Les libres Opinions et l'opinion publique - Janvier 2011

Philippe Brindet
Janvier 2011


La fabrication de l'opinion publique

Ainsi qu'on le sait, les médias après l'Education Nationale et la Culture, sont chargés de former l'opinion publique, cette hydre à cent têtes. Mais, en plus du travail du journalisme, maintenant entièrement acquis à la "bien-pensance" de la social-démocratie, on gratifie le public de "Libres opinions" dont on voit bien qu'elles s'écartent bien rarement de la "bien-pensance.

Un parcours mensuel.

Les Coptes persécutés chez eux

Minorité religieuse en Egypte, les Coptes y sont à la fois tolérés et persécutés. Tolérés par le pouvoir politique, ils sont de plus en plus persécutés par l'Islam, à nouveau triomphant de par la volonté depuis cent ans de l'Administration américaine, de ce pays conquis sur le christianisme au tout début de la conquête musulmane. Abandonnés par les Byzantins, les Coptes sont tenus dans un statut inférieur, non seulement parce que l'Islam a été le plus fort, mais aussi parce que des chrétiens ont apostasiés et se sont peu à peu amalgamés aux populations musulmanes.

La bien-pensance de la tolérance et du dialogue

Madame le Pasteur Florence Taubman nous gratifie d'une Libre Opinion dans Le Monde du 24 décembre 2010, intitulée en question "Pourquoi les chrétiens d'Orient souffrent ?".

Madame Taubmann se garde bien de citer jusqu'au nom de Coptes et de répondre à la question. A la place, elle nous gratifie d'une invocation à la tolérance et au dialogue entre les trois religions, nommément, le judaïsme, le christianisme et l'islam. Le bouddhisme, l'hindouïsme, le taoïsme n'existent pas ...

Quant à la tolérance, au dialogue, il s'agit de simples fanions que l'auteur agite en public pour s'attirer les bonnes grâces de la censure bien-pensante. Le dialogue inter-religieux est toujours aussi peu défini. Madame Taubman, à la suite des autres opiniateurs, ne nous dit pas plus quel est son contenu ou son objet. Mais agiter des fanions dans une manif' suffit à former l'opinion publique.

Encore la bien-pensance de la tolérance, ici dépassée par l'insulte

Dans une Libre Opinion datée du 7 janvier 2011 et intitulée "Tolérer les chrétiens d'Orient, c'est les insulter", Hasni Abidi, politologue, directeur du Cermam à Genève, agite le drapeau de "la démocratie en danger" et souligne que les Chrétiens d'Orient ne sont pas des immigrés récents en terre d'islam, mais qu'ils étaient des premiers occupants, antérieurement à la montée de l'islam. En "bon" libéral, Abidi y voit alors comme une évidence que les Coptes ne doivent pas être persécutés. Ce serait si bien, mais hélas, nous savons tous que çà ne marche pas comme çà. Mais la bien-pensance n'a que faire de la réalité. Elle préfère se bercer des songe-creux de l'idéologie derrière laquelle on peut étrangler la liberté.

La bien-pensance de la prétendue persécution des musulmans en Irak

Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois, journaliste d'ailleurs, se demande gravement :"Pourquoi les chrétiens deviennent des cibles ?". Il cite bien sûr les Coptes mais généralise comme beaucoup aux "chrétiens d'Orient". Guénois avec beaucoup de prudence (...) ne répondra pas à la question autrement qu'en disant que :

Bien sur, les chrétiens ne sont pas les seules victimes. Beaucoup de musulmans sont tombés, eux aussi, sous les coups terroristes islamistes en Irak.
C'est une opinion qui soulève l'indignation. Les combattants en Irak ne sont pas plus ou moins islamistes que leurs victimes. C'est une honte de comparer le sort des Coptes avec celui des malheureux irakiens, livrés par les Américains au désordre musulman. Ce qui est encore plus consternant, c'est que l'auteur est lui-même un catholique qui devrait connaître la spécificité se la persécution subie par les Coptes. Même un chrétien ne voit pas la cause de la persécution de ses frères.

