La tentative de dialogue avec la FSSPX

La tentative de dialogue avec la FSSPX

Philippe Brindet - 04.02.2012

Un petit résumé de la situation

Ouvert par le pape Jean XXIII le 11 octobre 1962 et clos sous le pontificat de Paul VI le 8 décembre 1965, le Concile Vatican II a produit essentiellement :

  • 4 Constitutions :
    1. Dei Verbum
    2. Lumen Gentium
    3. Sacrosanctum Concilium
    4. Gaudium et Spes
  • 3 Déclarations
    1. Gravissimum Educationis
    2. Nostra Aetate
    3. Dignitatis Humanae
  • 9 Décrets :
    1. Ad Gentes
    2. Presbyterorum Ordinis
    3. Apostolicam Actuositatem
    4. Optatam Totius
    5. Perfectae Caritatis
    6. Christus Dominus
    7. Unitatis Redintegratio
    8. Orientalium Ecclesiarum
    9. Inter Mirifica
Ces textes sont disponibles en diverses langues sur le site du Vatican et tout le monde peut, en théorie, y accéder simplement. Dans la pratique, il n'est pas sûr que même les ecclésiastiques lisent ces textes qui utilisent une terminologie assez particulière d'une part et agitent des concepts pas toujours en phase avec les préoccupations laïques, d'autre part. De fait, il a été préféré recourir à une littérature d'adaptation qui a, en particulier, produit le fameux "esprit du Concile". Cette littérature s'est plus fondée sur ce que ses auteurs tenaient être du Concile et ce qui n'en était pas.

En réaction, les opposants au Concile qui se sont très vite trouvés isolés dans l'Eglise et même dénoncés, parce que leur fureur devant les manoeuvres évidentes d'une faction progressiste les désignaient à la méfiance des braves gens, ont fomentés diverses chapelles, souvent ennemies, dont l'une a eu une destinée plus importante : la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X FSSPX, fondée par l'archevêque Mgr Lefebvre, Père concilaire qui a lutté de toutes ses forces sans être capable - il semble qu'il n'y était pas préparé - de susciter une véritable opposition dans le collège des évêques.

Se centrant sur le problème de la liturgie, la FSSPX est parvenue à devenir un groupe incontournable dans le paysage religieux en France, en Suisse, en Allemagne et aux Etats-Unis. Sa critique du Concile est devenue de plus en plus virulente dans la mesure où son développement autour de la liturgie est devenue mature. Le Pape Benoît XVI a fini par reconnaître le rite traditionnel dit de Saint Pie V comme forme extraordinaire du rite romain par le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007.

Oeuvrant à la suite de Jean-Paul II dans le sens d'une unité des chrétiens, le Pape Benoît XVI a cru de son devoir pontifical de tenter un rapprochement avec la FSSPX. Les négociations ont commencé en 2009. Elles semblaient s'enliser dans des querelles interminables. La Congrégation de la Doctrine de la Foi a donc passé un Préalable doctrinal à la signature de la FSSPX avant de passer à une étape suivante de la négociation.

On se trouve à l'étape de réponse par la FSSPX.

Revue de publications sur Internet

  1. aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de décembre 2011, par Mgr Fellay, texte qui semble indiquer une rupture de la négociation

    C'est semble t'il un texte clé. Il devrait à la fois réfléchir la teneur de la réponse de la FSSPX à Rome et éclairer la position de la FSSPX auprès des éléments les plus proches d'elle. Le ton n'est pas très encourageant sur une acceptation possible du dialogue. Mais, il a le mérite de poser les pierres d'achoppement en termes précis. Il semble y avoir les points suivants :

    1. la nature de NSJC

      Les deux points centraux sont niés :

