Revue d'opinions - Mars 2012

Revue d'opinions - Mars 2012

Philippe Brindet - 31.03.2012

1 - La France qui descend

Dans ce chapitre, on met peu à peu tout ce qui nous paraît décrire les forces mauvaises qui font descendre la France et l'Occident. Descente morale, religieuse, culturelle, politique, économique. Du vrac maintenant.

  1. Le halal ou les risques de l'opacité, par Stéphanie Le Bars, dans Le Monde du 2 mars 2012 (en local).

    Madame Le Bars est chroniqueur religion au quotidien Le Monde. Autant dire qu'elle est une adversaire farouche de la candidate du Front Natinal, Marine Le Pen. Madame Le Pen avait, il y a quelques jours, dénoncée l'invasion de l'islam dans l'alimentation carnée de l'Ile-de-France, puisque selon elle, la majorité de la viande abattue dans cette région était, dans l'ignorance des consommateurs, "halal", c'est-à-dire qu'il s'agissait de viandes traitées selon le rituel musulman d'une part et contrôlées par les autorités musulmanes d'autre part.

    Un membre important du Front National s'est trouvé être un grossiste de viandes halal. Au grand étonnement de ses compères du Front National, le personnage était un pur "blanchet", peut-être pas bien catholique, mais tout de même !.... Viré !

    Madame Le Bars, comme de nombreux socialistes matérialistes, a bien compris où allait le vent du boulet lancé par la vieille artillerie du Front National. Elle nous prévient :

    Lassitude face à l'instrumentalisation de l'islam par l'extrême droite, sous couvert, cette fois, de la défense des animaux ? ... Les raisons ne manquent pas pour faire de ce dossier un piège à double ou triple détente, finalement assez peu rentable politiquement. Eléments de compréhension.
    En fait de compréhension, Madame Le Bars démontre avec brio qu'elle préfère ne pas savoir et renvoyer le débat à plus tard, quand les "responsables" juifs (pour le "casher") et islamistes (pour le "halal") se seront mis d'accord sur des labels ce qui est loin d'être le cas :
    ... les responsables juifs, désormais rejoints par les musulmans, oeuvrent depuis des années pour maintenir ces spécificités françaises. Ils craignent que l'étiquette "casher" suscite des campagnes de boycottage.

    Mélangeant les problèmes secondaires (les diverses confessions dans la pratique "halal") avec les problèmes de fond qu'elle évacue par le non-dit, Madame Le Bars ne donne ici aucun élément de compréhension. Sauf que, selon elle, il n'y a rien à voir tant que les juifs et les musulmans n'en auront pas décidé autrement.

    Mais Madame Le Bars sait pourtant parfaitement qu'il existe des labels halal et que ces labels font produire plus de viandes qu'ils n'en écoulent, pour la raison toute bête que, dans une bête justement, le halal rejette une grande partie des morceaux que nous trouvons savoureux. Et Madame Le Bars sait parfaitement que le fait que l'islamisation de la société française passe par l'investissement progressif de l'ensemble de l'économie. Ici, les abattoirs. C'est la cible du boulet lancé par Madame Le Pen. Et à qui les tartuffes du socialisme matérialiste susurrent :

    "Couvrez ces viandes que je ne saurais voir,
    Par de pareils objets les âmes sont blessées,
    et cela fait venir de coupables pensées. ...."

  2. Impôt à 75%, la tentation de l’exil fiscal de Agnès Verdier-Molinié et Samuel-Frédéric Servière, dans une publication IFRAP du 1er mars 2012 (en local).

    Le candidat socialiste, François Hollande, comprenant que les critiques contre Sarkozy, dénoncé comme le candidat des riches, exigeaient un "pendant" constructif, a imaginé que l'annonce de la création d'une taxation à 75% du revenu des riches plairait. En fait, les activistes ont attendu les cris d'orfraie des conservateurs pour défendre l'équité de la mesure proposée par leur candidat. Et on a entendu des défenses hallucinantes de ce nouvel avatar démagogique : "les riches sont fait pour payer".

    Les deux économistes de l'IFRAP, un club de réflexion économique orienté à droite traditionnelle, illustrent la position conservatrice. Ils soulignent le caractère spoliateur d'un tel taux d'imposition ce qui, selon eux, le rend contraire à la Constitution. En effet, ils calculent que par les effets des autres taxations, le taux de 75% est automatiquement de 83% .

