Revue d'opinions - Novembre 2011

Revue d'opinions - Novembre 2011

Philippe Jullien - 30.12.2011

1 - Sur l'affaire Castellucci

L'affaire Castellucci concerne un double scandale dont on a pour des raisons de confusion, mélangé les deux aspects ce qui a rendu le scandale incompréhensible. De quoi s'agit-il ?

La "pièce" de Castellucci

Après les "manifestations" d'un belge (voir L'orgie de la Tolérance (2009), ou encore The Crying Body (2004)), après l'exposition de photos d'un dénommé Serrano, dont plusieurs témoignages affirment qu'il serait catholique, un italien dénommé Castellucci, d'origine catholique et probablement toujours catholique, a écrit et fait jouer un peu partout, en Italie, en Espagne, en Belgique et maintenant en France, une chose qu'il dénomme une "pièce de théâtre", et qu'il intitule (en français) "sur le concept de visage du Christ".

Or, depuis une vingtaine d'années, l'art-contemporain-qui-n'est-pas-de-l'art, et que l'on désigne partout par le signe AC, est traversé par deux tendances :

  1. la tendance marchande, qui consiste à produire des biens AC qui sont extrêmement surestimés pour à la fois apporter le plus de revenus au monde de l'AC et aussi assécher les sources de revenus de l'art réel ; et
  2. l'AC doit être le vecteur de l'insulte publique à l'égard de la personne du Christ et de l'Eglise.
Si l'on ne rappelle pas ces deux tendances, on ne peut pas comprendre ce qui se passe. Castellucci a été littéralement acheté par le Ministère de la Culture de Monsieur Mitterrand, grand amateur de voyages sexuels en Thaïlande et autres lieux plus proches, et par la Ville de Paris de Monsieur Delanoë dont je ne dirais rien de plus.

Sans les subventions, jamais ces "manifestations" de la plus vulgaire stupidité n'auraient été diffusées, ni même préparées. Les financiers de l'AC n'acceptent de financer ces stupidités que pour la raison que la "manifestation" comportera une attaque violente contre le christianisme et l'Eglise.

"Sur le concept du visage du Christ" est cependant, à notre connaissance, la première pièce d'AC entièrement dévolue à la haine du christianisme, haine déguisée de manière grossière en "théologie" (la mention "sur le concept ...") de sorte que les faibles d'esprit et les bourgeois n'y voient rien de ce que les chrétiens dénoncent.

La protestation de Civitas a révélé la pièce de Castellucci

Pour dire la vérité, aucun de nous n'aurait connu l'existence de la pièce si un club traditionaliste de la droite catholique, dénommé l'Institut Civitas, n'avait organisé une action des chrétiens contre la promotion de ces "manifestations" d'AC. Sa première action fut une protestation contre une exposition Serrano à Avignon, exposition dénommée "Piss Christ". Or, le fait qu'il fut traditionaliste a immédiatement appelé l'"accusation" que ce club était lié à l'extrême-droite. On laissait supposer que Civitas était plus ou moins une émanation du Front National. Les curés et les évêques n'avaient pas besoin d'une telle accusation pour choisir leur camp.

L'absence de réaction de l'Eglise romaine officielle

La chose tout à fait étonnante - étonnante, mais explicable après coup - a été la réaction de l'Eglise de France, menée par l'évêque Vingt-Trois. Le fait que les traditionalistes étaient ecclésiastiquement encadrés par les intégristes de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, a littéralement rendus stupides les ecclésiastiques tenant du fameux "esprit du Concile". Ainsi on a pu entendre lors d'une émission de télévision diffusée sur France5, un vieillard suant la haine et représentant l'Eglise de France, ricaner au nez d'un jeune homme impressionnant de calme et de sérénité, représentant l'

  • Institut Civitas
  • , un étonnant "On vous connaît ! Vous êtes des cato-fachos !".

    L'évêque Vingt-Trois, dont le diocèse ne prépare plus que quelques prêtres chaque année et dont les fidèles fuient la perversité, a lui-même tenu un discours, moins franc, mais aussi négateur d'une foi élémentaire. Lors d'une émission diffusée sur sa télévision privée, il a clairement indiqué :

    • premièrement, que les manifestants de Civitas n'avaient pas de mandat de l'Eglise catholique ;
    • secondement, que des personnes bien informées lui avaient indiqué que la pièce de Castelluci était une très bonne pièce de théâtre.
    Le droit de manifester n'a jamais été soumis au contrôle du Diocèse de Paris et, qu'à notre connaissance, il n'a lui-même jamais organisé la moindre manifestation. Enfin, sur la bonne foi des personnes qui lui ont décrit la pièce, on ne peut que recommander au cardinal de faire appel à des personnes de foi, plus que de "bonne foi", même si le denier du culte de ces dernières est supérieur à celui de ces personnes qui auront toujours notre préférence.

