Revue d'opinions - Mai 2012

Revue d'opinions - Mai 2012

Philippe Brindet - 31 mai 2012

1 - La politique en France

Ouf ! L'élection présidentielle est terminée en Francie, vous savez, cette région mal délimitée à l'Ouest de l'Allemagne qui sert de plages de débarquement aux Américains. Eh bien, sitôt élu, le Président de la République accompagné d'un tailleur Chanel ou je ne sais quelle chose du même genre jugé sur de ridicules hauts talons s'est rué chez le Chancelier allemand et le maître de la Maison Blanche. Il avait l'air ravi. Pendant ce temps, les annonces de fermetures d'entreprise et de licenciements qui avaient été retenues jusque là par ordre de la police, commencent à se publier partout. La loi c'est la loi et la police est pareille.

En bref, les électeurs découvrent avec amertume ce qu'ils savaient déjà. Qu'"ils sont tous pareils, tous pourris !", ce qui n'est pourtant pas toujours vrai, puisqu'il y en a qui vont en prison. Ou au Maroc. Comme des petits bourgeois de banlieue. Alors ? Qu'est-ce qu'on a lu de rigolo en ce mois de Mai ?

  1. Monsieur Frachon, qui est quelque chose d'important au quotidien Le Monde - il y est journaliste, c'est déjà çà - défend le bilan d'un des promus du sarkozysme finissant, l'ancien Premier Ministre Juppé. Devenu Maire de Bordeaux, il était jusqu'au début du mois, Ministre des Affaires étrangères. Il remplaçait en catastrophe une grande bourgeoise qui envoyait son père faire des affaires immobilières de l'autre côté de la Méditérannée. Pendant ce temps, la dame tentait de revendre les techniques de la police française pour maintenir la galanterie de ses amis. Le brave homme - oui je sais c'est osé puisque je vise Juppé - a compris qu'il fallait enfin une attitude mâle et, sous les yeux du Ministre des Armées, terrorisé et impuissant, a lancé les forces militaires françaises dans une aventure où nos soldats ont en quelques jours mangé leurs provisions pour l'hiver. On était en janvier ...

    Nos lecteurs se souviennent peut être encore de cette aventure libyenne dont plus personne ne souhaite se souvenir, sauf Monsieur Frachon, admiratif. Dans un article intitulé "Le réalisme moral d'Alain Juppé" du 17 mai 2012 (en local), il loue le sarkozyste. Assassiner son hôte serait une preuve de réalisme moral poiur un président. Etablir un islamisme anti-occidental est-il une marque de réalisme politique au prétexte d'être moral. Mais en fait, quand Monsieur Frachon utilise le qualificatif de "moral", c'est en fait d'"immoral" qu'il qualifie le réalisme de Juppé. Juste un problème d'inversion du sens moral.

  2. Goldman Sachs, enquête sur une société secrète, par Marc Roche dans Le Monde du 11.05.2012 (en local)

    Cette banque est mystérieuse. Marc Roche donne de très suggestives informations. C'est une banque qui gagne de l'argent en temps de crise. Crise ? Laquelle ?

    Roche pousse l'insolence jusqu'à comparer la banque à ... une loge maçonnique ! Je vous laisse.

  3. Le curé rouge qui a bouleversé la vie des enfants de bourgeois, par Pascale Kremer dans Le Monde du 13 mai 2012 (en local)

    Article très intéressant sur un curé de banlieue riche qui va contribuer à former des générations de bourgeois de gauche caviar. Il s'agirait du Père Jean-Claude Bée. Il travaillait à l'aumônerie des lycées de Sceaux, ville bourgeoise s'il en est depuis toujours. Et gravement, l'homme de DIeu se demande au soir d'un vie bien remplie ... "Est-ce que grâce à l’aumônerie j’ai rempli les églises ?". Il répond lui-même, ravi : "Non.". A lire.

  4. 79% des catholiques pratiquants réguliers ont voté pour Nicolas Sarkozy, par Stéphanie Le Bars dans Le Monde du 07 mai 2012 (en local)

    Partie en exploration dans les sondages issus de la campagne présidentielle, Madame Le Bars, chroniqueuse religieuse au Monde, nous informe que les catholiques pratiquants sont sarkozystes. Depuis l'échec de Nicolas 1er, il n'y a donc plus ... de catholiques pratiquants. Et Madame Le Bars n'a pas perdu son emploi pour autant ...

