Réchauffement climatique

Un exemple de commentaires de lecteurs - Libé du 4 décembre 2009

Philippe Brindet
12 décembre 2009


Dans le quotidien Libération du 4 décembre 2009, préparant l'opinion aux décisions que Libération promeut pour la Conférence de Copenhague - ce qui est loin de l'objectif institutionnel de la presse et pose donc un sérieux problème démocratique de manipulation d'opinion - le spécialiste des carottes de glace de l'antartique, Jean Jouzel était interviewé par un de ses journalistes "réchauffistes".

Inutile de présenter et Jouzel et ce qu'il a pu confier à ce journaliste.

Comme dans de nombreux articles de presse Internet, l'interview est publié avec les commentaires des Internautes. Le détail est assez édifiant puisqu'il montre la capacité de nuisance d'une alliance objective entre la presse et l'idéologie, ici Libération et le "réchauffisme".

Si on prend les 50 premiers commentaires publiés, on remarque ceci.

Les partisans de l'idéologie "réchauffiste" publient 29 commentaires quand les sceptiques en publient 19. 2 commentaires sont de simples borborigmes.

On note que les commentaires "réchauffistes" sont plutôt groupés au milieu de l'échantillon alors que les "sceptiques" ont plutôt publié au début de l'ouverture aux commentaires.

Plus insidieux, un réchauffiste pseudonommé "Nikola" publie plus de dix commentaires, et en particulier, il dialogue avec quelqu'un, "jacqueslemiere", qui semble "jouer" le rôle d'un "sceptique" raisonnable et qui n'est pas convaincu que le "réchauffisme" est une erreur. Lorsque "Nikola" cesse de lui répondre, "jacqueslemiere", le "sceptique", est pratiquement convaincu que la science est "réchauffiste", ce qui rend le dialogue des plus douteux. On note que "Nikola" est littéralement un "professionnel" des commentaires des lecteurs de Libération avec 460 commentaires déjà publiés, tandis que "jacqueslemiere" n'est pas mal non plus avec 31 commentaires.

Un autre commentateur "sceptique" atteint le chiffre de 1309 commentaires publiés. Le ton de son unique commentaire dans la série ici étudiée est assez "excité". On conçoit donc qu'une statistique est très incertaine pour déterminer un mouvement dans le lectorat.

Sur la qualité des interventions des uns et des autres, on est frappé des deux observations suivantes :
  • les partisans du "scepticisme" sont surtout enragés de l'obligation vertueuse de "croire" au réchauffement anthropique qu'adresse la prétendue "communauté scientifique" ; il faut reconnaître que cette dernière, qui n'est d'ailleurs pas plus une "communauté" qu'elle n'est "scientifique", est réellement dictatoriale dans ses commentaires ;
  • les partisans du "réchauffisme" s'abritent derrière le "renom" de milliers de climatologues alors qu'il s'agit d'une petite centaine de simples "réchauffistes" orthodoxes comme Le Treut, Mann ou Jones ; les partisans du "réchauffisme" ne s'abaissent pas à discuter des détails scientifiques des hypothèses "réchauffistes" puisqu'elles sont certaines, mais invoquent seulement les titres de chapitres du Manuel autorisé de "réchauffisme".
Et la presse en général ne dépasse pas le niveau de ces deux tendances démontrées dans les "Commentaires" de l'entretien avec Jouzel.

On note aussi quelque chose de suggestif.

Aucun des commentaires lus ne fait une référence explicite à la moindre réplique de Jouzel, ni à l'une des questions posées par son journaliste. Les internautes "répliquant" ont vaguement perçu une thèse et une anti-thèse et se sont copieusement écharpés sur cette thèse et cette antithèse. Il ne s'agit donc pas de commentaires et Jouzel, aussi bien que son journaliste-lige, doit se dire qu'ils auraient pu s'éviter un dialogue, savoureusement convenu, mais qui n'ajoutait rien à leur gloire.

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