      • divinité de NSJC
      • royauté de NSJC
      Malheureusement, Mgr Fellay se borne à énoncer un grief général sans qu'on puisse clairement dire s'il s'agit du monde ou de l'Eglise et s'il s'agit de l'Eglise, ce qui, clairement démontre la négation ou le rejet ou même l'amoindrissement de la conception catholique sur la nature de NSJC. Mgr Fellay emploie deux preuves : une preuve interne : "Il faut arriver au milieu du XXe siècle pour assister à cet incroyable événement qui permit de voir un concile qui, soi-disant au nom de l’adaptation à la situation concrète de la société humaine en pleine décadence, modifia la proclamation de tous les âges : « Il faut qu’Il règne » (1 Cor. 15,25). " et une preuve externe :" les franc-maçons eux-mêmes ont dit alors leur joie d’entendre résonner sous la coupole de Saint-Pierre ces thèses qui leur sont propres ", qui d'ailleurs porte sur la preuve interne.

      Et Mgr Fellay ne cite aucun texte du Concile, ni de quoique ce soit de tangible. C'est plus qu'énervant.

    2. l'autorité hiérarchique dans l'Eglise de Rome

      On est un peu surpris de cette position qui est exprimée par : "L’autorité aujourd’hui est sérieusement ébranlée, non seulement du dehors par la contestation des responsables laïcs qui prétendent à une part de gouvernement, mais aussi bien, à l’intérieur de l’Eglise, par l’introduction d’une quantité de conseils et commissions qui, dans l’atmosphère d’aujourd’hui, empêchent l’exercice juste de l’autorité déléguée par Notre-Seigneur Jésus-Christ.".

      En effet, la position de la FSSPX exprime justement une contestation de "l’exercice juste de l’autorité déléguée par Notre-Seigneur Jésus-Christ". Il est en effet de l'arbitraire de l'autorité de décider qu'un pouvoir délégué par elle, ici la prêtrise, n'a plus son accord. Et si la FSSPX tient à discuter la qualité de "juste" de cet exercice, elle devrait à tout le moins donner un gage de sa soumission à l'autorité. Ce qui ne semble pas vraiment le cas. Mais, pour une discussion pratique, on ne voit là non plus aucun texte de Vatican II ou de son application cité à l'appui de cette position de la FSSPX.

    3. le magistère et la tradition
    4. la liberté religieuse et l'oecuméisme

      En suivant les paroles de Mgr Fellay, "l'oecuménisme ne veut plus convertir" et "la tolérance est la seule chose permise face à la liberté religieuse parce que seule la tolérance est dans la tradition de l'Eglise".

      C'est un constat qu'il est peut être possible de faire par les actes publics tels qu'ils ressortent de ce qu'en dit la presse. Mais on note par exemple l'entrée dans la communion de l'Eglise de certains dicoèses anglicans et d'autres encore. Il n'est donc pas vrai que dan sla pratique l'oecuménisme dans Vaican II ait conduit et à un abandon de la conversion et à quelque chose de beaucoup plus large que la tolérance traditionnelle. La position réprouvée de la FSSPX le montre d'ailleurs que même la tolérance est des plus étroites.

      La vraie question est de savoir ce qui dans les textes du Concile et de son application démontrerait un tel abandon. Mgr Fellay ne donne aucune indication.

    .
  2. Article de Mgr Fernando Ocariz dans « L'Osservatore Romano » sur l’adhésion au Concile Vatican II, dans la Crise Intégriste du 01 décembre 2011.

    Mgr Ocariz écrit ce texte dans l'Osservatore Romano. La teneur est une condamnation radicale de la contestation intégriste en générale et de la position de la FSSPX en particulier. Mgr Ocariz est vicaire général de l'Opus Dei. Son article est aussi publié sur le site de l'Opus Dei à l'url http://www.opusdei.fr/art.php?p=46365. On s'interroge sur l'effet qu'un tel texte peut avoir dans la perspective d'un rapprochement entre les concilaires et les intégristes,sachant que l'Opus Dei est extrêmement critiquée pour son intégrisme par la plupart du clergé concilaire. D'un certain aspect, l'article de Mgr Ocariz pourrait être un simple gage de fidélité au Concile envoyé par l'Opus Dei en direction de ses ennemis progressistes.

