La fable "réchauffiste" est inchangée depuis 1979

Philippe Brindet
21 mai 2010, révisé le 20 octobre 2010


Un document politique américain édité en 1979 et intitulé "Carbon Dioxide and Climate: A Scientific Assessment" présente plusieurs informations intéressantes :
  1. certains protagonistes du débat sceptique des annés 2000 sont déjà là en 1979: Hansen et Lindzen ;
  2. il existe déjà un consensus sur un déséquilibre de l'effet de serre comme cause du réchauffement
  3. le CO2 anthropique, d'origine industrielle, est la seule cause du déséquilibre catastrophique de l'effet de serre ;
  4. la température globale moyenne est un indicateur du réchauffement ;
  5. la modélisation informatique démontre que le CO2 anthropique est la cause du réchauffement ;
  6. la modélisation informatique démontre que la température globale moyenne annuelle va croître continûment à cause de l'accroissement de la concentration en CO2.
Le document est un rapport national américain :
Report of an
Ad Hoc Study Group on Carbon Dioxide and Climate
Woods Hole, Massachusetts
July 23–27, 1979
to the
Climate Research Board
Assembly of Mathematical and Physical Sciences
National Research Council
Il est désigné fréquemment comme "le Rapport Charney (Charney Report)". Relativement bref, il comporte 35 pages, dont 13 pages d'étude proprement dites ... le reste est composé de prologues, préfaces, résumés, liste de références.

Charney qui dirigeait le comité est un météorologue qui a fait partie de l'équipe de von Neuman pour exploiter l'ENIAC à la fin de la seconde Guerre Mondiale. Charney a ainsi produit la première prévision météorologique par ordinateur à vingt-quatre heures.

Mais, le rapport Charney est "parent" d'un rapport "innaccessible" : le Jason Report qui serait publié la même année. Un article du Sunday Times, Jason and the secret climate change war de Naomi Oreskes, sévère censeur des menées climato-sceptiques, décrit ce Jason Report.

1 - Les protagonistes de 2010 sont déjà là en 1979

Les "réchauffistes"

A la page X de la préface les remerciements sont adressés à :
J.Hansen, Goddard Institute for Space Studies, NASA

Hansen n'a pas varié en trente ans. Par contre, Lindzen est devenu, probablement vers les années 2000, un sceptique confirmé. On remarque ainsi que les protagonistes contemporains du débat sur la climatologie en 2010 étaient déjà à l'oeuvre en 1979. Aux côtés de Hansen, le Rapport Charney cite plusieurs climatologues et associés. Une Revue de Philosophie virtuelle, en réalité liée au mouvement extrêmiste marxiste suisse de Udry, publie un article d'un Robert Lochhead, absolument passionnant et entièrement acquis aux thèses réchauffistes :
C'est en 1950 qu'a été calculée la première prévision du temps à 24 heures sur un ordinateur électronique par Jule G. Charney sur l'ENIAC, l'un des premiers ordinateurs électroniques de l'histoire. Celui-ci avait servi aux calculs de la première bombe atomique et était exploité par l'US Army. Charney faisait partie de l'équipe du célèbre mathématicien d'origine hongroise du Manhattan Project (programme américain de fabrication de bombes atomiques durant la Deuxième Guerre mondiale), John von Neumann (1903-1957). Ce dernier avait entrepris, à côté de divers projets guerriers futuristes, de modéliser l'atmosphère par ordinateur. Un autre membre de l'équipe, Norman Phillips, a réalisé le premier modèle informatique de l'atmosphère globale. Un troisième membre de l'équipe, Joseph Smagorinsky, prenait la tête en 1963 du nouveau laboratoire créé par la NOAA, le Geophysical Fluid Dynamics Laboratory, à Princeton, consacré à la modélisation mathématique de l'atmosphère sur les plus grands et les plus rapides ordinateurs disponibles. Cela a conduit aux prévisions météorologiques d'aujourd'hui de 5 à 10 jours.

C'est dans ce laboratoire qu'un jeune savant japonais, Syukuro Manabe,entreprend dès les années 60, en collaboration avec Richard T. Wetherald, de mettre au point des modèles du climat et de calculer les effets de l'accroissement du taux de CO2 dans l'air. En 1967 ils arrivent à la conclusion que le doublement du taux de CO2 dans l'atmosphère produirait un réchauffement global moyen de 3C.

(Source : Effet de serre - Pour quelques degrés de plus, par Robert Lochhead)
Par une simple citation de cet article de Lochhead, on trouve les noms suivants cités dans le rapport Charney :
  1. Jule Charney
  2. Jim Hansen
  3. Syukuro Manabe
  4. Joseph Smagorinsky (Climate Research Board)
  5. Richard T. Wetherald (cité à 6 reprises dans le Rapport Charney)
Il est quelque peu étonnant que, en dix lignes, un simple article de "philosophie" marxiste soit capable de donner un historique du "réchauffisme" en citant sept noms parmi lesquels cinq sont des auteurs du Rapport Charney ou des auteurs cités par le Rapport Charney. Un tel fait isolé ne révèle rien d'autre qu'une coïncidence. Mais des coïncidences répétées dix fois, cent fois ne sont plus des coïncidences. Il existe non pas un complot - parce qu'un complot est secret, et le "réchauffisme" est de moins en moins secret - mais une organisation du système universitaire et de la recherche publique qui fait route depuis longtemps vers le "réchauffisme", ou le carbocentrisme comme l'appelle élégamment le mathématicien Benoît Rittaud.