    Maintenant, l'évêque Vingt-Trois a sûrement appris à lire et, même si la lecture ne lui est pas habituelle, il pouvait se rendre compte très vite du problème en consultant son ordinateur connecté sur les sites YouTube ou DailyMotion. Il pouvait aussi demander son opinion au Père Gallizia. Ce dernier a écrit une critique - vibrante mais argumentée - de la pièce de Castellucci. Mais, il appartient au diocèse de Blois ...

    Comprenant qu'il s'était fait dépassé par les traditionalistes, peut être "semoncé" par Rome, Vingt-Trois semble avoir trouvé une réponse aux interrogations qu'ont suscité sa passivité et même, sa complicité avec Castelluci. Dans son discours de clôture de l'Assemblée Plénière des évêques de France du 9 novembre 2011, il déclare :

    Deux spectacles, différents dans leur intention et dans leur réalisation, ont suscité un vif émoi parmi les chrétiens. Nous comprenons le trouble de beaucoup devant des œuvres difficiles à interpréter.
    Il oppose sans les nommer la pièce de Castellucci et la pièce suivante de Garcia (voir notre revue du mois suivant). Rien n'est plus faux. Les deux pièces ont le même objectif blasphématoire. On verra qu'il sera aussi passif pour la seconde que pour la première.

    Blasphème ou pas blasphème

    L'accusation de blasphème est rejetée par les partisans de Castellucci au motif qu'il n'existe plus de crime de blasphème dans une république laïque. En réalité, le blasphème n'est plus perceptible dans un régime athée. Quand les chrétiens protestent contre le blasphème, aucun d'eux n'a d'ailleurs cherché dans le Code Pénal de la république l'article qualifiant le blasphème. Il n'y en a pas. Mais, le chrétien sait que la Loi divine domine le monde. Et le blasphème est permanent dans le monde soumis à Satan. Il n'y a donc aucun étonnement qu'il y ait des Castellucci. Le devoir des chrétiens est de ne pactiser en rien avec le blasphème. C'est simplement leur promesse de baptême : "Renoncez-vous à Satan ? J'y renonce."

    Politique ou pas politique

    On a accusé Civitas et les intégristes de faire un coup politique de mobilisation de militants. C'est possible. Mais, une mobilisation sur une révolte erronnée aurait-elle une chance de réussir ? Les chrétiens qui se sont mobilisés ont utilisé Civitas autant que Civitas les a utilisé. Les chrétiens ont pu faire entendre une voix unique que Vingt-Trois leur a refusé. Civitas a t'il des ambitions politiques ? Mais c'est une exigence interne du christianisme que d'avoir une ambition politique. Le Pape ne dit jamais autre chose quand il demande aux chrétiens de ne pas déserter le champ politique (Benoit XVI souligne la nécessité de l’engagement des chrétiens en politique, Caritas in Veritate, No 7).

    Quelques opinons

    1. LAVIGNOTTE S - Castellucci christianophobe_ Pas en notre nom (101111).html

      Il s'agit d'un auteur appartenant à un club jacobin : "christianisme social". Son opinion est toute simple. "Crachez sur le Christ des bigots. Nous, notre "christ", c'est l'immigré clandestin, l'opprimé des capitalistes, ...". On note une phrase assez symptomatique de cette manifestaion de "christianisme" athée : "Comme croyants issus d’une religion minoritaire, nous nous rappelons que ce délit de blasphème a, dans l’histoire, servi à torturer, exiler, condamner à mort des centaines de milliers d’athées et de croyants qui n’avaient que le tort d’être minoritaires. ". On ne peut mieux exprimer l'"esprit" du Concile, pour qui il y a un ancien régime, défunt. Castellucci pourrait en réalité n'être qu'un très banal illustrateur de l'"esprit" du Concile Vatican II. C'est au moins ce que suggère cet article, paru dans la presse Lagardère.

    2. Avis d'un prêtre qui a vu la pièce de théâtre de Castellucci., par l'abbé Grosjean, le 29 octobre 2011 vers onze heures du soir, en sortant du théâtre.

      Voila probablement l'une des personnes de bonne foi qui ont expliqué à l'évêque Vingt-Trois que la pièce de Castellucci était une pièce chrétienne. Dans un billet de forum, cet abbé écrit :

      On peut aimer ou pas. On peut critiquer la mise en scène.