    Mgr Ocariz en reste à une sorte de légalisme ou de juridisme nimbé d'une autosatisfaction qui veut faire ressortir le caractère déraisonnable de la critique intégriste. Or, on le sait sans être intégriste. L'effet immédiat et constant du Concile a été la disparition du clergé et la réduction du nombre des fidèles. De même, le clergé survivant et les fidèles qui le suivent admettent généralement des positions complètement hérétiques. Ainsi, de nombreux sondages réalisés par des instituts de sondage commerciaux, indépendants à notre connaissance de l'Eglise, soulignent qu'une immense majorité de fidèles et de prêtres ne croient pas plus en la divinité de NSJC qu'en la résurrection (voir par exemple http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Les-catholiques-francais-meconnaissent-de-plus-en-plus-leur-foi-_NG_-2007-01-08-518957, http://atheisme.free.fr/Religion/Statistiques_religieuses.htm, http://blog.lefigaro.fr/religioblog/2011/08/les-jmj-annoncent-la-fin-des-c.html, http://www.lavie.fr/complements/2011/08/04/18918_1312453793_enquete-jmj-la-vie.pdf, http://www.parcoursalpha.fr/IMG/pdf/Le_Parisien-6fevrier_2011.pdf, ...).

    Maintenant, l'article de Mgr Ocariz contient deux données fortes, incontournables :

    1. Le Concile Vatican II est revêtu de l'autorité du Magistère et il a été confirmé par quatre Papes successifs. Les enseignements déjà présentés par la Magistère de l'Eglise avant Vatican II et rappelé par lui sont infaillibles. Et :
      Les autres enseignements doctrinaux du Concile requièrent des fidèles le degré d’adhésion appelé « assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence ». Il s’agit d’un assentiment « religieux », qui n’est donc pas fondé sur des motivations purement rationnelles. Cette adhésion ne se présente pas comme un acte de foi, mais plutôt d’obéissance ; elle n’est pas simplement disciplinaire, mais enracinée dans la confiance en l’assistance divine au Magistère,
      Mgr Ocariz rejette l'idée que le fait que Vatican II aurait été "seulement" pastoral ne donnerait pas autorité à des déclarations doctrinales qu'il contient en fait, généralement parce qu'il les ré-expose en situation de la société d'aujourd'hui.
    2. Mgr Ocariz reconnaît cependant, sans la nommer, l'authenticité de la critique intégriste, dans une certaine mesure. IL y a bien des problèmes posés par certaines formulations du Concile et :
      L’interprétation des nouveautés enseignées par le Concile Vatican II doit donc repousser, comme le dit Benoît XVI, l’herméneutique de la discontinuité par rapport à la Tradition, tandis qu’elle doit affirmer l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité (Discours, 22.XII. 2005). Il s’agit de nouveautés, au sens où elles explicitent des aspects nouveaux, non encore formulés par le Magistère, mais qui, au plan doctrinal, ne contredisent pas les documents magistériels précédents. Pourtant, dans certains cas – par exemple la liberté religieuse –, elles comportent également des conséquences très diverses quant aux décisions historiques sur les applications juridiques et politiques, étant donné les changements de situations historiques et sociales. Une interprétation authentique des textes conciliaires ne peut être faite que par le Magistère même de l’Église.
      Mgr Ocariz n'est donc pas totalement bloquant quand il écrit "... il devait subsister des aspects que la raison ne saisit pas pleinement, en laissant toutefois la place à des espaces légitimes de liberté théologique pour un travail d’approfondissement toujours opportun.".
    Mais, il termine sur une citation de Benoît XVI qui ferme tout dialogue avec les intégristes. S'il existe des questions sur le Concile, ce sont des questions qui regardent le Pape et tout le reste n'est que diableries.

    Tout en montrant une grande soumission au Pape, on ne peut mépriser plus les traditionalistes de la FSSPX et d'ailleurs.

