Affaire Gogotha Picnic - Sur une déclaration de Mgr Daucourt

Affaire Gogotha Picnic - Sur une déclaration de Mgr Daucourt

Philippe Brindet - 02 février 2012

Bref rappel des faits

Une prétendue "pièce de théâtre" intitulé Golgotha Picnic a été représenté dans de nombreuses villes de France au cours du mois de décembre 2O11. Cette représentation venant après une autre "pièce de théâtre", intitulé Sur le concept de visage du Christ, distribuée pendant le mois de novembre 2011, venait aussi après une exposition intitulée Piss Christ en Avignon. Pour finir, on dira que ces "manifestations" mettent en scène des concepts essentiels au christianisme concernant le Visage du Christ d'une part et sa Passion d'autre part, dans un but radicalement anticlérical. Le but unique de ces manifestations est de "démontrer la viduité du christianisme et la stupidité de ses adeptes".

Les réactions de catholiques

Ces trois "manifestations" ont donné lieu à des réactions différentes qui ont montré plusieurs divisions profondes de l'Eglise catholique. Ces divisions se sont notamment manifestées par des déclarations ou bien de soutien aux "artistes" ou bien de condamnation de leurs contestataires et ce de la part de membres du clergé et même du haut-clergé. On peut dire qu'il existe essentiellement deux lignes de fractures.

La première ligne de fracture est relativement étrangère au problème posé par l'exploitation honteuse de ces "spectacles". Beaucoup de catholiques de bonne foi ont été stupéfaits de l'absence complète de réaction de l'Eglise catholique de France. Par contre, les membres de l'Eglise catholique romaine se sont très fortement manifestés. Or, ces chrétiens sont désignés sous un terme qui résume le mépris dans lequel les tiennent les membres de l'Eglise catholique de France. Ils les appellent des "intégristes" et les accusent d'avoir une motivation politique d'extrême-droite. De ce simple fait, l'existence d'une protestation de l'Eglise catholique romaine interdisait toute protestation de la part de la hiérarchie de l'Eglise catholique de France. Pire encore, elle les a encouragé à soutenir complètement les spectacles scandaleux. Ce fut le cas de l'archevêque de Paris, de plusieurs prêtres haut placés comme l'abbé de La Morandais

Pourtant, dès les premières annonces de ces "spectacles" plusieurs évêques de l'Eglise catholique de France, comme Mgr Cattenoz, ou Mgr Centène, avaint dénoncés le scandale de ces spectacles. On peut compter une bonne dizaine de ces évêques. Les autres, comme Mgr d'Ornellas, ont attaqués les contestataires et soulignés au contraire ce qu'ils tenaient pour des aspects positifs et proprement "évangéliques" de ces spectacles. Ce fut particulièrement le cas de "Sur le concept de visage du Christ".

Très clairement, se situe là la seconde ligne de fracture dans le clergé catholique. Non seulement la haine à l'encontre des "intégristes" est totale et inextinguible, mais le clergé catholique, et surtout le haut clergé est complètement acquis au "non-art" contemporain. Par simple esprit partisan.

Essai d'explication de la réaction du clergé officiel

Selon notre analyse, il ne s'agit absolument plus d'une réaction apeurée de "bourgeois" craignant de passer pour rétrogrades. Il s'agit de l'exercice d'une option résolument posée et à laquelle une adhésion a été clairement donnée depuis des années. Ainsi, Mgr Di Falco pouvait sans rougir donner sa cathédrale pour une "installation" de "non-art contemporain" consistant en une statue du Christ installé sur une chaise électrique. Les soutiens du haut-clergé de l'Eglise catholique de France au "non-art contemporain" se sont multipliées depuis des années et la réaction de crainte des années 70 a fait place à une adhésion enthousiaste. On pourra se référer notamment à des textes de Mgr Winzer, Mgr d'Ornellas, l'abbé Grosjean, ..

La déclaration de Mgr Daucourt

Mgr Daucourt est l'évêque du diocèse de Nanterre. Sa déclaration est datée du 12 décembre 2011, soit ( jours avant la dernière représentation de Golgotha Picnic à Paris. Sa délaration est brève et peu étudiée. Elle comporte douze points et le lecteur pourra s'y reporter sur le site du diocèse de Nanterre

On notera tout d'abord que cette déclaration de Mgr Daucourt avait été précédée d'une autre déclaration dans laquelle il se déclarait incapable de donner une opinion sur la pièce et en chargeait un comité ad hoc de son diocèse. L'avis de ce comité est inconnu et sa mention même est absente de la seconde déclaration de Mgr Daucourt.