      Mais je l'affirme: je n'y ai pas vu d'intention blasphématoire. J'en suis même sorti bousculé, marqué. Elle appelle à une vraie réflexion sur la souffrance, sur la compassion de ce fils pour ce vieux père. Compassion du Fils pour notre vieille humanité souillée.

      L'humanité devient ainsi dans l'esprit malade de l'abbé Grosjean le père du Fils de DIeu. Elle est donc Dieu. Eh, l'abbé, la messe est dite ... Je remarque que, inversant l'interprétation des chrétiens exaspérés par le spectacle, l'abbé Grosjean considère froidement "notre vieille humanité souillée" comme le vieillard diarrhéique de Castellucci. Or, l'inversion est la manoeuvre qui précède le rire satanique. Et nous dire que nous sommes un déchet merdeux, ce n'est pas très urbain. Mais, l'abbé Grosjean aime à penser que nous sommes des riens et que lui, dispose du trésor, qui nous rend beaux. C'est nul.

      J'ai l'air dans ces lignes de traiter l'abbé Grosjean de sataniste. Loin de moi cette idée. D'autant qu'il écrit quelques lignes plus loin :

      Qu'on ne se fasse pas de procès en catholicité les uns les autres.je respecte ceux qui auraient été choqués par la pièce.
      En fait, c'est probablement pire. L'abbé Grosjean se contente de prendre la négation de ce que critiquent les chrétiens. Il espère ainsi désamorcer la contestation. Comment ?

      La négation de la négation de la foi n'est pas la foi. Parce que la foi n'est pas une proposition logique "A" dont Satan prendrait la négation. Le travail de Castellucci consiste à investir la représentation verbale et iconographique du christianisme pour se l'approprier dans un but blasphématoire. Ainsi fait il du tableau Salvator Mundi de Antonello di Messina (1430-1479) qui est une représentation, sinon religieuse, du moins caractéristique, typique de l'art chrétien. L'"oeuvre d'art" de Castellucci réside dans l'acte d'appliquer de la merde sur une reproduction géante de cette oeuvre d'art. Et l'abbé, en se limitant à interpréter la pièce de Castellucci par la négation de ce que les contradicteurs de Castellucci affirment, affirme qu'il est parfaitement saint d'appliquer de la merde sur le Visage du Christ. Et l'abbé Grosjean ne fait alors que soutenir la position blasphématoire de Castellucci. Ou alors, il traite les opposants de Castellucci de merde infecte. C'est selon, l'abbé. A vous de choisir. La Morandais avait choisi. Il les traite de "catofachos".

    3. A propos du spectacle de Romeo Castellucci, par Mgr Winzler, l 17 novembre 2011.

      Avant tout, comme nous y invite le Pape Benoît XVI , je choisis la voie du dialogue et sa fécondité. C'est pourquoi je veux déplorer les manifestations qui se sont exprimées ...
      C'est la réaction du "parti" : éliminer les fractionistes. Grand classique des communistes, on retrouve cette stratégie d'élimination de tous ceux qui ne se soumettent pas à la ligne de l'"Organisation". La raison invoqué est celle "du dialogge et de sa fécondité". Du "dialoque" ? Mais avec qui ? Mgr Wintzer ne le dit pas, ce qui va lui permettre ... de ne pas dialoguer !

      Mgr Wintzler exprime plusieurs opinions étrangères au débat sur la pièce de Castellucci, mais qui font comprendre combien l'Eglise de France a perdu tout lien avec la foi. Ainsi, Mgr Winzler exige l'existence d'une culture à côté de la religion. Et pour fonder son opinion, il réfère à un auteur qui s'occupe de l'Islam ! Dans le même mouvement, il demande aussi de sortir du rêve d'une "société naturellement chrétienne". S'il veut dire que les gens de Civitas devraient se réveiller en confessant qu'ils ne sont pas dans une société chrétienne, je crois qu'il se trompe sur les croyances des gens de Civitas. S'il veut dire qu'une société chrétienne ne peut exister qu'en rêve, il a bien sûr encore plus tort. Et comme les gens de Civitas savent qu'ils vivent dans une république athée depuis deux siècles ....

      On trouve ensuite un torrent de lieux communs sur le travail, la recherche, les goûts des metteurs en scène et autres fariboles.

