Revue d'opinions - Juillet 2012

Revue d'opinions - Juillet 2012

Philippe Brindet - 31 juillet 2012

1 - La politique en France

  1. Olivier Ferrand, bâtisseur de la victoire de la gauche, par Laurent Joffrin dans Le Nouvel Obs' du 01-07-2012 (en local)

    Il s'agit d'une notice nécrologique signée du directeur du Nouvel Obs'. Le récipendaire est un politologue et politicien d'une quarantaine d'années. Nouvellement élu à l'Assemblée Nationale, Olivier Ferrand est mort à la sute d'une séance de course à pieds qui a mal finie. Il était connu pour avoir été à la fois l'animateur de Terra Nova, un think tank socialiste, et un leader de l'équipe électorale du candidat socialiste à la présidentielle 2012.

    Joffrin salue son originalité en le qualifiant de "Géo Trouvetou de la post-social-démocratie".

  2. Economistes incompétents, vendus ou dans l'impasse ?, par Jean Matouk dans Le Monde du 06.07.2012 (en local)

    Les noms d'oiseau volent bas ces derniers temps au sujet des économistes accusés d'être stipendiés par les puissances financières ou incapables de prévoir la crise. L'économiste Jean Matouk qui est un universitaire, hommes d'affaire aussi, défend l'économie institutionnelle française. Il critique les économistes majoritaires dans certaines institutions et qui suivent la théorie de l'équilibre. Bon. Et alors ?

  3. On peut être un économiste non engagé, non médiatique et pourtant un imposteur, par Philippe Méhaut dans Le Monde du 17.07.2012 (en local)

    Dans le même débat que Matouk, mais partant d'un livre critiquant les économistes écrit par le journaliste Mauduit, Méhaut qui est un fonctionnaire de la recherche, condamne chez certainsl'ignorance de l'histoire de la pensée économique, manifestement pour soutenir l'idée que Marx doit être pris en compte dans l'analyse économique. Nous éviterons d'être désobligeant.

  4. Les forces spéciales ne peuvent pas se substituer aux forces classiques, par Henri Poncet - LE MONDE du 16.07.2012 (en local)

    Le Général Poncet publie un article qui semble s'opposer à une tentation répandue parmi les politiciens qui est, dans le mouvement de professionalisation de l'armée et le règne des super-experts, de confier de plus en plus de missions aux forces spéciales et d'en rteirer aux forces conventionnelles. Le but recherché est à la fois celui de la plus grande compétence au combat des forces spéciales et de la réduction du budget de fonctionnement des forces classiques.

    Le Général Poncet pense que cette politique conduira à un échec total parce que les forces spéciales ont des missions spéciales quand les forces classiques ont des missions classiques. Chacune dispose de ses moyens propres adaptés à ses missions propres. La réflexion du Général Poncet semble le bon sens même.

  5. La réduction des effectifs terrestres a atteint un seuil, par Jean-Claude Thomann dans LE MONDE du 16.07.2012 (en local)

    Le Général Thomann pousse un cri d'alarme :

    ... si nous n'avons plus le courage d'intervenir au sol, nous devons avoir le courage de supprimer nos forces terrestres, car elles ont atteint un seuil en deçà duquel leur cohérence comme leurs capacités seraient plus que gravement obérées.
    Nous ne commenterons pas.

    Cependant, le Général Thomann en termes très prudents semble désapprouver la tentation politique qui consiste à confondre les forces armées regroupées en force d'intervention avec une police internationale exécutant des sentences judiciaires : exécutions ou arrestations. Nous avions le même jugement.

  6. L'histoire mouvementée de la commémoration de la rafle du "Vel' d'Hiv'", par Anna Senik - Le Monde du 16.07.2012 (en local)

    Madame Senik est, comme c'est fréquent en France, à la fois une fonctionnaire de la recherche et une activiste engagée. La commémoration de la Rafle du Vél'd'Hive de 1942 a été une opération politique montée sous le règne de Mitterrand qui a résisté tant qu'il a pu. Chirac et Sarkozy, dont la faiblesse politique n'a eu d'égale que leur incapacité à se libérer des pulsions électoralistes sont tombés. Cela permet à des gens comme Madame Senik de prendre des tons sentencieux.

    Mais le terrorisme intellectuel règne et les gens qui soulignent les efforts de la police parisienne pour résister aux ordres de rafle des occupants allemands se voient dénoncés comme des néo-nazis.

