Aspects des progrès récents de l'Islam

Aspects des progrès récents de l'Islam

Philippe Brindet - 11.10.2012

L'islam progresse partout en France. Les progrès de l'Islam sont complaisamment agités par les médias. Dans le même temps, la régression de l'Eglise de France est constante. Les médias continuent, par stratégie, de ne pas alerter l'opinion à ce sujet. Les raisons du succès de l'un seraient-elles celles de l'échec de l'autre ?

L'affaire Diam's

Tout récemment, les médias se sont prêtés complaisamment à une opération de promotion sans précédent en faveur de la publication d'un livre relatant sa propre conversion à l'Islam écrite par une ancienne chanteuse de rap. Le rap, pour nos lecteurs peu au fait, est un genre musical dans lequel, sur un fond de percussions violentes, un chanteur excité récite recto tono un texte de révolte. Le genre a été illustré par un groupe connu sous le nom de "Nique ta mère". Voilà l'environnement. C'est à la fois "très con" et parfaitement stupide. Mais, le rap est très à la mode et les critiques ou appréciations du genre de celles de la phrase précédente sont très mal reçues actuellement. Tant pis.

Diam's est donc une ancienne chanteuse de rap. Elle s'appelle dans le civil Mélanie Georgidès. Il s'agit d'une Française d'origine chypriote, vraisemblablement chrétienne orthodoxe grecque. Maintenant elle est mariée à un musulman et s'est convertie à l'Islam. Apparaissant voilée, refusant les interviews menés par des hommes, elle présente tous les symptômes de l'islamisme radical. Et elle revendique un islam modéré, mais assuré dans ses certitudes.

Elle démontre toute la vanité des savantes distinctions entre un islam républicain qui serait très convenable et un islam radical que l'on identifie au terrorisme anti-occidental. Les deux croyances sont évidemment fausses. Elles sont propagées par des gens qui y trouvent intérêt et les musulmans ne songent pas à éviter la diffusion de ces erreurs derrières lesquelles ils progressent à l'abri. Entre "chance pour la France" et "menace contre la démocratie".

La conversion de Diam's - Georgidès est clairement décrite par le journaliste Mohammed Aissaoui, dans un article du Figaro du 10/10/2012 intitulé "Diam's, son autobiographie rencontre le succès en librairie". Le journaliste - et il est évident que sa personnalité lui rend évident ses propos - écrit :

Elle explique que c'est en observant ses amis et son entourage qu'elle a été séduite, et qu'elle trouve dans les rituels musulmans des repères qu'elle recherchait. L'explication vaut ce qu'elle vaut: on ne sait pas si cette conversion est due à son mari (elle n'en parle pas).
Aucun journaliste chrétien n'est capable d'écrire une chose pareille sur une conversion au christianisme.

De ses déclarations rapportées par la presse, on retient que Diam's sentait que sa vie lui échappait dans la stupidité et l'abjection provoquées par le milieu artistique dans lequel elle évoluait. Cette critique radicale de la section de la société contemporaine dans laquelle elle vivait, se conjugue avec la rencontre de l'exigence de l'islam. Une vie encadrée par une loi religieuse la restaure dans sa dignité d'être humain.

Le christianisme véhiculé par l'Eglise de France est parfaitement incapable de lui offrir cette structure essentielle à l'épanouissement de la personnalité. Au contraire, l'Eglise de France se caractérise aujourd'hui plutôt par la recherche d'un "rap chrétien" insipide et tout aussi stupide que celui qui ne l'est pas. Je suis absolument désolé de décevoir et indifférent de hérisser les fils de bourgeois qui croient ainsi ouvrir l'Eglise aux influences de la civilisation moderne ...

Mais la conversion de Diam's-Georgidès montre à la fois la vanité de l'ouverture au monde pratiquée par l'Eglise de France qui ne l'a pas attirée et la force conquérante de l'islam sur les esprits détruits par la toxicité de l'anti-culture contemporaine. Qu'on ne lise dans ces propos que l'admiration d'un observateur de l'islam dans la société contemporaine et le dépit d'un catholique défait.