  3. La question centrale de la valeur magistérielle du concile Vatican II, par l'Abbé Gleize.

    L'abbé Gleize a bien reconnu dans l'article de Mgr Ocariz sa volonté de ne tenir aucun compte de la contestation traditionaliste ou intégriste, particulièrement celle de la FSSPX :

    L’étude de Mgr Ocariz évite ainsi de répondre à la question cruciale, qui reste encore pendante entre la Fraternité Saint Pie X et le Saint-Siège.
    Et l'abbé Gleize de poser le coeur du débat entre la FSSPX et le Vatican :
    Il est en effet loin d’être évident que le charisme de la vérité et l’autorité du magistère ont été certainement présents au dernier concile, et que l’ensemble de l’épiscopat réuni cum Petro et sub Petro y ait bénéficié des lumières du Saint-Esprit, pour enseigner l’Église universelle. Qu’on le veuille ou non, il ne va pas de soi que le dernier concile puisse s’imposer, en tout et pour tout, aux yeux des catholiques comme l’exercice d’un véritable magistère, réclamant leur adhésion aux différents niveaux indiqués. Et de fait, nous le nions, pour des raisons sérieusement fondées.
    Malheureusement, à notre goût, l'abbé Gleize oscille entre deux positions qui sèment le trouble. D'un côté, il semble faire un assaut de rigueur sur l'autorité avec Mgr Ocariz, ressemblant un peu à un judoka essayant de canaliser l'énergie de son adversaire pour la détourner vers un autre objet, ici l'orthodoxie orientale peut être mais pourquoi ? D'un autre côté, alors qu'il semblait vouloir montrer que le Concile avait été le lieu de machinations que l'on tient aujourd'hui à faire passer pour le "souffle de l'Esprit", il se perd quelque peu dans un exposé de la théorie thomiste pour lui faire dire que le Pape n'a pas d'autorité pour endosser un Concile dans l'erreur.

    On pourrait le dire sans le formalisme thomiste, toute révérence gardée, et on n'en gagnerait pas grand chose dans le débat. Parce qu'il faut montrer clairement et l'erreur et la machination non pas "en général" ou pour l'ensemble du Concile, mais au contraire dans le concret et pour chaque détail du Concile. Quant à moi, je connais quelques indications parues ces dernières années dans les Mémoires eu autres Journaux de grands participants au Concile qui établissent clairement la machination dans plusieurs points particuliers. L'existence d'ne mouvance progressiste est clairement établie et elle s'explique par plusieurs raisons. Son triomphe sur la majorité des pères du Concile s'explique par la supériorité des techniques de manipulation démocratique lors des votes et de l'établissement des commissions.

    C'est désagréable, un peu "flic". Pire, celà revient à mettre en cause l'abbé Ratzinger qui appartenait au groupe progressiste du mouvement rhénan. Mais, je ne vois pas d'autre solution pour discuter.

    Parce que toute argumentation théorique sur la question échoue nécessairement à l'action de la faction qui a pris le pouvoir parce qu'il est toujours vacant quand on en reste à la théorie. Une autre idée. L'idée des traditionalistes est que le magistère ne peut que déclarer de la doctrine qui existe déjà dans l'Eglise. Et quand le Concile se résume à donner des avis au Pape avant qu'il promulgue cette doctrine déjà existante dans l'Eglise et depuis toujours, exercice qui devient de plus en plus difficile, il faut le reconnaître, il est entièrement offert à ceux qui "ne jouent pas le jeu", à ceux qui veulent changer la règle. C'est ce qui s'est passé. C'est ce que ne montre pas l'abbé Gleize me semble t'il.