    Ceci dit, la Rafle du Vel' d'Hiv' est réellement une infamie. Madame Senik joue donc sur du velours.

2 - Quelques nouvelles scientifiques

  1. Can the ‘God Particle’ lead us to God?, par Guy Consolmagno dans le Washington Post du 11.07.2012 (en local

    L'article manque complètement son titre. L'auteur se limite à affirmer :

    “No, the God Particle has nothing to do with God...”
    "Non, la particule de Dieu n'a rien à voir avec Dieu ..."
    Sauf que le rôle du boson de Higgs commence quelques instants avant l'appartion des premières particules massiques, soit quelques fractions de seconde au début du Big-Bang, instant de la Création. Or, nous n'apprendrons rien à l'auteur, Jésuite, que le Credo comence par : "Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la Terre ...". Dire comme l'auteur que le boson de Higgs n'a rien à voir avec Dieu puis se borner ensuite à faire l'hagiographie de l'Observatoire astronomique du Vatican - ce qui est sûrement très intéressant - est rien moins que léger.

    Une nouvelle particule élémentaire connue sous le nom de boson de Higgs, du nom de l'un de ses trois postulateurs, viendrait d'être mise en évidence par une expérience menée sur un accélérateur géant produisants des collisions entre protons de très hautes énergies. Cette particule de Higgs serait selon une théorie physique devenue standard le médiateur de la gavitation. Un physicien "humoriste" et athée avait proposé de l'appeler la particule de Dieu, essentiellement parce que cette particule permttrait de renoncer à l'idée d'un Dieu créateur.

    Higgs lui-même athée militant, à rechigner à cette appellation pour la laisser prospérer ensuite. Le silence du jésuite Consolmagno est donc douteux. Nous n'en dirons rien de plus.

  2. Syrian intervention risks upsetting global order, par Henry A. Kissinger, Washington Post du 2,06. 2012 en local)

    Henry Kissinger, le plus formidable Secrétaire d'Etat de l'Histoire des Etats-Unis, vient de publier un article scientifique de la plus haute portée. Partant de considérations très claires sur le Traité de Westphalie de 1648, il écrit :
    Military intervention, humanitarian or strategic, has two prerequisites: First, a consensus on governance after the overthrow of the status quo is critical. If the objective is confined to deposing a specific ruler, a new civil war could follow in the resulting vacuum, as armed groups contest the succession, and outside countries choose different sides. Second, the political objective must be explicit and achievable in a domestically sustainable time period. I doubt that the Syrian issue meets these tests. Une intervention militaire, humanitaire ou stratégique, a deux conditions nécessaires. D'abord, un consensus sur la gouvernance après le rejet du status quo est critique. Si l'objectif est confiné à la déposition d'un gouvernement particulier, une nouvelle guerre civile pourrait suivre la situation de vide qui s'en suit quand des groupes armés contestent la succession, que des pays étrangers choisissent divers camps. Ensuite, l'objectif politique doit être explicite et atteignable sur une période de temps localement acceptable. Je doute que l'affaire syrienne réponde à ces conditions.
    On ne commente pas un article de Henry Kissinger. On le lit.

  3. U.S. pushes for more scientists, but the jobs aren’t there, par Brian Vastag dans le Washington Post du 07.07.2012 (en local)

    Nous savions que les jeunes scientifiques français avaient le plus grand mal à trouver des emplois en rapport avec leurs formations. Vastag nous décrit le même phénomène aux USA. Nous n'y prêtions pas attention parce que nous étions persuadés que la mobilité de l'emploi aux Etats-Unis était présumée permettre à tous de trouver un emploi à ses compétences avec parfois quelques petites interruptions de carrière, de quelques mois. Vastag indique que le non emploi de docteurs en sciences et techniques est maintenant permanent et sans espoir.

    Nous savons par ailleurs que une prochaine crise financière est annoncée. Elle est basée sur le défaut de remboursement des emprunts réalisés par les jeunes scientifiques américains ou étrangers qui, aux Etats-Unis financent classiquement par l'emprunt des frais de scolarité élevés pour les rembourser lors de leur premier emploi. Comme ce dernier n'arrive pas, l'emprunt n'est pas remboursé. A la crise sociale qui ne manquera pas de se lever parmi les gens fortement éduqués et sans revenus s'ajoutera donc la crise financière de défaut des emprunts de scolarisation.

