Revue d'opinions - Janvier 2012

Revue d'opinions - Janvier 2012

Philippe Brindet - 31.01.2012

1 - Politiques et Géopolitiques

Deux grandes affaires ont agité la politique en ce bas monde : la Hongrie et le monde musulman.

    1.1 - L'affaire du libéralisme hongrois

    La Hongrie s'est libérée du communisme dans le mouvement des pays de l'Est. Las. Très vite, les communistes sont revenus au pouvoir et ils ont mis le pays en coupe réglée en se désignant comme sociaux-démocrates ou même comme libéraux de centre-gauche ! Dans la tradition communiste à manier des étiquettes, leurs adversaires sont très vite devenus d'effrayants fascistes. Et avec leur habileté à tondre le peuple au nom des grands principes du socialisme, les ex-communistes ont, comme Chirac et Sarkozy en France, enfoncés les finances de la Hongrie dans un endettement faramineux.

    Lors d'élections législatives, le Parlement a été renouvelé et le parti de droite Fidesz de Viktor Orban est devenu majoritaire. Il a donc désigné Viktor Orban comme Premier Ministre. Considérant que la Constitution était une Constitution taillée sur mesure pour les communistes par les communiste, le Parlement a voté une nouvelle Constitution qui a été profondément étudié avec les instances européennes, notamment le Comité de Venise qui s'est investi depuis longtemps de la tâche d'orienter la main des Etats européens de sorte qu'ils produisent des législations conformes à la social-démocratie imposée à l'Europie depuis le règne de Delors.

    Malgré ces précautions, l'aile gauche du Parlement européen - parce que, malgré que le Parlement soit à peu près entièrement social-démocrate, il y a quand même une aile gauche - a cru défaillir en lisant la promulagation de la Constitution hongroise. Pensez ! Il y est question de Dieu, du roi Saint Etienne, de respect de la vie dès la conception et de la condamnation de la Constitution communiste. Tout ce que l'Europie compte de gauchistes s'est alors gavé de sermons alarmistes de fin du monde, de glapissements anti-fascistes et autres fariboles.

    Bien entendu, manipulés comme des marionnettes par les "intellectuels", le lamentable duo Juppé-Sarozy s'est alors déchaîné contre la nouvelle Constitution hongroise et a relayé les insinuations honteuses de la gauche européiste. Le ton de la presse française est entièrement une éructation contre la Constitution hongroise et ses avancées.

  1. Nouvelle Constitution en Hongrie : le pari risqué de l'ultra-nationalisme, par Paul Gradvohl, Le Nouvel Obs' le 03-01-2012 à 12h55.

    L'auteur, un de ces "fameux" universitaires dont le titre sert d'incontestabilité, est manifestement d'obédience socialiste. Comme Alain Juppé (voir notre article L'Europe en dérive socialiste matérialiste), il semble scandalisé par des faits qui pourraient bien n'être que "décoratifs" :

    • référence constitutionnelle à Dieu
    • suppression de la mention "République de" sur l'état de la Hongrie ;
    • nomination des juges par un Office gouvernemental ;
    • nomination de trois vice-gouverneurs de la Banque centrale au lieu de deux.
    En gros, c'est tout.

    Le reste est un torrent d'invectives : ultra-nationalisme, berlusconisme, pesonnalisation du pouvoir, anti-européisme, .... torrent à peine tempéré par l'affirmation étonnante :

    ... il est important de souligner que le régime de Viktor Orbán n'est pas fasciste.
    Cette remarque est quelques jours plus tard renforcée par une déclaration dans le même sens du ministre des Affaires étrangères de Hongrie dans une entrevue au Figaro : Martonyi : «Viktor Orban n'est pas un dictateur !». On voudrait seulement rappeler à M. Gradvohl et à ses suiveurs que les socialistes hongrois sont en fait les anciens communistes, collaborateurs de l'occupant soviétique. Ils sont revenus quelque temps au pouvoir en se déguisant en "libéraux". Ils ont provoqué comme tout socialisme ft-il sarkozyste, une crise économique grave qui a affaibli la Hongrie. Le peuple a porté au pouvoir le parti Finesz, qualifié par M. Gradvohl, à la suite des socialistes, de parti "ultra-nationaliste".

    Deux choses paraissent manifestes avec l'opinion erronnée de Paul Gradvohl :

    1. l'Euroland ou Europie est sous contrôle du socialisme qui tente de normaliser l'ensemble des Etats membres : c'est une situation potentielle de guerre européenne ;
    2. il semble très difficile d'envisager un mouvement d'union nationale en vue d'une libération du matérialisme socialiste régnant, que ce soit à l'échelle d'un Etat ou d'un groupe d'Etats européens qui ne soit pas attaqué par le matérialisme socialiste.
    Il est très probable que, dans l'affaire de la Constitution hongroise, Juppé et Sarkozy ont été manipulé par des universitaires du matérialisme socialiste comme par BHL dans l'affaire libyenne. l'offensive est évidente avec l'éditorial stupide du journal Le Monde : L'Europe ne doit pas laisser dériver la Hongrie, dans lequel on parle "d'un horrible cauchemar", et qui est clairement un appel à une intervention militaire contre la Hongrie.

  2. Un symptôme hongrois à méditer, par Caroline Fourest, Le Monde du 6 janvier 2012 (en local).

    Madame Fourest est une jacobine échappée de l'Histoire. Elle n'a rien appris, rien compris et poursuit imperturbablement à rêver de la guillotine comme mode propre de gouvernement. Elle est profondément athée, un peu comme Chaumette, ce qui soit dit en passant, ne la ferait pas approuvée par Robespierre.

    Dans l'affaire de la Constitution hongroise, deux choses l'exaspèrent. La désignation de Dieu dans la Constitution et la suppression de la mention de "république" dans le nom de l'Etat. Elle en déduit le crime d'"ultranationalisme" qu'elle dénonce donc avec une vigueur de patriote écrivant au "Comité de Salut public". Comme horreur suprême, il semble que le droit à l'avortement serait menacé par la nouvelle Constitution qui stipule que l'être humain a droit à la protection de la loi dès la conception ... Madame Fourest perd son calme légendaire et rejoint ainsi l'étrange ministre des Affaires, Juppé, dans sa vindicte contre tout ce qui exprime le christianisme.

  3. Le patriotisme national est justifié par Andras Lanczi, dans Le Monde du 12 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Lanczi nous apprend que la Hongrie n'a que deux camps : les anciens communistes qui, au pouvoir récemment , ont fait gonfler la dette et les nationalistes de Viktor Orban, qui tentent de sortir de cette dette et de la crise économique qui lasse tous les Hongrois. Son article est extrêmement bref. Il vaut mieux le lire que son commentaire. Monsieur Lanzi conclut en disant que l'Europe ne devrait pas jeter la Hongrie dans le camp de l'extrême-droite en refusant les réformes modérées de Orban.

    Tous les efforts de Sarkozy poussés par Juppé sont de démontrer que Orban et sa Hongrie sont déjà d'extrême-droite ...

  4. Ce régime liberticide n'est pas qu'une affaire hongroise, par Paul Gradvohl, dans Le Monde du 12 janvier 2012 (en local).

    Ces efforts de Sarkozy poussés par Juppé de démontrer que Orban et sa Hongrie sont déjà d'extrême-droite seraient en fait manipulés par des gens comme Gradvohl, dont c'est au moins le quatrième article dans le même sens depuis quinze jours. Le ton de l'article est à la fois violent - Orban, c'est l'horreur de Thatcher - et insinuant - Orban c'est "laisser faire" la Garde Noire dans ses pogroms contre les roms et même ... les juifs. De la pure manipulation d'opinion ...

    L'article de Gradvohl montre clairement qu'il a existé, après l'éviction des anciens communistes lors des dernières élections en Hongrie, une réaction de ces communistes qui auraient investi la culture par le biais d'organisations universitaires. Une rapide recherche Google montre des liens clairs entre Gravohl et ce milieu et Gradvohl, dans l'affaire hongroise, pourrait jouer le rôle d'égérie auprès de Juppé qu'avait déjà joué, quelques mois plus tôt, cet autre aparatchick du matérialisme socialiste qu'est BHL.

  5. L'embarras européen face à la Hongrie, par Sarah Halifa-Legrand dans le Nouvel Obs' du 14-01-2012 (en local).

    Madame Halifa-Legrand est une journaliste du Nouvel Obs'. Comme la plupart des journalistes de la grosse presse française - à l'étranger, c'est légèrement moins dramatique - elle est résolument engagée dans les forces de gauche et - au Nouvel Obs', c'est ce qui est le plus à gauche possible pour éviter toute critique.

    Ne pouvant bien entendu démontrer des "atteintes" à la démocratie, même vue de gauche - c'est-à-dire une effarante dictature de sentiments "pieux", lus dans les tracts des organisations trotskystes, bourrées d'universitaires ébétés, "shootés" aux écrits de Badiou ou de Pol Pot - dans la nouvelle Hongrie de Orban, la journaliste partisane et fière de l'être - elle sauve son emploi à chaque papier, il faut se le rappeler - se contente de rapporter des ragots de couloir au sujet de la "droite" et, mieux de la "droite extrême", pour avancer que les atteintes à la démocratie sont si évidentes qu'il n'est pas besoin de les énumérer.

    ... l’indépendance de la justice, de la banque centrale et de l’autorité de protection des données s’en trouve sacrément écornée tandis que la réforme de la loi électorale est plus que douteuse. Elève insolent de la classe européenne, Orban n’en est pas à son premier fait d’armes : l’an dernier, il avait tenté le même coup en s’attaquant à la liberté de la presse.

    Le "complot" du matérialisme socialiste que nous dénonçons depuis quelque temps est patent ici . Madame Halifa-Legrand en exclut bien entendu, Sarkozy et son ministre des affaires étranges, Juppé. Alors, nous prévient elle :

    ... devant la tiédeur de Bruxelles, socialistes, libéraux et Verts européens ont décidé d’en découdre.
    Stupidité. Stupidité." Mobilisez-vous, nous ferons le reste !", disent ces nullités énervées.

  6. La Hongrie d'Orban, c'est la Roumanie de Ceaucescu !, par Laslo Rajk dans le Monde du 12 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Rajk serait le fils du communiste éliminé par le pouvoir pro-soviétique lors des purges de 1949. Ce serait leur plus grand titre de gloire. Et cette estimable personne trouve que l'actuel premier ministre, le très détesté par la gauche européiste, Viktor Orban, doit sa carrière à une intervention volée lors d'obsèques symboliques (?) de Imre Nagy, autre communiste purgé en 1956. C'est très savant de la part de Monsieur Rajk fils. Mais c'est un peu comme ces historiens qui pensent que Bonaparte doit tout à la protection de Joséphine de Beauharnais. Cà fait savant. Mais çà n'explique rien. Ce n'est pas parce que le lecteur ignore que des hongrois se sont donnés le ridicule d'enterrer "symboliquement" en 1989 un communiste purgé en 1956 que Monsieur Orban est le dictateur que Monsieur Rajk fils dit. Il y a un saut que nous ne franchirons pas, malgré la véhémence suspecte de Monsieur Rajk fils.

    L'ensemble de l'article est particulièrement ridicule et la rédaction de Le Monde, déjà particulièrement médiocre, ne se relève pas d'une telle publication à la gloire et dévotion de tout ce qui se fait de communiste, trente ans après la chute de l'empire soviétique. Mais, Le Monde travaillait déjà comme celà lors des purges staliniennes.

    Cependant, dans sa consternante médiocrité, l'article de Rajk fils donne un signal fort. On peut penser que la rédaction de Le Monde, qui au bout du compte, se moque de la Hongrie comme de sa première paire de chaussettes rouges, ne l'a passé que pour cette tirade :

    De plus, depuis le 1er janvier, la Hongrie a une nouvelle Constitution qui statue que le nom du pays n'est plus République de Hongrie ; ...
    Celà choquaient déjà Monsieur Juppé et son maître. Pourtant, le texte de la nouvelle Constitution est parfaitement clair. L'article A indique :
    LE NOM DE notre patrie est « Hongrie ».
    tandis que l'article B détermine :
    (1) La Hongrie est un État de droit souverain et démocratique.
    (2) La Hongrie est une République.
    (3) La source du pouvoir politique est le peuple.
    (4) Le peuple exerce son pouvoir directement ou par ses représentants élus.

    Par comparaison, la Constitution de la France indique à son article 2 :

    La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
    Les deux constitutions sont strictement identiques sur la question de la désignation du pays et de son organisation politique.

  7. La Hongrie sous Viktor Orban : l'Europe nous caricature, par Dominique Gilétfy, dans le Nouvel Obs' du 27 janvier 2012 (en local).

    Madame Giletfy est une Hongroise qui doit à Monsieur Gradvohl, cité pour deux articles plus haut, la chance de pouvoir publier son opinion dans les colonnes du Nouvel Obs', déjà. Encore.

    Et ce qui est suggestif c'est que, alors que Monsieur Gradvohl semblait très agacé par l'idéologie de Viktor Orban exprimée dans la nouvelle Constitution hongroise, Madame Giletfy est très agacée par l'opinion exprimée notamment par la gauche européenne, menée par Daniel Cohn-Bendit, très remonté contre Orban et son idéologie.

    Vivant à Budapest il n'y voit pas les désordres et les protestations avec lesquels la gauche européenne nous alertent. La seule chose qu'elle sait, c'est que la vie est très difficile en Hongrie et que c'est déjà assez difficile de vivre comme çà. Et sur la question politique sur laquelle elle ne souhaite pas intervenir, elle donne pourtant une leçon définitive :

    Je déplore les méthodes employées par ceux qui s'opposent à la nouvelle Constitution et au gouvernement. Manifester et brandir des pancartes, comme ils l'ont fait au début du mois de janvier devant l’Opéra de Budapest, n'est pas une bonne solution. Notre gouvernement a été démocratiquement élu avec une très large majorité ; à lui de faire ses preuves, ce que l’on attend instamment.

  8. Arpad Schilling = 'Nous avons atteint le sommet de l'apathie', dans Le Monde du 28 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Arpad Schilling est un metteur en scène du théâtre radical, citoyen hongrois. Le fait qu'il soit un affidé du théâtre radical explique qu'il pense que la subversion de la société et de sa civilisation est le but unique de l'art et les bourgeois qui ont déjà tout vu de ce côté le croient sur parole sans s'étonner de rien. Le fait qu'il soit citoyen hongrois explique ensuite le fait que la nouvelle Constitution hongroise le désespère. Comme Daniel Cohn-Bendit, qui prétend que sa famille hongroise "fuit les futurs progroms évidemment annoncés par Orban" !

    Mais dans son entrevue avec Brigitte Salino, critique théâtrale du Monde, il ne sera question d'aucun point concernant cette Constitution. A la place, Monsieur Schilling nous démontre une parfaite connaissance des mécanismes démocrates tels que les pratiques les socialistes matérialistes. Pour lui, tout est de la faute d'un seul homme accusé de populisme, le crime parfait. C'est Viktor Orban, l'actuel Premier Ministre :

    En Hongrie, il y a certainement un million et demi de personnes qui ne voient pas d'autre possibilité que celle de son maintien au pouvoir. Un autre million et demi hésite. Et il y a quatre millions de personnes qui ne voteraient jamais pour lui.
    Dans la théorie démocratique du socialisme matérialiste, ces quatre millions de personnes, dont Schilling reconnaît pourtant qu'elles ne voteraient jamais, et qu'il accuse de "désertion", ces quatre millions de personnes "appartiennent à l'opposition" qui n'a qu'à les contraindre de voter pour elle. Et par conséquent, l'opposition est majoritaire, ce qui démontre que Orban est un ennemi de la démocratie ...

