Un état statistique de la prêtrise en France

Un état statistique de la prêtrise en France

Philippe Brindet - 09.03.2012 + 16.04.2012

La Lettre 325 de l'association Paix Liturgique publie une étude statistique sur la prêtrise en France. Les chiffres montrent la faiblesse de l'Eglise en France et le fait que la forme extraordinaire s'installe durablement dans la prêtrise. L'association Paix Liturgique se serait fondée sur les chiffres de la Conférence nationale pour les séminaristes formés selon la forme ordinaire et a comptabilisée elle-même les séminaristes de la forme extraordinaire que les évêques refusent de compter.

La forme ordinaire

La Conférence des évêques de France, dans un document que je n'ai pas réussi à retrouver, mais que cite la Lettre 325 de Paix Liturgique, compte 710 séminaristes diocésains en France en Novembre 2011. Il y avait 4.536 séminaristes en 1966.

Deux diocèses seulement comptent 20% des séminaristes :
70 Séminaristes à Paris
70 Séminaristes à Toulon.

La statistique ne compte pas les 60 séminaristes de la Communauté Saint-Martin, alors qu'ils sont à mission diocésaine.

Ces chiffres sont en baisse pour le deuxième année consécutive. L'Association indique que les chiffres des séminaristes de forme ordinaire sont fortement surestimés par la CEF parce qu'ils ont inclu des séminaristes ne devant pas exercer en France ou n'ayant pas de vocation diocésaine (il faut estimer la surestimation entre 50 et 80 séminaristes).

Dans le diocèse de Paris, on note une belle amélioration :
54 séminaristes en 2007
63 en 2010
74 en 2011

Dans d'autres diocèses particuliers on note :
Fréjus (Mgr Rey) : 70 séminaristes, dont plusieurs de forme extraordinaire ;
Vannes (Mgr Centène) : 30 séminaristes environ dans plusieurs séminaires comme celui de Rennes ;
Bayonne (Mgr Aillet) : ouvre le séminaire depuis 3 ans et il a 15 séminaristes en 2011 ;
Lourdes (Mgr Brouwet qui vient d'y être nommé) veut aussi fonder un séminaire dès qu'il le pourra.

La forme extraordinaire

En forme extraordinaire, on écarte de la statistique des séminaristes les futurs religieux (Barroux ...), on écarte les séminaristes en 1ere année qui correspond à l'année de propédeutique des séminaristes diocésains. On distingue les séminaristes de la FSSPX et les traditionalistes officiels. Les traditionalistes officiels sont répartis entre les maisons Ecclesia Dei et les séminaristes de forme extraordinaire pris en charge par les diocèses de la forme ordinaire.
FSSPX : 49 séminaristes = 48 à Econe et 1 aux USA (stable en 2010) => 1/3 des séminaristes de la FSSPX au niveau mondial
Traditionalistes officiels : 91 séminaristes en France
total : 140 séminaristes en forme extraordinaire en diocésain.

Le clergé de forme extraordinaire dessert moins de 5% des fidèles catholiques. Il comte cependant 20% des séminaristes catholiques.

Ordinations

On est repassé au-dessus de 100 dans l'année :

2010 : 83 ordinations correspondant à 96 ordinations (en y incluant les prêtres Ecclesia Dei)
2011 : 111 ordinations : 103 +6 +3.
Mais, en 2011, on ne compte que 77 diacres ordonnés en vue du sacerdoce. Donc, il est improbable de repasser le compte des 100 Prêtres ordonnés dans l'année (2 prêtres prévus à Paris en 2012)

Le résultat est que la pyramide des âges des prêtres se décale vers la vieillesse. Il en résulte que la forme ordinaire pourrait ne plus être majoritaire très prochainement.

Les évêques commencent à trouver "normal" en théorie d'accueillir des séminaristes extraordinaires.

Remarque sur l'état de l'Eglise

L'autosatisfaction selon laquelle le Concile Vatican II aurait été la cause d'un renouveau de l'Eglise n'est donc pas soutenu par les statistiques du sacerdoce. Par pudeur, nous éviterons de dire qu'il a été la cause de la désagrégation de l'Eglise et nous citerons les chiffres indiqués par l'association Paix Liturgique :
Année 1966 1975 1996 2005 2011
Nbe de Séminaristes 4.536 1.297 1.103 784 711
Nous ajoutons un graphe dont la décroissance est accusatrice :

Il est clair que la simple révision d'une herméneutique du Concile Vatican II, non plus en termes de rupture, mais de continuité avec la Tradition, ne permettra pas de réaliser le nécessaire renouveau, non pas de l'Eglise, qui reste assurée dans la Vérité, mais de renouvellement des cadres dirigeants de l'Eglise qui ont failli gravement. Comme ils sont très loin d'être en position d'auto-critique et encore moins de repentance, le temps se chargera de réduire l'erreur.


Revue THOMAS (c) 2012