Il faut ici souligner un autre mouvement dans la conversion de Diam's-Georgidès parfaitement rendu par le journaliste Mohammed Aissaoui quand il écrit ensuite :

Mais voir cette Diam's ainsi voilée par moments refuser des interviews conduites par des hommes laisse songeuses de nombreuses associations de défense de jeunes femmes, notamment celles qui luttent chaque jour en banlieue avec une énergie admirable.
Cette notation est d'une subtilité admirable quand on y songe. Alors que le journaliste soulignait de lui-même la force des "rituels musulmans", il laisse à "de nombreuses associations de défense de jeunes femmes", la peine d'être "songeuses", nous dit-il ravi, du caractère radical de l'islam de Diam's-Georgidès. Ainsi, alors qu'il décrit avec sympathie la conversion à un islam déclaré convenable, il laisse à des étrangers à l'islam et avec un euphémisme comique le soin de critiquer le radicalisme de cet islam.

Je pense qu'il n'est pas possible de mieux montrer l'inanité de l'opposition d'un islam républicain parce qu'il reçoit les sourires de Sarkozy ou de ses successeurs, et d'un islam radical lorsqu'il exprime ce que contiennent les rituels musulmans évoqués par Mohammed Aissaoui.

Le projet de vente d'une église à une association musulmane

Halte, on se calme ! L'auteur ne va pas emboucher les trompettes de la colère à ce sujet. Il conseille de garder la tête froide.De toutes façons, je pense que tout le monde se fiche à peu près complètement de savoir ce qu'il advient d'une église désaffectée depuis des années. De quoi s'agit-il ?

Le diocèse de Bourges met en vente pour 170.000 Eur l'église Saint-Eloi, rue Jean-Baptiste Clément à Vierzon. Il se trouve que, parmi les personnes intéressées, une association musulmane aurait visité les lieux dans le but d'en faire une mosquée. Pour saisir les principes qui anime habituellement le diocèse de Bourges, il suffit de se rendre sur son site Internet. Au milieu de la page d'accueil, on peut lire ce slogan :

"Qui fait vivre l'Eglise ? L'Etat ? Non ! Le Vatican ? Non ! Les catholiques !!!"
Ce genre de réflexion de notre part déclenche parmi les membres de l'Eglise de France une réflexion attristée ou même carrément agressive. Ils ne comprennent même pas.

L'article du Figaro qui sème le trouble est intitulé Cher, une église transformée en mosquée?, qui tente ainsi d'éveiller chez le lecteur un réflexe pavlovien de révolte. Croyant avoir "allumé le feu" ... l'article poursuit :

Économe du diocèse de Bourges, Patrice Lemaréchal confirme à La Croix qu’une visite a effectivement eu lieu mais qu’aucune promesse de vente n’est encore signée. Conscient que la décision de céder l’église à la communauté musulmane risque de provoquer un émoi, il ajoute qu’une telle vente, encore hypothétique, nécessitera "un accompagnement" et "une réflexion" spécifiques.
En réalité, la vente pourrait avoir déjà été réalisée. Mais, la "prudence" ecclésiastique tente à la fois de désamorcer toute protestation et d'avertir le public que les "autorités ecclésiastiques" ont pris toutes mesures pour étouffer une telle protestatin éventuelle.

L'évocation d'un "accompagnement" et d'une "réflexion" suffit à rassurer l'ecclésiastique qui prononce ces mots. Ils évoquent une situation bien en mains, avec des mesures et des moyens adaptés, raisonnables afin que nulle discussion ne puisse dégénérer. Et c'est comme celà qu'une Eglise de "dialogue" est devenue une Eglise vide qui vend ses murs inoccupés ...

Quant à l'Islam, il a besoin d'un lieu pour l'accomplissement de son culte : la profession de foi en commun, la prière et l'enseignement. Toutes ces choses que l'Eglise de France a veillé à rendre vides. Là aussi, l'écart entre un islam en progression et une Eglise de France en décrépitude est frappant.

On note ici que l'ecclésiastique en charge manifestement de la vente est, dans le civil, agent immobilier. L'Eglise de France a toujours su s'entourer des compétences adaptées.