    Mais, Monsieur Schilling préfère une autre voie :

    Plutôt que de crier "Orban, dehors !", je préfère me battre sur le terrain que je pratique tous les jours. Ce qui m'intéresse, c'est de consolider, ou même de créer, une culture indépendante qui renforce la sphère civile.
    C'est ainsi que, depuis Fabre d'Eglantine en 1789, le théâtre radical est utilisé par la subversion et Monsieur Schilling nous en donne une leçon immédiate. Quand la journaliste qui connaît remarquablement le travail d'agit-prop' lui pose la question : "Cela a -t-il radicalisé votre travail ?" - de metteur en scène de théâtre, rappelons le - Monsieur Schilling répond :
    Depuis trois ans et demi, je ne fais rien d'autre, dans mon travail, que de m'occuper de la société. J'essaye d'éveiller l'intérêt des jeunes. Dans le dernier spectacle, La Prêtresse, il y avait 16 jeunes de 14 ans. Nous avons pris comme base le conflit d'une enseignante libérale et d'un prêtre, qui peut se poser à l'école. Comment les enfants réagissent-ils ? Quelles fautes commettent les adultes ?
    Si avec celà les bourgeois ne comprennent pas le rôle du théâtre et de l'école, c'est à désespérer. Et ils ne comprennent pas puisqu'ils continuent à acheter des billets pour les spectacles de Monsieur Schilling, à lui envoyer leurs enfants et à lui verser de généreuses subventions.

    Pour un anti-art. Une subversion anti-catholique manifeste qui ne sert qu'à saborder la société.

  9. La scène hongroise rongée par l'hydre nationale, par Brigitte Salino dans Le Monde du 29 janvier 2012 (en local).

    Madame Salino est critique théâtrale au journal Le Monde. Elle rend compte d'une pièce imbécile jouée semble t'il en ce moment à la "Maison de la Culture" de Bobigny. Représentatif de l'anti-art radicalement subversif la pièce serait l'"oeuvre" d'un certain Hongrois Peter Karpati. Pour que nul n'en ignore, Madame Salino nous explique :

    Peter Karpati joue de la proximité entre les acteurs et les spectateurs pour faire passer le message adressé à la Hongrie dirigée par Viktor Orban. Son spectacle est présenté dans un endroit qui sent la mauvaise vie : un sous-sol, constitué de caves en enfilade, où les acteurs sont coincés dans un espace si étroit que leurs corps frôlent ceux des spectateurs, réduits à une petite cinquantaine.

    La subversion, à laquelle du haut de sa bourgeoisie Madame Salino participe, est universelle. Non seulement le Français est prié de "s'indigner" à ce qu'on lui demande de s'indigner - ici, le populisme prétendu abject de Viktor Orban - mais, il doit aussi comprendre que tout ce qui ne relève par de la subversion est impur et doit être détruit. Et c'est le rôle dévolu depuis toujurs au théâtre radical qui s'étale maintenant partout.

    L'indignation "citoyenne" et bourgeoise de Madame Salino s'étale après cette rapide description de cette mascarade subversive dont elle semble si contente. Le grand problème, c'est que le mouvement qui a porté Viktor Orban et son parti, le Fidesz, au pouvoir conduit à la mise à l'écart des "artistes" du théâtre radical qui serait ainsi reconquis par de véritables artistes. Pour Madame Salino, ces artistes qui chassent ses protégés subversifs sont des fascistes. La grande tradition de la calomnie trotskiste :

    On le voit bien au Théâtre Uj (Nouveau Théâtre), passé brutalement sous la coupe d'une direction de droite extrême. Son directeur actuel, Istvan Marta, cédera sa place le 1er février à l'acteur György Dörner. M. Marta devait être renouvelé dans ses fonctions : à 6 voix contre 2, le comité chargé de la sélection des candidatures l'avait choisi. Mais le maire de Budapest, Istvan Tarlos, a usé de son droit de veto pour imposer György Dörner et Istvan Csurka, un auteur néofasciste.
    Le mouvement de liberté initié par le Fidesz a donc parfaitement compris le rôle subversif du théâtre et est en train de reconquérir ce secteur contre la subversion socialiste matérialiste. L'art reviendrait-il enfin ? Et pourquoi pas en France d'où il est totalement absent.

  10. Ce que Viktor Orban fait subir à la Hongrie, par Zsofia Mihancsik dans Le Monde du 31 janvier 2012 (en local).

    Madame Zsofia Mihancsik est rédactrice d'un site Galamus en Hongrois. Son opinion sur Viktor Orban est qu'il serait un dictateur d'une dictature qui prendrait les formes de la démocratie. Sur le site Eurotopics, on peut lire :

    Le groupe Galamus est le fruit d'un rassemblement de dix intellectuels ayant une vision sociale-libérale et de centre-gauche .... Selon leurs propres termes, ils conçoivent ce portail comme "une référence fiable pour les citoyens hongrois qui refusent de se voir servir les platitudes des sempiternels leaders d'opinion politiques, les analyses qui ne veulent rien dire et les suggestions creuses des médias, et qui revendiquent une réflexion profonde sur les évènements".
    En réalité, il s'agit d'héritiers des communistes au pouvoir en Hongrie, pouvoir installé par Staline au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Comme ils le reconnaissent eux-mêmes , le but de ces "personnalités" est essentiellement de mépriser les opinions qui ne sont pas social-démocrates de gauche. Il s'agit en réalité de membres de l'un des mouvements dictatoriaux les plus puissants de l'Histoire et ils viennent donc donner des leçons de démocratie et de prise de pouvoir dictatorial. La première chose, ils la méprisent, la seconde, ils la connaissent parfaitement.

    L'une des tactiques éprouvées par la dictature gauchiste est celle de l'inversion comme le décrit très bien Georges Orwell dans ses deux plus célèbres romans. Mais elle est aussi démontée par Soljenistsyne dans toute son oeuvre. Cette tactique est celle de l'inversion qui consiste à dénoncer chez l'ennemi ce qu'il pourrait dénoncer à votre encontre. Il est alors obligé de se défendre ...

    Madame Mihanczik, en dehors du fait d'illustrer avec talent la tactique centenaire de la subversion gauchiste, ne nous apprend rien de plus sur les activités de Viktor Orban. Notamment, son exemple de la nationalisation des caisses de retraite est particulièrement mal venu. La plupart de ces caisses de retraite avaient été prises en main ... par les anciens communistes qui les utilisaient sans aucun titre comme des propriétés privées.

    La démocratie est en danger dès lors que le gauchisme tente de prendre le contrôle de la société. Elle l'est.

  11. 1.2 - La sphère musulmane

    La grande affaire du mois est la découverte par les bonnes consciences démocrates que les révolutions ne sont pas démocrates. Et comme les révolutions dans le monde mahométan n'en sont pas, elles n'ont de toutes façons aucun moyen d'être exactement selon les canons de la religion démocrate. Pire encore pour les petits coeurs démocrates, la religion qui prend le pouvoir - pouvoir qu'il avait déjà d'ailleurs, mais çà les démocrates ne pouvaient pas le comprendre - est l'islam.

    Or l'islam est tout aussi démocrate que l'athéisme et tout aussi capable de constituer la société dont il prend le contrôle comme un immense camp de prisonniers. Mais comme nos kapos sont persuadés qu'ils sont des GOs d'un club méditérannée, ils nous dénient le droit de nous plaindre et, bien sûr, celui de nous considérer comme des prisonniers. Du coup, l'islam qui est aussi démocratique qu'eux, leur est un mystère insondable.

    Bien entendu, aucun article n'analyse correctement la situation parce que seuls les auteurs "démocrates" sont autorisés. Et leur système de pensée, leur idéologie, les rend incapables du réel.

  12. Why Islamism Is Winning, By JOHN M. OWEN IV, The Washington Post du 6 janvier 2012 (local)

    Affirmant que l'islamisme va gagner, c'est aux dictatures arabes que Owen IV pense. Son raisonnement est que les dictatures arabes se trouvent dans la posture des monarchies européennes de la période qui suivit le Traité de Vienne après 1820. Mais alors que le libéralisme se serait imposé en Europe et qu'il se trouve en proposition dans les agitations méditérannéennes, c'est l'islamisme qui va y triompher pense l'auteur.

    L'analyse est bien pensée. Malheureusement, elle est trop schématique pour être prise au pied de la lettre. Il est évident que l'islamisme va triompher, mais il va triompher dans les institutions parlementaires du libéralisme : bi-partisme, parlementarisme, apparence de séparation des pouvoirs. Les libéralismes d'états comme la France ou la Prusse sont, au cours du XIX° siècle et après, des plus contestables. Ainsi, on a bien vu que les institutions du libéralisme permettent l'instauration de beaucoup de régimes qui en sont très éloignés. Et pas en apparence.

    Nous tenons que, contrairement aux croyances vaines des universitaires occidentaux, l'islamisme du spectre complet de l'islam est parfaitement adapté au libéralisme et à ses institutions. La charia est fondamentalement isomorphe à la loi fondamentale de la démocratie libérale exprimée par Locke ou par Rousseau : la minorité se soumet à la loi de la majorité et la minorité de la démocratie occidentale est parfaitement analogue à la dimmitude de l'islam. Quelle est cette loi de la majorité ? La réponse de la démocratie est : "n'importe quelle règle pourvu qu'elle soit dictée par la Raison".

    La Raison ? Mais c'est une simple traduction du terme de charia !

  13. Le "printemps arabe" et la loi islamique, par Pierre Lafrance, ancien ambassadeur, dans Le Monde du 10/01/2012 (en local).

    L'arrivée de la charia dans les méthodes législatives de la démocratie n'arrête pas d'agiter les opinions des uns et des autres. Monsieur l'Ambassadeur Lafrance est un érudit du monde arabe. Il nous prévient que la charia du parti Enhada qui a pris démocratiquement le pouvoir en Tunisie est d'inspiration constructive inspirée de l'école malékite. Cette charia à la tunisienne s'opposerait à la chariah salafiste, que Monsieur Lafrance désigne de l'expression sans appel de "pseudosalafisme défensif et punitif ". Dans le même mouvement, il nous enseigne que la chariah libyenne"est celle de l'école hanafite que l'on dit souple.".

    Il semble que dans ce très bref papier, Monsieur Lafrance nous avertisse de deux choses :

    • il y a plusieurs charia qui ne sont pas semblables ;
    • ce serait avantager les salafistes de croire que seule leur version de charia existe.
    Et Monsieur Lafrance reste extrêmement prudent dans sa sympathie avec les charia "démocratiques" ...

  14. Tunisiens, ne trahissez pas les nobles idéaux de votre révolution ! par Hélé Béji, dans Le Monde du 18 janvier 2012 (en local).

    Madame Béji nous apprend en termes lyriques sur lesquels je reviendrais que la foule tunisienne se serait laissée aller à de coupables extrêmités :

    Le 5 janvier, à l'aéroport de Tunis-Carthage, vous n'avez été ni justes, ni fraternels, ni dignes, ni grands, ni bons, ni humains. En martelant de vos poings levés "Mort aux juifs !", pis encore "Tuer les juifs est un devoir !", vous avez offert le spectacle d'une phalange démente qui nous plonge dans la stupeur et l'affliction.
    Bien entendu, nous ignorions ce fait divers que la presse française n'a pas dû croire devoir nous décrire. Le reste de l'article de Madame Béji est sur le même ton. Et c'est ce ton qui pose un problème.

    Il fait quelque peu exalté. Mais, quand on se souvient de l'Histoire, c'était le ton de Saint-Just et de Robespierre pendant les funestes années de la Terreur. C'est le ton de 1793. Plus encore, c'est un ton qui n'analyse pas, mais qui mobilise la réaction "patriote" pour "quelque chose" d'innommé par Madame Beji, mais qu'elle rend sensible par son verbe exalté :

    Vous avez fait tomber un régime, guidés par une inspiration plus haute que l'ethnie, que l'identité, que la religion, que la tribu. Vous vous étiez placés au-dessus du chauvinisme et des préjugés. Votre liberté s'était délivrée de l'identité. Ou plutôt, c'était ça votre identité, s'affranchir des derniers vestiges de la décolonisation.
    Je crois quand même que Robespierre n'aurait pas apprécié ce rejet fondamental de la religion, lui qui promouvait le culte de l'Etre Suprême contre Chaumette. Et il apparaît ici que Madame Béji appartient ainsi à l'aile la plus dangereuse de la Révolution, celle qui, abolissant les préjugés, en pose un seul, c'est que, "de préjugé dans la société régénérée, il n'y en a pas". Et ce principe est totalitaire parce qu'il remplace tout et qu'il nécessite l'immolation de ceux qui ont des préjugés.

    Mais alors, le "mort aux juifs" ? N'est-il pas l'expression même d'un funeste préjugé ? La réponse est non. Il ne s'agit en rien d'un préjugé. Il s'agit d'une loi interne à l'islam qui frappe de mort les juifs et plus encore les chrétiens qui, "en plus de reprendre les erreurs juives, associent à leur déité des hommes", crime total pour l'islam. Et la vraie question est de savoir si l'islam est "une " religion. Elle est un tout social, ce que n'est pas le christianisme depuis des siècles. L'idée funeste que les religions, comme le tribalisme, appartiennent à une époque révolue est une affirmation aveugle et mutilante. C'est une préjugé. Et mauvais de plus.

    Comme beaucoup de jacobins, Madame Béji n'a pas bien écouté les clameurs d'Afrique du Nord. Elle a cru que, parce que çà gueulait, le grand soir de la Révolution était arrivé. Ce n'était que les hurlements de la liberté assassinée. Et cette fois là, elle pourrait bien ne pas renaître avant mille ans. Tiens, je prends le ton de Madame Béji !

  15. Hosni Mubarak’s unfair trial in Egypt, par Editorial Board du Washington Post du 19 janvier 2012 (en local).

    Un certain Board, Editorial de son prénom, est sidéré de l'absence totale de démocratie, même miminale dans les révolutions du "printemps arabe". Bien sûr, le nom du journaliste est une plaisanterie. Son prénom aussi. Il s'agit en réalité de toute la rédaction du Washington Post qui signe cet article. Autant dire que la référence est de poids, le Washington Post ayant le rayonnement planétaire que notre phare français de la pensée unique n'a pas encore.

    Injustices par dizaines de mille, commises par l'armée ou la police, la différence n'est pas grande. Pire, le procès Moubarak est une parodie de procès. Enfin, pour la fine bouche :

    It launched raids against American and U.S.-financed non-government groups involved in human rights and democracy promotion. Il (Le conseil militaire régnant sur l'Egypte) a lancé des raids contre des ONG américaines financées par les Etats-Unis et impliquées dans la promotion de la démocratie et des droits de l'homme.
    Non, vraiment, ces gens-là ne sont pas bien.

    La même comédie se reproduit partout. Du Maroc à l'Afghanistan, les américains et leurs supplétifs européistes ou otaniens prétendent apporter la richesse de la démocratie. Ils ont inoculé le poison de l'oppression et du gansgtérisme. Je ne crois pas une seconde qu'ils aient agi par naïveté et abus de candeur. Ceux qui pissent sur les corps de leurs ennemis abattus, les humilient à Abou Graïb ou à Guantanamo, qui manipulent depuis le Texas des monstres d'acier au-dessus des hauteurs afghanes ou irakiennes, et probablement de bien ailleurs, peuvent être suspecté de tout, mais pas de candeur.

    Le problème possible, c'est que les Américains du Washington Post ne sont pas ceux de la Maison Blanche ou de la CIA. Et encore, c'est à voir.

    Je répète à nouveau que Saddam Hussein, Moubarak, Kadhafi, Ben Ali et leurs confrères étaient sûrement des dictateurs. Mais, il existait une possibilité de vie sous leurs régimes pour les populations honnêtes. Bien sûr, il fallait éviter de s'intéresser aux affaires politiques et commerciales. Mais je suis loin d'être sûr que la même chose ne porte pas dans le Michigan ou dans le District de Columbia. Il est pratiquement acquis que la CIA a lancé il y a quelques mois une offensive d'agitation pour abattre les régimes que Washington avait installé il y a trente ans et parfois plus.

    Une raison possible est celle de la révolution permanente. C'est par le chaos que la loi américaine compte se maintenir, au moins sur l'Afrique du Nord. Mais, la France peut elle survivre sans être gagnée par le chaos qui s'installe à 500 kilomètres de ses côtes ? Ce chaos que l'on voit monter chez nous d'année en année, parviendra t'on à l'endiguer, puis à l'éradiquer ? Je crains que les services spéciaux américains avec l'aide du fameux Editorial Board, n'aient l'ambition de l'augmenter.