    Elle ne le dit pas, mais les sondeurs ont mesuré que 97% des musulmans ont voté pour le candidat socialiste, vainqueur lui. Il n'y a donc plus de catholiques. Mais il y a des musulmans. La République est contente et Madame Le Bars aussi. Elle a toujours un objet à sa chronique ...

2 - L'agitation catholique aux Etat-Unis

  1. Protecting our Catholic conscience in the public square, par le cardinal Wuerl dans The Washington Post du 23.05.2012 (en local).

    Dans la course à la présidentielle deux tendances lourdes s'affrontent. Tout d'abord, le Président Obama qui est un progressiste et qui joue sa réélection par des mesures socialistes aguicheuses de son électorat naturel. Mais en face de lui, se dresse une partie du catholicisme qui se sent affecté par certaines de ces mesures récentes. Le cardinal Wuerl se trouve en fait confronté avec les catholiques de bonne foi au choc entre ceux qui croient en Dieu pour vivre et ceux qui vivent sans croire en Dieu. La confrontation est stérile depuis Vatican II. Mais celà, les catholiques de bonne foi ne semblent pas l'avoir compris.

  2. Analysis. Catholic bishops divided in legal battle against Obama birth , par David Gibson dans The Washington Post du 23 mai 2012 (en local).

    Monsieur Gibson, journaliste, a bien perçu la division des catholiques qui font un procès au Président Obama sur l'obligation des assurances sociales. Cette obligation légale contraint l'Eglise à rembourser les dépenses d'IVG et de contraception de ses salariées.Cà fait désordre et l'administration Obama n'en peut plus de rire. Gibson non plus. Comme quoi, il n'y a pas deux solutions. Si on collabore, on collabore. Et tant pis pour les compromissions.

  3. Bishops make ‘Nunsense’, par Anthony M. Stevens-Arroyo dans The Washington Post du 04/05/2012 (en local)

    Le Vatican a émis une Note contre une association très avancée de nonnes américaines fortement engagées dans le progressisme en général et les menées anto-catholiques d'autre part. Les nonnes se moquent à peu près complètement de ce genre de document compassé qui leur démontre seulement qu'elles ont raison puisque les "réactionnaires" s'énervent. Cela, Stevens-Arroyo, emporté par son soutien sans faille à tout ce qui est progressiste dans le catholicisme, ne le voit pas. Tant pis pour lui.

  4. Do the Bishops Have a Case Against Obama, par GARY GUTTING, dans The New York Times de May 31, 2012 (en local)

    Gutting est un rationaliste, c'est-à-dire radicalement un athée qui pense que son devoir est de faire calmement la leçon à ces b... de religieux. Or, pour un athée, qu'y a t'il de plus emblématique que ce refus des "curés" de rembourser les frais d'IVG à leurs salariées. Et des raisons, Gutting en a trouvé deux à ces b... de curés.

    Le premier argument est celui du droit de conscience pour l'employeur de ne pas financer une pratique qu'il refuse. Pour Gutting ce droit viole celui du gouvernement de promouvoir le bien commun. Le second argument est celui selon lequel l'employeur a le droit d'avoir un traitement égal avec d'autres employeurs avec lequel il est lié. En effet, la loi Obama permet à certains types de diocèses et de paroisses de ne pas se soumettre à la loi et y contraint le reste de l'Eglise. Mais Gutting rejette dans ce second argument ce qu'il considère comme un pur arbitraire de l'Eglise alors qu'elle est soumise au gouvernement.

    Ah ! Un petit détail ! Le "rationaliste" que je vous présentais comme un athée radical est un professeur de philosophie dans une grande université catholique !

3 - L'Euroland

2012 sera sûrement l'année de la stupeur. Vociférant le caractère indestructible de l'euro, cette monnaie de singe imposée par des troupes d'occupation étrange, les européistes ont découvert avec "horreur" que, pas plus que la ligne Maginot, l'euro ne constituait une ligne infranchissable pour l'ennemi de la croissance. Grèce, Irlande, Espagne, France, Italie. Tous pays virtuellement en faillite. Faillite maquillée en crise économique dont on sortira, nous dit-on, "avec encore plus d'Europe" !