    Les deux économistes après avoir rappelé que le gain fiscal sera très faible, notent que si par principe, les riches quittent la France, il faudra que les citoyens pauvres payent à l'Etat le manque à gagner que représentera pour lui la fuite de ces fortunes. Et comme ces fortunes sont des investisseurs portentiels dans des entreprises employant en France, elles n'auront plus besoin d'investire en France, ce qui réduira l'emploi, le produit fiscal de ces entreprises, et la capacité des pauvres à payer le surcroît d'impôt généré par la fuite des riches.

    Nous approuvons les raisons de ces deux économistes. Mais, ils ne disent pas deux autres problèmes : la réponse évidente du Fisc français et l'effet social des lois sur le maximum.

    Si les "super-riches" s'enfuient de l'enfer français, la population des revenus annuels supérieurs à 2 millions allant vers zéro, le Fisc passera à 1 million, puis quand les fortunes à 1 million se seront évadées, à 500.000, puis 100.000, puis ... Et à 100.000 euros de revenus taxés pour 1 million de contribuables à 75%, vous parvenez à une recette fiscale maximale attendue de 75 milliards quand le contribuable tondu dispose encore d'un revenu net minimal de 25.000 euros. C'est encore au-dessus du SMIC et donc parfaitement "jouable" ...

    Commencée par la loi sur la maximum des prix de vente des grains, les jacobins imposèrent le système sur la majorité des produits. Ils finirent par voter une loi sur le maximum des salaires. L'idée qui préside c'est que l'Etat a le droit de dire les prix et il dit les prix dans le but d'imposer une égalité des conditions. Et cette égalité prime sur la liberté puisque l'Etat s'investit du droit de dire le maximum.

    La proposition Hollande signifie seulement que le candidat socialiste veut appliquer l'idéologie jacobine d'égalité des conditions imposée par l'Etat Tout-Puissant, Absolu. Ici le maximum est fixée à 2 millions d'euro. Mais demain, qui l'empêchera de fixer, 100.000 euros, ou 10.000 euros ? Rapprochez cette funeste idéologie de l'imposition à 75 % de l'idéologie du réchauffement climatique qui voudrait nous imposer un maximum de production de gaz carbonique et vous voyez se mettre en place la funeste politique terroriste de Robespierre et de Saint-Just, aidés par Danton et Marat.

    L'Histoire n'est pas un éternel recommencement. Mais, ici, le passé révolu, condamné même, est pris comme modèle du futur. Il est à souhaiter que les citoyens votent avec cette intime conviction qu'un des candidats représente le passé terroriste.

  3. Génocide arménien : il faut revenir avec un texte juridiquement rassurant, par Jean-Claude Gayssot, député dans Le Monde du 02 mars 2012 (en local).

    Monsieur Gayssot est un ex-communiste, célèbre pour avoir son nom accolé ç l'une des lois les plus bizarres qui aient été promulguées en France. Il s'agit de la loi qui établit en délits les opinions de xénophobie, de racisme et d''antisémitisme, ainsi ques les manifestations mêmes privées tendant à nier l'existence de génocides et de crimes contre l'humanité comme la SHOAH.

    De nombreuses personnes raisonnables ont affirmé qu'une telle loi n'était pas raisonnable en ce qu'elle constitue une atteinte aux libertés fondamentales. De manière terroriste typique, les promoteurs de la loi Gayssot avaient par avance écartée cette argumentation en posant comme principe qu'aucun délit déclaré par la loi Gayssot ne pouvait être tenu comme une quelconque atteinte à la liberté d'opinion ou à celle d'expression, puisqu'ils constitutaient justement des délits.

    Une chape de plomb s'est depuis déposée sur la pensée et la recherche en France, mais pas seulement. D'autant que de nombreuses lois sont venues s'y ajouter ainsi que de nombreux jugements.

    Que l'on nous comprenne bien, l'expression de la xénophobie, du racisme, de l'antisémitisme, la négation de génocides et de crimes contre l'humanité ou celle de la Shoah sont des actes repoussants. Mais, ce sont d'abord et avant tout des erreurs dues à l'aveuglement. Les constituer en délit à deux effets pervers :

    1. Les pauvres gens aveuglés par leur erreur de jugement sont maintenant passibles des tribunaux. On sait que ces mêmes tribunaux pourront ainsi ne pas manquer de travail, parce qu'il est inhérent à l'esprit humain de se tromper. De là à en constituer un délit, donc en un acte à sanction judiciaire comme les crimes dont il est le simple commentaire,on peut y voir un mouvement qui constitue un contrôle de la pensée involontaire qui n'est pas du domaine judiciaire ;
    2. L'idée qu'une chose pourrait ne pas avoir eu lieu alors qu'elle est affirmée est un élément essentiel du débat judiciaire. Par exemple, le massacre de Katyn fait partie de l'acte d'accusation du Tribunal de Nuremberg. Si le Tribunal de Nuremberg s'était appliqué à lui-même le principe de la loi Gayssot, il aurait pu décider d'attribuer aux Nazis ce forfait monstrueux qui était le fait des communistes. Or, le Tribunal de Nuremberg, se fondant sur le principe du contradictoire qui était dans ses Statuts, a pu écarter cette imputation.