3 - L'Euroland

    Néant

4 - Le catholicisme américain

  1. Arlington Diocese parishioners question need for fidelity oath, By Michelle Boorstein, dans le Washington Post du 12/07/2012 (en local)

    L'évêque d'Arlington aux USA a imaginé de réclamer de ses bénévoles, catéchistes, membres d'équipes liturgiques, etc, la prestation d'un serment de fidélité qui semble identique à celui demandé aux seuls ecclésiastiques. La mesure a soulevé une immense vague de désapprobation parmi les activistes progressistes. L'article de Michelle Boorstein appelle simplement à une réaction de rejet de toute hiérarchie ecclésiastique. Ainsi, elle conclut son article en rapportant qu'un ecclésiastique, engagé à l'Université Notre-Dame aux USA, souligne cette volonté de normalisation des équipes paroissiales et dit-il, il conserve sur son bureau une photo des évêques allemands en grand costume liturgique faisant le salut nazi ...

    La véritable question posée par l'évêque d'Arlington est de savoir quelle est la valeur de foi du personnel laïque que les évêques, au nom de la participation prônée par le Concile Vatican II, ont laissé prendre le pouvoir pratique dans l'Eglise.

  2. On Catholic oath of fidelity: It’s about time, par Bill Erwindans le Washington Post du 13/07/2012 (en local)

    Dans le tollé précité du serment de fidélité exigé par l'évêque d'Arlington, Bill Erwin donne une opinion orthodoxe. Il commence par rappeler que l'Eglise comme institution a le droit de contrôler les actions de ses membres et, avec beaucoup de sens de l'Eglise, que l'Eglise n'est en rien une démocratie qui accueillerait également toute opinion. La foi de l'Eglise n'est pas le catalogue des opinions majoritaires. Mais les membres de l'Eglise confessent la foi de l'Eglise comme un donné qui leur est d'abord extérieur, puis enseigné.

    Erwin raconte avoir signé ce document il y a peu et avoir été conduit à être un meilleur enseignant parce qu'il se rappelle plus intensément que la foi qu'il enseigne doit d'abord être celle de l'Eglise et pas la sienne au sens qu'elle différerait de celle des autorités.

    L'article de Erwin est excellent. Il sera hélas irrecevable pour la plupart des activistes qui ont investi les rangs des catéchistes et autres activistes dans l'Eglise.

  3. Is a catechist Catholic?, par Matthew J. Franck dans le Washington Post du 12/07/2012 (en local)

    Matthew Franck est un enseignant dans une institution catholique américaine. Sur le serment de fidélité exigé par l'évêque d'Arlington, son opinion est proche et aussi orthodoxe que celle de Erwin précité. Franck part de la protestation de plusieurs universitaires catholiques qui refusent la formule du serment dans laquelle le jureur reconnaît :

    “adhere with religious submission of will and intellect” to everything the church authoritatively teaches
    "adhérer avec une soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence" à tout ce que l'Eglise enseigne magistériellement.

    Les opposants au serment affirment qu'il s'agit d'un viol de la responsabilité de la conscience individuelle. Avec un certain a propos, Franck explique que celui qui n'adhère pas, par exemple, à la réserve masculine de la prêtrise, garde le droit de penser et de débattre d'autres solutions de prêtrise. Mais, s'il a une charge d'enseigner la foi magistérielle, il lui est interdit de présenter ses vues divergentes pas plus comme si elles étaient de la foi de l'Eglise que comme des solutions alternatives et futures.

    L'opinion de Franck est tout à fait intéressante. Mais elle laisse plusieurs problèmes en suspens. Notamment, comment un professeur de religion pourrait il imaginer une solution théologique qui ne serait pas en harmonie avec le magistère s'il a préalablement signé un tel serment de fidélité ?

  4. Don’t need God to be good … or generous, par Richard Dawkins dans The Wahington Post du 06.07.2012 (en local)

    Le sujet annoncé par le titre de l'article, le nom de l'auteur, un athée britannique spécialiste d'une branche intégriste du darwinisme, tout était passionant. Las, on en reste à l'affirmation passionnante : "nous n'avons pas besoin de Dieu pour être bon". En fait, Dawkins limite son propos à une "jérémiade" sur le fait - je traduis en "français" - que les curés ont le droit de prélever de l'argent dans le public pour faire la charité et pas les athéistes. La remarque reste donc seulement ... amusante.