Sur les valeurs "chrétiennes"

Le quotidien Le Monde, qui ne manque jamais de donner l'occasion à ses auteurs de commettre quelque lieu commun pour faire s'esclaffer quelques rejetons de Homais, a lancé un thème d'opinions libres sur les "vertus chrétiennes". Les guillemets que ce journal utilise ne sont pas destinées à marquer une citation, mais à souligner la cocasserie du concept. "Vertu" d'abord - on s'esclaffe - "chrétienne" ensuite - et une franche hilarité secoue alors le lectorat moyen du Monde.

La foi comme "raison élargie"

Dans cet exercice, on relève les noms de deux prêtres catholiques, absolument ravis de leur sélection. Le premier que nous ayons lu est Antoine Guggenheim, du Diocèse de Paris, qui écrit : "La mission de l'Eglise consiste à élargir la raison, et non à la combattre". Pour mettre les rieurs de son côté, le prêcheur capital commence par décrire la grande décadence de l'Eglise. On ne lui en demandait pas tant, mais il fera bonne mesure, tassée et secouée ...

Le plus drôle dans l'affaire, c'est que la décadence de l'Eglise est entièrement dûe aux ecclésiastiques qui, en 1962, croyant que la foi n'était pas crédible, ne demandaient plus qu'à être crus sur leurs sentiments humanitaires. On ne les a pas entendu et depuis, on ne les écoute plus. Ils s'en plaignent, tant pis.

Mais qu'est-ce que c'est que ce "truc en plume", cette "raison" élargie par la mission de l'Eglise, que nous dit Antoine Guggenheim ?

La foi ne se présente plus comme étrangère au monde, mais comme une raison élargie. Reste aux croyants d'en prendre conscience, et aux catholiques à sortir de leur dépression pour inventer une nouvelle communicabilité de la foi qui la rende perceptible dans le monde.
Le brave homme a tout compris. "Mon truc ne marche pas", dit-il. "Eh bien, je vais l'appliquer encore plus fort !" L'ouverture au monde est un échec total, cuisant. Mais au moins, la Foi était la Foi. Eh bien, à Paris à l'entrée de l'an 2011, les prêtres considèrent que la foi n'est plus qu'une raison "élargie", inventée pour la rendre perceptible dans le monde, grâce aux curés inventeurs. On ne peut trahir plus profondément. J'en suis désolé pour le pauvre signataire de l'opinion libre du Monde.

L'Eglise n'est pas de droite ...

Le second auteur ecclésiastique du Monde est Gaston Pietri, du diocèse d'Ajaccio, qui en date du 24 décembre 2010 - que n'eut-il préparé sa Messe de Minuit tranquillement ... - nous gratifie d'un hilarant "La parole chrétienne est à contre-courant, et non de droite". C'est un lamentable remake" d'un réjouissant sketche de Coluche. Mais Coluche a l'avantage sur Pietri de laisser tranquilles le Christ et l'Eglise. La thèse de Pietri est simple. Les ecclésiastiques, contrairement à ce que l'on pense, sont en général des gens simples. Pour résumer Pietri, on peut lui faire dire : "Le pape nous bassine avec sa morale sexuelle dépassée. Mais, il ne faut pas en déduire que le christianisme est de droite." Voilà LA grande peur du Troisième Millénaire pour ces gens simples que sont les ecclésiastiques catholiques français (ailleurs, ne nous prononçons pas ...).

Sur Pietri, on notera l'opposition qu'il fait entre le prône "droitiste" du Pape sur la sexualité et la ringarde famille et la "justice sociale" de l'Eglise catholique, parfaitement alignée sur la "justice républicaine". C'est tout. C'est encore une trahison. Après Paris, Ajaccio ...

Les vertus n'appartiennent pas aux chrétiens

Il fallait un laïc pour compléter la "collection" sur les "valeurs chrétiennes". En effet, pour parler du christianisme, il faut obligatoirement présenter un texte de chaque "religion du livre". Ici ce furent un parisien, un ajaccien et pour finir, un laïcard, Nicolas Baumard, anthropologue, dit-il, dans une université américaine de renom. Il assassine toute vélléité de dialogue apr une libre opinion, très peu libre et parfaitement soumise à la bien-pensance social-démocrate, intitulée "Cessons de parler de 'valeurs chrétiennes'", ce en quoi il aurait dû commencer lui-même en ne commettant pas son texte, Mais passons ...