Le plus funeste dans cette affaire, c'est que, mêlées aux sologans idéologiques les plus imbéciles, se mêlent les solutions les meilleures à la crise. Il n'y a qu'à lire les articles économiques.

  1. Six priorités pour la croissance en Europe, par Nicolas Baverez, dans LE MONDE ECONOMIE, du 29.05.2012 (en local

    Monsieur Baverez est, comme tous les socialistes français, un "croissantiste". Il n'a pas tort. Mais, la croissance est un indice "commode", trop commode. de ce fait. Son absolutisme conduit à introduire du surréalisme à la Tzara dans la science rigoureuse de l'économie (cum grano salis ...).

    Parmi les six priorités, Baverez place "La réorientation des budgets nationaux et européens vers la production et l'innovation.". La production de quoi ? De services à la personne comme en Thaïlande ? L'innovation de quoi ? Des éoliennes productives 5% de leur durée de vie ? Budgets de quoi et d'ou ? Ce n'est pas par l'orientation budgétaire qu'il faut travailler. L'Union Soviétique et la France ont longuement démontrées que ce "planisme" est irrationnel.

    Pour les autres priorités, Baverez se trompe et poursuit la tromperie que lui et ses affidés imposent au public depuis trente ans et plus. Que ce soit, l'intégration européenne (avec l'exclusion de la Grèce, présentée par Baverez avec une "candeur" désarmante ...), la balance de l'austérité chez les uns par la richesse des autres, l'effrayante "amélioration du capital humain" (Baverez devrait rougir d'une telle chose), ... toutes précipiteront plus sûrement les membres de l'Euroland dans le gouffre de l'oubli de l'Histoire.

    Avec les "priorités" de Baverez, le "merveilleux" site de la Défense, ressemblera aux temples d'Angkor ...

  2. Those Revolting Europeans, par PAUL KRUGMAN dans New York Times du May 6, 2012 (en local)

    Krugman est un Prix Nobel d'économie qui bénéficie d'une colonne ouverte dans le quotidien new-yorkais. Socialiste étatiste, il est très écouté en France. Peut être autant que le catastrophique Stiglitz. En attendant, Krugman nous trouve "dégoutants". "Révoltants" ! Et, effrayés, la rédaction du New York Times n'a pas lu la première phrase de Krugman :

    "The French are revolting. The Greeks, too."

    Pourquoi dégoute t'on Monsieur Krugman ? Mais parce que nous adopterions l'austérité. Alors que la dépense publique encouragerait la dépense privée, nous explique sentencieusement Monsieur Krugman. Autrement dit, nous dit Monsieur Krugman, n'écoutons pas La Fontaine et tuons la fourmi pour nous faire cigales.

    Tout porte à croire que les socialistes au pouvoir en France ont entendu Monsieur Krugman. Ils vont augmenter la dette, la dépense publique et donc l'impôt et la distribution d'argent gratuit aux improductifs pour acheter le calme des cimetières.

    En fait, je n'ai pas encore compris pourquoi, selon Monsieur Krugman, la France était dégoutante, et la Grèce aussi. Parce que nous nous enfonçons dans la pauvreté ? C'est vrai, "un pauvre, c'est vraiment dégueulasse !" (Coluche).

  3. La dette des uns est le patrimoine des autres, par Bernard Schwengler dans LE MONDE ECONOMIE du 31.05.2012 (en local)

    Monsieur Schwengler est un professeur de Lycée. Economiste. Bien. Son idée est que le concept académique de l'équilibre est un principe inviolable et inviolé. Obéissant à ce principe, Monsieur Schwengler nous rappelle à bon escient que la dette publique est exactement équilibrée par l'emprunt privé. Si vous préférez, l'Etat est simplement endetté auprès des "particuliers". Le lecteur voit confusément une équation rassurante s'écrire devant ses yeux émerveillés : DP = EP ...

    Poursuivant son raisonnement, Monsieur Schwengler voit alors que la crise de la dette se résout aussi simplement qu'une équation du premier degré à une inconnue en classe de Sixième. Pour réduire sa dette, l'Etat n'a qu'à prélever par l'impôt le patrimoine privé qui servirait sinon à couvrir l'emprunt public futur. "Pourquoi croyez-vous que le Seigneur leur a mis de la laine sur le dos, si ce n'est pour les faire tondre ?" (Sentenza, dans Les Sept mercenaires).


Revue THOMAS (c) 2012