      En restant toujours dans de prudentes généralités, Mgr Winzer écrit :

      Tout l'enjeu est alors celui de l'interprétation des œuvres.
      C'était l'opinion de Vingt-Trois. Malheureusement, ce que Vingt-Trois et Winzler prétendent, c'est qu'ils sont les seuls à être autorisés à interpréter les "oeuvres contemporaines". A tout le moins, ils ont détesté que les chrétiens ameutés par Civitas interprètent eux-mêmes la pièce de Castellucci.

      Le problème, c'est que Winzler tient absolument à ce que la pièce de Castellucci ait une interprétation théologique. Tout porte à croire que cette tentation vient de ce que, avec une habileté diabolique, Castellucci a dénommé sa pièce avec deux termes qui entraînent, comme dans un réflexe pavlovien, les papilles du théologien : "concept" - terme "riche", savant, plein d'avenirs .... - et "visage du Christ" - qui réfère à la Passion, et au Suaire de Turin, et à Sainte Véronique. Bref, à une chaîne automatique de discours convenus, répétés sans aucune originalité, sans aucune réflexion personnelle, par simple apprentissage dans les séminaires et les Instituts catholiques.

      Or, les gens de bon sens qui, en France, ne feront jamais d'écoles de théologie, savent une seule chose : que la pièce de Castellucci sent la merde répandue sur une représentation du visage du christ. Monsieur le savant théologien Winzler veut "interpréter" la dessus. Il n'est pas dégoûté. Nous, si.

    4. Sur le concept du visage du Fils de Dieu », de Romeo Castellucci, par le rP Bernard Gallizia, le 25.11.20122 ; (en local).

      Cette affaire Castellucci aura réveillé un brave prêtre de province, le RP Gallizia, qui tient un très beau blog paroissial dans son diocèse de Blois. Il veut absolument que le public goguenard enregistre que, bien qu'il ne soit pas un intégriste, sa réaction est au moins aussi "violente" que celle des lefebvristes. Selon sa déclaration, il n'a pas vu la pièce de Castelluci. Mais il en a lu le livret. Il pense, de bonne foi, que celà suffit et au-delà.

      Et pour l'abbé Gallizia, le blasphème et tout ce que vous voudrez d'atteinte au christianisme est constitué. Son article, très documenté, est de tous les articles à lire, le premier parce qu'il est profondément équilibré et parce qu'il examine à la fois les positions de Castellucci, les soutiens des ecclésiastiques et les rejets des catholiques, intégristes et romains. De plus, il a le mérite de replacer le mouvement de l'AC (art contemporain) dans son exacte perspective :

      Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une dimension eschatologique, où les forces du mal sont déchaînées contre les commandements les plus élémentaires du Créateur, contre la vie même (avortement, euthanasie), contre la vérité sur l’homme et son rôle sur terre (mariage homosexuel, attaques contre la famille et contre les consacrés). C’est le refus de faire retourner vers Dieu l’amour gratuit reçu de lui. C’est une cassure effrayante qui est en chacun de nous, mais qui est entrée massivement dans l’art contemporain, non pour dénoncer le mal mais pour s’y complaire. Cet art là, il ne faut pas avoir peur de l’appeler antichrétien.

    2 - L'affaire de la nouvelle traduction anglaise de la messe de Paul VI

    Un nouvelle édition du Missel romain est paru en 2008 sous les auspices de la Congrégation compétente. Dans la Bulle d'édiction, Benoît XVI a ordonné aux Eglises locales de réaliser l'adaptation des traductions linguistiques en langues "vernaculaires". La version française serait, d'après nos recherches, aux "oubliettes", enterrrée dans un maquis de commissions internationales. La version anglaise a été approuvée par la Conférence des Evêques des Etats-Unis et doit entrer en application. On pourra se reporter à notre article Un nouvel Ordinaire de la Messe de langue anglaise aux Etats-Unis du 25 octobre 2011. Voici quelques réactions dans la presse américaine. A notre connaissance, il n'y a eu aucune information dan sla presse française.

    1. English-Language Catholic Masses to Get New Translation, de Elizabeth Dias, dans Time du 9 novembre 2011, (en local).

      L'article très bref, en reste à quelques faits. L'auteur note cependant que le but de la nouvelle traduction est de rester plus proche de la version originale latine. C'est une "litote" pour dire que la traduction précédente en était très éloignée.