  16. Le constat d'échec de dix ans de stratégies successives, par Isabelle Lassert dans Le Figaro du 20 janvier 2012 (en local).

    Madame Lassert est, je crois reporter au journal Le Figaro. Elle se livre à une analyse qui a le mérite de ne pas se réduire à une pâle reproduction des discours officiels, sarkozystes en l'occurrence. Elle en arrive à une position assez proche de celle exprimée dans le New York Times, par Matthew Rosenberg le même jour, dans un article intitulé Afghanistan’s Soldiers Step Up Killings of Allied Forces

    Le constat est que le guêpier afghan est en train de se refermer sur les Alliés. Harcelés de l'extérieur de leurs camps par les insurgés - dénommés facilement et sans distinction "talibans", ce qui est commode, mais du coup, pas certain - les troupes d'occupation de l'Afghanistan sont maintenant extrêmement menacées de l'intérieur même de leurs camps retranchés par les Afghans que les Alliés prétendent "sauver" et qui, manifestement, se considèrent comme en sujétion de troupes brutales d'occupation, honnies. Pour des "croisés" de la démocratie, convenez que le coup est rude ...

    C'était à en écouter certains, du droit d'ingérence à sauver les peuples contre leurs mauvais penchants, de simples opérations de maintien de l'ordre démocratique, laïc et obligatoire. Plus encore, c'était une opération sainte destinée à "sauver" le monde libre. Fariboles.

    Les américains ont foutu un désordre sans nom dans une pagaille qui se maintenait en équilibre entre tribus et entre pseudo-états régionaux comme le Pakistan. Les Alliés sont infichus de s'exfiltrer sans passer par des pays, non pas simplement hostiles, ce serait un doux euphémisme, mais férocement excités contre eux.

    Les Américains disposeraient de bases aériennes et d'avions pour exfiltrer leurs troupes et son matériel. Pas la France. Hier soir, aux informations de la chaîne d'Etat France 2, le journaliste Mermet indiquait froidement que la France ne disposait d'aucun avion pour transporter le moindre char ou le moindre hélicoptère. Il y a 3.800 soldats là-bas, plus de quatre cent véhicules blindés, ...

    Les récentes déclarations de Sarkozy, qui semblent indiquer que les troupes françaises vont déguerpir aussi vite que possible, semblent marquées au coin du bon sens. A mon avis, les derniers partants seront sacrifiés. Espérons que les premiers ne partageront pas leur sort. Et cette situation est seulement dûe à l'aveuglement idéologique de tous les politiques et, probablement plus grave, des officiers supérieurs eux-mêmes.

    Les bases élémentaires de la science de la guerre ont été ignorées. Un soldat n'est pas un policier. Une guerre doit avoir un objectif purement militaire et jamais politique. Quand l'objectif purement militaire a été atteint, les soldats doivent immédiatement disparaître, remplacés par le politique. Ces trois règles de base ont toutes été violées par les Alliés. Leur défaite est énorme. Une catastrophe pour l'Occident que nous allons payer par les cinquante ans à venir.

  17. Egypt’s Economic Crisis, éditorial du New York Times du 20 janvier 2012 (en local).

    L'éditorialiste du New York Times fait deux remarques particulièrement typiques de la position fausse des américains qui nous précipite toujours plus loin dans la catastrophe de civilisation que nous vivons.

    La première remarque est que le peuple égyptien est en train de sombrer dans une pauvreté à laquelle les conduit une attitude politique irresponsable induite manifestement par des efforts stratégiques des Etats-Unis. Une fois de plus, nous ne voulons pas nous poser en défenseur du régime du général Moubarak. Mais, il avait le mérite de placer le pays dans un objectif de développement, avec l'appui des nations occidentales. Il a manifestement été "lâché" comme ses confrères, Ben Ali ou El Assad, Kadahfi posant un autre problème. Et il a probablement été lâché par nos parangons de démocratie au prétexte probablement que son clan s'enrichissait au delà d'une limite raisonnable. Mais, le système démocratique qui règne est aussi capable d'éliminer toute contestation en l'accablant d'ant-démocratie ce qui le constitue en système totalitaire. De là, notre furie à entendre les parangons de la vertu de liberté tout faire pour qu'il n'y en ai aucune.

    La seconde remarque est à notre avis plus grave encore que la première. La première remarque nous a conduit à dépeindre la démocratie occidentale comme un système totalitaire. L'éditorial du New York Times, nous le montre maintenant en train de brader le système oppressif aux islamistes les plus brutaux. Citons l'éditorialiste lui-même :

    In a recent interview with Reuters news service, the leader of the Muslim Brotherhood’s economic committee, Ashraf Badr el-Din, suggested that the Brotherhood and other main parties are moving toward consensus on managing the economy. If true, that’s a good sign. ... Washington and its allies may not have much sway with the military rulers or the newly elected political leaders in the short term, but they have to build long-term relationships with all segments of civil society. Dans une entrevue récente avec le service des informations de Reuters, le dirigeant du Comité économique des Frères Musulmans, Ashraf Badr el-Din, a indiqué que les Frères Musulmans et les autres partis principaux se dirigent vers un consensus pour la gestion de l'économie. Si c'est vrai, c'est un bon signe. ... Washington et ses alliés ne doivent pas balloter entre le pouvoir militaire en place et les dirigeants politiques nouvellement élus dans le court terme, mais ils doivent bâtir des relations de long terme avec tous les segments de la société civile.
    Tous les segments de la société civile ! L'éditorialiste pense évidemment à un seul d'entre eux : les islamistes extrêmistes. C'est clairement la stratégie de Washington depuis vingt ans maintenant rejointe par la stratégie de notre chef magnifique.

  18. Les raisons du malaise français en Afghanistan, par Renaud Girard dans Le Figaro du 22 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Girard, grand reporter au Figaro, écrit l'Histoire. Enfin, presque. Il rappelle trois choses qui semblent justes :

    1. Les américains ont envahis tous seuls l'Afghanistan et ils ont tromphé d'un seul coup en 2001.
    2. Grisés par leur succès, les Otaniens se sont laissés emportés par le rêve de l'établissement de la démocratie en Afghanistan. C'était un guêpier dans lequel les Américains ont consciemment enlisés leurs "alliés".
    3. Maintenant, Sarkozy qui hérite de l'affaire lancée par Chirac et Jospin, ne veut plus en entendre parler, parce que on se dirige droit vers un nouveau Dien Bien Phu à 3 mois de l'élection présidentielle. Heureusement que la troupe est seulement professionnelle ...
    Mais, pourtant, les rêves de démocratie totalitaire hantent Sarkozy, en Libye, en Egypte, en Syrie , ... Et en France, chiche !

  19. Islam, une police de la pensée socialiste, par Alain Gresh dans le blog du Monde Diplomatique du 18 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Gresh est un spécialiste de l'Islam qui aurait, selon Madame Fourest, apporté sa caution laïque et progressiste à un célèbre islamiste. Ainsi qu'on le sait, une loi aurait été récemment votée par le Parlement français qui interdirait que les assistantes maternelles - les fameuses nounous qui gardent les jeunes enfants pendant que leurs mères gagnent leur vie - soient voilées.

    Cette loi absolument ridicule si elle n'était pas une avanie infligé aux musulmanes qu'on fait pourtant tout pour attirer en France,est à peu près inapplicable sans dénonciation. C'est une loi inique. C'est semble t'il une opinion que partage plus ou moins Monsieur Gresh. Mais, son article est intéressant pour deux autres raisons.

    Tout d'abord, Monsieur Gresh nous apprend ce que nous imaginions tous plus ou moins que le parti socialiste n'est plus réellement un parti marxiste. Quand on sait que même le parti communiste français a abandonné la dictature du prolétariat, le PS pouvait abandonner un marxisme un peu trop voyant. Mais celà, Monsieur Gresh le regrette. Parce que tandis que la majorité socialiste du Sénat fait passer cette loi de neutralité religieuse chez les assistants maternels - il y aurait beaucoup d'ironie à faire sur les désignations de ce genre de loi - Monsieur Gresh lui cite Engels et Marx qui réclamaient que la vie privée reste privée. Que le Parti Socialiste redevienne donc marxiste !

    Ensuite et enfin, Monsieur Gresh note que :

    ... il y a un domaine dans lequel le PS se glorifie de son ancrage à gauche : celui de la laïcité. Et, le Sénat étant passé à gauche, il a décidé de s’en servir pour prouver ses convictions et pour s’attaquer une fois de plus au cléricalisme et à la calotte.
    C'est une opinion que nous avons souvent soutenue. La démocratie à la française est essentiellement et radicalement anticléricale et c'est la seule activité laïque qu'elle se reconnaît. Et Monsieur Gresh s'étonne que cet anticléricalisme se porte ... contre l'islam. C'est en effet un paradoxe, ou plutôt une incongruité qui montre la vacuité des esprits. Un manque certain de formation des socialistes d'aujourd'hui.

  20. Libye, année zéro, par Christophe Ayad, dans Le Monde du 25 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Ayad est reporter au Monde. Dans son article, il ne nous délivre pas la moindre information objective concernant l'affaire libyenne. Du même mouvement, il nous donne son opinion et prévient qu'il souhaite que la réalité s'adapte à son opinion. Est-ce toujours du journalisme ? Est-ce du journalisme d'opinion ou simplement l'opinion d'un journaliste ? Laissons celà et examinons les opinions de Monsieur Ayad. Il va simplement falloir se méfier que les éventuelles critiques à l'encontre de ses opinions ne mettent pas en cause le journaliste qui n'a aucun rôle dans l'article. C'est fatiguant, mais c'est comme çà.

    Monsieur Ayad tient absolument à ce que la Libye ne soit pas l'Irak. Mille kilomètres séparent les deux pays et la Libye ne subit à notre connaissance aucune occupation de troupes étrangères. L'Irak non plus, mais depuis moins d'un mois ... Pour le reste, on ne lit pas d'argument propre à distinguer les deux pays sous la plume de Monsieur Ayad. Sauf peut être son désir de mécontenter les "cassandre" qui annoncent le fiasco libyen que la délicatesse de Monsieur Ayad refuse d'envisager.

    Monsieur Ayad affirme plusieurs choses qui paraissent erronnées :

    1. La Libye est un pays homogène à la différence de l'Irak, nous dit-il. Nous en doutons d'autant plus qu'il admet que la Libye a une organisation tribale qui en soi est une cause essentielle d'inhomogénéité
    2. Les actuels "révolutionnaires" libyens seraient "fatigués" de vivre sans Constitution depuis quarante ans. Pourquoi quarante ans alors que que le régime kaddafiste s'est organisé sur une Proclamation constitutionnelle enregistrée à l'ONU en 1969 (source ici) et qui revendique une double base islamiste et socialiste.
    3. La mise en place d'un Etat moderne implique la confiscation de la violence légitime par l'Etat à travers sa police, nous dit Monsieur Ayad. Mais c'est exactement la définition de l'Etat totalitaire qui repose sur la légitimation de la violence par la police.
    4. Enfin, l'idée que "l'Etat moderne peut sortir des structures locales issues de la révolution" est une idée trotskyste qui n'a jamais été appliquée en dehors de la révolution. Si, une fois. Lors de l'avénement du Kampuchea démocratique. Deux millions de martyrs.
    Sur tous ces points, Monsieur Ayad semble se tromper.

  21. Cessons de voir en l'islam un ennemi !, par Esther Benbassa, dans Le Monde du 26 janvier 2012 (en local).

    Madame Benbassa est universitaire (sciences humaines) et sénateur écolo-radicale. Spécialiste de l'histoire juive, elle est connue pour son attachement aux liens forts qui unissent le judaïsme et l'islam. Et elle est une laïque radicale qui se déclare pour une laïcité à la Jaurès. Jaurès qui était en effet un tenant de la laïcité en anti-clérical qui faisait faire à sa fille sa communion à la Madeleine. Ce que l'on doit pouvoir tenir pour un exemple fondateur de la séparation laïque des sphères publique et privée.

    Madame Benbassa attribue les crispations de la société politique à l'encontre de l'islam, crispations qu'elle critique, à deux facteurs. Le premier facteur serait un héritage d'une Histoire sous laquelle, avant la loi de 1905, l'Eglise avait barre sur la politique et l'ignorance religieuse. Mais Madame Benbassa semble méconnaître que l'une des très rares interventions politiques de l'Eglise dans la politique en France s'est traduite par la mort d'un archevêque sur les barricades de 1848. On peut cependant reconnaître le rôle politique de l'Eglise lors de la première Restauration, de 1816 à 1830. Après, c'est le néant. Et il n'y a plus aucune trace même archéologique de cet épisode dans notre Histoire au XX° siècle.

    Le second facteur de Madame Benbassa serait l'ignorance des Français à l'égard des religions. Il s'agit d'une affirmation gratuite qui n'a rien à voir avec le débat. C'est toujours la même faribole selon laquelle ce serait l'ignorance qui génèrait la "peur de l'autre" et donc les menées politiques contre l'islam. Malheureusement, c'est une idée reçue. Et fausse. L'Islam, ce n'est pas la franc-maçonnerie. Il n'y a pas de secret. L'Islam est public et son histoire s'étale partout dans la sphère publique jusqu'à l'éoeurement, en violation de la "laïcité" qui elle est imposée au catholicisme.

    Enfin, Madame Benbassa rejette les tentations législatives contre l'avancée de l'extrêmisme islamiste. On la rejoint assez à ce sujet. Mais, elle pense que :

    Seul le dur et exigeant combat contre la pauvreté, la relégation, la discrimination aurait le pouvoir d'enrayer les extrémismes avec lesquels on nous fait peur.
    On ne peut avoir une idée plus fausse de l'extrêmisme. Il n'est absolument pas le produit de la pauvreté, de le relégation ou de la discrimination. La musulmane licenciée pour port du voile dans une crèche publique n'était ni discriminée, ni reléguée, ni pauvre. Elle était la directrice adjointe de la crèche, salariée depuis 11 ans ! Elle n'était pas non plus nécessairement une extrêmiste.

  22. 1.3 - Sur quelques faits politiques dans le monde

    Dans ce fourre-tout, on notera le seul article qui dépasse du lot complet d'opinions de ce mois. Il s'agit de l'entrevue d'un journaliste du Monde avec un journaliste américain, Ian Buruma. Ebouriffant.

  23. Manifeste pour une Europe plus démocratique, par Damien Abad, député européen dans Le Monde du 28 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Abad n'est pas l'auteur de ce texte. Il est simplement le premier de la liste d'un nombre indéterminé de signataires d'une sorte d'appel ou de manifeste, on ne sait, manifestement "tambouillé" sur le modèle de l'agit-prop' des années 50 par le club Terra Nova, qui appartient à la nébuleuse du Parti Socialiste.

    Le texte est d'une indigence rare ce qui permet de le faire signer par n'importe qui. On est attristé de trouver le nom d'un scientifique réputé parmi ces signataires. Bien. Tout les gens intelligents ont bien le droit de faire relâche de temps en temps ...

    De quoi s'agit-il ? Faire un pas de plus, le plus vite possible à cause de la "crise", vers l'imposition d'une fédération européenne pour ceux qui le voudraient. Et ce pas de plus, c'est, pour ceux qui le voudraient, celui d'une gouvernance de la zone euro qui "ait l'ambition d'une convergence fiscale". Voila le coeur de la démocratie : l'augmentation de la fiscalité.

    Bonsoir Messieurs. Ah ! Un dernier mot.

    Une chose que les braves gens qui signent ne semblent pas avoir lue, c'est que le surplus de démocratie revendiqué, ce n'est pas pour le peuple souverain, les pauvres types comme vous et moi. Non, c'est essentiellement plus de pouvoir pour la classe dirigeante : élus, hauts fonctionnaires du fisc, membres des gouvernements. Aucun des actes que le texte de l'appel préconise ne réclame l'intervention d'un seul citoyen. Seulement de la gouvernance, de la police, de la contrainte, du contrôle. Voilà l'idéal de la démocratie européiste. Non merci.