  5. Fortnight for freedom homily: We belong to God, par Mgr Charles J. Chaput dans The Washington Post du 4.07.2012 (en local

    Archevêque de Philadelphie, Mgr Chaput concluait la quinzaine de prières pour la liberté religieuse par une homélie dont l'article est le texte. Le texte est très beau, très religieux :

    We need to be witnesses of that truth not only in word, but also in deed.
    Nous avons besoin de témoigner de cette vérité non seulement en paroles mais aussi en témoignage.
    C'est beau.

    La dernière phrase de Mgr Chaput est particulièrement intéressante au point de vue du rapport de l'Eglise et de l'Etat :
    When we leave this Mass today, we need to render unto Caesar those things that bear his image. But we need to render ourselves unto God - generously, zealously, holding nothing back. To the extent we let God transform us into his own image, we will - by the example of our lives - fulfill our duty as citizens of the United States, but much more importantly, as disciples of Jesus Christ. Quand nous quittons cette messe aujourdhui, nous avons besoin de rendre à César ces choses qui portent son image. Mais nous avons besoin de nous rendre nous-mêmes à Dieu - géneureusement, avec zèle, en ne retenant rien. Dans la mesure où nous laissons Dieu nous transformer en sa propre image, par l'exemple de nos vies, nous remplirons notre devoir comme citoyens des Etats-Unis, mais, bien plus important, comme disciples du Christ.

5 - Le catholicisme français

  1. Sur une allocution de Mgr Lebrun sur l'islam, par Bernard Antony, le 05 juillet 2012 sur son blog (en local)

    Mgr Lebrun est un évêque français qui a récemment participé à l'inauguration d'une mosquée. Bernard Antony est un activiste traditionaliste qui est un adversaire résolu de l'islam. Le discours de l'évêque ne pouvait probablement pas contenter Bernard Antony. Nous non plus, pour ce qu'en rapporte Bernard Antony. Même sans Bernard Antony, nous ne partageons pas l'admiration de l'Eglise de France pour le fait que des écoles catholiques gérées par les évêques accueillent plus de 80% d'enfants se revendiquant de l'islam. Nous partageons la désapprobation de Bernard Antony sur le fait d'exalter « les valeurs religieuses » qu’ont en commun les chrétiens et les musulmans. Il (Mgr Lebrun) précise que c’est la croyance au Dieu unique.

    Bernard Antony rappelle opportunément que l'islam établit que le crime absolu est celui d'association dont sont coupables les chrétiens aux yeux de tous les musulmans. Nous pensons que, dès lors, seul un dialogue politique entre organisations religieuses, dialogue écartant toute discussion théologique, est envisageable. Or, à notre connaissance, ce dialogue n'existe pas. Il existe principalement des relations entre des acteurs religieux importants, mais privés comme Mgr Barbarin et l'imam de Lyon. Quant au dialogue interreligieux, il se borne à de pathétiques déclarations de pontifes catholiques qui, en France, croient que leur devoir est d'accueillir un islam "étranger", quand les musulmans sont conscients qu'ils sont en France sur une terre d'Islam, sur laquelle ces mêmes évêques n'ont strictement rien à faire.

  2. Catholiques et socialistes : un débat franc et constructif est-il possible ?, par Emmanuel Borde dans le Nouvel Obs' du 23-07-2012 (en local)

    L'article est d'une indigence rare. Il s'agit essentiellement pour un groupuscule catholique progressiste de prendre date dans son alliance au banquet de la démocratie socialiste. L'auteur agite une réthorique assez pénible qui consiste à faire croire que le catholicisme est majoritairement de droite, mais que le progressisme qui l'anime est lui de gauche. On le sait depuis deux siècles.

  3. Odon Vallet = « Quand la messe est belle, l’édifice est plein », dans Le Parisien du 01.07.2012 (en local)

    Odon Vallet est un théologien catholique laïque français très engagé dans le progressisme depuis cinquante ans. Il souligne que le problème numéro UN de l'Eglise de France, entièrement acquise au progressisme dérivé de l'"esprit" du Concile, c'est le manque de recrutement de prêtres. Il rejette les solutions les plus fréquemment évoquées : les prêtres africains, les femmes, les hommes mariés.

    Avec un très grand bon sens, Vallet note que le prêtre est d'abord un enfant qui a rêvé d'être prêtre. Et pour qu'un enfant rêve d'être prêtre, il faut que la messe soit belle ...