Parmi les membres du comité ad hoc CO2, on note la présence de Carl Wünsch, qui est resté réchauffiste, mais de plus en plus modéré. Wünsch a protesté contre certaines attributions que des sceptiques lui ont prêté. Mais, il n'en reste pas moins que la "solution" du CO2 au problème du réchauffement climatique semble le gêner considérablement, puisque l'océan lui paraît un candidat autrement sérieux.

Les sceptiques

Les commentaires sont remerciés de la part de :
R.S.Lindzen, Harvard University

Lindzen est donc cité dans cette étude "réchauffiste" de 1979. Mais, il n'y apparaît que dans des remerciements pour sa révision. On peut donc penser que, déjà, Lindzen n'était pas un véritable "réchauffiste".

Plus suggestif : rien dans le rapport Charney ne laisse planer le moindre doute sur l'existence d'opinions contradictoires. Non, tout au contraire. Il n'y a même pas de consensus. Il y a unanimité de la Science sur la "réponse autorisée" à la question du "réchauffement climatique". Le reste n'est qu'erreur ...

Le contenu de l'étude de Jule Charney

Redisons que Charney n'est que le Président du Comité "ad hoc" sur le CO2. Il apporte principalement au rapport Charney l'autorité tirée de sa longue présence dans les instances dirigeantes de la science américaine. Mais le rapport est probablement rédigé par des seconds couteaux.

Pour savoir ce que le Rapport Charney contient, rien de tel que de comparer introduction et conclusion.

L'introduction

Comme le GIEC en 1988, le Comité Charney reçoit une mission "un tout petit peu bizarre". L'Académie des Sciences américaine ne lui demande pas d'étudier l'hypothèse du changement climatique ou de savoir si le climat est globalement constant depuis toujours. Non. On lui demande de vérifier le dogme incontestable du "réchauffisme carbocentrique" :
en affirmant la véracité de la base scientifique pour la prévision de possibles changements climatiques futurs, résultant des émissions d'origine humaine de CO2 dans l'atmosphère.
On ne demande pas à Charney de faire un travail scientifique, mais seulement de dire que le "réchauffisme" est "vrai et approuvé par la Faculté". Ce n'est plus de la Science, c'est du Molière ... Et on ne peut manquer de noter que cette étude est très "sérieuse", puisque ce n'est même pas l'Académie des Sciences amréicaine qui la demande. Non. C'est un fonctionnaire fédéral, le Directeur de l'Office de la Stratégie des Sciences et Techniques, Administration fédérale, qui a posé officiellement la question.

Il est donc clair que, en 1979, le dogme du "réchauffisme carbocentrique" était depuis lontemps établi. Et les efforts de gens sérieux comme Courtillot ou Lindzen n'y changent encore rien, la question scientifique ne se posant déjà plus en 1979. Depuis ce temps-là, le "réchauffisme" est essentiellement du domaine politique et rien de plus. Que la Science sous-jacente au "réchauffisme" soit vraie ou fausse, la Politique s'en moque. Elle a besoin d'un blanc-seing d'une Académie aux ordres. "Zum Befehl !" ...

La conclusion

La conclusion du rapport Charney est simple :
  1. Nous sommes certains que, d'ici au milieu du 21° siècle, si rien n'est fait pour réduire nos émissions industrielles de gaz à effet de serre, il y aura sûrement un doublement de la concentration en CO2 atmosphérique qui entraînera une élévation de la température globale annuelle de 3°C à 1,5°C près, et ce, avant la fin de la première moitié du 21° siècle.
  2. Nous sommes au regret profond de dire que nous n'avons trouvé aucune preuve que nous aurions sur-estimé ou sous-estimé un facteur scientifique pour établir notre conclusion : elle est indiscutable.

Le remplissage

Pour écrire de pareilles niaiseries, le Groupe Charney n'avait vraiment pas besoin de longues recherches. Et son rapport est des plus brefs.

Eh bien, malgré sa brièveté, le Rapport Charney parvient à semer le doute sur la vigueur de sa conclusion. Ainsi dans le premier chapitre de développement, intitulé "Carbon in the Atmosphre", on est frappé par le manque de certitudes et de références. Des chiffres vagues sur des paramètres douteux. Ce sont toujours les mêmes, vaguement remis à jour. Ainsi on apprend que la concentration en CO2 atmosphérique était de 314 ppmV en 1958 et de 334 ppmV en 1979, que ces 20 ppmV supplémentaires étaient "équivalents à 42 x 1019 tonnes de carbone, etc.

