Les mémoires déposés dans l'enquête parlementaire UK sur le CRUPhilippe Brindet4 mars 2010 |
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Ainsi qu'on le sait, un service de l'Université britannique de East Anglia, le CRU dirigé par le Pr. Phil Jones, produit depuis plus de vingt ans des données climatiques qui, avec celles de la NASA (Giss de James Hansen), servent au GIEC pour affirmer la validité de la thèse "réchauffiste" : "le climat global se réchauffe constamment depuis 1850 à cause des émissions de gaz à effet de serre, principalement de CO2, produites par l'homme".
Comme le fait remarquer le Dr Roy W. Spencer de l'Université de l'Alabama (Global Warming: Natural or Manmade?), le GIEC et les institutions comme le CRU de l'UEA n'ont jamais travaillé que sur la preuve que "le climat se réchauffe à cause de l'industrie de l'homme". Spencer note fort justement que très peu de travaux scientifiques ont été budgetés pour étudier d'autres facteurs de variabilité du climat. Etonnant, n'est-il pas ? Toujours est-il que cette démarche est inscrite dès les années 1980 dans la charte qui institue le GIEC et le PNUE. Et les modélisateurs n'ont jamais réalisé qu'une seule modélisation, celle de la hausse constante des températures globales sous l'action de l'activité humaine. On comprend alors combien la révélation du contenu des travaux cachés d'institutions comme le CRU de Phil Jones aura été un choc pour de nombreuses personnes de bonne foi. On comprend aussi toute l'importance des enquêtes diligentées par les autorités sur ce sujet. Le CRU Gate est le nom du scandale produit par la diffusion sur le Web, vers le 20 novembre 2009, de milliers d'emails et de centaines de documents et de programmes de traitement de données de température. Ils ont été probablement publiés et non pas volés, par des climatologues eux-mêmes, scandalisés des manoeuvres commises par les "caciques" du Giec et leurs fidèles "réviseurs", pour imposer une thèse purement idéologique, sans aucune validité scientifique. Devant l'ampleur du ressentiment public à l'égard tant des autorités, enclines à prendre des mesures contraignantes et appauvrissantes en pleine crise économique, que des scientifiques qui dévoyent leur code de conduite le plus élémentaire, deux commissions d'enquête ont été établies en Grande-Bretagne :
La commission parlementaire a tenu le 2 mars 2010 sa première audience publique et on peut dire que, si sa partialité est indifférente dans la mesure où, composée de parlementaires, elle fait bien ce qu'elle veut, elle a immédiatement limité son enquête au seul "vol de documents" et à la "malheureuse perte de crédit de la 'science' dans cette affaire". Autant dire qu'il n'y a pas grand chose à attendre de l'une comme de l'autre de ces deux enquêtes. Il y aurait beaucoup de choses à dire de l'audience publique du 2 mars 2010 qui a été filmée intégralement et mise à disposition sur le sie de la Commission parlementaire. Mais, auparavant, avant cette audition de témoins, qui sont plus (comme Jones) ou moins (comme le sceptique Lawson), des protagonistes de l'intense polémique sur le "réchauffement anthropique", la commission a sagement demandé au public son avis par le dépôt de memoranda déposés avant la fin du mois de février 2010. La liste de base est accessible en : http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200910/cmselect/cmsctech/memo/climatedata/contents.htm. 1 - Un classement des mémorandasUn total de 55 mémoires ont été déposé dans le délai. Le premier a été déposé par l'UEA et le dernier par le Met Office, qui sont deux institutions "réchauffistes". On a compilé une liste en regroupant les réchauffistes d'un côté et les sceptiques de l'autre.