La cellule terroriste de Torcy

La semaine passée, à grand renfort de presse, le président Hollande a montré son immense sollicitude pour le peuple français en déchaînant la foudre de la police française contre ce qui a été désigné comme LA cellule terroriste de Torcy. Nous ne discuterons pas la question de savoir si le fait de stocker plus de une cocotte-minute dans un garage d'immeuble à côté de lampes de projecteurs d'automobile est une preuve de terrorisme ou non. Ni celle de savoir si le fait de vider un chargeur de pistolet automatique sur des policiers à 6 heures du matin est une attitude agressive ou non.

Toujours est-il que plus d'une dizaine de personnes ont été arrêtées et selon les informations gourmandes de la presse, il s'agissait tous de convertis de fraîche date à l'islam. Plus, beaucoup d'entre ces convertis l'avaient été en prison ... De là à dire que les fondamentalistes racolent en prison, le pas était tentant et il a été franchi allégrement.

On a ainsi appris que, si les intégristes recrutent des terroristes en prison, c'est parce qu'il n'y a pas assez d'imams en prison, l'imam prêchant par profession, nous en sommes tous convaincus, une religion de paix et de tolérance. Malheureusement, certains se plaignent que les imams de prison ne sont pas réellement contrôlés.On a aussi tenté de marginaliser les radicaux et prétendant qu'ils étaient de plus en plus des délinquants. Enfin, le lien entre délinquance et islamisme est nettement affirmé dans les médias.

Toujours est-il que les personnes arrêtées dans l'affaire de la cellule islamiste de Torcy étaient pour la plupart d'anciens chrétiens qui se sont convertis à l'islam. Qu'ils aient choisis une voie terroriste ou déliquante est une toute autre chose et qui ne nous concernent pas ici. L'absence et la viduité complète de l'Eglise de France frappent quand on compare son activité avec celle de l'islam.

On note un autre échec, tout aussi patent et lourd de conséquences. C'est celui du prétendu humanisme républicain et universaliste dont se revendiquent les organisations de gauche, le courant principal de la culture et celui de l'éducation nationale. Alors qu'elles se donnent les moyens du prosélytisme le plus criticable - par la diffusion médiatique d'une culture qu'elles croient universelles parce qu'elle est la seule autorisée - les organisations de gauche ont complètement échoué à prendre le contrôle des jeunes qui se détournent avec ennui des activistes de l'Eglise de France.

L'affaire du pain au chocolat

Après avoir dénoncé le racisme anti-chrétien dont souffrent de nombreux français de souche dans les cités, le secrétaire général de l'UMP François Copé a protesté contre d'autres actes du même genre. Ce fut la fameuse affaire du "pain au chocolat". Racontée par Copé sur le ton outré, cette histoire était destinée, comme la précédente, à faire parler les gens. C'est une stratégie redoutablement intelligente.

Dans l'affaire du "pain au chocolat", Jean-François Copé racontait l'histoire de ce petit garçon qui s'était fait arraché son pain au chocolat dans la rue par trois jeunes musulmans. Ces derners lui avaient rappelé que c'était le Ramadan, prescription musulmane que le jeune garçon, qui était peut-être catholique, ne respectait pas.

Les premières réactions ont été celles de responsables politiques, principalement de gauche et particulièrement de la majorité socialiste, qui ont "stigmatisés" un discours de haine raciste et xénophobe, ou à tout le moins accusé Copé de pointer du doigt les musulmans. On voit dans ce genre de réactions, systématiques et on pourrait dire même automatiques, l'emprise que le progrès de l'islam a sur les cerveaux des hommes de gauche. Parmi ceux-ci se trouvent de nombreux politiciens UMP, ce parti de gauche que la majorité de ses électeurs s'obstinent par aveuglement à croire de droite.