    A partir du moment où vous écrivez : "Vatican II a voulu exprimer la foi de l’Eglise suivant les modes de recherche et de formulation littéraire de la pensée moderne, et redéfinir la relation de la foi de l’Eglise vis-à-vis de certains éléments essentiels de cette pensée. " qui est exactement la position théorique du Concile, alors que justement vous oensez que la position pratique du Concile a été à l'opposé, vous perdez toute possibilité de contester. Et c'est en même temps ce que démontre l'abbé Gleize quand il cite le Cardinal Ratzinger en 1982 dans Les principes de la théologie catholique dans lequel on lirait :

    « La constitution (Gaudiuml et Spes) comprend par "monde" un vis-à-vis de l’Eglise. Le texte doit servir à les amener tous les deux dans un rapport positif de coopération dont le but est la construction du "monde". L’Eglise coopère avec le "monde" pour construire le "monde" – c’est ainsi qu’on pourrait caractériser la vision si déterminante du texte. […] Il semble qu’on entende par monde toutes les réalités scientifiques et techniques du temps présent, et tous les hommes qui les portent ou en ont imprégné leur mentalité »

    L'abbé Gleize cependant cite ici une personnalité importante de l'après-Concile, mais rien de réel dans les textes du Concile. On ne peut discuter du Concile et de sa réception sur l'opinion que s'en font d'autres, fussent-ils devenus Pape. Maintenant, utiliser les déclarations antidémocrates de Pie IX ou de Pie X et les confronter aux opinions démocrates de l'abbé Ratzinger revient à éviter de débattre des problèmes posés par les textes du Concile. Par contre, sur un point de litige identifié dans un texte de Vatican II, la confrontation du magistère constant et traditionnel avec l'opinion des uns et des autres peut apporter des effets remarquables. Mais en rester à des étiquettes trop larges et surtout trop théoriques, empêche d'aborder un débat fraternel.

    Le grand problème est que l'antagonisme entre le Saint-Siège et la FSSPX serait beaucoup plus d'ordre politique que d'ordre ecclésiastique, la FSSPX cherchant à à dérouler les mêmes idées que le Saint-Siège, mais dans le ton du parti politique adverse, monarchie autoritaire contre démocratie fraternelle. Le problème posé par le contenu de Vatican II et par son effet reste posé et aucun dialogue n'est possible. Cette remarque a souvent été faite à l'encontre de la FSSPX et des traditionalistes qui sont, en France à tout le moins, soupçonnés de collusion avec l'extrême-droite. Elle n'est donc ni des plus bienveillantes, ni des plus originales.

    Et il y a plus. Il est possible qu'à l'époque du Concile, l'abbé Ratzinger fut démocrate et moderniste. Devenu cardinal, il était toujours démocrate, mais beaucoup moins moderniste. Devenu Pape, il y a fort à penser qu'il est même devenu traditionaliste et très peu démocrate. Sauf évidemment si on le contraint ou bien en excitant ses conseillers ou bien en fatiguant sa bienveillance, le Pape n'a pas le même point de vue qu'un simple participant au Concile et il faut espérer dans cette occasion qu'il a vraiment voulue à la fois de réorienter l'Eglise issue du Vatican II et de rapprocher la sphère traditionaliste de l'Eglise de la perspective du salut.

  4. PROFESSION DE FOI, (Formule à utiliser désormais dans les cas où la Profession de Foi est prescrite par le droit)

    Ce document signalé par Mgr Ocariz dans l'article mentionné ci-dessus comporte deux parties :

    1. Ce qui découle directement et de manière auxiliaire du Symbole des Apôtres ;
    2. Ce qui pour un ecclésiastique en mission d'Eglise est une obligation ou une discipline.

    Ce document est assez étonnant, parce que d'un certain côté, s'il avait été observé lors du Concile et de son application, on comprend mal comment tout ceci a bien pu arriver. Et pourtant c'est arrivé.

    Il est même un désaveu complet aussi bien de la liberté religieuse que du moindre soupçon de démocratie. Le fidèle et, plus encore l'ecclésiastique qui prête ce serment d'allégeance, n'ont plus aucun choix que de se soumettre entièrement à l'autorité du Pape, des Evêques et des textes canoniques. Remarquez que l'étonnement est un peu "forcé" parce que la démocratie et la liberté religieuse sont en effet très éloignées du sens de l'Eglise. Et pourtant, la liberté religieuse est invoquée dans le Concile. Mais pas forcément dans le sens où on l'entend normalement. Et une grande partie du problème vient du sens des mots. Le dernier paragraphe de la Profession contient cette formule : "Par obéissance chrétienne, je me conformerai à ce que les Pasteurs déclarent en tant que docteurs et maîtres authentiques de la foi ou décident en tant que chefs de l’Eglise; ..." Elle écarte, au moins pour les ecclésiastiques tout questionnement du Concile. Même âs une contestation. Un simple questionnement.

