Le GOF détermine la réponse au débat sur l'identité nationale

Philippe Brindet
17 novembre 2009


Le Grand Orient de France vient, selon une dépêche de l'AFP, de rendre une fatwa concernant le débat sur l'identité nationale. Ce débat a été décidé il y a peu par le ministre Besson. Déjà, Sarkozy avait dans deux discours, dont l'un en province devant des agriculteurs, donné la direction correcte que devait prendre le débat. "La France", disait le président, "c'est aussi une terre ...".
"La France a un lien charnel avec son agriculture, j’ose le mot : avec sa terre. Le mot "terre" a une signification française et j'ai été élu pour défendre l'identité nationale française. Ces mots ne me font pas peur, je les revendique.

La France a une identité particulière qui n’est pas au-dessus des autres mais qui est la sienne et je ne comprends pas qu’on puisse hésiter à prononcer ces mots « identité nationale française ». Ils ne sont agressifs envers personne. Ils sont simplement l’expression du devoir que nous devons aux générations qui nous ont précédés et qui ont fait, au prix de leurs vies et de leur sang ce que la France est devenue. Eh bien, la terre fait partie de cette identité nationale française. Et cette identité nationale française est constituée notamment par le rapport singulier des Français avec la terre.
" [1].
Les idéologues des Lumières avaient immédiatement hurlé qu'il s'agissait de "nauséabonds relents de vichysme". Vichy d'ailleurs qui, entièrement aux mains de fonctionnaires socialistes, avait institué, de sa propre initiative sans avoir à répondre à une quelconque exigence des nazis qui n'en demandaient pas tant, la carte "d'identité nationale". La carte "nationale d'identité" de Vichy, celle de la République française, ne remonte pas à une quelconque identité française. Elle se suffit de la déclaration du pouvoir de décider qui est français. Et cette invention, supecte de vichysme pour la "gauche", n'a jamais été abolie, même par aucun gouvernement socialiste.

La redoutable "fatwa" du GOF permet de déterminer aidément qui aura le droit de donner son avis dans ce débat. Ou autrement dit, comment le français doit formuler sa reconnaissance d'identité nationale.
""Le Grand Orient de France, profondément attaché aux valeurs de la République et en particulier à la laïcité et à la solidarité, fonde en permanence sa démarche philosophique sur l'unité de la nation dont l’identité républicaine française est illustrée par l’article 1er de la Constitution: la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale", déclare le Grand Orient."
On note la section centrale de la citation : "l'unité de la nation dont l'identité républicaine française est illustrée par ...".

Dans une première réaction, je m'étais dis que le style en était incompréhensible. En fait, une seconde lecture montre qu'on pouvait "linguistiquement" ou "grammaticalement" la rédiger autrement :
"l'identité de la nation française dont l'unité républicaine est illustrée par ..."
Cette rédaction différente permettait d'indiquer ce qu'était pour le GOF l'identité nationale.

Mais il faut se rendre à l'évidence. La réorganisation de la citation du GOF trahit clairement la signification de sa philosophie. La nation n'a pas d'identité. Elle a une unité et cette unité est engendrée par l'identité républicaine. Et selon l'article 1 de la Constitution, la République est indivisible, laïque, démocratique et sociale.

Pour le GOF, il n'existe pas de nation française. La nation est générée par la République.

De ce fait, le GOF promulgue l'interdiction de fonder une identité nationale sur la terre, sur la langue, sur l'histoire, sur le christianisme, sur les traditions.
Quelle identité est fondée pour le GOF ?

Selon la formule du GOF, une identité nationale ne peut se fonder que sur les quatre piliers de la République :
  • l'indivisibilité ;
  • la laïcité ;
  • la démocratie ; et
  • le socialisme.
L'identité est d'abord républicanisme. Si ensuite, on adhère à l'ensemble de la Constitution républicaine, dans sa formulation française, alors, et alors seulement, on est français. Pour le dire autrement - et le rappeur Hamé dans un article du Monde du 16 novembre 2009 le disait très clairement - on commence par être un individu et on vit ensuite sa vie en France et la vie en France, c'est l'unité républicaine définie par la Constitution. Le politologue Alain-Gérard Slama ne dit pas autre chose.

Parler français ? aucune nécessité.
Lien charnel avec la terre ? rodomontades vichystes.
Histoire des rois ? Annulée par la guillotine de 1792.
Racines chrétiennes ? coupées, extirpées par 1789.

Nous voila prévenus. Les franc-maçons ne laisseront pas se dérouler un débat serein basé sur la réalité de la France. Ils sont à l'affût de tout ce qui déviera de l'idéologie républicaine, telle que l'a défini une fois pour toutes les Lumières obscures.

En réalité, la spécification du GOF de ce que serait le débat sur l'"identité nationale" est, une fois de plus, en parfaite conformité avec la loi de Vichy : " Est identité nationale, ce que le pouvoir a décidé.". Un exemple ? Allez un effort ! Souvenez-vous : pas les Juifs. L'horreur ultime que l'on ne dénoncera jamais assez.

o o o


Notes

[1] Nicolas SARKOZY, « Un nouvel avenir pour notre agriculture » Poligny (Jura) - mardi 27 octobre 2009, source Elyséethèque retour au texte