  24. "Le modèle chinois ébranle les certitudes américaines", entrevue de Ian Buruma par Sylvain Cypel dans Le Monde du 7 janvier 2012 (en local).

    Ian Buruma est professeur de démocratie, droits de l'homme et journalisme à l'université Bard. Quand le journaliste du Monde lui demande "Vous êtes progressiste et un produit typique du multiculturalisme. ", il répond froidement : "Je ne suis pas "progressiste". C'est ce pays tellement conservateur que sont les Etats-Unis qui m'a beaucoup poussé à gauche ! Je l'étais moins en Europe et en Asie. Je n'ai jamais admis les complaisances de gens de gauche pour toutes sortes de potentats sous le prétexte d'accepter les différences. Et je suis opposé à l'idéologie du multiculturalisme.".

    Sur la Chine et la perception de son succès économique, Buruma déclare quelque chose d'intéressant : "Ce mélange chinois réussi de capitalisme et d'Etat fort est plus qu'une remise en cause, il est perçu comme une menace.". Ce qui menace le plus les Etats-Unis, ce n'est pas seulement le succès économique, les Etats-Unis restant pour un bon moment loin devant. C'est le fait que l'idéologie dictatoriale de la Chine fonctionne très bien alors que celui des Etats-Unis est celui de la liberté sans frein.

    Répondant à une question du journaliste illustrant le cliché de la religion comme ennemie de la démocratie, Buruma répond frontalement : "Il n'y a aucune raison pour que les musulmans ne puissent accéder à la démocratie tout en préservant leur religion. ".

    A la Revue THOMAS, nous ne disons pas autre chose ...

  25. Attentat du 6 avril 1994 : la vérité contre le négationnisme du génocide du Rwanda, par Benjamin Abtan, dans Le Monde du 18 janvier 2012 (en local);

    Benjamin Abtan est le responsable d'une ONG antiraciste. Après une rapide recherche, monsieur Atlan n'est pas facilement identifiable sur le Net. Son ONG l'est mieux. Il s'agit de l'une de ces ONG que créent par myriades les poids lourds du charity business. Ici, il s'agit de SOS Racisme, elle-même filiale du Parti Socialiste français. Selon SOS Racisme, Monsieur Atlan serait ou aurait été membre de son comité directeur. L'ONG de Monsieur Abtan serait de création récente (septembre 2011 ?). C'est dire toutes les préventions qu'on peut avoir à l'encontre de l'opinion de M. Abtan.

    Cependant, il est indéniable que le juge Bruguière avait rendu un avis mettant en cause le parti de M. Kagamé, à la fois dans l'assassinat du président Habyarimana et dans le génocide des Tutsis par les Hutus. De même, il est indéniable que deux juges français viennent de jeter le doute sur la responsabilité Tutsi dans l'assassinat de Habyarimana. Monsieur Abtan met en cause aussi une autre enquête, journalistique celle-là, de Monsieur Péan qui renforçait la thèse du juge Bruguière.

    Monsieur Abtan nous semble, cependant, aller un peu vite en besogne en acusant déjà n'importe qui de "négationisme" alors qu'on ne sait pas tout des circonstances du massacre général au Rwanda en 1994. Pourquoi cette hâte et ces certitudes haineuses ? Veut-il faire taire certaines personnes ? Pourquoi ?

  26. Attentat de Kigali: “la vérité a gagné”?, par Filip Reyntjens dans Le Monde du 31 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Filip Reyntjens semble être un auteur qui a fait des recherches et des livres sur le génocide rwandais. Il réagit tardivement à des articles, comme celui de Monsieur Abtan qui exploitaient avec fougue un "rapport des juges Trévidic et Pouc sur l'assassinat du président rwandais en 1993. Monsieur Reyntjen les appelle à la prudence. Il accuse ses confrères plus rapides que lui de ne pas avoir attendu de connaître le rapport, mais seulement ce qu'en ont dit les avocats de l'une des parties. C'est probablement le travers dans lequel est tombé, notamment Monsieur Abtan, à moins qu'il ne soit lui-même adhérent de l'une des parties, ce qui semblait se déduire de son emportement dans la cause.

    Monsieur Reyntjens analyse les deux questions traitées par le rapport Trévidic et Poux : le lieu du tir de missile sur l'avion du Président rwandais et l'identification du missile qui a descendu l'appareil. Et Monsieur Reyntjens déclare :

    Ces quelques constats montrent simplement que ceux qui ont affirmé qu'avec le rapport d'expertise, "la vérité est connue" aiment les histoires simples. Même si je pense toujours que les faisceaux d'indications désignent plutôt le FPR que les FAR comme auteur de l'attentat, je ne prétends pas connaître la vérité.
    Compliqué, non ?

2 - Economies et crises

Enormément de papiers traitent de la crise économique. Il semble qu'elle soit surtout et de plus en plus européenne. Et en Europe, cette crise est de plus en plus française. Après la dénonciation de la dette, et essentiellement de la dette étatique, dite aussi "dette souveraine", on en est venu à désigner la balance des paiements. Et à mettre en cause le défaut de compétitivité entre la partie Nord et la partie Sud de l'Europie. On a vaguement débattu de la "ré-industrialisation" de la France. Pour conclure que çà ne marcherait pas.

Et certains se demandent toujours sur quelle base les effrayés se fondent pour trouver une crise. Allez savoir ... D'autant que de nombreux économistes se comportent comme de vulgaires activistes politiques en exigeant par tous les moyens qui une "gouvernance" unique européiste qui un Etat fédéral européiste. On notera que l'un de ces activistes est le seul à avoir utilisé un peu de science économique. Il préconise de faire de l'inflation et d'exiger que la BCE fasse son métier en rachetant de la dette souveraine. Il s'agit du prix Nobel Paul Krugman.

  1. "Acheter français" : du charlatanisme en économie, par Jean-Luc Gaffard et autres dans Le Monde du 9 janvier 2012 (en local).

    Les auteurs sont des économistes résolument socialistes. Dans la meilleure tradition du capital socialisme ambiant, ils se livrent à une glorification des règles du libéralisme le plus acharné. Et pour eux, ce qui a apporté la moitié de la crise économique, la règle du toujours moins cher grâce à la concurrence pour "favoriser" la consommation, serait violée par le charlatisme du "acheter français".

    Or, ce que les trente dernières années ont démontré de la règle de la concurrence du "toujours moins cher", ce sont ses deux effets pervers.

    1. L'élimination par faillite ou par sortie du métier des principaux opérateurs du marché.

      Par exemple, il y a vingt ans, une quinzaine de fabricants français agissaient sur le marché du micro-ordinateur. La plupart (sauf l'étatique Bull) vivaient bien et leurs clients étaient satisfaits de leurs produits. Les prix ont baissé. Aucun n'a pu suivre et seuls quelques camps de prisonniers en Asie produisent encore des micro-ordinateurs à très bas prix. Même IBM est sorti du marché.

    2. La réduction du revenu du consommateur.

      Lorsque les prix de vente baissent, la part disponible pour rénumérer le travail diminue. Les actionnaires des firmes qui décident de la baisse des prix voient leurs dividendes monter. Puis, les salariés voient fondre leurs salaires, les dividendes des actionnaires suivent inéluctablement. Enfin, le chômage annule les espoirs des salariés qui sont les consommateurs.

    On ne dira jamais assez que c'est là, avec la dette, les deux causes de la décadence économique de la France. Voilà ce que les savants auteurs, tous payés par Sciences Po', appellent du charlatisme : la défense des consommateurs qui sont d'abord des producteurs salariés.

    Maintenant, on peut effectivement tenir le "acheter français" comme un slogan vide de sens et sa récitation en boucle comme du charlatanisme. Mais la ré-industrialisation est quelque chose de bien différent du "acheter français". La ré-industrialisation exige aussi une reprise en main de la distribution des produits par l'industrie. Sinon, le marchand n'aura jamais intérêt à "vendre français". Et comment "acheter français" si le vendeur n'est pas "français" ? Nous savons comment faire ...

  2. Associer l'innovation à la réindustrialisation, Par E.D. Carosella dans Le Monde du 9 janvier 2012 (en local).

    Dans cette opinion, l'auteur soutient que la réindustrialisation pourrait bénéficier de la coopération entre la recherche d'Etat et l'initiative privée, la première apportant les techniques nouvelles, la seconde les industrialisant. L'auteur déplore à nouveau la séparation entre la recherche qui est le fait des universités et l'industriel qui est le fait des grandes écoles. Il y voit là une cause de problèmes économiques qui bloquent la valorisation de la recherche publique.

    Malheureusement, on ne peut suivre très loin cette opinion. Parce qu'il existe en France une chose étonnante par rapport aux pays étrangers. Les universitaires français sont essentiellement des enseignants. Et un enseignant doit avoir en France un état d'esprit particulier. Il doit avoir une attitude professorale, c'est-à-dire que ce qu'il dit à ses étudiants ne doit pas être contesté, et ce qu'il dit est ce qui le fait vivre.

    Cette attitude apparaît très clairement dans la position de l'enseignant qui tente de mettre en application industrielle ses idées. Pour lui, la mise en pratique est une vague broutille. Absolument enthousiaste quand il s'agit de rédiger des dossiers pour mettre en valeur l'incontestabilité de ses idées, il l'est beucoup moins quand il s'agit de passer en production parce que la réalité industrielle conteste toujours le savoir du professeur. Et après elle, c'est au tour de la réalité commerciale, et d'autres encore. Trop de contestataires ... Cependant, parfois, çà marche ou bien parce qu'il se trouve, qu'en plus de son état de prof', l'enseignant est réellement un ingénieur, ou bien et c'est le plus fréquent, il est parvenu à s'entendre avec un industriel qui accepte de "jouer" à l'étudiant prolongé pour ensuite faire ce qui lui plait.

    Mais en France, l'universitaire subit un deuxième handicap.Il a conscience qu'il est un représentant de l'autorité de l'Etat. Et il est persuadé qu'il décide lui-même des applications de ses idées. C'est ce que Carosella définit ainsi : "La dynamique d'une politique de valorisation est centrée sur un marché capable de proposer des produits innovants soit par leur originalité, soit par l'amélioration ou le perfectionnement d'outils existants. Cette approche est en quelque sorte en contradiction avec celle de la recherche publique qui consiste à envisager quelles utilisations peuvent découler d'un nouveau savoir.".

    La formulation est un peu difficile, mais l'essentiel s'y trouve. A notre avis, l'économie génère le besoin d'une innovation quand l'université génère un nouveau savoir. Les deux mouvements ne se rencontrent jamais. La réindustrialisation sur cette base est bien mal partie si on met l'université devant.

    Il y a quelques jours, un Journal Télévisé présentait un sujet sur un économiseur de carburant pour moteur à explosions. Quatre frères, mécaniciens auto, ayant un garage et une clientèle industrielle, se sont posé un problème théorique. Comment fluidifier le carburant pour éviter qu'il ne s'en brûle trop pour une quantité donnée d'air ? Ils ont fait une hypothèse : "si on casse les molécules ou les ponts entre elles, le carburant sera plus fluide". Ils ont mis au point un principe utilisant de forts champs magnétiques. Les quatre frères ont ensuite conçu un module de fluidification qu'ils introduisent dans l'alimentation en carburant. Ils vendent et montent ce produit. Voilà exactement ce qu'il faut faire. Si on avait attendu qu'un universitaire découvre que le fort magnétisme coupe des molécules, il n'aurait jamais senti le besoin du marché ni réalisé un appareil de grande diffusion. Chacun doit rester à sa place, les industriels dans leurs ateliers, les universitaires dans leurs amphis de cours et leurs manuels pour étudiants. Le tout c'est qu'ils se rencontrent ... autant que de besoin, mais pas plus !

  3. La règle d'or, cette blague de potache, par Paul Jorion, dans Le Monde du 9 janvier 2012 (en local

    Monsieur Jorion est un auteur complexe. Economiste, ce qui ne dit déjà pas grand chose, il est aussi anthropologe, ce qui ne fait qu'accroître la perplexité. Il publie un blog qui paraît fort achalandé.

    Son article crève une baudruche de plus dans les déclarations européistes. "Une blague de potache", dit Jorion à son sujet. La blague de potache, la baudruche, est la "fameuse" règle d'or du traité de Maesticht qui se récite en :

    Du PIB de l'Etat, tu ne feras pas
    de déficit de plus de 3%
    ni de dette cumulée de plus de 60%.
    Monsieur Jorion se demande pourquoi ne pas faire simple en disant que l'Etat est déficitaire quand les dépenses dépassent les recettes et bénéficiaire dans la situation inverse.

    Monsieur Jorion nous parle alors d'un véritable attentat contre la monnaie et la démocratie. Mais il n'identifie ni le criminel ni le crime. Pourrait-il - s'il te plait Monsieur - nous expliquer pourquoi la référence au PIB est une galéjade ? Si on voulait répondre à sa place, on aimerait risquer que les hautes personnalités qui ont discuté et rédigé le Traité final de l'Europe n'ont pas osé écrire que les Etats membres avaient le droit d'être déficitaires ...

    Maintenant, le PIB est véritablement une invention sans intérêt économique. A peu près comme la température moyenne globale en climatologie ! Et il y a double galéjade sur la règle du déficit et sur le PIB.

  4. La lutte des classes moyennes, par Nicolas Baverez, dans Le Monde du 9 janvier 2011 (en local).

    Monsieur Baverez se lance dans un véritable péan de gloire à la mondialisation. Ce qui lui permet d'opposer le triomphalisme des classes moyennes du Tiers-Monde que la mondialisation a enrichie au pessimisme des classes moyennes du vieil Occident qu'elle a ruiné. Monsieur Baverez devrait éviter de faire ses observations économiques depuis le bar du Sofitel de New York.

    Les classes moyennes de l'Occident ont bien été ruinées par la mondialisation et avec elles les ouvriers et les paysans. Mais les classes moyennes, les ouvriers et les paysans du Tiers-Monde n'ont pas acquis les richesses que Baverez nous chante. Ce sont les cadres du Parti Communiste chinois qui raflent la mise et une classe de quelques milliers de millionnaires en Inde ou en Russie. Tout le reste reste dans la misère.

    Parler de régime autocratique au sujet de la Russie est simplement un déni de réalité. Mais Baverez recevra le fruit de sa calomnie dans la reconnaissance que lui doivent les puissants qui nous dirigent.

  5. "L'Oligarchie des incapables", de Sophie Coignard et Romain Gubert , par Patrick Jarreau dans Le Monde du 10.01.2012 (en local).

    Il ne s'agit pas d'une opinion économique, mais de la recension d'un pamphlet contre les "élites" républicaines. Deux choses sont intéressantes dans cette recension d'un livre que je n'ai pas lu et que je n'ai pas l'intention de lire.

    1. D'abord, le système économique français est vu par des journalistes d'obédience socialiste comme une copie de l'Union soviétique. Maurice Druon nous voyait, il y a presque dix ans, aux ordres d'un cadavre. Il n'avait donc pas tant tort. Maintenant, ce que Monsieur Jarreau nous apprend des raisons pour lesquelles Madame Coignard nous voit comme des esclaves de vieux soviétiques est des plus limité. Selon elle, au lieu de former des serviteurs de l'Etat - cliché lamentable qui va avec les hussards de la république et les forces de l'ordre - l'ENA formerait, ô horreur absolue ..., des chefs d'entreprise capitaliste !
    2. Monsieur Jarreau, qui sait qu'il est un journaliste réputé, pour éviter de "brûler" son carnet d'adresses, fait une réserve : "ils" ne sont pas tous comme çà ... . Cette réserve est un coup de poignard dans la présentation de Madame Coignard.
    Ou alors Madame Coignard ne serait pas allée bien loin dans ses recherches. Il vaut mieux se reporter à Druon.

  6. Le partage du travail n'est plus tabou à droite, par Philippe Bas, Sénateur, dans Le Monde du 10.01.2012 (en local).

    Quel titre calamiteux ! Bon.