    Sans commentaire ...

6 - Le vrai christianisme

  1. Mgr Ma Daqin - discours de remerciement et démission de l'Association Patriotique, dans ZENITH du mardi 10 juillet 2012 (en local)

    Mgr Ma était un prêtre de l'association catholique chinoise patriotique, une sorte d'Eglise d'état façon Constitution civile du clergé de 1791 en France. Au moment de son sacre épiscopal, il révèle qu'il est un vrai catholique infiltré dans l'association d'état, qu'il sera un évêque fidèle au Christ et qu'il rompt donc avec l'Etat.

    Mgr Ma a conclu son formidable discours de remerciements par :

    A la lumière de ce que nous a enseigné notre Sainte Mère l’Eglise, que je sers désormais en tant qu’évêque, il me faudra consacrer toute mon énergie au ministère épiscopal et au travail d’évangélisation. Il est donc gênant pour moi de continuer d’assumer certaines responsabilités. C’est pourquoi, à partir de ce moment de mon ordination, il n’est désormais plus souhaitable pour moi d’être membre de l’Association patriotique [des catholiques chinois].
    Depuis, Mgr Ma a disparu.

7 - Les Lettres et les Arts

  1. Polémique sur 'Métronome', fausses erreurs et vraies affabulations sur mon livre, par Lorànt Deutsch dans le Nouvel Obs' du 20-07-2012 (en local)

    Lorant Deutsch est un comédien français qui s'intéresse à l'Histoire de France avec une passion informée et non académique. Il a publié un livre "Métronome" qui a été adapté à la télévision, au grand dam des organisations gauchistes d'historiens marxistes. Il a été attaqué par des personnes dont la respectabilité n'est pas en cause, mais dont le talent d'historien est fortement appuyé sur une conscience de classe éduquée. Autant dire que, si l'on excepte des articles militants sur la conscientisation des masses populaires - je ne sais si mon lecteur voit ce dont il s'agit, mais dans ce cas, il a compris - la majorité des adversaires de Lorant Deutsch n'ont pas écrit le moindre ouvrage de recherche historique d'une quelconque ampleur, si l'on excepte quelques thèses dont l'indigence en France n'a pas d'égal dans le reste du monde.

    Dans sa défense, Lorant Deutsch croit avancer sa cause en révoquant tant la critique d'extrême-gauche que les admirations d'extrême-droite. Il n'a pas compris la polarisation de l'Histoire en France. Une Histoire de France libérée de la politique est impossible parce que le pouvoir politique sait très bien que s'il perd le contrôle de l'identité nationale, tout peut diverger. Et le pouvoir politique est, en matière d'Histoire, d'extrême-gauche.

  2. Critique du concept d'islamophobie, par Nasser Suleiman Gabryel dans Le Monde du 04.07.2012 (en local)

    Je suis incapable de savoir qu'elle est la critique du "concept d'islamophobie" de l'auteur. Ce qui est sûr - et encore - c'est qu'il ne reçoit pas ce concept. Bon. Il semble que, selon lui,l'islamophobie est une réduction de l'identité musulmane et, partant, doit être rejetée.

    Grossièrement, la position anti-islamophobie se décrit de la manière suivante : "vous n'êtes pas d'accord avec moi sur un point. Je vous interdis de le dire parce que cette opposition sur un seul point de ce que je pense est une réduction de ma pensée."

    Maintenant, c'est vrai que le "concept d'islamophobie" pose de sérieux problèmes. Mais la source de ces problèmes est essentiellement que le concept a été "fabriqué" par des islamophiles pour mieux contrôler leurs adversaires, vilipendés en "islamophobes". C'est vrai aussi que la réduction pose en soi un problème d'équité. Comment condamner l'islam en totalité si on n'en perçoit qu'une fraction réduite ?

8 - Economie politique mondiale

  1. Why U.S. economic policy is paralyzed, par Robert J. Samuelson, dans X du 09.07.2012 (en local)

    Dans cet article, Samuelson décrit plusieurs tendances économiques lourdes depuis les années 1960. Il note que les époques d'endettement lourd à plus de 90% du PIB sur plusieurs années sont suivies par une période de plus de vingt ans de ralentissement économique. Il a une formule amusante : "les keynésiens d'hier coupent l'herbe sous le pied des keynésiens d'aujourd'hui.


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