    2. A new one-size-fits-all Catholic Mass?, par Anthony Stevens-Arroyo, le 18.11.2011 dans le Washington Post (en local).

      Dans cet article, Stevens- Arroyo explique froidement que l'ancienne traduction anglaise avait été dictée par les progressistes. Aujourd'hui, nous déclare Stevens-Arroyo, le Vatican impose un changement de messe. Et pour ce "diktat" du Vatican, Stevens-Arroyo, n'a pas de mots assez durs. Pourtant, le Vatican a seulement produit une révision du Missel latin, laissant aix conférences épiscopales le soin d'en faire la traduction qu'il a approuvé d'ailleurs. Mais, il est clair que les progressistes considèrent que la messe qu'ils ont obtenu en 1964 comble leurs attentes et toute modification de son texte est une atteinte à leurs acquis.

    3. The good and the bad of the new mass translation, par Anthony Stevens-Arroyo, le 28.11.2011 dans le Washington Post (en local).

      Pour dire le vrai, l'auteur ne trouve de manière convenue, rien de bien dans cette nouvelle traduction. Le bon, il le fait trouver par un professeur de théologie, Esowden, dont il se moque littéralement, le trouvant snob de préferer la beauté du latin, à la vieille traduction anglaise, que le professeur a d'ailleurs la mauvaise fortune de trouver une simple trahison ! Stevens-Arroyo, en bon progressiste, cite alors un évêque américain, Bishop Donald W. Trautman déclarant à ses "camarades évêques", nous dit Stevens-Arroyo :

      “The present text still contains improper syntax, incomplete sentences, archaic and obscure words and idioms, lengthy and incomprehensible sentences and fails to respect the natural rhythm and cadences of the English language.” Le présent texte contient toujours une syntaxe incorrecte, des phrases incomplètes, des expressions et des mots obscurs et archaïques, et des phrases incompréhensibles et il manque de respect au rythme naturel et à la cadence de la langue anglaise."
      Il est difficile de ne pas constater que les divisions en deux camps opposés qui se sont manifestées lors du Concile en 1962 sont toujours vives cinquante ans plus tard.

    4. Will Catholic Mass changes cause mass confusion?, par Elizabet Tennety dans The Washington Post du 23.11.2011 (en local).

      Le titre de l'article (Les changements de la messe catholique provoqueront-ils une confusion de masse ?) est un jeu de mots beaucoup plus polémique que l'article. Madame Tennety souligne que certains changements sont profonds. Elle en cite un sans dire en quoi il serait profond sauf à déclarer qu'il est une citation de l'évangile de Saint Matthieu. Elle renvoie prudemment ses lecteurs qu site de la Conférence des évêques des Etats-Unis sur une page qui détaille et commente les modifications. C'est du bon journalisme factuel.

    5. New Catholic Mass translation marks exciting milestone, par le RP Knestout, dans The Washington Post du 25 Novembre 2011 (en local).

      Le P Knestout écrit un billet qui souligne bien que les modifications de traduction du Missel sont toutes orientées vers un sens spirituel plus élevé. On sent prarfaitement quil est fait un pas important dans le rapprochement de la messe de Paul VI vers l'expression de la Messe de Saint Pie V. Le P Knestout déclare :

      The Mass – as we Roman Catholics know it and love it – is not changing. However, the words we use will be new translations of the centuries old Latin. La Messe - comme nous autres, catholiques romains la connaissons et l'aimons - ne change pas. Cependant, les mots que nous utilisons seront de nouvelles traductions du Latin des siècles passés.
      Ce qui indique à nouveau que les fameuses traductions en langues vernaculaires produites à partir de 1964 n'étaient pas fidèles à l'original Latin. Incidemment, le P. Knestout souligne bien que le terme de Messe était peu à peu repoussé pour faire place à celui d'Eucharistie. Le mot de messe revient en force pour désigner le sommet de l'office divin en tant que tel.

    3 - Les affaires économiques

    La grande affaire est bien entendu la crise européenne sur laquelle les journalistes insistent qu'elle est une crise politique avant d'être une crise économique. Leur raison n'eest pas une raison factuelle mais simplement idéologique. C'est parce que la gouvernance de l'Europe est diluée dans la souveraineté des Etats membres que l'Euroland est incapable de résister à la sépculation financière. Avec toute une frange des économistes, nous pensons a contrario que c'est parce que l'économie est entièrement entre les mains de gens irresponsables qui ont fait dévaluer toute valeur économique avec l'appui du pouvoir européiste, qu'il soit supra national (unioniste) ou national, que nous nous trouvons au bord d'un gouffre de misères et de pauvreté.

    1. "L'Europe finira-t-elle comme l'Union soviétique ?", par François Heisbourg dans Le Monde du 09.11.11 (en local).