Incidemment, c'est vraiment étonnant le nombre de plumitifs qui écrivent sans rien avoir à dire et qui parlent sans avoir jamais rien à écrire. Ils interdisent et se permettent n'importe quoi. Ils ne sont pas "bons à rien", ils sont "mauvais en tout", et leur mauvaiseté leur tient de lieu de talent, et tenez, de "vertu". Voilà.

Bien entendu, ma remarque ci-dessus ne visait pas un auteur aussi prestigieux qu'un auteur du Monde, qui plus est anthropologue aux Etats-Unis d'où, nous le savons, viennent les Lumières. Baumard commence par "exécuter" la chancelière Angela Merkel et la candidate américaine Sarah Palin. Elles utilisent à des fins populistes - même plus électoralistes ... - les "vertus chrétiennes" si détestables à la délicate sensibilité des sociaux-démocrates.

Jusqu'à un certain point, nous partagerons l'idée de Baumard. Cessons de parler des vertus chrétiennes pour désigner des choses qui, sans en être étrangères, n'ont pas grand chose à y faire. Toutes les vertus positives de l'humanité sont des vertus chrétiennes, puisque les chrétiens, je le rappelle au savant Nicolas Baumard, sont des humains.

Pour sortir "l'artillerie lourde" des sentiments pieux, attendons de meilleures causes que la prochaine élection ou la négociation autour de la prochaine pluie sur la Normandie. Réservons le discours sur les vertus chrétiennes aux faits des chrétiens qui les illustrent, les saints et les martyrs. Et pour les autres, qu'ils attendent ...

La position de Baumard est simple. "Vous dites qu'il existe des vertus chrétiennes. Fort bien." dit-il. "Examinons les." ET il cite pêle-mêle la tolérance, sans se souvenir qu'il y avait autrefois des maisons pour çà, la solidarité, la justice, et autres fariboles que Benoît XVI tenterait indûment d'annexer au christianisme.

Baumard affirme que ces vertus chrétiennes se lisent bien dans les évangiles - merci, mon récérend père ... - mais que le Christ les a pillé des autres cultures. Et quand des chrétiens croient les promouvoir, d'autres aussi autorisés, affirment leurs contraires ! Conséquence, les religieux font toujours la même chose : ils tentent seulement d'annexer les vertus humaines en les lisant sur leurs livres saints. "Racaille que tout celà", nous dit Baumard.

Baumard a force de tirer sur le christianisme pourrait bien se retrouver promu ... évêque. Qu'il se méfie et change de sujet.

Tout celà est entouré d'une bordée de stupidités bien-pensantes comme :

Le "sens de la dignité de la personne, de la solidarité, du travail et de la famille", pour reprendre les exemples de Benoît XVI, n'ont donc rien de spécifiquement chrétien. Ce sont au contraire des aspirations universelles qui n'attendent que des conditions institutionnelles favorables pour s'exprimer.
On voit à la réaction de Baumard combien l'Eglise gagnerait à distinguer les valeurs chrétiennes des valeurs éponymes du monde. Elle éviterait ainsi de se voir reprocher son "suivisme", ce qui est une absurdité. Mais l'Eglise est empêtrée dans une attitude fausse à l'égard du monde suite au Concile Vatican II. Elle ne peut plus distinguer son apport au monde de ce qui est du monde, s'interdisant de comprendre Saint Jean et Saint Paul. Du coup, elle n'est plus entendue.

Quant à l'attente des "conditions institutionnelles" de Baumard, c'est d'un incroyable cynisme.

Souvenons-nous que la science et la démocratie sont nées en Grèce antique et qu'elles ne sont réapparues que tardivement dans l'histoire du monde chrétien.

De qui Baumard se moque t'il ? Il ne fait là que prendre l'image publique de Benoît XVI au piège de son héllénisme supposé. La démocratie athénienne était une épouvantable dictature et la science grecque, le plus souvent, ne se départait pas de la magie. Seuls quelques auteurs émergent. Quant au Moyen-Age qui s'est déroulé en Occident entre l'héllénisme et l'époque scientifique et démocratique de Baumard, bien des villes et des monastères vivaient sous un régime réellement démocratique que nous pouvons souvent leur envier et les sciences y étaient bien plus développées que dans la Grèce de l'héllénisme. C'est une fable de quelques universitaires corrompus du XIX° siècle que d'avoir inventé la fable de l'obscurantisme médiéval.