  5. Note de Tornielli du 27/01/2012 concernant une première réponse refusée et une seconde réponse ensuite en janvier ?

    Selon ce journaliste bien informé, une première réponse de Mgr Fellay a été rejetée par la commission Ecclesia Dei et une seconde plus précise aurait été reçue dans le deuxième semaine de Janvier 2012. Dans cette seconde réponse, Mgr Fellay admet certaines dispositions du Préambule Doctrinal et en récusent d'autres. Selon Tornielli, le Préambule exige une soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence aux enseignements du Pape et du Collège des évêques.

    Torniellei pense que quatre points empêchent tout progrès : la collégialité, l'oecuménisme, le dialogue interreligieux et la liberté religieuse parce qu'ils seraient en désaccord avec la Tradition. Tornielli note que le Catéchisme de l'Eglise catholique règle déjà les clés d'interprétation sur ces points

  6. Note de Mundabor du 18/01/2012 sur une seconde réponse de la FSSPX et une probable acceptation partielle.

    Mundabor semble un blogger traditionaliste. Il reprend l'information donnée par Tornielli et explique la position traditionnaliste. Si votre père ivrogne vous réclame du brandy, vous ne le lui donnez pas. Le Vatican veut qu'on lui obéisse et la FSSPX ne veut pas. Après inquante ans de dévastation produite par Vatican II, Mundabir trouve la comparaison aimable.

  7. Article de Jean Mercier dans La Vie en date du 28 janvier 2012, concernant une réunion de la Congrégation de la Doctrine de la Foi avec le pape pour examiner la seconde réponse de la FSSPX toujours aussi irrecevable.

    Jean Mercier, sr la foi d'une rumeur propagée par l'agence I-média, pense que la seconde réponse de la FSSPX est insatisfaisante parce q'elle met en cause l'héritage de Vatican II. La suite serait entre les mains du Pape qui ne serait pas prêt à accepter une telle position.

    On peut penser que cet article est essentiellement destiné au public progressiste qui n'attend qu'une condamnation de la FSSPX et de la Tradition, parce qu'ils tiennent le Concile Vatican II comme la révolution qui constitue la Tradition en Ancien Régime. Ce n'est pas faux. Et aucune interprétation dans la continuité n'a tenue pour la révolution...

  8. Opinion de Jean Mercier dans La Vie, 19.01.2012, concernant le dialogue entre le Vatican et la FSSPX. L'opinion montre à la fois que les progressistes sont totalement opposés au dialogue avec la FSSPX , sauf à un abandon de leur position par la FSSPX et celà malgré un ton reltaivement bienveillant épousant le probable point de vue conciliateur du Pape. L'opinion se conclut sur "Sur le fond, le pape ne peut renier Vatican II, ce qui reviendrait à se renier lui-même."
  9. Actualité Traditionaliste - TradiNews du 19 janvier 2012, Commentaire de l'opinion de Jean Mercier du même jour et analyse complète du dialogue et de 'létat de la FSSPX.

    Le blog TradiNew décrit ici l'état de la FSSPX qui ne serait donc pas monolithique. Il décrit aussi les évolutions possibles. Deux choses ressortent de cet article. Le Saint-Siège pourrait faire une contre-proposition à la seconde réponse de Mgr Fellay. Mais, en tous les cas, le Vatican restera sur une position exigeant de la FSSPX la réception du Concile.