      Dans cet article, l'Euroland est comparé à l'Union soviétique. Ce n'est ni très gentil, ni très optimiste. Plusieurs remarques sont particulièrement frappantes. Heisbourg considère que les menaces de guere agitées par le sarkozysme en cas de fin de l'Euro et de fin de l'Euroland ne sont pas vraisemblables. Il note très finement que l'idée fondatrice de l'Europe de Schuman ("plus jamais la guerre") n'est plus perçue parmi les nouvelles générations et, de ce fait, la contraposée de l'Europe n'est pas nécessairement la guerre.

      Mais les comparaisons de l'article ne sont pas toutes convaincantes. L'Oklahoma et l'Alaska n'ont jamais été des Etats de l'Union soviétique. ET les comparer au Portugal et à la Finlande, méconnaît Plus de vingt siècles de développement séparés quand l'Alaska est une pure invention à peine centenaire et l'Oklahoma à peine bicentenaire. Par ailleurs, ainsi que nous l'avons écrit plus haut, identifier la faillite du fédéralisme à la cause de la cris économique est une pétition de principe. C'est même de l'idéologie pur et simple. D'autant plus que l'Union soviétique dont Heisbourg pense que son éclatement serait un précédent de celui de l'Europe, était une fédération. Ceci n'empêche pas Heisbourg d'écrire :

      L'échec de ces initiatives (les plans de sauvetage grec et autres.) ne tient pas seulement à l'incompétence ou à l'incurie des responsables européens et des Etats membres, mais surtout à la nature de la contradiction à laquelle nos pays sont confrontés : au constat qu'il ne peut y avoir de salut pour l'euro sans institutions fédérales s'oppose le rejet de solutions fédérales par nos peuples et nos dirigeants.
      Il se pourrait ainsi que l'Europe soit protégée d'éclatement justement parce qu'elle n'est pas encore une fédération. Mais, et nous l'avons déjà écrit, il y a un autre exemple historique d'une crise gravissime qui menace l'Europe. C'est celle de la Guerre de Sécession des Etats-Unis d'Amérique qui a pour cause un débat mal conduit entre fédéralisme et confédéralisme, sur fond de crise économique des Etats sudistes qui vendaient leur production agricole trop peu cher. C'est me semble t'il, le précédent plus proche de la crise actuelle. Nous vendons pas assez cher ce que nous produisons et pour combler l'écart, notre dette, et pas seulement en monnaie, est accrue.

    2. Pas de sortie de crise sans résorption des déséquilibres des balances des paiements, par Jean-Michel Quatrepoint, Res Publica, le 28 octobre 2011 (en loca). l

      La thèse de Quatrepoint est assez simple :

      Reste la zone euro. Prise globalement, elle n'aurait pas dû poser de problèmes. C'est du moins ce que nos élites, experts et europhiles béats nous ont seriné depuis plus de quinze ans. Selon eux, les balances commerciales et des paiements, à l'heure de la mondialisation et dans une même zone monétaire, n'avaient plus aucun sens. S'ils avaient été dans le vrai, il n'y aurait pas eu de crise de la dette souveraine. De fait, la zone euro est globalement équilibrée et même excédentaire. Mais, en son sein, ce ne sont que déséquilibres.
      L'idée qu'il développe est donc de "réduire" les déséquilibres entre la zone bénéficiaire et la zone déficitaire en termes de balance des paiements. Ce n'est pas inexact. Mais, la question n'est pas ce qu'il faut faire. Il faudrait savoir pourquoi il existe une zone déficitaire et une zone bénéficiare et ensuite savoir pourquoi l'appauvrissement de la zone bénéficiaire assurerait l'enrichissement de la zone déficitaire et pourquoi l'équilibre de la balance des paiements, la nullité de l'économie, serait l'assurance d'une absence de crise.

      Ceux qui deviennent riches ne le deviennent pas nécessairement en spoliant ceux qui sont pauvres. Ils pourraient devenir riches en produisant des valeurs plus élevées par l'innovation et la satisfaction des besoins de leur population. Maintenant, l'opinion de Quatrepoint sur le caractère béat des eurolâtres, qui rejoint l'euroscepticisme du Général de Gaulle, est tout à fait intéressante.

    3. Et si la priorité était de rééquilibrer les échanges intra-européens ?, par André Grjebine, Le Monde du 1er décelbre 2011 (en local).