Et puis, sous nos yeux ébahis, le Rapport Charney finit par écrire :
Notre connaissance limitée des caractéristiques de base du cycle du carbone signifie que les prévisions de l'accroissement futur en CO2 atmosphérique résultant des émissions de combustibles fossiles sont incertaines
Trente ans plus tard, ce sont exactement les mêmes approximations incertaines, mais chiffrées "à 0, 17% près", qui s'étalent partout dans la climatologie "réchauffiste". Il n'y a aucune confiance scientifique à accorder à de telles élucubrations, surtout quand on considère la raison pour laquelle a été écrit ce Rapport Charney : une commande du pouvoir politique.

Le Rapport Nierenberg

Un autre rapport, intitulé "Changing Climate : Report of the Carbon Dioxyde Committee ", publié en 1983 et dirigé par Nierenberg, membre déjà du Comité Charney, est parfaitement "réchauffiste" et "carbocentriste". Dans son résumé pour les Décideurs (Executives), Nierenberg dit clairement :
  1. La teneur en CO2 atmosphérique est passée de 315 ppmV à 340 ppmV en une génération. Elle devrait doubler au milieu du 21° siècle et cet accroissement de la teneur provient essentiellement de l'activité industrielle.
  2. Les modélisations informatiques enseignent que le doublement de la teneur en CO2 entraînera une augmentation de la température annuelle globale de 2°C à 4,5°C.
Le Comité Nierenberg [1] répète donc identiquement les conclusions de son prédecesseur, le comité Charney. Les Rapports du GIEC vont servilement répéter cette doctrine, "indiscutable" sous peine d'anathème. Rien que cette unanimité est troublante ...

La répétition constante d'un dogme vieux de quarante ans

Ce que l'on peut noter à la lecture du rapport Charney, du rapport Nierenberg et des rapports du GIEC, c'est l'évidence qu'il n'est pas permis de discuter, de la causalité du réchauffement anthropique provoqué par l'accroissement de la teneur en CO2 atmosphérique. Par ailleurs, le réchauffement est évidemment mesuré par un accroissement de la température moyenne annuelle globale, ce que tout le monde sait théoriquement faux et pratiquement fabriqué.

Mais les dogmes ont la vie dure. On a trouvé un article de la revue Scientific American de 1959, qui propage déjà cette erreur funeste du carbocentrisme. A la décharge de son auteur, il n'avait pas encore perçu le rôle (faux) de la empérature globale annuelle, ou pire encore de son "anomalie". L'article est intitulé Carbon Dioxide and Climate.

On note que, si l'on en croit le Rapport AR4 2007 du GIEC, le long d'un méridien terrestre, la teneur en CO2 atmosphérique ne varie que de 4%, ce qui est bizarrement faible, alors que la température locale varie de 300 % le long de ce même méridien. Comme la concentration d'un gaz dans l'atmosphère dépend de la température, on se demande ce que cela signifie si en plus la concentration reste constante partout ?

On concèdera que les "réchauffistes" ne disent pas que la température dépend de la concentration en CO2 atmosphérique, mais que la variation de la concentration en CO2 atmosphérique provoque un accroissement de la température. Toujours est-il que lors de plusieurs baisses historiques de la tendance de la température globale, on a remarque que la consommatation en combustibles fossiles responsable de la majeure partie de l'accroissement de la teneur en CO2 continuait à augmenter.

On a noté que la concentration en CO2 a beaucoup varié et dans des proportions bien plus importantes que ce qui est prévu et que indépendemment, la température a été beaucoup plus élevée dans le monde entier, à la période de l'optimum médiéval par exemple. On dit que nous sortons seulement d'un Petit Age Glaciaire. Ainsi, un village suisse au pied du Cervin, qui florissait au Moyen-Age est toujours enterré sous son glacier. Ötzi, le chasseur du Tyrol a été récemment exhumé de son glacier à 3200 mètres d'altitude. Il vivait lors d'une période qui a été datée au Carbone 14 entre -3350 et -3150 avant notre ère. Là où on l'a trouvé mort il n'y avait aucun glacier. Pourtant, il n'y avait aucune activité comparable à celle d'aujourd'hui dans les émissions anthropiques de gaz à effet de serre.

Il y a donc de nombreux indices que les affirmations constantes des réchauffistes depuis 1970 jusqu'en 2010, soit sur quarante ans, ne sont pas vérifiées. Ils ne font que réproduire un dogme cru aveuglément. Et c'était déjà exactement les chiffres d'Arrhénius en 1896 ... Mais, c'est écrit dans les manuels depuis toujours. Alors un scientifique académique ne remet jamais en question ce qui a été écrit "de manière autorisée" ....

o o o


Notes

[1] On note cependant que William Nierenberg est l'un des auteurs principaux d'un article critique intitulé Keeping cool on global warming, daté de 1992 qui dénie l'évidence du réchauffement climatique sur la base des données disponibles alors.

Plus récemment, William Nierenberg a signé le Global Warming Petition Project, qui regroupe les signatures de 31.486 scientifiques américains comprenant 9.029 docteurs. Cette pétition a pour but :
The purpose of the Petition Project is to demonstrate that the claim of “settled science” and an overwhelming “consensus” in favor of the hypothesis of human-caused global warming and consequent climatological damage is wrong.
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