Eglise de France. La situation catéchétique.

Eglise de France. La situation catéchétique.

Philippe Brindet - Septembre 2011

La catéchèse des catholiques en France. Catastrophe ou meilleur des mondes ?

L'attention du public a été attiré par un article du Figaro du 1er Septembre 2011, signé de son chroniqueur religieux, Jean-Marie Guénois. Le lendemain, le journaliste publiait un billet sur son blog. La différence de ton entre son article et son billet de blog est impressionnante. Nous avons donc voulu enquêter sur cette situation catéchétique, mirobolante pour les propriétaires de l'Eglise de France ou catastrophique selon le journaliste et de nombreux commentateurs.

Liste de références

    externes :
  1. Service National de la Catéchèse et du Catéchuménat (SNCC)
  2. Ancien site du SNCC
  3. Se former à la responsabilité catéchétique

  4. internes :
  5. la-rentree-du-cate, document de la CEF édité en Septembre 2011
  6. FIG020911 L'Église de France lance le catéchisme à la carte, article de Jean-Marie Guénois, qui se borme à présenter la promotion du CEF
  7. GUENOIS JM - L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi (010911), qui commente de manière très critique ce qu'il a seulement présneté de manière neutre dans l'article du Figaro;

Une rapide recherche sur le site de la CEF permet de trouver la composition de la

Commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat :

Président :
Mgr Christophe Dufour, Archevêque du diocèse d'Aix en Provence depuis 2008

Membres :
Mgr Claude Azéma, Evêque auxiliaire de Montpellier
Mgr Jean-Claude Boulanger, Evêque de Bayeux et Lisieux
Mgr Jean-Christophe Lagleize, Evêque de Valence

On note aussi l'existence d'un

Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes :

Président :
Mgr Benoit Rivière, Evêque d’ Autun

Membres :
Mgr Hubert Herbreteau, Evêque d'Agen
Mgr Armand Maillard, Archevêque de Bourges
Mgr Norbert Turini, Evêque de Cahors
Mgr Henri Brincard, Évêque du Puy-en-Velay
Mgr Eric Aumonier, Evêque de Versailles
Mgr Nicolas Souchu, Evêque auxillaire

P. Daniel Federspiel
Dr François Pauchet
Sr Gudrun Steiss
Sr Claire-Cécile Zimermann
M. Pierre Benoît

Secrétaire : P. Gildas KERHUEL
Tél : 01 72 36 68 21/22 - Fax : 01 73 72 99 83

Sans aucun lien apparamment, il existe ensuite au sein de la CEF, un Service National de la Catéchèse et des Catéchuménes, SNCC, dont les deux sites Internet, ancien et nouveau sont référencé ci-dessus. Bien entendu, pour augmenter le désordre, chaque diocèse peut se doter de ses porpres structures, et adopter les règles qui lui conviennent le mieux.

Le résultat est si désastreux que, nous rapporte Jean-Marie Guénois, la CEF a renoncé à tenir des statistiques de catéchisme depuis 1994. Seuls trois diocèses diffuseraient des chiffres, probablement surestimés de l'ordre de 18% des enfants du diocèse.

L'Eglise et la catéchèse après Vatican II

Il est très clair que l'Eglise catholique romaine a considéré qu'il existe aujourd'hui un après-Concile-Vatican-II. Un Concile qui est tenu pour une renaissance et un retour aux sources. Dans ce point de vue, on notera EVANGELII NUNTIANDI, EXHORTATION APOSTOLIQUE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PAUL VI SUR L’ÉVANGÉLISATION DANS LE MONDE MODERNE À L'ÉPISCOPAT, AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES DE TOUTE L'ÉGLISE. Le Pape Paul VI écrivait :

... après le Concile et grâce au Concile, qui a été pour elle une heure de Dieu en ce tournant de l’histoire, l’Eglise se trouve-t-elle, oui ou non, plus apte à annoncer l’Evangile et à l’insérer dans le cœur de l’homme ...
voir Evangelii Nuntiandi, numéro 4

Concernant la catéchèse qui découle du Concile Vatican II, il est impossible de ne pas citer en entier le paragraphe 44 de cette Exhortation qui indique :

La catéchèse

44. Une voie à ne pas négliger dans l’évangélisation est celle de l’enseignement catéchétique. L’intelligence, surtout celle des enfants et des adolescents, a besoin d’apprendre, moyennant un enseignement religieux systématique, les données fondamentales, le contenu vivant de la vérité que Dieu a voulu nous transmettre et que l’Eglise a cherché à exprimer de façon toujours plus riche, au cours de sa longue histoire. Que cet enseignement doive être donné pour éduquer des habitudes de vie chrétienne et non pour demeurer seulement intellectuel, personne ne le contestera. Assurément, l’effort d’évangélisation gagnera beaucoup, au plan de l’enseignement catéchétique donné à l’église, dans les écoles là où cela est possible, en tout cas dans les foyers chrétiens, si les catéchètes disposent de textes appropriés, mis à jour avec sagesse et compétence, sous l’autorité des Évêques. Les méthodes devront être adaptées à l’âge, à la culture, à la capacité des personnes, en cherchant toujours à fixer dans la mémoire, l’intelligence et le cœur, les vérités essentielles qui devront imprégner la vie tout entière. Il faut surtout préparer de bons catéchètes — catéchistes paroissiaux, instituteurs, parents — soucieux de se perfectionner dans cet art supérieur, indispensable et exigeant de l’enseignement religieux. D’ailleurs, sans qu’il faille négliger en quoi que ce soit la formation des enfants, on observe que les conditions actuelles rendent toujours plus urgent l’enseignement catéchétique, sous la forme d’un catéchuménat, pour de nombreux jeunes et adultes qui, touchés par la grâce, découvrent peu à peu le visage du Christ et éprouvent le besoin de se donner à Lui.