Constatons aussi que la religion shinto ou l'éthique confucéenne n'ont pas empêché l'Asie de devenir aussi prospère que l'Europe.

L'Asie aussi prospère que l'Europe ? C'est absolument faux. La Chine est écrasée de misère. Seuls le Japon, la Corée du Sud et Taïwan, ces deux dernières animées par une forte minorité protestante, ont des niveaux de vie comparables ou supérieurs.

Pour conclure sur cette thématique du christianisme et des vertus, on peut voir ici le piège mortel dans lequel le mouvement, qui a initié la surprise du Concile Vatican II et qui l'a mis en oeuvre ensuite, a enfermé l'Eglise. Ouverte au monde, l'Eglise a renoncé à affirmer à temps et à contre-temps le message de l'Evangile dans le monde. Malgré tout le respect que l'on peut porter aux ecclésiastiques de tous rangs qui s'expriment dans une grande confusion intellectuelle à la plus grande joie des adversaires du christianisme, il faut bien constater que l'ouverture de l'Eglise au monde, qui aurait dû porter sur l'identification des problèmes que le monde rencontre et auquel le christianisme apporte une solution, a surtout porté sur les réponses que le monde impose au christianisme pour qu'il fasse silence. C'est le reproche mortel que nous faisons au mouvement concilaire remarquablement uni.

L'alarmisme de Chauvel

Toujours dans les colonnes du "Monde", un savant professeur - tautologie - de Sciences Po', Louis Chauvel, délivre en deux opinions datées du 3 janvier 2011, un constat de danger.

La jeunesse est bloquée

Chauvel dénonce "la surdité des générations âgées". Il a raison. Mais si elles sont sourdes, ce qui est de leur âge, Chauvel est aveugle sur l'impuissance des générations âgées, spoliées de tout pouvoir par l'étatisation socialiste de la France. Le même mouvement, plus ou moins réduit, frappe la plupart des nations européennes.

Chauvel a parfaitement raison de dénoncer l'absence de perspectives offertes aux classes jeunes.

Nous le savons, trente-cinq ans après l'extension du chômage de masse, la jeunesse a servi de variable d'ajustement. Chômage record, baisse des salaires et des niveaux de vie, précarisation, développement de poches de travail quasi gratuit (stages, piges, free-lance, exonération de charges, etc.), nouvelle pauvreté de la jeunesse, état de santé problématique et faible recours aux soins, absence d'horizon lisible.

Mais Chauvel se trompe complètement en croyant que "rien ne se fera sans investissement massif". Il croit qu'il suffit de couper dans les rentes de situation, dans les "droits acquis", que la génération précédente s'est arrogée. Mais, que Chauvel regarde la réforme des retraites. Elle n'a pas maintenu des droits acquis ! Au contraire, elle a spolié le contrat de travail de millions de français qui acceptaient un salaire de tant, pour obtenir un droit à la retraite de tant. Ils auraient pu obtenir un salaire bien plus élevé sans la cotisation retraite. Ils l'on sacrifié par esprit de solidarité et maintenant, on leur dit que leur retraite sera moitié moindre. Quels droits acquis sacrifier ?

Investir massivement ? Mais quel argent, quel travail ? Il n'y en a plus. La formation des jeunes a éliminé toute profession productive. Nous nageons dans les emplois tertiaires faiblement improductifs. Investir sur quoi ? Pire, Chauvel ne sait il pas qu'il n'y a plus d'argent depuis longtemps. Nous avons vécu à crédit, et le crédit est mort. Les mauvais payeurs, ou plutôt les cigales trop dépensières, l'ont tué.

Non, le salut viendra des jeunes eux-mêmes. Ils se prendront par la main et construitont eux-même la société de demain. Ils se passeront de nous qui avons failli à leur transmettre une société équitable et juste quand nous avons cru faire une société prospère et jouisseuse.

