Le problème de la publication des articles scientifiques - Cause du "réchauffisme"

Philippe Brindet
18 février 2010


Warwick Hughes est un spécialiste de l'activité solaire et de son interaction avec le climat. Il vient de publier un court billet qui ouvre des perspectives de réflexion sur le réchauffisme.

What about the Jones et al co-authors ?

February 16th, 2010 by Warwick Hughes

Quoi de neuf sur les co-auteurs "Jones et al" ?

16 février 2010 par Warwick Hughes
Except for his 1994 update, Professor Jones tended to publish with many co-authors. Sauf pour sa mise à jour de 1994, le Pr. Jones avait tendance à publier avec de nombreux co-auteurs.
I see that the BBC says, Phil Jones, the professor behind the “Climategate” affair, has admitted some of his decades-old weather data was not well enough organised. Je sais que la BBC dit que Phil Jones, le professeur derrière le "Climategate", a admis que certaines de ses données météo vieilles de plusieurs décennies n'étaient pas assez bien organisées."
Well, I am asking myself, what about all these co-authors, presumably some of them worked on the data too, otherwise why would they be co-authors ? Is their data too, “..not well enough organised..” ? They are all from big instos – did none of them park a copy on their HDD ? Or is co-authoring on this scale just an exercise in influence peddling and mutual career building – facilitating a network of supportive mates to ease the way in the peer review process. I am curious to see if anybody else has thought about this. Bien, me suis-je dit, qu'est-ce qu'il en est pour tous ces co-auteurs, dont certains je suppose ont travaillé aussi sur ces données, autrement pourquoi seraient-ils des co-auteurs ? Sont-ce leurs données aussi ? ... pas assez bien organisées ? ... Ils appartiennent tous à de grosses maisons ... aucune d'elles n'a archivé une copie de leur disque dur ? Ou est-ce que le co-autorat à cette échelle est seulement un exercice de jeu d'influences et de fabrication mutuelle de carrières - par l'aide d'un réseau de copains pour faciliter la méthode du "peer review". Je sui curieux de voir si quelqu'un d'autre pense à quelque chose ."

La première réflexion est que dans de nombreux domaines des sciences et des techniques, les publications d'articles ont subi une inflation. Une double et même une triple inflation d'ailleurs :
  • d'abord, leur nombre s'est accru dans des proportions effarantes, noyant chaque spécialiste dans un déluge de papier qu'il est, dans de nombreux domaines, incapable de contrôler ;
  • ensuite dans la liste des co-auteurs : si autrefois, on écrivait son article seul, ou à deux si on était particulièrement sec sur le sujet, aujourd'hui des listes de 8 à 10 co-auteurs sont fréquentes et des listes considérablement plus longues ne sont pas rares ; et
  • enfin, dans la liste des références citées, qui s'est allongée de moins de dix il y a trente ans à plusieurs centaines aujourd'hui.
La deuxième réflexion tient à la triste teneur de la majorité des publications. Du fait de la spécialisation, le critique a beaucoup de difficulté et de prévention à généraliser ce qu'il constate dans ses domaines d'intervention. Mais, en procédant par domaines proches et en interrogeant les collègues d'autres disciplines on doit constater que la qualité des publications scientifiques n'est pas très élevée.

Une telle affirmation ne présente presque aucun intérêt. Opinion privée, appuyée sur une simple impression de lecteur. Malheureusement, elle est partagée par de nombreux praticiens. Pratiquer la lecture des articles scientifiques, c'est entrer dans un art difficile. De très nombreux papiers se basent sur des travaux qui ne dépassent pas l'activité normale d'un étudiant de deuxième ou troisième année dans un domain donné.

Alors, quand on a dix ou vingt ans ou plus encore, de bons et loyaux services dans un domaine bien circonscrit, publier un article c'est souvent tenter de prendre le sujet selon un angle d'attaque particulièrement vicieux. Le cas typique consiste à débiner le travail publié précédemment par un adversaire - bien entendu sans le dire - ou au contraire à louanger et soutenir selon son point de vue, la publication précédente d'un collègue "ami", sans avoir l'air de dire la même chose que lui.