Son avis sur la pièce est des plus brefs. Trois points, c'est tout :

  1. Je n'ai pas vu la pièce
  2. J'ai vu des vidéos et des extraits ce qui me suffit à me déclarer atteint dans ma foi ;
  3. J'en déduis que çà suffit et je proteste parce que j'ai payé des impôts pour "çà".

Décodage de la déclaration de Mgr Daucourt

On comprend donc que Mgr Daucourt :

  1. considère qu'il y a une atteinte à sa croyance privée.
  2. regrette l'affectation de son impôt.
Or, la considération et le regret de Mgr Daucourt - sa croyance privée et les regrets sur ses impôts - ne concernaient pas du tout ce qu'un évêque confesseur de la foi pouvait faire en cette occasion. Se déclarer atteint dans sa croyance privée et regretter ses impôts sont deux assertions que n'importe qui peut avoir et il n'est pas besoin d'être évêque pour les publier.

Les 9 autres points de la seconde déclaration de Mgr Daucourt sont de politique ecclésiastique. Ils assurent deux choses :
  1. la traque et la dénonciation de tout ce qui pourrait servir aux intégristes ;
  2. la servilité à l'égard des manifestations des puissants de l'Eglise catholique de France.
Ce n'est pas du tout rassurant pour l'unité de l'Eglise.

Que devait faire Mgr Daucourt ? Ce qu'il tenait pour son devoir. Il l'a fait. Nous trouvons qu'il ne s'agit pas d'un acte d'évêque de l'Eglise catholique romaine. C'est tout.

Mais en réalité, il est clair que Mgr Daucourt a cherché à gagner du temps. Après la protection apportée par Mgr Vingt-Trois à Castelluci, des déclarations dans le même sens de gens comme Mgr Rouet, Mgr D'Ornellas, Mgr Winzler et bien d'autres, le clergé de l'Eglise catholique de France avait le sentiment qu'il fallait présenter un front de dialogue amical et compréhensif à l'égard des artistes. Au nom de l'ouverture initiée par le "Concile".

Mais, il y a eu une sorte de compétition. Les intégristes ont triomphé en suscitant une mobilisation notable que l'Eglise catholique de France serait bien en peine d'obtenir. Plus encore, un nombre très élevé de catholiques "de base" ont été écoeurés à la fois par l'insanité des spectacles et par la veulerie de leur clergé quand les traditionalistes militaient fièrement sur des valeurs simples et claires, chrétiennes à l'évidence. On se reportera notamment à un article de blog du Père Gallizia, curé du diocèse de Blois sur la pièce de Castelluci.

Il est clair que Mgr Vingt-Trois a pesé ce changement de rapport de forces. Des ecclésiastiques comme La Morandais et Grosjean avaient dû "mal" orienter leur archevêque notamment dans sa funeste intervention sur Radio Notre-Dame. Il a très vite réorienté l'Eglise catholique de France dans son discours de clôture de l'Assemblée de Lourdes du 9 Novembre 2011. Mgr Daucourt a parfaitement compris le message. Il a relevé qu'en réalité, aucun courant dans l'Eglise catholique de France n'était de taille à lutter contre l'immense désapprobation à l'égard de ces manifestations de "non-art". Et il a alors diffusé le 12 décembre 2011, une fois bien sûr de ne pas commettre d'"impair", ce fâcheux communiqué qui en réalité ne condamne rien du tout.

En réalité, c'est toute la stratégie d'ouverture sur le "monde" qui s'effondre dans un fracas de ricanements blasphémateurs. C'est, contrairement à ce que prétend Mgr Daucourt, le désaveu d'une politique qui a consisté à croire que l'Eglise catholique de France "dérangeait" les puissants. Elle les fait rigoler parce qu'elle trahit l'Evangile en se mettant au service de ces puissants depuis cinquante ans.

à voir : http://www.culture-foi-respect.fr/

Revue THOMAS (c) 2012