La fille du Puisatier de Daniel Auteuil

La fille du Puisatier de Daniel Auteuil

Philippe Brindet - 03.01.2012

J'ai vu La fille du Puisatier de Marcel Pagnol dans la nouvelle version mise en scène et jouée par Daneil Autheuil. La version originale mise en scène par Marcel Pagnol est sortie à Lyon le 20 décembre 1940, avec deux des plus grands acteurs français de leur génération, le formidable Raimu et Fernandel. Le duo de Daniel Auteuil et de Kad Merad ne le fait pas oublier. Mais, il n'est pas si inférieur.

Daniel Auteuil n'a pas la truculence, la majesté populaire de Raimu. Mais, il a autre chose de moins définissable, une sorte de faille et de folie contenue, maîtrisée mais toujours à la limite. Son Pascal Amoretti est excellent.

Kad Merad, comme Fernandel, a - il me le pardonnera - une trogne improbable. Mais, il a ce quelque chose de réservé et de mélancolique qui le différencie complètement du double jeu de Fernandel. De ce point de vue, Kad Merad recompose un nouveau personnage de Philippe. Je l'aime moins que le Philippe de Fernandel. Mais, il est très bien. Il ne le copie jamais. C'est d'un grand acteur.

Le couple Mazel joué chez Pagnol par Charpin et Line Noro, est chez Auteuil joué par Jean-Pierre Darroussin et Sabine Azéma. Ils sont très bien aussi. Darroussin est seulement peut être un peu trop grand bourgeois. Mazel est riche par rapport à Amoretti. Mais c'est seulement un boutiquier enrichi qui n'utilise pas les outils qu'il vend aux autres. Darroussin est un peu trop distingué. Mais, il est très bien. Madame Azéma surjoue comme d'habitude. Mais, il faut reconnaître que s'il faut jouer le rôle de Madame Mazel comme si elle était Miss Marple ....

Les autres rôles sont tenus très correctement. Patricia jouée par Àstrid Bergès-Frisbey est bien. Mais elle a une sorte de rigidité assez pénible. Par contre, elle joue de mieux en mieux au cours du film. On remarque Marie-Anne Chazel dans le tout petit rôle de la Tante. Elle est très bien. Quand à Amoretti le Jeune, le petit-fils de l'Amoretti de Auteuil, il est rayonnant de bonheur de vivre au milieu de ce gâchis. C'est Zachary, le propre fils de Daniel Auteuil.

On notera deux éléments très favorables à la qualité du film de Daniel Auteuil. La couleur du midi, peut être un peu trop sombre sur la version que j'ai vue, rend le film moins intellectuel que celui de Pagnol. Et la bande musicale d'Alexandre Desplat est intéressante, un poil trop encombrante cependant. Par exemple, pourquoi avoir laissé la musique superbe combattre le fracas de la locomotive ? Les deux airs d'opéra vériste chantés par un ténor à voix (Caruso ?) qu'on entend dans un son de TSF sont très inattendus et expriment très bien la création de Pagnol.

Le film de Pagnol faisait 170 minutes. Celui d'Auteuil descend à 107 minutes. Dommage, il avait à dire autant que Pagnol.


Revue THOMAS (c) (2012)