    L'idée du sénateur Bas est que vaut mieux un peu de travail payé que beaucoup de chômage pas payé. D'où l'idée lumineuse qui ressort du bon vieux calva que l'on déguste chez le sénateur, dans la Manche ! "Mais c'est bien sûr !". On partage le travail. Ainsi, la femme de ménage au chômage enseignera quelques heures de physique quantique à Normale Sup' et le terrassier en disponibilité ira dorloter les bébés dans les crèches.

    C'est exactement une idée soviétique. Le sous-directeur à l'habillement constate qu'il y aura besoin de 50 millions de paires de chaussures. Il lancera donc la fabrication de la taille moyenne - du 39 - pour cinquante millions d'exemplaires. Le sous-directeur du plan à l'emploi constate qu'il a besoin de 100 millions d'heures de travail ? Eh bien il réduit de 100 millions d'heures de travail dans le matériel humain de production et il injecte 100 millions d'heures sur le matériel humain au chômage !

    Et tout le monde sait que çà ne marche pas. De telles idées augurent d'une catastrophe supplémentaire. Mais, en politique de décadence, ce sont les idées fausses qui sont les meilleures ! On ne serait pas en décadence sinon.

    Monsieur le Sénateur nous dit :

    Les vraies causes du chômage de longue durée sont connues : absence d'emplois adaptés à un public peu qualifié, ...
    Mais c'est faux. Les écoles d'ingénieurs notent, parmi leurs anciens élèves, des périodes de chômage qui dépassent les deux ans. Les docteurs ès sciences sont sous-employés après des années à traîner dans des petits boulots. Il n'y a justement plus assez d'emplois qualifiés et nous avons formés trop de travailleurs diplômés pour ce que nous sommes capables de payer !

    Et pourquoi, Monsieur le Sénateur ? Mais, parce que nous avons accepté de baisser les prix des produits. Nous ne pouvons plus payer d'emplois qualifiés, parce que les recettes du commerce ne le permettent plus. Un ingénieur qui coûte 5.000 euros mensuels ne produit plus assez de chiffre d'affaire pour couvrir son salaire. D'autant plus que, dans la filiale que son employeur a ouvert en Inde, son collègue coûte 500 euros !

    Allez, tiens ! Je préfère m'en tenir là ...

  7. D'une grande crise à l'autre : quelles ruptures politiques ? par Bernard Gazier, professeur de sciences économiques à l'université Paris-I, dans Le Monde du 11.01.12 (en local)

    Monsieur Gazier tient absolument à nous expliquer que tout est déjà connu par la crise de 29. Il a sûrement raison puisqu'il est professeur et, qu'en France c'est la meilleure raison pour avoir raison. Mais, il affirme des choses bien idéologiques, la séparation de trois crises distinctes, séparation qui fait penser à l'analyse linéaire, par exemple. On peut imaginer que le caractère cyclique, démontré c'est sûr, de l'économie l'encourage à affirmer le précédent de 29. Je n'ai rien contre. Même quand il dit que la France est sortie de la crise de 29 par l'espérance du Front Populaire. Et que la crise de 29 n'a pas frappé l'Union soviétique ...

    Mais pourquoi demande t'il pour commencer son article :

    L'alternative à gauche qui se dessine en France verra-t-elle le jour ?
    La réponse serait elle à la fin de son article ?
    Se dessine en fait un renouvellement des bases de la démocratie et de la liberté réelle.

    Nouveau régime de croissance respectueux de l'environnement, recherche de l'emploi durable et de qualité d'un côté, et aussi action internationale de l'autre : construction d'une Europe coordonnant ses politiques ...
    Ah bon ? Je croyais que le professeur avait raison. Il rêvait seulement, le front penché sur son Histoire du Front Populaire ... Dormez bien Monsieur le Professeur. Savez-vous que la gauche n'a jamais vraiment quitté le pouvoir ?

  8. 2012 Comment sauver l'emploi sans croissance ?, par Anne Rodier, dans Le Monde du 16 janvier 2012 (en local).

    Les erreurs économiques se donnent libres cours. L'emploi, lorsqu'on en parle en termes globaux, n'existe pas. Il existe par contre deux types d'emploi : l'emploi productif dont l'augmentation produit la croissance et l'emploi de service dont le déclin est provoqué par la baisse de la croissance. Si donc vous augmentez l'emploi de service, vous acccélérez artificiellement la récession. Inversement, si vous réduisez les conditions d'accroissement de l'emploi productif, alors vous tuez définitivement toute chance de croissance. Le problème, c'est que les économistes "main stream" nient qu'il existerait plusiers types d'emploi. L'emploi, selon eux, est seulement le lieu d'une redistribution des largesses du "dieu" Economie. Du coup, s'il y a croissance, vous avez plus à redistribuer. Et alors pourquoi pas aux salariés ? C'est faux, mais dit avec l'assurance d'un de Boissieu ou d'un Cohen, çà marche à tous les coups.

    Madame Rodier est une très bonne personne dont il est hors de question de mettre en doute les compétences, ce dont d'ailleurs elle se moque éperdument puisqu'elle est journaliste. Aussi, ce sont les économistes de la ligne du Parti qui le lui disent :

    ... comme le volume de production ne change pas, c'est le revenu qui devrait être partagé, explique Gérard Cornilleau, économiste à l'OFCE. En d'autres termes, il s'agirait de moduler la durée et la rémunération du travail par deux voies possibles : soit de façon organisée et réversible, selon la conjoncture, au niveau de l'entreprise, ou encore mutualisé au niveau national en recourant au temps partiel, au chômage partiel, aux RTT, ou aux baisses de salaires ; soit en laissant faire le marché..."

    Or, ce partage ne fonctionne jamais pour une raison très simple. C'est qu'une fois la richesse dans les mains de quelqu'un, il ne la redistribue pas, à moins qu'il n'y soit contraint. Et comme en France, celui qui possède détient aussi la police, il n'a strictement jamais redistribué quoique ce soit. Au contraire.

    Depuis trente ans, l'Etat s'est échiné à confisquer toute la richesse qui passait à sa portée et seules les entreprises qui avaient atteint une taille suffisante ont pu s'exfiltrer. Les économistes de l'Etat nous préviennent simplement que nous ne tenons plus notre pitance que de la bonté de notre maître, ou qu'il nous la distribue sous formes d'allocations sociales ou qu'il nous abandonne quelques bribes de ce que notre activité aura pu produire. Selon la conjoncture, nous prévient le "sachant" de l'OFCE.

  9. "Il serait suicidaire de prendre les marchés pour unique boussole !", interview de Elie Cohen par Dominique Nora, dans le Nouvel Obs' du 16 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Cohen définit deux échecs de la politique sarkoziste :

    1. La baisse des impôts est LA cause de la dégradation de la note de la France ; et
    2. La croyance en la stabilité financière apportée par l'euro

    Monsieur Cohen établit un état idéal des finances publics : l'équilibre budgétaire qui doit obligatoirement être retrouvé. Et il donne deux moyens de contrôle :

    1. le taux d'imposition ;
    2. le niveau des dépenses.
    Hélas, je ne suis pas sûr que Monsieur Sarkozy pensa différemment. Autrement dit, donnez le pouvoir à Monsieur Cohen et il fera exactement le même déficit que Monsieur Sarkozy. Le résultat de Jospin qu'il invoque n'a rien à voir avec les deux moyens de contrôle prônés par Cohen.

  10. Zone euro : la fuite dans l'endettement ou comment aggraver la crise en prétendant la résoudre , par André Grjebine, dans Le Monde du 17 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Grjebine est un disciple de Keynes. Pardon. Un disciple de la théorie keynésienne. C'est-à-dire qu'il voue aux gémonies tous ceux qui n'appliquent pas cette théorie avec la rigueur d'un bon élève d'un aussi redoutable professeur que Monsieur Grjebine. Autant dire qu'aucun gouvernement, invoqua t'il Keynes, ne trouve grâce à ses yeux.

    Comme d'habitude quand je lis de savants professeurs de l'Université française, la-meilleure-du-monde, je n'ai pas tout compris. Alors, je fais comme il ne faut jamais faire. J'extraie des bribes de choses qui, d'un seul coup, me semblent avoir été écrites en bon français au milieu d'un discours polyglotte auquel je ne comprends goutte.

    Monsieur Grjebine pense que les Allemands sont effrayés d'un retour de l'hyperinflation qui leur fit tant de mal, puisque la pensée politiquement correcte affirme que c'est la cause de la montée de l'hitlérisme. Ce gangstérisme n'est toujours pas revenu d'avoir été trouvé si savant. Et il semble que Monsieur Grjebine pense qu'un peu d'hyperinflation ne nous ferait pas de mal. Au passage, il laisse traîner l'idée qu'il existerait un "climat récessionniste actuel". C'est vague. Mais c'est déjà un effort quand on pense que la France est certainement en récession et que on peut penser que l'Allemagne n'en est pas si éloignée que celà

    Monsieur Grjebine est un convaincu. Sinon, il n'aurait pas le droit décrire dans Le Monde. Alors il écrit :

    Les déséquilibres ne pourront être résolus que si les pays structurellement excédentaires se résolvent enfin à soutenir la croissance de l'ensemble de l'Union européenne. La progression vers un Etat fédéral s'avère, elle aussi, indispensable.
    En fait, la crise est probablement créée volontairement de façon à contraindre les Etats à abandonner leurs souveraineté dans un système fédéral entièrement entre les mains de l'Allemagne. Comme le disaient, les collaborationnistes, "autant être avec le plus fort, non ? Et puis, ceux qui sont contre, la guerre, ils avaient qu'à la gagner !"

  11. Puisque le tabou du triple A est brisé, profitons-en pour repenser l'Etat, par Maurice Lévy, dans Le Monde du 17 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Lévy a souvent des idées brillantes. Il y a peu il avait écrit que les patrons français étaient trop riches pour garder leur fortune. IL a donc animé un mouvement charitable pour donner de l'argent à l'administration française qi, d'habitude, joue plutôt les terreurs et qui, dans ce contre-emploi, a préféré plongé du nez devant l'insulte.

    Alors que l'Etat, c'est eux, Monsieur Lévy qui, décidément, leur en veut, propose de "repenser l'Etat". "Comment çà", répliquent épouvantés les fonctionnaires. "Sans nous ? Mais alors à quoi on sert ?".

    Monsieur Lévy constate, après S&P, que la France a perdu sa compétivité. Il propose que cette compétitivité soit regagnée à la fois par le privé et par les services publics qui tous deux, participent à cette compétitivité. Monsieur Lévy semble un peu naïf, parce que les fonctionnaires ont une autre appréciation de la chose. Pour eux, les entreprises privées gagnent de l'argent et les services publics le sont parce qu'ils le leur reprennent. Et Monsieur Lévy qui commet la bourde de croire que les services publics sont des services au public. Mais non, pas du tout, ce sont les services de l'Etat. Il n'y a rien d'autre à en dire.

    Naïf, Monsieur Lévy ? On le voit maîtriser un petit sourire, Monsieur Lévy. Il n'est pas dupe de sa proposition. N'écrit-il pas perfidement :

    Tous les secteurs économiques ont besoin de l'excellence dans le service public et en même temps de l'efficience dans les coûts : car par le biais des prélèvements un Etat cher pèse inéluctablement sur la compétitivité de ses entreprises.
    L'excellence ! L'excellence a été atteinte définitivement pas les services de l'Etat quand ils sont parvenus à la fin des années 70, Giscard regnante, à prélever plus de 50% de la richesse nationale. Et c'est Giscard d'Estaing qui l'a écrit lui-même dans La démocratie française Toujours est-il que la remarque de Monsieur Lévy est plus que corrosive.

    Monsieur Lévy conclut en enfonçant le clou. Il avait évoqué le rôle des entreprises privées. Il en a été très peu question pourtant. Et sa conclusion est encore plus simple :

    Aujourd'hui il est possible d'agir. Pourquoi ? Parce que le tabou brisé par la perte du triple A doit nous encourager à briser un deuxième tabou, celui que ressent notre pays, gauche et droite confondues quand il est question de repenser l'Etat et les dépenses publiques.
    Je pense :
    1. qu'il s'agit d'un voeu pieux parce que les tabous cités par Monsieur Lévy. L'incontestabilité de l'Etat est un principe républicain de base. Les Vendéens en sont morts pour ne pas l'avoir compris. Sans ce dogme, deux siècles de république totalitaire seffondre d'un seul coup. On n'est pas contre. Je ne suis pas sûr que ce soit le point de vue de Monsieur Lévy ...
    2. La réforme des dépenses publiques est impossible avant la faillite. Il faudra une cessation de paiement, étendue et prolongée, pour nécessiter une telle réforme. Parce que l'augmentation continue de la dépense publique est la seule solution pour le maintien de la République. Toute révolution qui n'avance pas s'effondre. La notre, lancée en 1789, n'échappe pas à la règle. Elle est même probablement l'exemple le plus long de l'histoire des entêtements coupables.
    Que l'on nous comprenne bien. Nous ne sommes pas, tant s'en faut, des ennemis du système républicain. Mais le système français, on connaît. Non merci. Une république où le président se prend pour le roi le soir de son élection, vous savez ...

  12. Quelle ambition industrielle pour l'Europe ?, par Philippe Camus, in Fondation Robert Schuman, Policy Paper, du 16 janvier 2012, (en local).

    Monsieur Camus est le P-DG du groupe industriel de télécommunications Alcatel-Lucent. Normalien, agrégé de Physique, Sciences Po', c'est une des têtes pensantes du patronat français. Bien. Il est aussi l'un des initiateurs, sinon l'initiateur de l'affaire Clearstream ... Passons.

    Monsieur Camus est un européen convaincu. C'est son droit. Il est aussi un industriel passionné. Il a bien raison de l'être. Mais sa vie est difficile depuis qu'il a lu :

    ... l’article 173 du traité de Lisbonne qui stipule que « L’Union et les Etats Membres veillent à ce que les conditions nécessaires à la compétitivité de l’industrie de l’Union soient assurées ».
    Et, en ce début de 2012, il lui apparaît clairement depuis quelques temps que ces conditions, l'Union et les Etats membres s'en "tamponnent" ... Amère, il constate :
    L’ambition industrielle de l’Europe n’est certainement pas au centre de l’action de la Commission ou des gouvernements européens.
    Mais, Monsieur Camus n'est pas du genre à s'en laisser conter et il a examiné les raisons :
    Les raisons sont bien connues. L’Union européenne repose sur l’ouverture des marchés et de la concurrence. Toute politique industrielle active qui passerait par une action publique a bien du mal à trouver sa place dans les institutions européennes. La politique industrielle est perçue comme synonyme d’aide aux « canards boiteux » ou comme une entrave à la concurrence et au libre jeu du marché.
    Ce n'est pas mal vu, tant s'en faut. Mais, il y a un autre point à souligner que Monsieur Camus a d'ailleurs déjà vu dès sa constatation du poids de l'industrie en Europie :
    Si l’on ajoute à cela l’effet d’entrainement de l’industrie sur les services, on peut raisonnablement penser que l’industrie est actuellement le moteur économique et social de l’Europe.
    La croyance dans les services ! Voilà ce qui a entraîné la bizarre doctrine des européistes. Au Tiers-monde l'industrie et ses cheminées d'usines malpropres. Au Tiers-monde, ces cohortes d'ouvriers et de techniciens mal habillés, grossiers et revendicards. Mais, à l'Europe les services aux entreprises, dans la recherche, la finance, le commerce, la promotion et la publicité, avec de belles filles bien maquillées, des bureaux spacieux et resemblant à des boudoirs, calmes et pleins des senteurs capiteuses des blondes et des fleurs.

    Ne nous égarons pas, d'autant que c'est très loin de la voie de Monsieur Camus. Monsieur Camus est un esprit positif. L'Europe nous a planté dans notre ambition industrielle ? Qu'à celà ne tienne ? Condamnons les égoïsmes nationaux et, tous ensemble, (oui comme un vulgaire cégétiste en manif un beau mois de mai) tous ensemble, nous allons avoir une ambition industrielle. Vous savez un peu le "J'ai fais un rêve" de MLK ....