Mais, plusieurs réactions montrent que cette montée de l'islam - et non pas l'augmentation des menées terroristes cette fois, mais bien d'un islam quotidien, normal, habituel - commence à alarmer des gens qui étaient, il y a peu, d'ardents soutiens de la montée de l'islam. J'en veux pour preuve la réaction d'un ancien patron d'une des organisations de gauche les plus en pointe dans la promotion de l'islam dit "républicain", le socialiste Julien Dray. Il faut pour celà se reporter à une dépêche AFP, autre organisation de gauche chargée de collecter et de diffuser les nouvelles qu'un groupe de gens inconnus et donc incontestables, tient pour "utiles" à l'endoctrinement de l'opinion publique.

Cette dépêche était diffusée dans le Figaro du 9 octobre 2012 sous le bref titre Islamisme des milliers de personnes. Le début de la dépêche est impressionnant :

Julien Dray (PS), interrogé aujourd'hui sur le pain au chocolat cité Jean-François Copé, a estimé que derrière le débat sur l'anecdote était posée la qestion d'un islamisme radical touchant "plusieurs milliers de personnes" en France.

Interrogé par i-TELE sur cette anecdote mise en avant par le secrétaire général de l'UMP - arrachage de pain au chocolat pendant le ramadan -, celui qui fut porte-parole du PS a commenté : "Cette histoire-là prend une tournure folle, ça peut arriver partout et ce n'est pas parce que c'est le ramadan qu'il y a des gens qui jalousent le pain au chocolat".
On note que Dray qualifie de jalousie la motivation du musulman qui tire le pain au chocolat du petit chrétien. On ne peut plus se tromper sur cette motivation. C'est bien plutôt celle dite "du respect" que les organisations de gauche ont voulu imposer au bénéfice des musulmans.

Et de leur point de vue, pour un chrétien, manger publiquement un pain au chocolat pendant le ramadan est un grave manque de respect. On peut penser que de nombreux ecclésiastiques de l'Eglise de France partagent déjà ce point de vue. C'est très nettement le sens des lénifiantes déclarations faites par ces ecclésiastiques au sujet d'une solidarité avec la communauté musulmane pendant la période du ramadan.

Et là, surprise. Avec l'aphorisme du pain au chocolat, Dray découvre que la situation a dégénéré quand il déclare :

"Cette histoire-là prend une tournure folle, ça peut arriver partout et ce n'est pas parce que c'est le ramadan qu'il y a des gens qui jalousent le pain au chocolat"
Parfaitement conscient des critiques à gauche, Dray poursuit alors sa déclaration à destination de ses amis du PS :
"Je voudrais pas d'une sorte de politiquement correct qui fasse qu'on ne puisse pas dire les choses telles qu'elles sont en train de se passer",
déclaration qui montre, selon Julien Dray, à la fois que la situation du progrès de l'islam en France est dramatique et qu'il faut lutter contre le politiquement correct qui a imposé une collaboration inqualifiable des gens de gauche, y compris à l'UMP, avec le progrès de l'islam.

Que penser ? Que faire ?

Les réflexions désabusées, les diatribes échangées entre vieilles personnes abasourdies et convaincues de la justesse de leurs propos, tout celà ne peut et ne doit pas être évité. Mais, si on en restait là, la situation serait irrémédiablement perdue.

Des gens comme Julien Dray ou Jean-François Copé devront réveiller la conscience des gens de gauche qui ont été trompeusement menés à une collaboration avec l'islam. Cette collaboration, souvent passive, il faut bien le concéder, a permis la plupart des progrès de l'islam dans la société française. Conjuguée avec un fort tropisme issu du catholicisme progressiste d'un lénifiant "devoir d'accueil de l'étranger", cette collaboration a été dévastatrice. A l'inverse, une restauration d'un véritable progrès social et le rejet de menées destructrices des valeurs républicaines stipendiées notamment par le mondialisme et l'européisme de bas étage qui se sont imposés depuis trente ans devraient apparaître.

Quant à l'Eglise de France, il faut qu'elle disparaisse pour laisser s'exprimer la seule Eglise catholique qui vaille, l'Eglise catholique romaines qui est en France. Dégagée de liens de subordination avec les classes dirigeantes de la République, elle pourra seulement en puisant dans ses valeurs éternelles offrir à tous ceux qui vivent en France comme ailleurs, sans exclusive chauvine, les trésors du christianisme.


Revue THOMAS (c) 2012