    Mais la loi Gayssot est là. D'une certaine manière, elle constitue une réduction de l'étendue du principe du contradictoire qui règne sur le système judiciaire français. Et au delà, bien sûr.

    Dans son article, Monsieur Gayssot - et il a juridiquement raison, puisqu'il est politiquement majoritaire - ne parle pas de tout celà. Il se trouve que, poursuivant les lois dérivées de la loi Gayssot, poussé par un lobby de descendants d'Arméniens, et quelques autres personnes ayant d'autres visées, le Parlement français a voté une loi condamnant le négationisme du génocide arménien. Nous en avons parlé dans d'autres Revues d'opinions précédentes.

    Déférée devant le Conseil Constitutionnel, la loi sur la négation du génocide arménien a été rejetée. La motivation du Conseil Constitutionnel reconnaît que sa prohibition porte atteinte à la liberté d'expression :

    6. Considérant qu'une disposition législative ayant pour objet de « reconnaître » un crime de génocide ne saurait, en elle-même, être revêtue de la portée normative qui s'attache à la loi ; que, toutefois, l'article 1er de la loi déférée réprime la contestation ou la minimisation de l'existence d'un ou plusieurs crimes de génocide « reconnus comme tels par la loi française » ; qu'en réprimant ainsi la contestation de l'existence et de la qualification juridique de crimes qu'il aurait lui-même reconnus et qualifiés comme tels, le législateur a porté une atteinte inconstitutionnelle à l'exercice de la liberté d'expression et de communication ; ...
    Source : Décision 2012-647
    Qui ne vise pas seulement le génocide arménien.

    Mais Monsieur Gayssot affirme :

    En l'excluant de la censure du Conseil Constitutionnel, la loi Gayssot contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie a de fait été confortée.
    Mais Monsieur Gayssot serait bien en peine de montrer la moindre disposition de la décision du Conseil Constitutionnel qui écarterait directement ou non la loi Gayssot. Par contre, bien entendu, la loi Gayssot n'a pas été déférée devant le Conseil Constitutionnel. Non saisi, le Conseil Constitutionnel ne pouvait pas déclarer inconstitutionnelle la loi Gayssot. Mais, son principe est visé à notre avis.

    Cependant, il existe un argument supplémentaire, qui à notre avis ne tient pas. La contestation de la Shoah ne peut en effet être validement prohibée au motif raisonnable qu'elle a été reconnue et condamnée dans une décision de justice internationale, celle du Tribunal de Nuremberg, qui s'impose, notamment en France. Les condamnations de Sezneck, de Mis et Thiénot, de Dils et des malheureux d'Outreau sont seulement quelques exemples qui démontrent que l'incontestabilité des décisions de justice conduit à des échecs redoutables de l'Etat de droit.

2 - Affaires religieuses

Elles sont à nouveau dominées par la politique américaine avec trois affaires pourrait-on dire :

  1. la montée formidable de l'athéisme anticatholique ;
  2. la loi Obama sur les remboursements de l'avortement et de la contraception par les "organisations" religieuses ; et
  3. l'"affaire" Johnson.
  4. On ajoutera, bien que celà ne soit pas très commenté :
  5. la négociation entre le Vatican et les intégristes de la FSSPX.

2 .1 L'athéisme anticatholique

Le mouvement est largement mondial. Mais, il semble particulièrement puissant aux Etats-Unis où il est illustré dans les deux grands quotidiens The New York Times et le Washington Post. Il n'est pas le lieu d'en faire une caractérisation exhaustive, mais seulement d'en donner ici quelques exemples récents.

2.2 L'avortement remboursé par les catholiques

Dans la loi Obama, les organisations qui emploient des femmes - et elles n'ont pas le droit de ne pas en employer - doivent cotiser à une caisse d'assurance maladie patronale, assurance prévue explicitement pour le remboursement de l'avortement et de la contraception. Les évêques catholiques s'insurgent dans des termes souvent extrêmement véhéments parfois et les athées en déduisent que le catholicisme est contre le droit des femmes. L'Eglise ne peut pas ne pas s'insurger, mais si Elle s'insurge, Elle est vilipendée pour son ... "sexisme" ...