    Monsieur Camus est un peu plus réaliste que celà, mais guère. Il veut d'abord identifier des secteurs industriels pertinents - le vieux truc du Gosplan, éculé et qui ne marche pas si l'on ne ponctionne par la dépense publique. Ensuite, il veut que l'Europe industrielle agisse de façon proactive et intégrée. C'est beau, mais un peu obscur. Tout ce que l'on comprend, c'est que celà passe par des décisions au sommet bruxellois qui redescendraient comme une pluie bienfaitrice sur les petites entreprises européennes. Entendons nous, pas la petite PME, horreur. Non, les petites entreprises européennes à partir de 78.500 salariés dont les deux tiers en Inde. Tiens au fait, c'est Alcatel ... Je plaisante. Allez, au revoir, Monsieur Camus.

  13. Sortie de l'euro. Experts ou bien officines idéologiques, par Roland Hureaux, dans Valeurs Actuelles du 26 janvier 2012 (en local)

    Monsieur Hureaux est un haut fonctionnaire, ancien élu. C'est un chrétien libéral, essayiste que la situation actuelle remplit de consternation. Il le fait savoir sur son blog et dans un ouvrage récent La grande démolition : La France cassée par les réformes.

    Dans le présent article, Monsieur Hureaux réagit à un "rapport" de l'Institut Montaigne qui conclut à une catastrophe annoncée si d'aventure l'euro prenait fin. Monsieur Hureaux n'admet aucune des raisons énoncées dans le rapport et déplore que ce dernier soit une simple reprise des arguments ressassés par les adorateurs de la monnaie unique. Au contraire, il montre que la sortie de l'euro ne conduirait par nécessairement à une catastrophe et que même on peut raisonablement en attendre des effets bénéfiques notamment sur les exportations.

    Il conclut sur une critique féroce des prétendus clubs de réflexion, dénommés "think-tanks" :

    Il faut donc bien se dire que là où on croyait trouver la science, on ne trouve que l’idéologie, là où on croyait trouver un vrai débat, on ne trouve que l’intolérance.

  14. «Les options pour restaurer la compétitivité sont maigres», entrevue avec Jean Tirole dans Le Figaro du 29 janvier 2012 (en local

    Monsieur Jean Tirole est un économiste qui est devenu célèbre il y a un ou deux ans. Sa contribution publique la mieux connue est celle d'instaurer une taxe sur les licenciements. Autant le dire, Monsieur Tirole (X, Ponts et Chaussés, Dauphine) est un économiste de l'Etat ou si vous préférez de la puissance publique. Et sa position est nette. A la question : "Quelles sont les causes profondes de cette crise?", il répond sans ambage, comme un autre Polytechnicien, économiste de l'Etat, Giscard d'Estaing : "Je ne vois pas de crise mondiale grave".

    Et si vous regardez les grandes entreprises gérées par les fonctionnaires de l'Etat, comme la plupart des entreprises du CAC40, il faut reconnaître qu'elles font toutes de confortables bénéfices en licenciant autant de salariés français qu'il leur est possible.

    De sa réponse à une autre question, nous devons comprendre que Monsieur Tirole n'a pas dit qu'il n'y avait pas de crise. Il a seulement dit qu'elle n'était pas grave ... Les chômeurs, les travailleurs pauvres et les PME apprécieront. Plus encore, Monsieur Tirole pense que la crise est guérissable avec deux actions :

    1. "remplacer CDD et CDI par un contrat unique offrant une flexibilité aux employeurs" : on sait qu'il s'agit essentiellement de permettre aux employeurs de se débarasser plus rapidement de travailleurs qui leur paraissent sans intérêt et d'en reprendre de nouveau qui les intéresse.
    2. "Encourager notre économie de la connaissance basée sur la recherche, l'innovation et les savoir-faire." : on sait que cette stratégie a été initié par les étatistes des années 1985 avec la désindustrialisation de la France et une perte terrible de compétences techniques et scientifiques.
    Je crois que nous ne tenons pas encore "le phénix des hôtes de ces bois" ...

    Une dernière idée évoquée par Jean Tirole : "Dans quelle mesure les États doivent-ils se porter garants les uns des autres?" se demande t'il gravement. La réponse est historique : Pourquoi voulez-vous qu'ils garantissent quoi que ce soit au delà de leurs intérêts propres ? Mais celà, les nouveaux étatistes qui sont maintenant acquis à la notion de démocratie totalitaire de la fédéralisation des Etats, ne peuvent le comprendre. Comme les Yankees de 1864. Un million de morts.

  15. "L'austérité est suicidaire", avec Philippe Askenazy dans Le Monde du 29 janvier 2012 (en local).

    Philippe Askenazy est un économiste étatiste, clairement engagé dans le camp du candidat socialiste à l'élection présidentielle, ce qui ne signifie pas que des économistes tout aussi étatistes que lui ne s'engagent pas dans le camp d'autres candidats. Résolument keynesien, Askenazy pense que les 60.000 créations de postes dans l'Education Nationale prévues par le candidat socialiste lui paraissent une mesure de relance bien timide.Pour lui, l'Etat doit embaucher massivement les classes pauvres et moyennes.

    Avec dix millions de pauvres, il est clair que le secteur privé n'a pas rempli sa mission naturelle de produire de la richesse dans l'économie nationale. Il a préféré créer de la richesse pour ses actionnaires et ailleurs qu'en France. La raison en est sûrement fiscale. Mais alors, cela signifie que l'Etat a trop prélevé sur le secteur public et qu'il n'a pas, comme semble le soutenir Philippe Askenazy, redistribué le produit fiscal par le biais de la création de postes d'Etat.

    Le problème, c'est que si l'Etat a peut ête trop prélevé fiscalement sur le privé, il n'est pas sûr que le différentiel fiscal explique la "délocalisation" du secteur privé hors de France. De l'autre côté, l'Etat s'est lourdement endetté. Où est passé l'argent ? ALors, la solution qui consiste à créer des emplois publics ne paraît pas de nature à résoudre le problème.

    Sur la ré-industrialisation, Askenazy est clair. Elle ne parviendra jamais à remonter la pente du chômage. Je pense que les raisons que Askenazy ne donnent pas, non qu'il les ignore ou qu'il les cache, il n'avait pas l'espace dans cette entrevue, sont beaucoup plus graves qu'une absence de compétitivité ou qu'une impossibilité "native" de faire de l'industrie. C'est une volonté idéologique, politique, de ne pas faire d'industrie, de ne pas faire d'agriculture au prétexte que la France aurait investi dans les "industries" de la connaissance.

    Nous le savons, cet investissement est du vent. Nos universités sont devenues parmi les plus médiocres de l'Occident. Nos grandes écoles forment des commerçants, des financiers et des managers internationaux. Elles ne forment plus d'ingénieurs qui ne trouvent de toute façon plus à s'employer dans un pays sans industrie. Le moteur pour produire de la plus-value a été volontairement cassé dans les années 1985.

  16. L'inflation n'est pas le problème, c'est la solution, par Paul Krugman dans Le Monde du 31 janvier 2012 (en local).

    Plusieurs idées choc dans cet entretien rapide :

    1. Il faut des Etats-Unis d'Europe pour que les Etats-Uns d'Amérique puissent traiter avec un seul interlocuteur.

      Il s'agit d'une idée fausse. Pourquoi voulez-vous que les USA aient un seul interlocuteur. Il vaut mieux au contraire arrêter de rendre dépendants les Etats qui mènent des politiques différentes et qui ajustent ces politiques. Malheureusement, les Etats, notamment de la zone Euro, tentent de faire la même politique et de préférence plus mal que celle des voisins. Ceci constaté, on se demande si Krugman n'a pas raison de vouloir un seul abruti au lieu de 27 ...

    2. La BCE doit racheter elle-même de la dette souveraine d'Etats en faillite.

      Je crois que c'est une bonne idée qu'une banque d'émission de monnaie exécute les opérations normales d'une banque d'émission de monnaie. Malheureusement, il semble qu'en zone Euro, ce ne soit pas le cas.

    3. Il faut faire de l'inflation, ce n'est pas un problème, c'est LA solution.

      Je suis absolument d'accord. L'inflation permettra de rémunérer correctement le travail et le travailleur pourra peut être se remettre à consommer au lieu que ce soit le chômeur !Malheureusement, il y a un problème. Peut-on faire de l'inflation quand on est trop endetté ?

    Paul Krugman ne dit pas toujours des choses avec lesquelles on se dit en accord. Mais, comme le dirait Audiard, Krugman, "c'est du brutal".

3 - Les idées

A notre avis, mais nous sommes loin d'avoir tout lu, il n'y a pas eu de grands articles sur les Idées. Pas de débat non plus.

  1. Repenser l'expertise psychiatrique, par Jean-Pierre Olié et Henri Lôo, professeurs et membres de l'Académie nationale de médecine, dans Le Monde du 11.01.12 (en local)

    C'est un problème très délicat que soulève les deux professeurs de médecine, le lien entre la prison et l'asile psychiatrique. Il y a au moins quatre avis possibles me semble t'il sur cette question :

    1. Il ne doit exister aucun lien entre prison et asile ;
    2. les fous ne doivent pas aller en prison ;
    3. les fous ne doivent pas aller à l'asile ;
    4. les fous doivent être enfermés. A l'asile, s'ils n'ont commis aucun crime. En prison, sinon.
    Bien sûr, personne ne tient tellement à définir ce qu'est un fou. Mais les deux professeurs, analysant le volet psychiatrique d'une récente affaire criminelle, insistent sur le fait que le fou est un malade qui doit impérativement être soigné.
    Le sort réservé aux malades mentaux ne peut être une simple privation de liberté ou quelque autre punition. Les thérapeutiques ayant fait la preuve de leur efficacité doivent être mises en œuvre dans un environnement adéquat pour la protection de la société et pour éradiquer la maladie.

    Il semblerait qu'il se rencontre deux problèmes en France :

    1. tous les psychiatres ne s'entendent pas sur le diagnostic de la "folie" et probablement sur son traitement médical ou social ;
    2. les lieux de soins sont défaillants.
    Rassurant n'est-il pas ?

  2. Avec Onfray, apparaît un authentique camusien, par Jean Daniel dans Le Nouvel Obs' du 12 janvier 2012 (en local)

    L'article de Jean Daniel est provoqué par la lecture d'un livre récent de Michel Onfray. Ce n'est pas de Onfray dont on s'occupera ici, mais de l'opinion de Jean Daniel, qui a connu Camus. D'abord, Jean Daniel est favorable au livre de Onfray, ce qui dénote une qualité certaine au livre dans la mesure où Daniel n'aurait sûrement pas hésité si le livre avait "mal" parlé de Camus.

    Maintenant, de Camus je ne connais que l'Etranger, la Peste, Caligula et Le Mythe de Sysiphe. Il y a trente ans au moins... Pas relu ... Je le lisais à l'époque avec Saint-Exuspéry en antidote. Pas relu non plus ...

    Onfray rappelle opportunément que pour Nietzsche et Camus, si "Dieu est mort”, c'est parce que le christianisme - et non Jésus - l'a tué.
    C'est un vieux truc que l'on trouve dans toutes les menées anticatholiques. Ce sont donc à nouveau les assassins qui appellent à l'aide ! Mais, c'est aussi l'aveu que la religion pour certains est d'abord celle des autres. Et si je "hais" ces "autres", alors je rejette "leur" religion. Confondant le christianisme et la morale, ce n'est pas le catholicisme que Nietzsche et Camus, Gide et Daniel, visent, c'est la bourgeoisie à laquelle pourtant ils appartiennent par toutes leurs fibres. Que cette bourgeoisie fut catholique est un simple accident ...

    Comment s'aveugler de haine pour ne pas comprendre combien Dieu est au delà de la morale et le christianisme au-delà de la bourgeoisie.

    Toutes les semaines, Suzanne Agnelli, l'assistante de Camus chez Gallimard, remarquait qu'il changeait les tableaux qui se trouvaient au-dessus de sa tête. Il remplaçait Pascal par Dostoïevski, puis par Nietzsche. Ignorer la dimension dostoïevskienne de Camus ou la relativiser, comme le fait Michel Onfray, au profit exclusif de Nietzsche, c'est mutiler l'auteur, appauvrir sa complexité, ne pas respecter ses contradictions.
    Cette réflexion de Jean Daniel me semble précieuse pour interpréter Camus, pour éviter les dialogismes qu'imposent souvent un auteur tel qu'Onfray.

    C'est oublier que Camus a toujours refusé la transcendance sans jamais mettre en question le mystère de Jésus.
    Il y a deux voies pour conprendre cette affirmation douloueuse de Jean Daniel. La première, probablement réductric, consiste à faire de Jésus un homme engagé dans la révolte et qui meurt à trente trois ans pour laisser un message, celui de la révolte contre toutes les oppressions. L'autre voie, c'est de se placer devant l'évidence. Le mystère de Jésus est qu'il est en personne la Transcendance. Et à partir de là seulement, il y a beaucoup à méditer.

    Et si j'aime le livre de Michel Onfray, c'est parce qu'il campe un penseur n'appelant ni à la révolte, ni à l'indignation, mais qui s'est montré le frère vigilant de tous les révoltés et de tous les résistants
    C'est beau. Mais il y a un problème. Pour Camus, çà s'est limité à du verbalisme de congrès qu'il démentait dans l'écrit publié après. Jean Daniel lui-même le sait qui écrit de Camus dans son article :
    Il est, et l'on doit s'en souvenir aujourd'hui plus que jamais, le penseur le penseur qui a dit : "A partir du moment où un opprimé prend les armes au nom de la justice, il met un pied dans le camp de l'injustice. “
    L'absurde ne se trouve t'il pas dans la justice des armes ?

  3. Ce qu'endurent les chrétiens dans l'indifférence, par Ivan Rioufol, dans Le Figaro (blog) du 12 janvier 2012 (en local)

    Monsieur Rioufol s'élève contre la christianophobie. Pour celà il évoque les Coptes. Mais, là-bas ce n'est pas de la christianophobie ! C'est de la persécution. La christianophobie est en réalité un précurseur de la persécution des chrétiens. La notion évoque immanquablement l'égalité de traitement à l'encontre des autres minorités comme les musulmans, les juifs, les homosexuels quand leurs droits fondamentaux sont encore défendus par les autorités. Et Monsieur Rioufol a beau jeu de souligner combien ceux-là même qui s'élèvent contre les discriminations, toutes les discriminations, ne lèvent pas le petit doigt quand il s'agit des chrétiens.

    Très justement, il relève - comme nous l'avions relevé il y a quelques jours - que :

    ... Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, s'inquiète de la dérive de la Hongrie parce qu'elle a choisi de faire une référence à Dieu dans sa constitution et de s'opposer au mariage homosexuel. En revanche, il se veut rassurant sur le nouvel "islamisme modéré" qui, appliqué par la Turquie d'Erdogan donnée en exemple, conduit pourtant à l'effacement progressif de la laïcité et de la liberté de la presse, ...
    Mais, en Egypte, en Turquie, en Irak, en Libye, et dans de nombreux pays musulmans, c'est à des persécutions à mort, sans aucune protection réelle des autorités complices, que l'on assiste contre les chrétiens. Et dans les persécutions, il n'y a aujourd'hui pas d'autres concurrences que celle des chrétiens.

  4. Wikipédia, bazar libertaire, par Frédéric Joignot dans Le Monde du 14 janvier 2012, (en local).

    ... qualité des textes inégale, manque de fiabilité, partis pris flagrants.
    voilà ce dit Frédéric Joignot de ce que l'on dit souvent de Wikipedia. Et Monsieur Joignot en a gros sur le coeur, son coeur citoyen et matérialo-socialiste. Pensez ! Dans l'article sur Dreyfus, le premier ouvrage cité est celui d'un membre de l'Action française. L'horreur, quoi !

    Et en plus, c'est Pierre Assouline, nouveau juré Goncourt depuis, qui le dit ! "Vous comprenez "ma cousine", les interrogations que soulèvent alors Wikipedia dans les exprits progressistes.". D'ailleurs, j'avais moi-même publiées mes propres interrogations, il y a peu, dans un article intitulé Quelques observations sur le contenu de Wikipedia.