La statistique est sans appel : l'afflux de mémoranda provenant du camp sceptique submerge la Commission parlementaire par 42 à 13. Pour appréhender les arguments des deux camps, on a étudié l'ensenmble des mémoires mais plus particulièrement, les mémoires de :
2 - Les arguments réchauffistesOn remarque le très faible nombre des mémoires "réchauffistes", 13 contre 42 pour les "sceptiques". On remarque aussi que la plupart des organisations qui ont soumissionné une Note sont réchauffistes : on en compte 8 pour 13 réponses en tout.Les organisations écologistes ou militantes, de Greenpeace au WWF, existent sous la forme d'une infinité de clubs, de sociétés, d'ONGs ou encore de "think tanks" qui sont entièrement dirigés vers l'imposition des "diktats réchauffistes". Seule une d'entre elles a déposé un mémoire. De même, alors que la plupart des quotidiens comme le Guardian ou le Daily Telegraph, par leurs propres journalistes salariés, ont pris des positions partisanes dans le débat, et particulièrement réchauffistes, aucun n'a pris le risque de déposer lui-même un mémorandum. Par contre, on est à demi étonné de noter la présence d'institutions professionnelles comme l'IOP ou la RSS qui prennent des positions souvent peu claires, mais dont la tonalité est plus ou moins "réchauffiste". Il semble que, plus encore que les organisations idéologiques et politiques, les sociétés scientifiques soient prisonnières de leurs allégeances de ce point de vue. Les arguments pour défendre le CRU sont souvent bien connus. Particulièrement, on note que, quand un réchauffiste défend le CRU, il le défend en bloc, comme s'il comprenait que, s'il acceptait la moindre once d'erreur dans les travaux "réchauffistes", ici du CRU, ferait s'ffondrer l'"édifice". On note aussi que ce qu'un "sceptique" tient pour une "erreur", le "réchauffiste" qualifie de "simple allégation". C'est le cas de l'UEA elle-même dans le mémorandum CRU00 et du Met Office dans le mémorandum CRU54, respectivement premier et dernier mémoranda, ce qui dénote clairement l'emprise que ces deux institutions veulent prendre sur les commissions d'enquête dans le Climate Gate. La défense de UEALe mémorandum est présenté par l'UEA, son vice-chancelier, Lord Acton. Le CRU intervient dans un chapitre, le plus long.Le fond de leur défense est d'affirmer que l'UEA en général et le CRU sont des institutions scientifiques de "l'excellence", et que, de ce fait universellement connu, il est inimaginable qu'elles soient attaquées et leur honorabilité mise en cause. "... the University’s role remains unchanged. It is to pursue the best scientific research and data, to ensure that the research is pursued in conformity with our codes of good conduct, and that its quality is continuously tested and evaluated by peer review."Tout ceci n'empêche par l'UEA de répondre point à point aux différents points posés par la Commission parlementaire qui souhaite pouvoir y répondre. Mais, le plus souvent, l'UEA répond par une simple dénégation ou une protestation des principes. Les répliques du CRUDiscutant point à point, le CRU réplique :
En général, les assertions du Memorandum CRU00 de UEA et de CRU sont de simples affirmations péremptoires niant les accusations portées ou supposées des "sceptiques". Elles n'ont donc pas grandes efficacité. Parmi ces simples affirmations péremptoires, certains ont trouvé une présentation erronnée de la position de l'Administration gouvernementale chargée de l'application du Freedom Information Act qui devait obliger le CRU à indiquer ses données sources. On peut se reporer à un article de Ben Webster dans The Times du 26 février 2010, article intitulé University ‘tried to mislead MPs on climate change e-mails’. Le Memorandum CRU00 ne contient donc rien qui devrait conduire en droit la Commission d'enquête parlementaire à une décision favorable au CRU. Le Met OfficeLe Met Office commence par souligner l'excellence de la science en UK parce qu'elle est basée sur la transparence, et la révision par les pairs ....Sur l'indépendance des données des autres instituts, le Met Office donne le même avis que le CRU. Il produit une étude assez détaillée sur onze différences entre les trois séries. On note que le Met Office se sent obligé de ré-affirmer sa foi "réchauffiste" : "There is strong evidence that the globe has warmed." Les sociétés savantes et les groupes de pressionSeule ONG soumettante, Public Resarch Interest défend la stratégie du CRU. les sociétés savantes, et autres institutions comme le Reseach Council UK qui finance le CRU, RSC, Beddington pour le Gouvernement britannique, donnent quelques éclairages supplémentaires sans pour autant renforcer la défense du CRU.On note que Public Research Interest cite l'organisation américaine Pew Center : "As the Pew Centre note, the CRU had contractual