  10. Revue Item - reprise d'un article de Jean Madiran du 20 décembre 2011, soutien de Mgr Fellay dans la FSSPX.

    Jean Madiran centre le débat sur le véritable problème. Le problème, ce n'est pas la FSSPX, c'est le problème de la contradiction des faits. Le Concile Vatican II a été annoncé comme un renouveau de l'Eglise. C'est une catastrophe à laquelle on assiste.

    Très justement, Jean Madiran affirme que le problème de la FSSPX est celui de sa reconnaissance canonique pour qu'elle trouve un espace dans le concert des communautés d'Eglise. Si le Saint-Siège met en balance sa reconnaissance de la FSSPX avec leur reconnaissance du Concile, on risque de tourner en rond. Et c'est probablement la stratégie engagée par les progressistes.

    Jean Madiran rappelle l'appel et les autres écrits récents de Mgr Gherardelli en faveur d'une réforme du Concile.

  11. Mgr Fellay - Extrait du sermon du 2 février 2012, au Séminaire de Winona (Etats-Unis) (030212).html d'après DICI en traduction.

    Dans ce texte qui est prononcé par Mgr Fellay alors que des bruits courent déjà sur l'insatisfaction de Rome concernant sa seconde réponse déposée au Préambule Doctrinal, on voit combien le dialogue n'est pas vraiment désiré par aucune des deux parties. Mgr Fellay tient pour son devoir de convertir les instituts romains à la Tradition tandis que les instituts romains cherchent par tous les moyens à le convaincre de félonie.

    La description que fait des instituts romains Mgr Fellay fait vraie. Je veux dire que c'est sûremet ce que ressent Mgr Fellay et on le créditer du fait qu'il n'en ressent pas de plaisir. Il semble que leu position est de dire qu'ils sont la Tradition et que la FSSPX n'a qu'à leur obéir pour être dans la Tradition.

    Mgr Fellay se trouve donc confronté au piège dans lequel le juridisme des traditionalistes les conduit. Leurs adversaires ecclésaistiques les connaissent parfaitement. A partir du moment où on reconnaît la moindre parcelle de vérité dans l'adversaire, on lui est soumis. Or le problème est compliqué à cause de la prétention à l'inspiration par le Saint-Esprit qui interdit toute contestation.

    Mgr Fellay prévient son auditoire qu'il est obligé de dire NON :

    Mais dans la pratique, à plusieurs niveaux, nous sommes obligés de dire « non ». Pas parce que cela nous déplait, à nous, mais parce que l’Eglise s’est déjà prononcé sur ces questions. Et même plusieurs d’entre elles, l’Eglise les a condamnées. C’est pourquoi, dans nos discussions doctrinales avec Rome, nous étions, pour ainsi dire, bloqués.

    Mgr Fellay ressent des faits récents comme le frémissement d'un espoir pour plus tard :

    Je suis persuadé que dans dix ans les choses seront différentes parce que la génération issue du Concile aura disparu et la génération qui suit n’entretient pas un tel lien avec le Concile. Et déjà maintenant, bien chers frères, nous entendons plusieurs évêques nous dire : « vous donnez trop de poids à ce Concile ; laissez-le de côté. Ce serait une bonne manière pour l’Eglise d’aller de l’avant. Laissez-le de côté, oubliez-le. Retournons à la réalité, à la Tradition. »

    N’est-ce pas intéressant d’entendre des évêques dire cela ? C’est un langage nouveau ! Cela signifie qu’il y a une nouvelle génération qui sait que, dans l’Eglise, il y a des choses plus sérieuses que Vatican II, et que nous devons retourner à ce qu’il y a de plus sérieux, si vous me permettez de parler ainsi. Vatican II c’est sérieux, à cause des dégâts qu’il a produits, c’est vraiment sérieux. Mais en tant que concile, il a voulu être pastoral, et il est déjà démodé.
    C'est à la fois triste et profondément réaliste. A contition que les traditionalistes ajoutent le réalisme à leur traditionalisme. Pour rejoindre vraiment la Tradition.