    Mais, allez. C'est le directeur de Wikipedia pour la France qui trouve que :

    ... l'encyclopédie contributive remet en cause ceux qui prétendent mieux connaître individuellement un sujet qu'une collectivité de chercheurs discutant entre eux.
    Voilà le tout. La science démocratique est affaire de consensus de la "communauté" des "experts". Nous sommes rassurés. Je pense, vous non plus ?

  5. Le Parlement n'est pas un tribunal, par Robert Badinter, dans Le Monde du 15 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Badinter tente laborieusement de démontrer que le génocide arménien n'est pas établi comme le génocide des juifs en Allemagne. Le second est établi par la décision du tribunal de Nuremberg. Or, il n'est pas établi que le tribunal de Nuremberg ait décidé du génocide en tant que décision de justice. Il a décidé la condamnation à mort de plusieurs responsables nazis à raison de crimes contre l'humanité. Aucune question concernant la "shoah" ne lui a été directement posé et il n'est pas possible de lui faire dire ce qu'il ne peut pas dire.

    Maintenant, il est fâcheux que Monsieur Badinter laisse supposer que le génocide arménien ne serait pas établi à la différence du génocide juif qui, lui, le serait. Le génocide arménien est en effet tout autant démontré et, comme le génocide juif, il a ses négationistes, c'est tout.

    Maintenant, Monsieur Badinter me semble avoir tort aussi de décider que l'Assemblée n'est pas un tribunal pour décider d'un crime ou non. L'Assemblée s'est déjà plusieurs fois érigé en tribunal, et rien ne s'y oppose dans la mesure où l'Assemblée peut requérir la force pour se constituer en tribunal. La première fois qu'elle l'a fait, ce fut pour guillotiner Louis XVI. Monsieur Badinter n'a, à ma connaissance, jamais mis en cause cette décision de l'Assemblée constituée en Tribunal sur la réquisition de Robespierre et de Saint-Just.

    Monsieur Badinter finit mieux son article qu'il ne le commence en déclarant :

    La proposition de loi aboutit ainsi à proclamer une vérité historique "officielle" sous peine de sanction pénale. Pareille conception de l'histoire ne saurait être la nôtre.
    C'est là où se situe la véritable inconstitutionnalité de la proposition de loi UMP. Mais, la même remarque vaut pour la loi Gayssot que Monsieur Badinter avalise de son approbation. En toute hypothèse, il serait souhaitable que le Sénat écarte cette proposition de loi inadéquate.

  6. Sur "la terre aux trois sangs", les ravages de l'évangélisation, par Véronique Mortaigne, Le Monde du 16 janvier 2012 (en local).

    Madame Mortaigne est journaliste au Monde, si j'ai bien compris. Elle connaît une dame dont la marotte est le recel de vieux rites païens dans des Iles du Pacifique bien précises. Et Madame Mortaigne est hors d'elle. A cause des missionnaires chrétiens qui n'ont pas admis que les femmes païennes se roulent dans la boue des rizières pour se faire féconder par des inconnus. Alors, ces "fascistes" ont converti le chamane du coin auquel tenait beaucoup la dame des amis de Madame Mortaigne. La dame qui, parait-il, travaille au CNRS, ne se remet pas de la tristesse de ne plus pouvoir se faire oindre le front les nuits de pleine lune avec du sang de poulet par un authentique chamane des îles du Pacifique. Du coup, Madame Mortaigne ne décolère plus contre le christianisme et ses missionnaires grossiers.

    J'entends déjà Coluche nous raconter l'histoire :

    "Oh je me marre ! Si ! Elle est con, la moukère ! Parce que au lieu de perdre son chamane bien-aimé, elle avait qu'à demander au Pape très poliment qu'il fasse une indulgence au chamane pour oindre les gonzesses avec du sang de poulet les nuits de pleine lune et je suis sûr qu'il aurait permis."

    En attendant, la dame du CNRS a perdu son sujet d'études. Mais ... "on est du CNRS, merde alors ! Les meilleurs qu'on est du moooonde !...", ronronne Coluche. Allez Michel, tu nous manques. Vraiment.

  7. Le savant et la politique de Axel Honneth dans Le Monde du 23 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Honneth est un philosophe de l'Institut Goethe. Le savant et le politique dont il s'occupe est le défunt Pierre Bourdieu. Monsieur Bourdieu était un très grand savant qui fait la renommée de l'Université française. Aussi, qu'un philosophe allemand lui fasse honneur n'est qu'un tribut payé au rayonnement de la France.

    Comme je ne suis pas très calé, je me suis reporté à Wikipedia dans son article Bourdieu et vous pourrez y lire :

    Bourdieu insiste sur l’importance des facteurs culturels et symboliques dans cette reproduction (des hiérarchies sociales) et critique le primat donné aux facteurs économiques dans les conceptions marxistes. Il entend souligner que la capacité des agents en position de domination à imposer leurs productions culturelles et symboliques joue un rôle essentiel dans la reproduction des rapports sociaux de domination.

    Le philosophe allemand voit les choses de manière un peu différente :

    Cette analyse de la domination sociale est cependant conduite de telle manière qu'elle ne fait pas apparaître les normes morales ou les points de vue rationnels sur lesquels la critique pourrait légitimement s'appuyer : Bourdieu analyse toujours les rapports sociaux dans la perspective d'un observateur qui resterait pour ainsi dire neutre face aux luttes pour la distinction. Seules certaines nuances de sa terminologie, d'infimes déplacements dans le contenu affectif de son langage, marquent la sympathie qu'il nourrissait sans aucun doute pour les efforts des couches défavorisées désireuses de reconquérir leur honneur social.

    C'est donc bien de la zéro-culture de la classe sociale-démocrate dominante que Bourdieu s'occupe pour en faire une promotion de type révolutionnaire. Selon le "truc" habituel de la subversion, il lui suffit d'inverser la réalité, le bien et le mal. Je n'en dirai pas plus ici. D'autant que Le Monde pollue l'espace médiatique avec une dizaine d'articles du même tonneau à la gloire de Bourdieu.

  8. "La troisième révolution industrielle", de Jeremy Rifkin par Philippe Arnaud dans Le Monde du 23 janvier 2012 (en local).

    Philippe Arnaud fait la recension de ce nouvel ouvrage de Jeremy Rifkine. Monsieur Rifkine est présenté de la façon suivante par Wikipedia France :

    (né à Denver dans le Colorado le 26 janvier 1945) est un essayiste américain, spécialiste de prospective économique et scientifique. Il est également fondateur et président de la Fondation pour les tendances économiques (Foundation on Economic Trends ou FOET) basée à Washington.
    et de la façon suivante par Wikipedia USA :
    (born January 26, 1945) is an American economist, writer, public speaker, political advisor and activist. He is the founder and president of the Foundation On Economic Trends.
    Laissons à notre lecteur le soin d'apprécier la nuance entre les deux versions ... Quant à nous, nous méditerons sur l'absence des termes "economist", "public speaker, political advisor and activist".

    Selon toutes vraisemblances, Rifkin serait l'un des inventeurs de la funeste idée que l'Occident doit se consacrer aux emplois de service comme ceux qui utilisent les compétences intellectuelles supérieures et laisser au Tiers-Monde le travail de masse, salissant et productif. Autant rappeler ici la vigueur avec laquelle nous nous opposons à cette tendance qui a ruiné l'Occident. Ainsi à la fin du Deuxième Millénaire, Rifkine aurait inpiré les options politiques du politicien Michel Rocard qui a préfacé l'un de ses livres en français.

    Philippe Arnaud sur un ton sybillin, mi-admiratif (on ne sait jamais), mi-sacarstique (çà fait tellement français) nous indique deux choses qu'il a lu chez Rifkine :

    1. Nous vivons la fin d'une époque ; celle d'une économie fondée sur les énergies fossiles ; mais aussi, celle du travail à temps plein, du capitalisme patrimonial, de l'organisation pyramidale des entreprises, et de la gestion exclusivement marchande du monde.
      Cette dernière chose est des plus appréciables. Malheureusement, je crains que Monsieur Rifkine retarde un peu. La gestion marchande du monde a disparue depuis les années 85-90 et elle a été remplacée par la gestion financière. On ne vend plus rien et à la place on achète de la dette. Le commerce est devenu totalement inutile ...
    2. Le passage du pouvoir hiérarchique au pouvoir latéral, décentralisé et démythifié, va transformer notre rapport au monde, prophétise-t-il.
      Je crains que notre activiste économiste consultant ne se fourvoie à nouveau ici. Il croit que, parce qu'à plusieurs centaines de millions en même temps, les gogos polluent l'espace du web, qu'il soit le "1.0", le "2.0" ou plus, un pouvoi latéral est né qui pousse le pouvoir hiérarchique vers la porte de sortie. Mais, Monsieur Rifkine ne se rend il pas compte que ces pauvres gens écrivent tous la même chose, regardent strictement en boucle les mêmes images et, dans de lamentables logorrhées, éructent les mêmes réactions. Ces réactions conditionnées que leur inculque le pouvoir hiérarchique, oligarchique, totalitaire de plus en plus imposant. Triomphant.

  9. Alain Badiou, maoïste médiatique par Stéphane Boulouque dans Le Nouvel Obs', le 13 janvier 2012 (en local).

    Nous avons dit quelque part la perplexité avec laquelle on peut considérer la gloire de plusieurs grands noms des lettres françaises : Jacques Lacan, Jacques Derrida, Jean-Paul Sartre, Pierre Bourdieu et quelques autres. Monsieur Boulouque semble perplexe au sujet de la renommée de Alian Badiou :

    Depuis quelques années, Alain Badiou, ancien professeur à l'Ecole normale supérieure, est devenu une des principales figures de la gauche radicale. Son itinéraire scolaire et universitaire ressemble jusqu'à la caricature aux publications de Pierre Bourdieu : la Reproduction et la Noblesse d'État. Ce normalien est lui-même fils d'un normalien professeur de mathématiques et maire socialiste de Toulouse à la Libération.

    Badiou serait devenu une sorte de maître à penser pour la gauche radicale, et par ce vocable, il faut désigner ce qui se trouve à gauche du Parti socialiste. Maître à penser, mais un spécial ... En effet, Badiou a une marotte. Il est persuadé que les Khmers rouges étaient des bienfaiteurs de l'humanité et que leur action civilisatrice était destinée à faire émerger une civilisation épurée. Et çà, dans le Troisième Millénaire, même dans les rangs de la gauche radicale, selon Monsieur Boulouque, çà ne passe plus. Le paradoxe selon Monsieur Boulouque, c'est que la gauche radicale se met à utiliser Badiou sur son étendard idéologique quand il est attaqué par les adversaires de la gauche radicale.

    En fait, c'est toujours pareil. Sartre pensait les mêmes horreurs. Et il suffisait que des adversaires du progressisme évoquent les tares de la pensée de Sartre pour que la gauche se range en ordre de bataille pour le défendre. Sartre et beaucoup d'autres ont fait leur réputation là-dessus.

  10. Plagiat universitaire : le pacte de non-lecture, par Peter Sloterdijk, dans Le Monde du 28 janvier 2012 (en local).

    Peter Sloterdijk est un philosophe allemand. Recteur de l'Université de Karlsruhe, il est confronté comme de nombreux officiels universitaires au problème grandissant du plagiat dans la production littéraire des universitaires. Il fournit plusieurs réflexions particulièrement bien venues. Il ne pourrait que tout plagiat ne serait pas aussi illégitime qu'on veut bien le croire. L'existence d'une production universitaire de seconde main présente en soi aussi une nécessité liée à l'apprentissage par exemple. L'existence aussi d'une littérature qui n'est pas écrite pour être lue, même sous la plume de grands noms ou qui le sont devens ultérieurement. Et enfin une très belle idée sur le "cave lectorem" que je préfère laisser découvrir à mon lecteur ...

  11. The High Court, par Robert Barnes dans le Washington Post du 29 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Barnes analyse la situation actuelle de la Cour Suprême des Etats-Unis à la lumière de trois récentes décisions. Il trouve que les décisions se tiennent dans une grande entente des juges, mais que leurs motivations des arrêts sont trop diverses. Il en résulte selon lui que les motivations de la Cour Suprême manquent à éclairer la jursiprudence des autres tribunaux des Etats-Unis. Ainsi dans le cas d'une affaire d'atteinte par l'Etat fédéral à la vie privée d'un criminel le principe de la surveillance continue d'un citoyen par une balise GPS pourrait être une atteinte aux libertés fondamentales, mais seulement si la police dépose elle-même la balise sans que le suspect soit informé. Qu'en sera t'il de l'exploitation d'une source GPS activée par le supect lui-même comme un "smart phone" ? La décision de la Cour Suprême be donne aucune direction.

    Dans une affaire opposant une employée licenciée par une Eglise luthérienne, les conditions dans lesquelles un employé est de titre civil, protégé par les lois contre les discriminations même si son employeur est une institution religieuse, ou de titre religieux, étant alors tenu pour un ministre des cultes non tenu par les lois anti-discrimination, restent en général obscures.

  12. How the CDC is overstating sexual violence in the U.S., par Christina Hoff Sommers, dans le Washington Post du 28 janvier 2012 (en local).

    Madame Hoff Sommers est une auteure qui s'est toujours intéressée à la question féminine dans l'aire sociale. Ce qui fait que normalement, elle devrait considérer que la protection des femmes contre les abus de la société masculine est un devoir. Eh bien, son opinion est assez différente.

    La loi américaine a institué, il y a déjà des années des Centers for Diseases qui se sont spécialisés dans la victimisation des femmes à un degré encore jamais atteint. Jamais atteint, parce que maintenant ... "çà se voit" ! Les CDCs déclarent en 2011 plus de 13 millions de violences contre les femmes. Les deux sources, à savoir le FBI et le Bureau des Statistiques du Ministère de la Justice fédérale en établissent 280.000.

    La différence, Madame Hoff Sommers la trouve dans l'effarant activisme des groupes de pression féministes qui gonflent artificiellement de manière ahurissante les statistiques de violence publiées par les CDCs et qui sont contrôlées par ces groupes de pression féministes. Par exemple, les CDCs comptabilisent dans cette statistique, la moitié des femmes qui ont répondu à une enquête qu'elles auraient pu être violées pendant qu'elles avaient consommé de la drogue ou de l'alcool ! Alors même qu'il ne leur été rien arrivé. Devinez pourquoi la moitié !

    En réalité, dans ces effarants mensonges, tout le monde de l'ordre et l'oppression y trouve son compte. Avec la revendication de plus de 14 millions de victimes, il est devenu possible d'arrêter n'importe qui au prétexte qu'on a identifié l'une de ces victimes ... qui n'en sont pas. Et qu'importe si le malheureux est impuissant. Et çà, çà s'est passé ... en France. Vae victis ! et les victimes ne sont pas celles que l'on croit.

4 - L'agitation électorale française

La plupart des textes publiés sont de vulgaires textes de propagande partisane ou bien exploitant les failles supposées d'un adversaire ou bien produisant les promesses les plus démagogiques, habillées aux couleurs de l'idéologie en vigueur. Il reste ensuite des sondages qui sont publiés par des entreprises qui appartiennent à l'idéologie social-capitaliste. Et il y a tout de la manipulation d'opinion dans les savantes analyses que les uns et les autres en font.

Une seule nouvelle là-dedans. Les cathos se mettraient à voter "Front National" et plus du tout Sarkozy ou Boutin. Et çà, çà fait peur à beaucoup.

  1. Etienne Pinte (UMP) s’inquiète de la montée du FN, y compris chez les pratiquants, par Stéphanie Le Bars dans Le Monde du 16 janvier 2012 (en local).

    Madame Le Bars est chroniqueur religieux du quotidien de la pensée unique.