obligations... ", le journaliste activiste du Guardian, Fred Pearce, les "réchauffistes" Michael Mann, Ken Trenberth, Gavin Schmidt, pour conclure qu'il n'y a rien à retenir contre qui que ce soit en dehors ... des sceptiques. L'IOP et la Commission Russel semblent s'aligner sur les positions générales du "réchauffisme", mais ne sont pas particulièrement favorables au CRU. Il semble que cela soit une attitude imposée par leurs statuts particuliers. On note que la position de l'IOP semble avoir été interprétée comme une sorte de désaveu, limité, mais désaveu, par certains quotidiens. L'IOP a récemment été contraint de publier sur son site une mise au point, intitulée IOP and the Science and Technology Committee’s inquiry into the disclosure of climate data", recentrant sa position du côté du CRU et du "réchauffisme". L'indépendance de ces institutions est d'ailleurs des plus douteuses, doute démontré par leurs professions de "foi réchauffiste" permanentes d'une part et par des indices matériels, d'autre part. A titre d'exemple de tels indices matériels, on peut citer l'action dans l'IOP de la firme Cresport Services. Cresport est animé par un ingénieur, dénommé Peter Gill, qui a défendu le CRU dès le début de l'affaire du CRU Gate dans les colonnes d'un organe de l'IOP (voir The Times dans Energy consultant 'influenced climate evidence'). Plus encore, Cresport travaille avec la firme BP, dont un dirigeant de haut rang, David Etton, BP's Head of research & Technology (voir notre article récent L'équipe des réviseurs du Climate Gate), a été nommé au Board de la Commission Russel Muir. Il n'existe pas de raison d'exclure un témoignage devant la Commission d'enquête britannique (ou toute autre) au motif que le témoin aurait des liens avec le camp "réchauffiste", sauf quand le témoin, comme l'IOP ou la commission Russel Muir, est astreint à un devoir d'impartialité dans la même affaire. Ce groupe de témoignages n'apporte rien de plus à la défense de la position critiquée du CRU. Quelques opinions individuellesLa contribution de l'allemand von Storch est un peu particulière, à cause du caractère non-conformiste du climatologue. A la fois critique et membre du système "réchauffiste", von Storch se dit cité dans les emails du CRU Gate.Von Storch défend cependant avec vigueur les travaux du CRU. Mais, il reconnaît que des enquêtes plus poussées pourraient révéler des problèmes. Ce qui est une façon de déclarer que, même avec la publication du CRU Gate, il n'est au courant de rien, mais que, si on se "donne la peine de chercher", on pourrait trouver des choses ... Cependant, contre l'évidence, von Storch confirme le caractère "irrévocable" du réchauffement climatique anthropique. Von Storch explique que l'assertion que la concentration croissante des gaz à effet de serre contribue à la plus grande partie du récent réchauffement depuis 1970 est démontrée en deux temps : détection, attribution. La détection se fait sur la vitesse de réchauffement indiquée par la pente de la courbe de la température globale comme celle produite par le CRU. On calcule alors une "tendance naturelle" à l'aide de séries longues de reconstructions par exemple sur les cernes des arbes et que l'on prolonge à l'époque moderne par extrapolation. Cette extrapolation est alors contrôlée par la modélisation de la variabilité "naturelle" du climat, c'est-à-dire sans l'effet de l'industrialisation. L'attribution consiste à attribuer une cause particulière à une variation de la température observée à en utilisant des modèles informatiques. De telles causes sont la variabilité solaire, l'agriculture, l'industrie, etc... On remarque que cette savante mise au point de von Storch n'a strictement aucune relation avec les erreurs de conduite relevées par les sceptiques sur les emails et autres documents du CRU. Mais on remarque aussi que la seule étape de détection suffit à déterminer la validité de la thèse "réchauffiste" : "le réchauffement global continu est provoqué par les émissions croissantes de gaz à effet de serre d'origine anthropique". Un seul problème, la méthode de détection décrite par von Storch ne fonctionne que sur des causes indépendantes. Or, variabilité naturelle et émissions anthropiques ne sont en rien indépendantes. Par ailleurs, si la pente de la courbe des températures globales des trois Institutions, dont le CRU est surestimée, la méthode de détection utilisée par les "réchauffistes" exige la condamnation des procédés du CRU et des deux autres Institutions, indépendance ou pas. C'est exactement ce qu'affirment les sceptiques. On peut donc penser que le Memorandum CRU43 de von Storch est le plus efficace pour influencer la Commission d'enquête parlementaire, en ce que von Storch écarte le débat de la réalité de faits matériels critiqués, pour hausser la perspective à la "profession de foi réchauffiste". Il est sur ce point absolument en phase avec les mémoires comme CRU49 de Beddington de l'Office britannique des Sciences auprès du Premier Ministre et dans un point de vue plus limité cellui de la RSS. 3 - Les arguments sceptiquesLes arguments présentés par les "sceptiques" sont assez étendus. Parmi ceux-ci, on peut relever :