2.3 L'"affaire" Johnson

Voilà en deux mots comment apparaît cette histoire qui est exemplaire. On peut en effet la retrouver dans les églises du monde entier. Voilà. Une dame Johnson demande à sa paroisse (aux Etats-Unis) de célébrer une messe de funérailles pour sa maman décédée à 88 ans. La cérémonie s'organise normalement. Quelques minutes avant le début de la cérémonie, la dame Johnson se rend à la sacristie et présente au prêtre célébrant, le Père Guarnerio, une autre dame. Comme celle-ci prenait part aux décisions à prendre pour la cérémonie, le P. Guarneiro lui demande qu'elle est son lien de famille avec la défunte. La dame répond alors qu'elle est la partenaire de la dame Johnson.

On ignore la réaction du célébrant alors, et la cérémonie commence. Lors de la communion, la dame Johnson qui s'est approchée du prêtre se voit refuser la Communion. Epoustouflée, la dame Johnson demande pourquoi. Le P. Guarneiro lui oppose l'état de péché public dans lequel elle se trouve en s'exhibant avec sa partenaire. La dame Johnson s'adresse alors à un fidèle qui distribue la Communion avec le P. Guareneiro. Celui-ci ne semble pas s'opposer à cette opération.

La dame Johnson est terriblement offensée d'avoir été rebutée publiquement. Elle a, semble t'il, "le bras long". Elle obtient la mobilisation des journalistes du Washington Post notamment qui, dans une douzaine d'articles, vont distiller des perfidies à l'encontre de l'attitude de l'Eglise au sujet du progrès et du P. Guarneiro sur l'incident et ce qu'il représente. Enfin, ils font suffisamment "monter la mayonnaise" pour que le Cardinal Wuerl qui dirige le diocèse de Washington dans lequel officiait le P. Guarneiro, le fasse écarter de sa charge de vicaire. En quelques jours. Telle est la puissance de la presse aux Etats-Unis ...

Le clivage est immédiat. D'un côté, les médias et les progressistes vocifèrent sur les atteintes aux droits de l'homme (ici, ce serait plutôt des femmes) par l'Eglise et sur le conservatisme du P. Garneiro. De l'autre, les blogs conservateurs soutiennent la position du P. Guarneiro et critiquent ouvertement sa sanction par les autorités du diocèse de Washington.

Comme d'habitude, le "clergé officiel" fait grise mine. Il aurait préféré que le P. Garneiro n'eut jamais existé. Un Jésuite recommande ainsi que le Cardinal Wuerl lui paye un aller simple pour Moscou dans le diocèse duquel il est incardiné. Il faut dire que le Cardinal Wuerl, sur le site de son diocèse, semble se donner beaucoup de mal pour paraître "up to date" ...

  1. http://www.washingtonpost.com/local/denying-communion-a-priest-and-a-lesbian-set-off-a-catholic-culture-clash/2012/03/15/gIQA9roNJS_print.html, par Michael S. Rosenwald and Michelle Boorstein, dans The Washington Post du 18 mars 2012 (en local)

    Dans cet article commun des deux auteurs les plus prolixes sur l'affaire, on peut retenir l'idée d'un choc des cultures entre deux catholiques de mêmes origines, mais l'un devenu traditionaliste, conservateur, de droite, l'autre, gauchiste, plus très catholique, plutôt bouddiste et même franchement lesbienne ...

    Il n'y a pas grand chose à dire. Peu d'idées. Mais, surtout un talent efficace pour exciter l'ire et les automatismes gauchistes. Beaucoup de mépris pour le prêtre par les qualificatifs antagonistes qu'on lui applique.

    Les deux journalistes émettent une idée gauchiste sur le rôle des évêques qui semble erronée. Les prêtres ne sont pas "soumis" à l'évêque, même s'ils lui doivent obéissance. Mais, chaque prêtre a un certain nombre de droits qu'aucune autorité d'évêque ne peut lui retirer. De ce fait, il n'est ni possible ni catholique d'imaginer qu'un prêtre soit "soumis". Quoique, les serments d'allégeance à nouveau imposés, notamment pour la soumission aux enseignements du Concile Vatican II se qualifient en effet come des instruments imposant la soumission. ALors, le fameux devoir de révolte du for interne ...


Revue THOMAS (c) 2012