Benoît XVI écrit aux Séminaristes

Philippe Brindet
4 novembre 2010


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2. Dieu n’est pas seulement une parole pour nous. Dans les sacrements il se donne à nous en personne, à travers les choses corporelles. Le centre de notre rapport avec Dieu et de la configuration de notre vie, c’est l’Eucharistie. La célébrer en y participant intérieurement et rencontrer ainsi le Christ en personne doit être le centre de toutes nos journées. Saint Cyprien a interprété la demande de l’Evangile : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », en disant, entre autre, que « notre » pain, le pain que nous pouvons recevoir en chrétiens dans l’Eglise, est le Seigneur eucharistique lui-même. Dans la demande du Notre Père, nous prions donc pour qu’il nous donne chaque jour « notre » pain ; qu’il soit toujours la nourriture de notre vie. Que le Christ ressuscité, qui se donne à nous dans l’Eucharistie modèle vraiment toute notre vie par les splendeurs de son amour divin. Pour la juste célébration eucharistique, il est nécessaire aussi que nous apprenions à connaître, à comprendre et à aimer la liturgie de l’Église dans sa forme concrète. Dans la liturgie, nous prions avec les fidèles de tous les siècles – passé, présent et avenir s’unissent en un unique grand chœur de prière. Comme je puis l’affirmer à propos de mon propre chemin, c’est une chose enthousiasmante que d’apprendre à comprendre peu à peu comment tout cela a grandi, quelle expérience de foi se trouve dans la structure de la Liturgie de la Messe, combien de générations ont contribué à la former en priant !

3. Le Sacrement de Pénitence aussi est important. Il m’enseigne à me regarder du point de vue de Dieu, et m’oblige à être honnête envers moi-même. Il me conduit à l’humilité.
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Benoît XVI, Lettre aux Séminaristes du 18 octobre 2010
Une fois de plus, rappelons que Sa Sainteté n'aime pas être lue par citations.

La lecture rapide de cette Lettre qui ne me concernait pas vraiment, a fait buter ma réflexion sur les trois premières phrases. Je pensais pouvoir les commenter de ma propre réflexion.

C'était complètement inefficace, parce que Benoît XVI disait des choses aussi fortes dans les phrases suivantes et qui commentaient admirablement les trois premières phrases qui m'avaient fait réfléchir.

Le Saint Père insiste sur quelque chose qui pourrait évoluer dans les années à venir. De quoi s'agit-il ?

Le Pape Benoît XVI souligne dans sa Lettre aux Séminaristes, une fois de plus, l'importance capitale, centrale de l'Eucharistie. Et il souligne auprès d'eux l'importance de comprendre la Liturgie dans sa dimension historique, en ce qu'Elle est la prière des fidèles depuis deux mille ans.

Or, depuis le 7 juillet 2007, la Liturgie de l'Eglise catholique romaine a deux rites. Le rite ordinaire établi à la suite du Concile Vatican II et le rite extraordinaire, établi lors du Concile de Trente dans sa dernière version établie par le Pape Jean XXIII.

Or, l'on sait des derniers Papes, Paul VI et Jean-Paul II, combien l'application du rite ordinaire a été l'occasion de choses sans nom. On sait aussi que, dans bien des endroits, la célébration du rite extraordinaire est réservée à un groupe de prêtres qui se mélange mal avec ceux qui célèbrent le rite ordinaire et qui semblent étrangers au rite extraordinaire.

Outre qu'il y a là un risque certain de division, qui avait été dénoncé par les adversaires de la décision du Benoît XVI, il serait vraiment désirable que l'ensemble des prêtres catholiques puissent célébrer dans les deux rites.

La réflexion du Pape sur la Liturgie dans la Tradition totale de l'Eglise faite à des Séminaristes nous fait espérer une ouverture d'esprit qui fasse que les futurs prêtres célèbreront enfin les deux rites, faisant particulièrement bénéficier le rite ordinaire de l'extraordinaire force du rite extraordinaire.

Il n'y a pas grand chose à ajouter.
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