Toujours est-il que, principalement grâce à Internet, les sceptiques s'expriment et obtiennent une audience relativement significative, quand les grands médias et les revues scientifiques appartiennent de manière hégémonique aux "réchauffistes". On a va détailler les arguments des principaux protagonistes "sceptiques". Les accusations de Stephen McIntyreLe canadien Stephen McIntyre est l'auteur du mémorandum CRU32. Il est entré dans le débat contre le "réchauffisme" dès le début des années 2000, lors de la démonstration que la courbe de la température globale des mille dernières années, connue sous le nom de "crosse de hockey", ou "courbe de Mann", du nom de son fabricateur, était un faux grossier.McIntyre est particulièrement incisif. Pour lui, le CRU est responsable d'une énorme forgerie par quatre actions :
Les accusations du Pr KeillerKeiller est Directeur du Département des Sciences de la Vie à Anglia Ruskin University. Il est un climatologue. Son memorandum CRU23 détaille onze points critiques dans l'affaire du CRU Gate.La première accusation de Keiller est simple : "What is absolutely clear from these emails is the Professor Jones and colleagues at CRU conspired to obstruct reasonable and legitimate requests for access to scientific data."Il détaille chacun de ses griefs de manière circonstanciée. On note par exemple que les "ajustements de données" produits par le CRU n'ont pas d'autre sens que de vérifier la thèse a priori du "réchauffisme". Keiller affirme que les trois ensembles thermométriques connus dont celui du CRU se valident les uns les autres parce qu'ils n'ont aucune indépendance. Les manipulations que Keiller a établies sont principalement :
Les accusations de CourtneyTout d'abord, Courtney est un climatologue réputé, retraité, mais réputé. Ensuite, il est le porte-parole d'un groupe de climatologues dont certains sont aussi réputés que lui, et tous ... retraités. Il s'agit des animateurs d'un think tank britannique Sceptical Climate Science.Il a été l'objet de certains des emails du CRU et le memorandum CRU01 commence par exposer ce que Courtney en déduit. En 2003, il avait averti les climatologues comme Jones que la MGT (température globale moyenne) était un paramètre sans valeur. Les réchauffistes ont alors oeuvré pour empêcher la publication de l'étude de Courtney. Comme on l'a souligné plus haut, en commentant le mémorandum CRU43 de von Storch, du fait que ce sont les hausses de température MGT qui sont prétenduement causées par le forçage CO2, "toute erreur dans les déterminations de variation de MGT produit une attribution incorrecte du réchauffement global anthropique AGW", déclare Courtney. Courtney note que les trois séries MGT, prétendument indépendantes, démontreraient une hausse, toutes également à 95% de confiance. Mais la hausse varie entre les trois MGT du simple au double ! Pour interpréter cette divergence, Courtney propose d'écarter la croyance que la MGT serait un paramètre physique, parce que les différences entres les hausses des trois MGT démontreraient qu'il y aurait trois AGW différents ! En arguant que la MGT est une statistique de mesures physiques de températures aériennes, alors la différence de tendances entre les trois séries MGT mesurent des climats différents et pas le même "climat global". Courtney note que son article a été bloqué par le "peer reviewing" de Nature, et probablement donc par Jones du CRU, dès 2003 au motif que Courtney critiquait des séries MGT qui, depuis, avaient été "corrigées" !... Courtney critique ensuite la question technique de la calibration des séries MGT rappelant qu'il l'avait déjà critiqué dans un article refusé des années 2003. Courtney affirme que le premier argument du "réchauffisme" est un "argument par ignorance". Il n'existe aucune évidence que le réchauffement soit provoqué par les gaz à effet de serre. Il "faut" donc que ce soit les gaz à effet de serre. Le second argument critique l'étape d'attribution des réchauffistes, telle que par exemple von Storch dans son mémorandum CRU43 la détermine, Pour Courtney, l'attribution ne permet que d'écarter sur la base de modèles informatiques ce qui ne peut pas être une cause effective d'un effet. Mais les études d'attribution comme celle du CRU, concluent de manière erronnée que le CO2 est la cause du "réchauffement climatique". Pour finir, Courtney affirme que les estimations de changement climatique utilisées pour les études d'attribution sont fausses. |