L'émigration, les socialistes et Depardieu

L'émigration, les socialistes et Depardieu

Philippe Brindet - 16.12.2012

1 - De quoi s'agit-il ?

Au début du mois de Décembre 2012, l'acteur mondialement célèbre, Gérard Depardieu, s'est installé dans un bourg belge à la frontière avec la France. L'évidence de son installation était bien sûr fiscale, ce que l'acteur va être contraint de confirmer.

Malheureusement, les socialistes qui promeuvent une taxation des "riches" pour rendre optimiste l'électorat populaire - une stratégie éculée, mais qui marche souvent - se sont pour la plupart laissés emportés par l'idéologie fiscale qu'ils croient "démocratique", donc "juste", alors qu'elle est seulement imbécile. Ils ont donc initié un concours de la déclaration la plus stupide au sujet de l'exil de Depardieu. Et à ce petit jeu, c'est le premier ministre Ayrault, homme médiocre et puissant, qui gagne haut la main, en déclarant sur une radio du matin :

« Je trouve ça assez minable », a déclaré Jean-Marc Ayrault sur France 2. « C'est une grande star, tout le monde l'aime comme artiste, mais se mettre juste de l'autre côté de la frontière, il y a quelque chose d'assez minable, tout ça pour ne pas payer d'impôt. »
Source Les Echos

D'abord silencieux, Gérard Depardieu réplique alors dans une lettre ouverte, publiée le 16 décembre 2012 dans Le Journal dui Dimanche, à Ayrault ! Cette lettre, destinée à devenir mémorable, est un avis de décès du Parti Socialiste et de François Hollande : "Minable ? Qui êtes-vous pour me juger ainsi, M. Ayrault, Premier ministre de M. Hollande, je vous le demande, qui êtes-vous ?".

Maurice Druon a répondu par avance, il y a quelques années : "des cadavres qui dirigent la France".

2 - La lettre de Gérard Depardieu

C'est l'un des écrits les plus puissants qui aient été publiés ces dernières années. Elle est d'une hauteur de vue et d'une grandeur d'âme qui réduisent à néant les prétentions ridicules de la bande de malfaisants qui a mis la population de langue française en coupe réglée. Parce que, de France, il n'y en a plus guère.

On ne commente pas une lettre de cette densité. On ne peut la résumer. Lisez là.

3 - De l'exil fiscal à l'émigration ...

Plus qu'un simple exil fiscal qui consiste à délocaliser sa fortune et à prendre diverses mesures pour que cette délocalisation soit fiscalement efficace, on se demande si ce n'est pas plutôt à une émigration que l'on assiste ici. D'autant que Depardieu est très loin d'être un cas isolé.

Il semble exister un véritable mouvement d'émigration qui dépasse le seul exil fiscal. L'exil fiscal remontait autrefois à une stratégie d'optimisation de l'impôt, impôt incontournable. Il était un choix non pas politique, mais simplement de logique économique et financière. A quoi sert de s'abonner à un système fiscal spoliateur ? Tel est le questionnement du simple exil fiscal.

Les braves gens ne comprennent pas bien la motivation des gens fortunés. Ils leur prêtent leur médiocrité. Ils sont persuadés que les gens riches sont exclusivement tenus par le désir maladif de jouir davantage de la bonne fortune qu'ils leur envient. C'est idiot. Parce que tous ne sont pas nécessairement accrochés à leur bas de laine. La question pour eux n'est pas de "conserver" leur argent, fut-il le fruit de l'épargne et de la réserve, ni même d'en jouir comme un petit vieux dévore le tiercé qu'il a malencontreusement gagné. La question du "fortuné" est de faire quelque chose dans l'existence. Tout être humain vise à cet objectif. Au moins une fois et pas longtemps.

Or, le nombre est grand des gens "fortunés" qui sont animés en permanence de ce perpetuum mobile : "que vais-je faire ?". Et cette question permanente est vivace d'autant que leur fortune rend crédible cette interrogation sans substance pour celui qui n'en a pas les moyens.

Et ces gens "fortunés" qui ont les moyens de leur questionnement sont la vraie richesse d'un nation comme les Etats-Unis, la Corée, l'Allemagne .... Et ceci est absolument insupportable pour un étatiste dont le parangon est l'homo socialistus, une sorte de décadence pathologique de l'homo sapiens. Pour lui, il n'y a de richesse que d'Etat et d'initiative que la soumission à cet Etat omnipotent.

C'est la raison pour laquelle la majorité des gens, déformés par l'enseignement et la prétendue culture socialiste, absolument omipotents en France depuis cinquante ans, sont viscéralement attachés à ce panier que l'Etat socialiste prétend fournir à chaque "homo socialistus", et que le patricien romain du Bas-Empire décadent faisait remettre chaque matin à son "cliens".

C'est la raison pour laquelle nous assistons à cette collaboration entre le socialisme en perte de vitesse et l'islamisme, goguenard et attendant son heure. Mon lecteur notera qu'il n'existe, sauf les pétromonarchies, ridicules dépendances des Etats-Unis, que d'états socialistes parmi les islamistes : Algérie, Tunisie, Lybie, Egypte, Syrie, Irak, Iran, Turquie. Cette raison est la recherche des armes de la soumission qui est l'essence même du socialisme. Je note au passage que le Maroc est un cas à part et je passe le problème du Niger, de la Somalie, de l'Ethiopie et de quelques autres.

C'est cette foule affamée des clients du pouvoir socialiste, c'est cette alliance fatale du socialisme avec l'Islam sur la question de la soumission qui constituent, non plus en exil fiscal, mais en émigration politique, la fuite des gens libres et qui ont encore les moyens de leur liberté. Chose dont Gérard Depardieu est clairement conscient quand il conclut sa lettre par :

Malgré mes excès, mon appétit et mon amour de la vie, je suis un être libre, Monsieur et je vais rester poli.


Revue THOMAS (c) 2012