  12. Etat des lieux vers le 15.01.2012 par un site stvceta.com url http://stcveneta.com/Status%20of%20SSPX%20January%202012.pdf repris en local semble être le site d'une paroisse du diocèse de Proland (USA) complètement en lien avec le Vatican.
  13. Entre les intégristes et le Vatican, une réconciliation sous pression, par Jean Mercier dans La Vie du 17/01/2012

    Mercier divise la FSSPX en enragés (1/4) qui bloquent le dialogue, modérés opportunistes (1/4) qui cherchent une reconnaissance pour s'infiltrer dans l'Eglise et une moitié de légitimistes avec Mgr Fellay pour une acceptation du Préambule Doctrinal.

  14. Les voeux du Supérieur de District pour 2012 dans Revue Item , publié dans regards sur le monde le 29 décembre 2011

    Rapide analyse du texte par la Revue qui interprète le texte comme un désaveu de Mgr Fellay s'il venait à un accord avec Rome par l'Abbé de Cacqueray. L'abbé fait un long discours sur Satan et la lutte de l'Eglise et du Monde : "Malheureusement, depuis le Concile, les hommes d’Eglise, et jusqu’aux derniers papes eux-mêmes, ont recherché le pacte impossible, cette conciliation entre l’esprit de l’Evangile et celui du monde. L’Eglise s’en trouve incroyablement dévastée." et "Cependant, il nous faut aujourd’hui nous opposer à tous ceux qui s’acharnent à son auto démolition et avoir bien conscience que jamais nous ne pourrons nous associer à ceux qui la démolissent de l’extérieur comme de l’intérieur."

  15. «Magistère ou tradition vivante ?», l’abbé Gleize dénonce un faux dilemme (030212)

    L'abbé Gleize semble ne pas citer le Préambule ni les possibles réponses de la FSSPX. Maisl il semble aussi répondre par une fin de non-recevoir à une tradition telle que la dirait le Vatican dans l'actuelle négociation.

Quelques réflexions sur la querelle concilaire

  1. On note que les votes des divers textes concilaires ont été passés avec des majorités unanimes. Pour 2500 approbations on compte de 4 à 8 désapprobations. Seuls trois textes atteignent une trentaine de désapprobations : Gaudium et Spes (75), Orientalum Ecclesiarum (39) et Gravissimum educationis (35).
  2. Les Pères du Concile ont édicté leur avis avec la pleine conscience qu'ils obligeaient le reste de l'Eglise :
    Chaque document se termine par le texte,
    «Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette Constitution (Décret, Déclaration) ont plu aux pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu». Signé : Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.
    Suivent les signatures des pères conciliaires.
  3. On note que ce texte laisse planer le doute sur l'autorité qui l'édite. Formellement, c'est le Pape. Mais le Pape indique que ces documents émanent du Concile. Il ne dit pas que c'est l'autorité du Concile, mais reprenant la vieille prérogative pontificale, il fait "comme si" le Concile avait seulement donné son avis alors qu'on sait que les schémas qui avaient été donnés aux Pères concilaires comme venant du pape ont tous été éliminés et refait par les Pères concilaires eux-mêmes. Et c'est là où se situe peut être le vrai problème pratique du Concile.

    Malheureusement, ce point est probablement non discutable à l'intérieur de l'Eglise catholique romaine, parce que une fois revêtu de l'autorité du Pape, une décision ne peut se rapporter. Il en résulte que la position de Benoît XVI d'ouvrir une interprétation dans la continuité avec la Tradition est probablement la seule solution possible, d'abord parce qu'elle est ouverte par le Pape lui-même , ensuite parce qu'elle ne remet pas en cause l'autorité qui a décidé de la loi des textes concilaires de Vatican II.

  4. Hors de l'Eglise, la question qui pourrait se poser est celle de savoir si Paul VI avait le pouvoir de revêtir de son autorité ce qui ne venait pas de lui. On note de toute façon que le Concile a décidé d'une nouvelle répartition de l'autorité suprême dans l'Eglise en imposant le Concile au Pape par la collégialité, l'une des principales pierres d'achoppement pour la FSSPX.


Revue Thomas (c) 2012