La paupérisation contre la démocratie

Chauvel note correctement la paupérisation. Il la voit hélas concentrée sur la jeune génération. C'est électoralement un bon calcul de dresser une catégorie - les jeunes - contre une autre catégorie - les vieux. On en est ou on en n'est pas.

Mais c'est exactement une mauvaise politique et une atteinte à la démocratie.

La paupérisation frappe l'immense majorité des français. Pas seulement les jeunes. La France a le plus fort taux européen de chômage des anciens. Un chômeur de 50 ans meurt chômeur ou retraité pauvre. Mais il y a plus. Ceux-là même qui croient vivre correctement parce qu'ils vont passer une semaine aux sports d'hiver et qu'ils ont fait un voyage en Tunisie, sont incapables de dégager des ressources leur permettant de vivre seulement un an sans travailler. La voiture neuve, c'est à crédit qu'on l'achète.

Chauvel refuse, comme de nombreux économistes, de voir ce que voyait Jean Fourastié dans les années 60. La paupérisation est un fait inéluctable de la politique économique du progressisme. Il tend à appauvrir les pauvres et à empêcher les moins pauvres d'accéder à une classe plus aisée. Même Chirac à la fin du XX° siècle traduisait cette idée en constatant que "l'ascenseur social était en panne" et en qualifiant la situation économique de "fracture sociale".

Quelle atteinte à la démocratie Chauvel voit-il ? Il ne nous le dit pas. Sauf peut-être cette idée bien-pensante sans aucune justification politique ou économique que la démocratie suppose la justice. Mais, dites-moi seulement une fois en France quand une politique juste a été menée ? Jamais. Dites-moi une seule loi économique qui n'impose pas la spoliation de certains par d'autres pour des tas de "bonnes", c'est-à-dire de mauvaises raisons.

Ce que nous savons c'est que nous sommes à la croisée des chemins. Nous sommes engagés à toute vitesse dans l'impasse de l'impuissance. Le mur approche. Que se passera t'il ? Les plus vivaces sautent en marche, Les survivants du choc frontal avec la réalité tenteront de reconstruire sur les ruines.

Voilà ce que Chauvel ne sait pas.

D'autres réactions aux opinions de Chavel

Auteur Source référence interne
Grégoire Tirot Les jeunes sont-ils victimes de l'égoïsme des seniors ? TIROT G - Les jeunes sont-ils victimes de l'égoïsme des seniors (020211).txt
Danielle Vilchien Les seniors ne sont pas des super nantis !
Le Monde du 18/01/2011
VILCHIEN D - Les seniors ne sont pas des super nantis (180111).txt

Madame Vilchien, Inspectrice des Affaires sociales, défend le groupe d'âge dit des "vieux" en soulignant que :

  • leur vie n'a pas été un long fleuve tranquille ;
  • La majorité d'entre eux touchent des pensions de retraite inférieures aux seuils de la misère.

Tirot quant à lui attaque Madame Vilchien avec une véhémence dénotant un esprit jeune et ardent, mais pas forcément clairvoyant. Tirot note que les critiques contre Chauvel ne font que défendre les vieux sans comprendre les jeunes. C'est possible. Mais d'abord, c'est la loi du genre. Si on est opposé à une partie d'un point de vue, c'est de cete partie que l'on entretient les lecteurs. Mais ensuite, c'est aussi la grande faiblesse de la contradiction "dialectique" tel que le hégelisme et le marxisme ont imposé. Si vous êtes contre l'un des termes de la contradiction dialectique, vous ne pouvez pas être tenus pour partisan de l'autre terme. C'est étrange, mais c'est comme celà que les révolutionnaires parviennent à assassiner aussi bien leurs adversaires (de classe) que leurs amis.

L'imposture onusienne

C'est ce que voit Jean-Philippe Belleau, professeur à l'université du Massachusetts à Boston - tiens, encore un professeur expatrié aux Amériques ... - de l'action internationale en Haïti, ravagé par un violent séisme. Belleau récite les surprenantes caractéristiques de l'histoire haïtienne. Il y a eu très peu de morts dans les ministères lors du séisme, parce que leurs fonctionnaires ne viennent jamais à leurs postes de travail. Il y avait sept mille Casques bleues en action en Haïti le jour du séisme. Aucun ne fut sur le terrain jusqu'au matin du troisième jour, parce qu'ils n'étaient pas en Haïti lors du séisme où ils auraient été d'utilses sauveteurs.

