Quelques aspects de la Géorgie saakachvilienne

Philippe Brindet
27 juillet 2010


L'auteur de ces lignes n'a aucune prétention de géopoliticien. Manque de sources, manque de méthodes, manque de tout. Mais, ce que la presse laisse diffuser de l'épopée de Saakachvili est assez fascinant. Et quelque peu inquiétant d'une résurgence historique terrible.

Nous sommes périodiquement tenus au courant des frasques et éclats grandiloquents d'un Géorgien qui n'est ni Staline, ni un de ses héritiers, mais qui ne laisse pas d'inquiéter par ses rodomontades, ses visions paranoïaques et son égocentrisme paradoxale. Petit avocat new-yorkais, le sieur a eu l'immense intelligence de s'atteler au poussif attelage européiste et droit-de-l'hommiste qui gravite autour de Bruxelles et de Strasbourg.

Couvert de titres universitaires prestigieux d'écoles que ni vous, ni moi ne pouvons ni connaître, ni reconnaître - et apprès tout, la belle affaire ... - Saakachvili apparaît dans les fourgons de l'Otan et de l'Europe de Maastricht lors de la partie de poker menteur qu'on a appelé "la chute du communisme". Un homme modéré, mais communiste, survivant du coup d'Etat de Eltsine au détriment de Gorbatchev, mais démocratiquement élu, je veux parler ici d'Edouard Chevarnadzé, dirigeait bénignement la Géorgie en rupture de ban avec la Moscou avinée et concussionaire de Boris Eltsine.

Et ce parangon de vertus démocratiques et de droits-de-l'homme, Mikhaïl Saakachvili, élu député géorgien à 27 ans alors qu'il n'a quasiment jamais vécu en Géorgie, lance l'assaut avec les subsides de la CIA et de l'OSCE contre le Parlement. Armé d'un énorme revolver et encadré d'une horde de braillards gigantesques à grandes moustaches et longs couteaux, il moleste Chevarnadzé en pleine session parlementaire. Epouvanté des précédents historiques, Chevarnadzé s'enfuit in extremis, et Saakachvili prend le pouvoir avec la bénédiction de ses commanditaires de la CIA, de l'OSCE et de l'Open Society de Georges Soros.

Organisant la démocratie à sa dévotion avec l'art consommé qui faisait la réputation de son compatriote Staline, au moins lors de sa "première manière", Saakachvili parvient à éliminer toute opposition, s'appuyant essentiellement et visiblement sur les menées de l'Open Society de Georges Soros, sur le machiavélisme freluquet de l'OSCE et sur les appétits miteux de quelques Occidentaux comme ceux des Pays-Bas, de l'Allemagne et de la France.

Cette République française qui était parvenu à inflitrer dans le gouvernement saakachvilien une fonctionnaire des Affaires étrangères, d'origine géorgienne. En quelques mois, parfaitement écoeurée par le personnage et ses menées paranoïaques, la dame, croyant encore aux vertus intrinsèques invincibles de la démocratie telle qu'on la voit de la rue Saint-Dominique, passe dans l'opposition où elle disparaît à jamais.

Pour démontrer les manières démocratiques du bonhomme Saakachvili, on peut rappeler cet épisode incroyable. Un beau jour de printemps, probablement travaillés par quelque montée de sève, les démocrates, donc membres de l'opposition contre Saakachvili, déclarent organiser pour le vendredi une grande manifestation devant rassembler quelques dizaines de manifestants en vestes de cuir et grandes moustaches. Bien. Que croyez-qu'Il fit ? Il prétexta ce jour-là qu'une rebellion d'un bataillon de tankistes encaserné près du lieu de la manifestation interdisait toute manifestation publique, donc de l'opposition. C'est tout. Tout le monde resta chez soi et Saakachvili poursuivit imperturbablement son gouvernement. Démocratique.

On ne rappelera pas plus ici l'incroyable guerre d'août 2008, dont même l'OSCE a été obligée de déclarer publiquement, dans un très sérieux rapport rédigé par une députée hollandaise, que cette guerre avait été "factuellement" déclenchée par Saakachvili. Nous en reparlerons épisodiquement plus loin.

Ce cadre posé, tournons notre attention vers un très curieux article publié par une non moins curieuse revue XXI, dont les animateurs sont les très "bourges" gauchistes Beccaria et Saint-Exupéry, respectivement journalistes au trotskiste France-Info et au bourge Le Figaro. Dans son numéro 9 de l'hiver 2010, cette revue publiait un article d'une diplômée de Science-Po', Léna Mauger, qui après un bref passage au Nouvel Observateur, se place en free lance et devient lauréate de la Fondation Lagardère, plus ou moins propriétaire de L'Humanité, organe de presse du Parti Communiste.

Dans cet article, intitulé "Micha, la saveur du pouvoir", Léna Mauger avec un incontestable talent littéraire nous conte ses relations avec Mikhaïl Saakachvili. Journalistiques. Enfin, un peu journalistique. Mais ceci est une autre histoire.

Qualifiant l'individu de "comédien", Léna Mauger dépeint un personnage qui oscille entre le ridicule d'un potentat oriental et la dangerosité du tyran. De politique dans l'article de Mauger, il n'en est pas question. Mais de "comm'", oui citoyens, de vulgaire "comm'".

Mais de quels communicants aussi !
"Le soir même, à Tbilissi, Raphaël Glucksmann, son "communicant", fête ses 30 ans dans un restaurant avec vue. ....

Raphaël, le fils d'André Glucksmann, a rencontré Micha (Saakachvili) en novembre 2004. Alors réalisateur, il tournait un documentaire dans la région. Quand la guerre élate, le jeune homme est à Bakou. "Et là, plaisante-t'il, j'ai eu un flair incroyable : je suis rentré à Paris." Bernard-Henri Lévy l'appelle : "Tu connais bien la Géorgie, toi ?" Ni une ni deux, un avion privé est loué. A l'arrivée à Tbilissi, l'expédition vers la guerre se poursuit, dans une grosse voiture bloquée par un barrage militaire. "Vous êtes en Russie", lance un officier russe. "C'est à ce moment que j'ai décidé de rester", explique Raphaël Glucksmann."
C'est tout ce que Mauger accepte de révéler au public du rôle de "communicant" de Raphaël Glucksmann. C'est peu et çà laisse suffisamment de flou pour tout imaginer, n'est-ce-pas ?

Peut être conscient qu'on en reste sur sa faim, Mauger utilise une annexe à son article pour en dire un peu plus ...

Dans un chapitre intitulé " Des lobbyistes occidentaux", Mauger nous apprend :
"Agé de 30 ans, Raphael Glucksmann, fils du philosophe français écrit les discours du président et fait du lobbying auprès des institutions européennes. Après avoir déposé les statuts de NEOCOM, une société chargée de la promotion de la Géorgie, il vient de s'en retirer. Il a publié un entretien avec Saakachvili .. "
C'est tout. Il va falloir en trouver plus long ...

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