économique. Il en résulte par exemple que lorsque le produit qui vient de subir l'enchérissement de la taxe carbone, parvient sur le transformateur suivant, la TVA va s'appliquer sur le coût enchéri ! L'Etat a tout à gagner à ce que toute la chaine augmente ses prix !

Et il n'y a pas que la TVA !

De qui se moque t'on !



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Pour conclure, il faut vraiment se résoudre à deux choses. La première c'est qu'en France, comme partout ailleurs dans le monde occidental, la science économique est vraiment parvenue au degré zéro de l'éructation néanderthalienne. La seconde chose, c'est que cet état de fait est dû d'abord aux idéologues du fascisme vert.

A bon entendeur salut.

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Notes

[1] Cette affirmation "expertale", qui n'est pas rappelée ici pour des raisons de salubrité publique, date d'il y a 3 à 4 ans. Les terroristes du GIEC ont intoxiqués les "grands de ce monde" sur l'origine anthropique du changement climatique global avec une affirmation improuvable, mais simple à se rappeler et qui, en même temps, a l'immense mérite de "faire savant". Depuis, les abrutis du troupeau bêlant des élites intellectuelles répètent sans réfléchir ce slogan. Les experts l'ont dit !