La liste des références permet selon les circonstances, ou bien de dresser la liste des ennemis ou bien celle des alliés. La plantureuse liste des co-auteurs permet d'y trouver des "petites mains" qui seront chargées d'établir cette fastidieuse liste de références, qu'en plus il faut quand même plus ou moins commenter, mais aussi d'utiliser leur carnet d'adresses pour obtenir soutiens et critiques favorables, et passage devant le comité éditorial de la revue de publication visée.

Ainsi, un grand nombre de citations de références ne sont inclues dans une publication que pour obtenir le soutien de leurs auteurs. La chose paraît incroyable, mais elle est pourtant provoquée par les processus de notation des chercheurs qui sont évalués :
  • au nombre de publications et au prestige de la revue de publication ;
  • au nombre de références dans les publications ultérieures.
Ainsi, il existe évidemment un trafic de notations qui se base sur l'offre de citation en référence :
"Je te cite en référence si je peux être co-auteur chez toi pour ton prochain article ..."
Les stratégies peuvent être extrêmement élaborées, comme celles qui conjuguent organisation d'un colloque ou d'un congrès avec publications des Actes.

Une autre réflexion tient au contrôle des articles soumis par des comités éditoriaux, pratique qui est connue sous le terme anglo-saxon de "peer reviewing", "relecture par les pairs". Tous les trafics sont soupçonnables.

Quand vous appliquez ces remarques au domaine de la climatologie, vous comprenez immédiatement comment le "réchauffisme" a pu prendre le pouvoir comme une idéologie exclusive et totalitaire. D'ailleurs, la situation est extrêmement commune dans les sciences humaines, parfois dans les spécialités les plus inattendues, mais aussi en biologie, où les idéologies règnent en maîtresses scientistes.

Un autre point n'est pas assez souligné. C'est l'extrême médiocrité de la formation scientifique de base d'un nombre considérable d'auteurs. Passées les quatre à cinq premières années de 18 à 22 ans, les scientifiques ont tendance à s'insérer dans un domaine extrêmement étroit de compétence. On ne donnera pas d'exemple pour ne froisser personne. Et le caractère extrêmement étroit du domaine permet de ne plus se poser les questions de la science fondamentale dont les principes peu à peu s'estompent dans cette fameuse culture, qui est "ce qui reste quand on a tout oublié" ...

Il est indéniable que de très nombreux scientifiques exercent toute leur activité sur le sujet de la thèse de doctorat qu'ils ont obtenu. Or, le travail de thèse est devenu, de décennie en décennie, un travail de plus en plus réduit, et prenant de moins en moins de temps. De plus de dix ans dans les années 1950, une thèse se passe maintenant en deux ou trois ans, et parfois moins. Les thèses publiées font maintenant de 250 à 500 pages, et le premier tiers au moins contient une laborieuse compilation de l'état de l'art. Comme il faut garder au moins un tiers du volume publié pour les références et leur discussion, le travail proprement dit doit être baclé en 80 à 150 pages. Le niveau est consternant dans les thèses publiées par de nombreuses institutions.

Dans le cas de la climatologie, il faut se souvenir que, à côté des modélisateurs, il existe un nombre extrêmement élevé d'observateurs de l'écologie et des autres phénomènes naturels. Ainsi, parmi les emails du CRU Gate, on peut lire une remarque d'un climatologue, ravi qu'un voyage d'étude lui ait permis de descendre en ski un célèbre volcan. Un autre climatologue se souvient des années 80 où les futurs "réchauffistes" étaient des "baba cool ...", tenus pour innoffensifs et incompétents. Les autres sont "morts", ils sont seuls en vie et au pouvoir de la discipline ...

On conçoit combien la climatologie peut être entièrement verrouillée, incontrôlable, sauf à faire exploser les procédures actuelles de contrôle acceptées par tous. Ainsi, le résultat de l'investigation Russel est attendue avec curiosité, mais sans illusion.

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