Pourquoi je n'ai pas regardé "Apocalypse" à la "télé"
Philippe Brindet
23 septembre 2009


La télévision publique, service de l'Etat contrôlé par le Minstère de la Police, fabrique des documentaires. Bien.

C'est l'usage depuis Louis XIV, quand le Roi Soleil faisait cachetonner Corneille et Racine pour écrire des documentaires à sa gloire. Voltaire, fit de même toute sa vie. Bien.

Je n'ai pas regardé "Apocalypse" à la "télé". Certains vont se demander comment peut-on motiver une décision "de ne pas faire". Si je donne une raison liée au contenu du documentaire, je suis un "menteur" qui en réalité a regardé ... Si je donne une raison extérieure au contenu du documentaire, je suis de mauvaise foi ...

Il existe une genre documentaire un peu spécial qui est à la longue fatigant à regarder. "Apocalypse" ressort de cette catégorie de la pornographie idéologique. Je ne supporte pas la vue et l'audition de reconstitutions à partir d'archives, dont le contenu, le commentaire, la discussion, deviennent sacrés du seul fait qu'ils se fondent sur des archives tellement douteuses qu'il faut les proclamer indiscutables.

Les réalisateurs de "Apocalypse", spécialistes de la fabrication de documentaires, ont trop insisté lorsqu'ils ont fait la promotion publicitaire de leur oeuvre de fiction idéologique, sur les moyens techniques "merveilleux" mis en oeuvre pour cette fabrication. Colorisation, sonorisation, tout incitait à la prudence, plus, à la méfiance.

Un autre critique, Georges Didi-Huberman, écrit "En mettre plein les yeux et rendre « Apocalypse » irregardable". Il ne dit pas autre chose en se documentant sur le documentaire.

Voir la séquence colorisée avec un son fabriqué d'un Stuka piquant sur une route encombrée de réfugiés émigrant vers le sud n'apporte rien à la connaissance de l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Par contre, elle soulève immédiatement la "haine du Boche" chez ceux qui se regardent complaisamment déguisés en victimes sur l'écran. Parce que la télévision entraîne immédiatement identification du téléspectateur avec ceux de l'écran qui sont désignés comme les victimes. Et au revoir l'esprit rationnel, bonjour les réactions viscérales.

C'est donc une indigne manipulation des consciences prisonnières des cerveaux disponibles à la télévision qu'"Apocalypse" exécute.

Maintenant, on peut concéder que regarder à la télévision, pendant une heure tous les samedis, un gros homme à lunettes commenter "ad nauseam" de brèves séquences d'images d'archive rayées, noires et sautillantes, n'est pas très enthousiasmant.

Autrement demandé, l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale est-elle présentable par un documentaire ? La réponse est toute connue. Non !

Par contre, un documentaire peut avoir l'ambition de présenter un fait marquant ou simplement suggestif d'une guerre aussi terrible que celle d'"Apocalypse". Mais de grâce ! Pas de remake de Platoon ou du Soldat Ryan, ou de je ne sais encore quelle erreur cinématographique !

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