      Grjebine de Sciences Po' semble avoir la même idée que Quatrepoint : ré-équilibrer les zones européennes en terme de balance des paiements. L'idée est mathématiquement attractive. Mais elle ne se fonde pas sur les causes de ce déséquilibre. Simplement, la crise démontre que l'Euroland qui regroupe des économies disparates ne peut survivre. Or, à l'émigration près, les économies "retardataires" peuvent parfaitement exister et se développer à leur rythme. A condition d'avoir des frontières et de faire payer les disparités trop importantes. Tout le monde y gagne, alors que dans le "jeu" cruel de l'Euro, tout le monde va "se casser la figure". "Ensemble, tous ensemble !" gueulait'on à la CGT des années d'autrefois ...

    4. "La France doit se réindustrialiser", par Patrick Artus, dans Le Monde du 15.11.2011 (en local).

      La désindustrialisation, Patrick Artus le reconnait, a été voulue. Il fallait laisser au Tiers-Monde les emplois peu qualifiés pour nous concentrer sur les emplois nécessitant de fortes compétences et ceux qui ne sont pas transportables. Erreur dit Artus. L'ennui, c'est qu'il le dit maintenant que tout le monde le dit.

      Comment réindustrialiser ? Artus ne le sait pas vraiment. Il pense seulement que la France ne traite pas ses PME de manière à les faire atteindre le seuil d'entrée à l'exportation. C'est possible. Mais pourquoi la réindustrialisation devrait-elle se faire sur la base de la seule exportation? Et le marché intérieur ? Oublié ? Disparu ? Alors, plus besoin de réindustrialiser !

      La réponse est pourtant simple : "Fichez la paix aux gens !". Et vous verrez que ceux qui ont envie de se réindustrialiser le feront. Oh, bien sûr, un petit coup de main comme l'interdiction des produits de concurrence déloyale venant de l'étranger ne serait pas mal venu. Mais, d'aucuns y verront un protectionisme délétère. Ceux-là mêmes qui nous ont désindustrialisés.

    5. L'industrie européenne dans la globalisation, par Pierre-Noël Giraud, Le Monde du 9 novembre 2011 (en local).

      L'auteur est un soutien de l'élargissement des emplois nomades pour résister à la crise. Nous laissons au lecteur le soin de se reporter à son article pour découvrir tout le miel de ce concept difficile que je ne rapporterai pas ici. Mais Giraud se pose ensuite la question de la réidustrialisation de l'Europe. De la France faudrait-il limiter, parce que l'Allemagne ne se pose pas le même problème. Et Giraud est formel. Les nouvelles technologies en France comme aux Etats-Unis ne concernent qne fraction minoritaire de l'économie globale. Il l'estime à 8%. Certains auters ont même écrit qu'en Californie, haut-lieu des novelles technologies, on en était à 4% ! Il y a là donc un mirage dangereux dans lequel les malfaisants qui nous dirigent nous ont entretenu depuis trente ans.

      Giraud propose une autre idée qui est de développer les industries "intermédiaires" en contraignant les Chinois à faire de la coproduction en Europe en réciprocité de l'obligation de codéveloppement qu'ils ont imposé à nos entreprises en Chine. Cen'est pas bête. Mais le Parti Communiste chinois n'a pas d'&qivalent en Europe. Quoique...

    6. "L'éclatement de l'Europe est un risque réel", par Mark Leonard, Le Monde 08.11.11 (en local).

      D'un seul coup, ce ghenre d'article s'est mis à fleurir. Ils étaient "interdits" il y a peu. Ceux qui semblaient vouloir le tenir étaient immédiatement réduits au silence, accusés de faire le jeu de la spéculation et des ennemis de l'Europe. L'auteur de ce pensum est un cacique d'un bourgeon du fameux et redoutable CFR américain, bourgeon qui se dénomme European Council on Foreign Relations. La grande force de ces gens-là est d'avoir des idées toutes faites qui leur servent autant d'explication que de but d'action :

      ... ce qu'il faut faire pour sauver l'euro : des règles budgétaires plus strictes, une recapitalisation des banques, une intégration fiscale profonde.
      Des règles budgétaires ? Il y en a des millions et la seule qui compte est régulièrement violée depuis trente ans. Une recapitalisation des banques ? Mais, elles ont diliapide le capital qui leur était confié. Une intégration fiscale ? Merci de penser à nous pour une deuxième couche de fiscalité quanbd la première prélève déjà 68% et plus de la richesse nationale !

      Il ne m'a pas paru utile de lire plus loin cette mauvaise copie de concours de sous-inspecteur des Finances bardée de certitudes technocratiques et de mépris du peuple qu'il va tondre. Tondre ? "Pourquoi croyez-vous que le Seigneur leur a mis de la laine sur le dos, si ce n'est pour les faire tondre ?" (Les Sept Mercenaires).