Les ONGs qui tentent de soigner avec les milliards de l'aide internationale, augmentent encore la faillite de l'Etat haïtien. Pire; leurs "bénévoles", payés jusqu'à 11.000 euros par mois dans un pays où le salaire moyen est de 50 euros par mois, sont haïs de tous les Haïtiens.

Que dire de plus. Que ce n'est pas une Libre Opinion, mais tout simplement de l'information. Et celà fait vrai.

Le temps de travail

Dans une Libre Opinion du journal Le Monde, l'économiste Larrouturou, dit que : "Non, il n'est pas vrai qu'on travaille moins en France qu'ailleurs". Larrouturou est un leader du mouvement écologiste, ce qui ne l'a pas conduit à abandonner son esprit critique. Nous ne suivrons cependant pas l'auteur dans les méandres de la statistique des heures de travail des chômeurs et des heures de repos des travailleurs. Mais, il cite deux faits qui, s'ils sont vrais, sont extrêmement instructifs.

Pour les 15 pays les plus riches de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la part des salaires représentait 67 % du PIB à la fin des années 1970. Elle ne représente plus que 57 %.

Le travail est de moins en moins la source des richesses nationales. On entend par là de la richesse comptabilisée par zones nationales. Pourquoi ? Parce que c'est comme çà. Au bénéfice de qui ? de ceux qui n'ont pas besoin de travailler. Au détriment de qui ? De ceux qui pensent encore que le travail est la vraie source de la richesse publique. C'est vraiment triste et une remise en ordre des choses est absolument nécessaire.

Au lieu de profiter à tous, les gains de productivité colossaux débouchent sur un partage du travail non dit : d'un côté, ceux qui travaillent plein pot et, de l'autre, plus de 3 millions de chômeurs et de RMIstes qui travaillent zéro heure par semaine. Et au milieu, la foule de tous ceux et celles - les femmes sont les plus touchées - qui galèrent avec des emplois à 20 heures par semaine...

Selon Larrouturou, la pauvreté est générée de deux manières :

  1. l'extension du chômage ; et
  2. l'extension du temps de travail partiel insuffisant pour nourrir le travailleur et sa famille.
Le chômage est une terrible épreuve individuelle. Mais elle produit aussi une pauvreté qui ne se remonte jamais. Surtout en économie socialiste dans laquelle les pensions de retraite s'acquièrent par amplification de la pauvreté. Quant au travail à temps partiel, il est le plus souvent une forme imposée de réduction du revenu individuel. Il est alors scandaleux puisqu'il ne permet plus de nourrir le travailleur et sa famille. Or, la doctrine sociale de l'Eglise est simple et bien compréhensive de l'humanité. Le juste salaire est celui qui permet au travailleur de se nourrir et de nourrir sa famille correctement. "Nourrir" est pris dans le sens de la couverture de TOUS les besoins primaires de l'existence. On a perdu cette exigence, il y a déjà longtemps.

Le catéchisme post-moderne de Michel Onfray

On évitera de rejoindre le camp des contempteurs de Onfray. Il a été la cible de nombreuses polémiques pas toujours bien menées. Ici, il soulève un dangereux problème de la bien-pensance : celui de l'accusation "terrible" de populisme.

Quid du peuple dont plus personne ne parle sans une moue de dégoût, sauf Marine Le Pen, qui pourrait bien en retirer des bénéfices.

Onfray a beaucoup bavardé avant d'arriver à sa "majeure". Mais, cette dernière observation est très juste. Le "peuple" a perdu, dans notre démocratie sur-administrée et sur-intellectualisée, toute substance. Il est confondu avec la masse inculte dirigée, administrée, serve et "dégoutante". Et Onfray poursuit fort justement :

On ne peut longtemps l'humilier en le négligeant au profit de l'oligarchie qui professe ce catéchisme politiquement correct, sans générer une colère qui, un jour, emporte tout sur son passage.

Mais, cette colère pourrait être aussi l'occasion de la solution au problème de l'avenir perdu de la jeunesse de Chauvel.



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Notes