Dans ce texte, le Pape insiste clairement sur deux choses essentielles :

  1. La catéchèse s'adressant à l'intelligence diffuse un savoir de données fondamentales dit le Pape ;
  2. il faut surtout préparer de bons catéchètes.
Or, la faillite de la catéchèse en France est patent. Et les deux causes clairement identifiées par tous sont clairement :
  1. un contenu informe, quand il n'est pas simplement hérétique et même antireligieux, faisant montre, comme le dit très bien Jean-Marie Guénois, du pédagogisme le plus rétrograde ;
  2. L'ignorance crasse des catéchètes, non plus des données fondamentales de la foi, mais de ses données les plus élémentaires qui sont remplacées par une inadmissible logorrhée répétée des medias profanes les plus anti-cléricaux.
Pour illustrer ce propos, on notera que le SNCM qui cite l'Exhortation dans une page intitulée Textes du magistère romain, ne référence même pas le seul paragraphe qui concerne la catéchèse dans ce texte qui en contient pourtant 82.

Pourtant, le Catéchisme de l'Eglse catholique, disponible sur le site du Vatican et référencé par le SNCC, enseigne sereinement ici :

III. Le but et les destinataires de ce Catéchisme

11 Ce Catéchisme a pour but de présenter un exposé organique et synthétique des contenus essentiels et fondamentaux de la doctrine catholique tant sur la foi que sur la morale, à la lumière du Concile Vatican II et de l’ensemble de la Tradition de l’Église. Ses sources principales sont l’Écriture Sainte, les saints Pères, la liturgie et le Magistère de l’Église. Il est destiné à servir " comme un point de référence pour les catéchismes ou compendia qui sont composés dans les divers pays " (Synode des Évêques 1985, rapport final II B a 4).

12 Ce Catéchisme est destiné principalement aux responsables de la catéchèse : en premier lieu aux évêques, en tant que docteurs de la foi et pasteurs de l’Église. Il leur est offert comme instrument dans l’accomplissement de leur charge d’enseigner le Peuple de Dieu. A travers les évêques, il s’adresse aux rédacteurs de catéchismes, aux prêtres et aux catéchistes. Il sera aussi d’utile lecture pour tous les autres fidèles chrétiens.

Il est donc clair que les données fondamentales dont parle Paul VI dans son Exhortation sont clairement définies et l'ouvrage dans lequel elles le sont est spécialement destiné aux catéchistes. Il est donc évident que aux usages diocésains près, la loi interne de l'Eglise impose que la référence du contenu de la catéchèse soit le Catéchisme de l'Eglise catholique, restant sauf - et c'est peut-être là le problème - le droit propre de chaque Evêque de l'adapter à son diocèse.

Que reprocher à la catéchèse standard de l'Eglise de France ?

La question est immense. Une première recherche consisterait à identifier le contenu critiqué. Malheureusement, s'il existe des instructions et des manuels ou supports de cours criticables, la pratique est très souvent hors de ces indices écrits. On parle beaucoup. Mais on a peu de preuves. Une deuxième recherche consiste à rechercher des résultats statistiques. Mais, il n'existe, à notre connaissance aucun examen de connaissances en catéchisme. Tout ce que l'on sait, c'est que les universités se plaignent d'une ignorance abyssale des jeunes dont tous ne sont pas des non-catholiques sur les choses religieuses du christianisme. Sans leur connaissance, la compréhension de la société européenne est impossible en profondeur. Une troisième recherche consisterait à rechercher l'indice de satisfaction des clients des catéchistes. Une telle chose est loin d'être dans les goûts des catéchistes.

Si on en reste à des choses connues, Jean-Marie Guénois écrit sur son blog :

Mais l'Eglise veut-elle encore transmettre au sens intellectuel ? Pas certain... Puisque l'on expliquait, jeudi matin, que ce temps était passé. Et qu'il s'agissait maintenant d'expérimenter la foi en communauté. Et que le jeune, prenant ainsi le goût d'être chrétien, construirait lui même son parcours de formation, notamment par ses questions.
Incriminant le prédagogisme qui a fait la preuve de sa faillite dans l'enseignement profane, Guénois souligne la volonté des autorités que la catéchèse vienne librement et après une vie communautaire en Eglise.

Nous voulons souligner deux choses :

  1. Si l'on veut imposer des conceptions hérétiques de la religion, le mieux est de ne plus enseigner le catéchisme de l'Eglise catholique. Si on n'enseigne pas le catéchisme de l'Eglise catholique, n'est-ce donc pas pour le remplacer par un corpus d'idées hérétiques sur la religion ?

  2. Si l'Eglise de France n'enseigne pas le catéchisme, les pierres l'enseigneront à sa place.


Philippe BRINDET (c) 2011