    4 - Le tropisme islamiste

    Enthousiasmés par les "révolutions arabes", qui ne sont pas plus arabes que révolutions, les intellos franchouillards, et parfois de plus loin, ont barbouillé à l'écoeurement des papiers à la gloire de la démocratie révolutionnaire, rassurés qu'ils étaient de se trouver les fesses calées sur le petit coussin de billets de banque que leur sert, comme une pâté aux lapins, l'Etat nourricier de ses fonctionnaires dans la bourgeoise démocratie du social-capitalisme. Las, quelques uns, peut être touchés par des réductions de poste - on se prend à rêver - commencent à douter.

    1. TUNISIE. Nous nous sommes trompés, par Jean Daniel dans Le Nouvel Obs' du 2 novembre 2011 (en local).

      Jean Daniel ne s'est pas trompé seul. Enfin, c'est lui qui le dit. "Nous" nous sommes trompés s'éxclame t'il. Bien sur quoi ? C'est compliqué. Si je le suis bien, c'est que "nous croyions à la victoire de la "révolution", entendez celle de la bourgeoisie distinguée qui prend ses vacances à Saint-Paul de Vence ou à l'île de Ré, alors que c'est à celle de la "contre-révolution", en fait celle des islamistes.

      Bien sûr, l'idée que les seuls révolutionnaires fussent les islamistes quand la majorité des progressistes vont les rallier dan sl'année n'effelure pas non plus Jean Daniel. Pas plus que le marquis de La Fayette n'avait vu la montée de Robespierre. Bonsoir, Monsieur Daniel.

    2. L'opération libyenne était-elle une "guerre juste" ou juste une guerre ?, débat entre BHL et Rony Brauman, dans Le Monde du 24 novembre 2011 (en local).

      Monsieur BHL a joué les archanges de la mort auprès de Sarozy et Juppé. Il est parvenu à faire assassiner le despote Kadhafi, par ses propres amis. Ce n'est pas très difficile en agitant des idées fumeuses. Nos grands hommes au pouvoir adorent les idées brumeuses qui ressemblent à leurs réveils "gueule de bois". Et comme VRP en idées fumeuses, brumeuses, BHL est le meilleur talonné par un autre sire qui, restant relativement tranquille, ne demande pas d'être nommé ici.

      Mais BHL exaspère. Et il a exaspéré Rony Brauman, un fondateur d'ONG. Brauman doit être fatigué de voir l'impeccable chemise blance dépoitraillée de BHL à chaque conflit dans lequel il agite les "grandes idées" vides qu'il applique sur du vent. Et Brauman justement a vu du vent sur une certaine colonne de blindés qui allaient commettre un génocide dans je ne sais quelle bourgade qui ne demandait manifestement pas tant d'honneurs parisiens "rive gauche", la plus chic.Bien.

    3. "Islamisme ou démocratie ? Le 'choix' manichéen", par Jean-Luc Marret dans Le Monde du 7 novembre 2011 (en local).

      Démocratie ou islamisme, comme un choix manichéen. Marret voit très bien l'erreur du dilemne. L'islam est essentiellement démocratique. Seule, une tendance de l'islam est anti-démocratique. Aussi, pour lui, il suffira de regarder la force de l'émigration pour en déduire que la démocratie est menacée. C'est un peu court. On peut partir parce que le régime persécute l'islam tenu pour anti-démocratique, mais aussi parce que la démocratie comme en France entraîne la misère. Vous voyez comme les choses sont complexes.

    4. BHL, porte-étendard libyen, par Nathalie Nougayrède dans Le Monde du 07.11.2011 (en local).

      Madame Nougayrède éreinte à la fois BHL et Sarkozy. On ne boudera pas notre plaisir.

    5. "La liberté est du côté des Frères musulmans !", par Hani Ramadan dans Le Monde du 07.12.2011 (en local).

      Il s'agit du frère du célèbre Tariq. Dans le domaine de l'invocation des valeurs républicaines, Monsieur Ramadan n'est pas en retard sur le plus brillant des intellos franchouillards. C'est donc un régal de le voir s'ébattre dans les lieux communs convenus comme un chat dans une gamelle de harengs. A l'entendre, les Frères musulmans sont depuis l'origine du mouvement des parangons de vertus démocratiques, de parlementarisme et de libéralisme. Et le pire, c'est qu'il a probablement raison. Autant que les socialistes en France qui clament "pas de liberté pour les ennemis de la liberté", appris de Saint-Just dans leur berceau républicain. Et pas du tout démocrate ...


    Revue THOMAS (c) (2011)