    Le rigolo de l'affaire c'est que Monsieur Pinte est tellement "catho' bobo'" qu'il est capable de prévenir toutes les attentes de la journaliste qui n'a donc pas besoin de faire gronder les menaces dans les questions qu'elle lui adresse. Il va ainsi devancer brillamment les questions du "procureur" et s'entraîner à dénoncer les ennemis du peuple avant même qu'on ne le lui demande. Exemple :

    En quoi le vote FN est-il incompatible avec la croyance chrétienne ?
    C’est un problème de conception de l’Homme et de sa projection sur le plan collectif. Le FN c’est le rejet de la différence, de l’étranger, le rejet de l’Europe, de la mondialisation, le repli, la préférence nationale. L’Eglise, par ses écrits, sa doctrine sociale, son universalité, c’est l’accueil, le partage, l’ouverture.
    C'est tellement bête qu'on a envie de pleurer. Mais la journaliste est ravie et son curé aussi. Alors, ému du ravissement de la journaliste, Monsieur Pinte, qui sent qu'il a bien répondu, se lâche un peu plus :
    Le discours anti-musulman de Marine Le Pen ne rencontre-t-il pas un écho dans certains milieux catholiques ?
    C’est vrai qu’il y a des interrogations et des craintes sur cette question chez les catholiques. Mais a-t-on fait le nécessaire pour que, au-delà d’une intégration sociale et économique, on veille à l’intégration religieuse des musulmans, par des efforts de pédagogie, de connaissance, de dialogue ?
    L'intégration religieuse des musulmans ? Par les catholiques ?

    Note : Le Site Reconquête Catholique nous apprend que le Député Pinte vient de publier un ouvrage cosigné avec un ecclésiastique catholique de haut rang, Jacques Türk, destiné à orienter vers un "bon" vote l'électorat catholique.

  2. Marine Le Pen, les 3 leçons d'une interview qui l'a mise KO, par Béatrice Toulon dans Le Nouvel Obs' du 18 janvier 2012 (en local).

    Lors d'une interview, la candidate Marine Le Pen a été mise en grande difficulté par une journaliste qui l'a acculée à une attitude inappropriée pour une simple multiplication mal assimilée. Madame Le Pen avait "entendu" dans l'observation que "çà" coûterait vingt milliards, qu'elle devait démontrer que "çà" ne coûtait pas celà en "net". Mais, la journaliste qui avait fait la multiplication, ne voulait pas en démordre et donc, Madame Le Pen s'est trouvée acculée à nier l'évidence.

    C'est sûrement un trait de caractère que de ne pas en démordre. Mais l'arrogance et la supériorité ne sont pas nécessairement des vertus. C'est un peu ce que Madame Toulon, qui est formatrice de journalistes, enseigne dans son papier en trois points :

    1. une intervention publique se prépare de sorte que l'on domine son sujet ;
    2. l'excès de confiance en soi dans le débat public est une faiblesse surtout quand il conduit au choc frontal et qu'il réduit l'énergie qu'on a à dériver vers une autre cible ;
    3. la stratégie gagnante des grands communiquants :
      il ne faut jamais s’opposer frontalement au journaliste, il faut rester zen, reconnaître éventuellement son erreur et en rire pour mieux rebondir sur un terrain où l’on est fort. Humour et (fausse) humilité sont de meilleures armes dans un entretien qu’agressivité et arrogance.
    nous explique Madame Toulon.

  3. Economie, laïcité, logement, sécurité... le résumé des mesures avancées par Hollande par LEMONDE.FR, dans Le Monde du 23 janvier 2012 (en local).

    Il ne s'agit pas d'une simple opinion, quoique ... Il s'agit du programme de campagne du candidat socialiste, issu des primaires organisées par le Parti Socialiste, énoncé hier lors d'un meeting au Bourget et rapporté par le site internet LEMONDE.FR. Il s'agit réellement d'un projet de campagne. Il se borne à reprendre les inquiétudes de café du commerce énoncées ces derniers mois par les instituts de sondage et de leur apporter des réponses qui emportent l'adhésion de la majorité des sympathisants de gauche.

    Imaginer une seconde que la crise financière mondiale - qui en plus pourrait ne pas en être une ! - pourrait être résolue avec une mesure comme l'interdiction du mélange des activités de dépôt et de prêt pour les banques, ou l'interdiction des produits dérivés, est un délire sans fondement, une rêverie. De telles décisions prises par un Etat consanguin avec ses banques comme la France auraient autant d'effet que de hurler dans le désert.

    Mais, c'est la loi du genre. Une campagne électorale est faite pour que le candidat emporte l'élection, pas pour résoudre les problèmes des électeurs. En choisissant son programme, le candidat socialiste a simplement une ambition électoraliste. C'est normal. Ce que l'on aperçoit est cependant encore plus inquiétant pour la démocratie.

    En effet, le candidat élu pourrait parfaitement prendre les mesures qu'il a annoncé. Elles n'auraient strictement aucun effet. Sarkozy en 2007 avait annoncé qu'il promettait de descendre le taux de chômage en dessous du seuil de 5%. Même sans dire à quelle masse il se référait, il est patent qu'avec 14% de chômage avoué, il a échoué.

    Mais, supprimer les swaps ou les produits dérivés est une décision qui n'aura aucun effet mesurable sauf à transporter de l'investissement de la place boursière de Paris à Londres et à Francfort, où de toutes façons, cet investissement ira en cas de victoire socialiste. Et le reste du programme socialiste est à l'avenant.

  4. La sortie de l'euro, un suicide, par Olivier Pastré dans Le Monde du 31 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Pastré est un professeur d'économie au bord de la crise de nerfs. Madame Le Pen a annoncé la sortie de l'Euro. Alors, monsieur Pastré constate que la vie ne vaut plus la peine d'être vécue. Il pense donc au suicide. Et personne pour le retenir ! Pourtant ...

    Monsieur Pastré déplore une dévaluation qui renchérirait les prix des importations. Mais, si on prend des mesures énergiques, il faut comprendre que cette hausse sera limitée d'une part et qu'elle rendrait compétitive la production locale, d'autre part. Partant, cette dévaluation aurait un effet positif sur l'emploi. Le premier secteur à développer serait évidemment l'agriculture. Le scandale de l'importation des produits frais doit cesser. Quant à l'explosion de la dette des banques françaises, la solution est très simple : il faut les déclarer en faillite et les fermer. On ne pleurera pas la mort des principaux responsables de la crise qui ont refusé depuis plus de trente ans de soutenir les investissements des PME qui nous font défaut quand l'Allemagne fonde une part appréciable de son avance compétitive sur ses PME industrielles.

    Monsieur Pastré fait référence ensuite à une étude de l'Institut Montaigne dont l'absence complet de rigueur scientifique a été souligné, notamment par Monsieur Hureaux. Il n'y a rien de vrai à tirer du faux de l'idéologie. Il n'y a en réalité pas un mot d'économie dans ce que Monsieur Pastré écrit ici. Rien que de l'agitation politicienne.

    Maintenant, que la sortie de l'Euro est une catastrophe prévisible ou pas, notre présence dans la zone Euro est la seule réelle et actuelle catastrophe. Mais comme Monsieur Pastré perçoit toujours son traitement de Professeur ... En fait, craindrait-il de le perdre si Madame Le Pen triomphait le 6 Mai 2012 ?

5 - Affaires religieuses

Le mois de janvier a été un mois de relâche complète en matière de publications religieuses.

  1. Fin de la récréation doctrinale dans l'Eglise catholique, par Jean-Marie Guénois dans le blog Religio du Figaro du 12 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Guénois illustre une fois de plus toute la difficulté qu'il y a d'appartenir à une organisation dans laquelle "tout" semble indiquer que la ligne du parti a tellement changée que les dirigeants d'hier sont devenus les parias d'aujourd'hui ... Mais, rassurons-nous. Ce n'est qu'une image caricaturale de la réalité puisque l'organisation dont il est question est ... l'Eglise catholique.

    Pour décrire son désarroi de la décadence des choses, Monsieur Guénois sent le besoin de se rassurer en référant à l'écrit d'un évêque. ( Note : cette lettre a provoqué la protestation du site Riposte Catholique ). Cet écrit cite l'article d'un habitant de La Grave, charmant bourg de montagne. D'après son commentaire par l'évêque, cet habitant serait prêtre. Bien. L'habitant écrivait un texte, publié avec l'article de l'évêque, texte dans lequel le brave homme pleurniche sur la dureté des temps qui voit "la réaction" l'emporter sur la "glorieuse frange progressiste du clergé". Enfin, tout un fatras de choses que beaucoup d'ecclésiastiques avaient apprises en lisant la presse stalinienne en français dans les années 50.

    L'évêque à qui, semble t'il, "on" a demandé son avis sur le texte de l'habitant de La Grave, répond qu'il est progressiste et qu'il entend le rester. Qu'on l'accuse injustement d'être un serviteur du Vatican alors qu'il est un évêque libre et en communion. Enfin, la séquelle habituelle servie par la frange progressiste depuis cinquante ans et plus. C'est assez fatiguant à lire. Monsieur Guénois, qui donne la référence du texte, l'a pourtant lu avec délices jusqu'à y puiser assez de courage pour passer au second point de son article : "descendre en flammes" une Note doctrinale de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ainsi Monsieur Guénois écrit sans ambages :

    ... une sorte de fermeture de l'ouverture se profile. Vue de l'esprit ? Pas vraiment. Il suffit d'étudier, pour le réaliser, la "note avec indications pastorales pour l'Année de la foi" qui a été publiée, à Rome, le samedi 7 janvier, par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ce texte donne la ligne de "l'année de la foi", lancée par Benoît XVI.
    La "fermeture de l'ouverture" est clairement un tribut payé à la frange progressiste qui fait ses gorges chaudes de cette "ouverture" et critique consciencieusement Benoît XVI de vouloir "revenir là-dessus".

    L'article de Monsieur Guénois est vraiment un modèle du genre. Vous le lisez comme un brulôt progressiste ? C'est ce que laisse entendre les lignes qui précèdent. Eh bien, vous êtes de "mauvaise foi", ce qui pour le sujet est un comble. En effet, Monsieur Guénois n'a pas fini le texte que nous citons ci-dessus qu'il écrit, enthousiaste comme un vulgaire papolâtre, "à la suite de notre Saint Père le Pape" :

    Neuf mois après son élection il avait donné, comme ligne d'action, une "interprétation" du Concile Vatican II non plus selon "l'herméneutique de la discontinuité et de la rupture" mais selon "l'herméneutique de la réforme", c'est-à-dire, "en continuité" avec la grande tradition de l'Eglise.

    Ce n'est plus un voeu pieux, mais un programme désormais organisé qui a pour objet de réaliser une réforme interne de l'Eglise, lente mais certaine. Il remet à l'heure les pendules doctrinales dans l'Eglise catholique. Et siffle la fin d'une certaine "récréation doctrinale" où tout et son contraire était possible dans la grande maison catholique.
    Monsieur Guénois parvient ainsi à soutenir les deux partis en lutte. Une grande leçon de survie politique. C'est pas mal, non ?

  2. Obama administration picks a fight with Catholics, par Patric J. Reilly, dans le Washington Post du 20 janvier 2012 (en local).

    Monsieur Reilly est le dirigeant d'une importante association catholique des Etats-Unis. Très fidèle à l'enseignement de l'Eglise, à la fois celui de la Conférence épiscopale des Etats-Unis et celui du Vatican, son association surveille de très près les agissements abortistes de l'administration Obama.

    L'Administration Obama vient de donner un an de délai aux employeurs catholiques pour se mettre en règle avec la loi nouvelle aux Etats-Unis qui impose que les prestations sociales de santé recouvrent les prestations d'avortement. L'Eglise catholique, comme d'autres groupes religieux, se fondant sur le Premier Amendement de la Constitution américaine, négociait une exception ou une dérogation à la loi pour les opposants à l'avortement. Ils n'ont pas été entendu.

    En France, l'Eglise catholique n'a pas crû de son intérêt de faire entendre sa voix à ce sujet qui, faut-il le rappeler, est depuis très longtemps en vigueur et sans que personne ne le sache sans toutefois l'ignorer. D'ailleurs, il est clair que sa voix n'aurait été ni entendue, ni même écoutée, puique la loi est faite par une organisation avec laquelle l'Eglise n'a aucun lien, le Parlement. Maintenant, le résultat de la négociation américaine montre les limites de l'ouverture au monde imposée par le Concile Vatican II. L'Eglise s'est ouverte et les Etats l'ont laissé faire à condition qu'elle soit muette. Ce qu'elle s'est empressée de faire avec un grand sens du dialogue.

    Nous voyons d'ici notre lecteur exaspéré. "S'il est tellement plus intelligent que 2.500 évêques, que ne dise t'il pas la solution miracle ?". Et en effet, nous ne disons rien. Enfin, rien de "constructif". Parce que le chrétien ne construit rien avec le monde qui est destiné à périr. Il se prépare des demeures dans les cieux, ce que Marx lui a reproché en l'accusant de promouvoir un opium du peuple. L'Eglise n'a aucun dialogue à mener avec les Etats. Une société est chrétienne quand tous se sont librement convertis et pas seulement la majorité, ce qui est pourtant même loin d'être le cas. L'ouverture au monde est trop souvent perçue comme la reconnaissance erronnée que toute société serait chrétienne dès lors que l'Eglise s'y trouve.

  3. Ruling on Contraception Draws Battle Lines at Catholic Colleges, par Denise Grady dans The New York Times du 29 janvier 2012 (en local).

    Madame Grady est une journaliste du New York Times. Il nous semble que le commentaire de cet article a sa place dans une Revue d'opinions, parce que son journal et Madame Grady ne se limitent pas à énoncer des informations. Ces informations ont été orientées pour opposer l'opinion d'une étudiante et d'une immense majorité supposée de catholiques à la position officielle de l'Eglise concernant l'interdiction de la contraception.

    L'opposition frontale a lieu sur un débat qui, à notre avis, est strictement sans solution. L'administration Obama, se fondant sur l'avis d'un collège de médecins "indépendants" affirme que la contraception est "médicalement nécessaire pour assurer la santé et le bien-être des femmes". Et cet avis contraint l'Etat d'imposer aux institutions d'enseignement d'offrir l'accès à la contraception à leurs étudiantes.

    A l'opposé, l'Eglise catholique, par l'USCCB, la Conférence épiscopale des Etats-Unis, impose aux catholiques au nom de la liberté religieuse de ne pas accéder à la contraception. Et les institutions catholiques considèrent que l'obligation que l'Etat leur fait de délivrer des moyens de contraception viole leur liberté religieuse.

    La position des organisations progressistes comme le New York Times est de relever que l'opposition entre les femmes catholiques qui accèdent majoritairement à la contraception interdit de supposer qu'une quelconque liberté religieuse serait violée en la matière.

    Nous pensons que les positions de l'Eglise catholique qui s'opposent à des règles de la société civile sont destinées à devenir de simples conduites individuelles. En la matière, si une catholique souhaite ne pas utiliser la contraception, elle n'aura qu'à ne pas accéder aux moyens de contraception. Mais, dans la mesure où une institution exerce une activité contrôlée par la loi de l'Etat, comme une activité de santé ou d'enseignement, alors cette institution sera contrainte d'obéir à la loi de l'Etat.

    Toute la question est de savoir si des institutions issues de l'Eglise catholique peuvent encore avoir des activités qui ne soient pas sous la contrainte de l'Etat. Clairement, deux réponses s'opposent. Les étatistes, généralement - mais pas toujours hélas - considèrent que les religions se limitent à la sphère privée tandis que, dès lors qu'elles concernent la sphère publique, alors elles sont régies par la loi de l'Etat. Les libéraux, hélas parfois pas du tout catholiques, soutiennent qu'il est illégitime que l'Etat régisse ou contrôle toute la sphére publique et au contraire affirment que l'Etat devrait concentrer sa loi et son pouvoir sur ses missions spécifiques.

    Il faut reconnaître que si l'Etat décide, comme c'est le cas depuis longtemps, de ce qui est de la sphère privée, il n'existe pas de différence entre l'Etat de droit et l'Etat totalitaire. Et c'est bien ainsi que le veulent les partisans de la contraception. Et l'on voit ici combien une question religieuse concernant la croyance au respect de la vie dès la conception est en réalité une question politique.


Revue Thomas (c) 2012