Retransmission d'un concert de l'Orchestre de Paris

Philippe Brindet
12 décembre 2010


J'ai été ébloui par la retransmission ce soir sur ARTE du concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi avec Elizabeth Leonskaja dans le concerto de Grieg. L'orchestre a sonné de façon merveilleuse avec des phrases superbes. Et ils tiennent leurs notes finales ! ... Quant à Mme Leonskaja, son art est merveilleux. D'une grande puissance, toute en intérieurs. Elle utilise des tempis retenus avec des élans qui correspondent aux éblouissantes nuits du Concerto. On note une souplesse dans le phrasé. L'Orchestre avait l'air d'apprécier et de jouer avec une allégresse et une concentration remarquable. Monsieur Järvi est aussi un maître. Il a parfaitement adapté son style et son orchestre, depuis peu, à l'art de Mme Leonskaja.

Le concert se poursuivait avec une création d'Arvo Pärt, "Silhouette, hommage à Gustave Eiffel". Le minimalisme de Pärt est encore présent l'orchestre étant privé de ses vents. Mais ce minimalisme est amplifié par une écriture orchestrale très riche, avec de nombreuses percussions. On a noté une valse d'un sérieux inquiétant et des sonorités spirituelles. Pärt l'écrit lui-même :
En ce qui concerne mon oeuvre Silhouette, il s’agit d’une pièce courte et légère, comme une danse, une valse, qui fait un peu tourner la tête comme les vents, peut-être, qui passent à travers ce colosse pointu."
eNotes du programme de l'Orchestre de Paris.
Pärt n'a pas de temps à perdre avec le monde d'ici bas. Dès qu'il le saisit, il s'envole vers ses sphères musicales. Libres à nous de ne pas le suivre. Il s'en moque. Et on peut le suivre, je vous prie de me croire. L'orchestre a encore été excellent et Paavo Järvi est parfait dans cette musique.

La Symphonie n° 2 du compositeur finlandais Jean Sibelius concluait le concert. Excellement interprétée, elle joue sur toute la palette de l'orchestre avec enjouement et profondeur. On note que l'Orchestre de Paris couple cette Symphonie à la création de Silhouette de Pärt. En 1987, elle était dirigée pour la première fois à l'Orchestre de Paris, par le compositeur et chef d'orchestre Krystof Pendecki. Dans mon esprit, Penderecki et Pärt entretiennent des rapports d'inspiration.

Tout le programme était profondément intéressant. Et l'Orchestre de Paris se comporte comme jamais.

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