Revue d'Opinions - Décembre 2012

Philippe Brindet - 31.12.2012

1 - Politique française ou européenne

Le climat économique, sociel et politique s'assombrit en France. De mauvaises politiques ont été appliquées depuis vingt ans et plus. Trente probablement. L'arrivée de la bande à Hollande apporte un vrai changement. De mauvaise, la politique pratiquée est devenue très mauvaise.

  1. Arnaud Montebourg le matamore, par Carl Meeus dans Le Figaro du 07.12.2012 (en local).

    Un article rare : celui du portrait politique. C'est le Ministre du Redéploiement Productif, Arnaud Montebourg, qui est collé contre le mur blanc du portrait. Très bon article. Montebourg en six mois a échoué sur les quatre dossiers de fermeture de sites de production qu'il a pourtant agité en forcené de la promotion médiatique. Mais, à la fois son enthousiasme jacobin et sa capacité de nuisance politique lui assurent les mêems avantages que s'il avait réussi.

  2. Les insurgés de Notre-Dame-des-Landes, par Raphael Stainville dans Le Figaro du 07.12.2012 - (en local).

    Excellent reportage de Raphael Stainville. On ne se cachera pas cependant le côté manipulateur de l'article qui fait revendiquer la résistance contre le projet d'aéroport de Nantes à l'ultra-gauche ou à l'altermondialisme. Ou aux punks et autres hippies, ces derniers étant assez inattendus. Surtout par l'accumulation de traits "crades" : boue, bourbier, alcool, joints, musique punk, chiens puants, ... Le caractère international est noté. L'aspect anti-bourge semble important.

    La présence de paysans n'est pas cachée. Mais leur cohabitation avec la population précitée paraît problématique et l'article n'en dit rien. De même, l'origine des "mules" qui apportent le ravitaillement n'est pas évoquée. Ce pourrait être justement les "bourges" si décriés. Ou les paysans du crû. On ne sait.

  3. Pour Bayrou, il y a le feu à la maison, d'après l'AFP dans Le Figaro du 09.12.2012 - (en local).

    François Bayrou, président de Démocratie Libérale, la formation centriste attaquée par l'UDI de Borloo, a déclaré à France Inter :

    "Il y a le feu à la maison. L'ensemble des secteurs productifs du pays, à quelques exceptions près, s'effondre, s'écroule et c'est pourquoi vous avez le chômage, la pauvreté. Le pays n'arrive plus à créer les richesses nécessaires pour son bien-être social"
    Son constat est fait par tout le monde. Mais les deux partis au pouvoir, UMP et PS refusent de le dire tout haut. Les autres causent toujours sans savoir.

    Quelle solution est évoquée par François Bayrou ? C'est celle de la mobilisation générale du pays. Autant dire que c'est encore une solution politicienne. Il n'y a aucune stratégie économique donnée. Bayrou évoque seulement l'"affrontement" avec le droit du travail. Ce n'est pas faux. Mais, si ce n'était que celà ! ... Augmentez la durée de travail de 10 heures, réduisez les freins aux licenciements, réduisez même le montant des salaires (des charges patronales, hum....), la crise continuera exactement comme avant.

    Tant qu'on préfèrera faire acheter des Kindle fabriqués en Chine à des Français qui devraient produire à la place du boeuf, du blé et de la banane, la catastrophe s'étendra.

  4. Médicaments : pour moi, pharmacien, délivrer des génériques est un acte civique, par Jean-Luc Audhoui dans le Nouvel Obs' du 11.12.2012 - (en local).

    Cet article est inquiétant sur le niveau scientifique de certains pharmaciens. On pensait que délivrer des médicaments était un acte scientifique. Eh bien pas du tout. Pour Monsieur Audhoui, pharmacien, c'est un acte ... civique ! Civisme d'une République qui a guillotiné le chimiste Lavoisier en criant : "La république n'a pas besoin de savants !".

    Ceci dit, l'auteur avec la grâce d'un pilier de l'équipe de Toulon des années 70 défonce la ligne de défense des adversaires des génériques en balayant d'un revers de main leurs "meilleurs" arguments. Qualité des génériques, xénophobie pharmaceutique, contrôle des composants, effets du générique, etc. Au passage, Audhoui en profite pour renverser le dernier ouvrage des Professeurs Debré et Evin et le rapport de l'Académie de médecine sur les génériques leur trouvant "un faible étayage scientique". Monsieur Audhoui fait sûrement là encore un "acte civique".

    Non vraiment, il ne doit pas faire bon se trouver à la fois en présence du civisme de Monsieur Audhoui et du tranchant de la guillotine ... Il faut dire que "exécuter les ordonnances" est son métier.

  5. La vie de l'ex-femme de Dutroux chez les religieuses, par Delphine de Mallevoüe dans Le Figaro du 12.12.2012 - (en local).

    Ce n'est pas directement l'opinion de Madame de Mallavoüe qui est ici exprimée, mais celle des Clarisses de Mons qui ont accueillie Michelle Martin, condamnée récemment libérée et pourtant violemment pourchassé par les "honnêtes gens" qui menacent sa réinsertion sociale. Les Clarisses accueillant la réprouvée ont fait là montre d'une force d'âme que nous avons déjà saluée.

    Malheureusement, selon notre avis, elles viennent de "gâcher" leur oeuvre pieuse en concourant manifestement à un prix de vertu d'une ligue progressiste belge. Pour obtenir leur Prix, les Clarisses ont dû soumettre une déclaration de conformisme socialiste et de soumission à la démocratie qui ressemble fort à un serment civique.

  6. Mittal = «La nationalisation, quel bond en arrière !», par Lakshmi Mittakl, interrogé dans Le Figaro du 12.12.2012 - (en local).

    Lakshmi Mittal est le propriétaire et patron du groupe industriel mondial Arcelor-Mittal, constitué notamment sur les débris de la sidérurgie française des années 60.

  7. Les écoles d'ingénieurs françaises enviées par le monde entier ? J'ai quelques doutes, par François Garçon dans Le nouvel Obs' du 13.12.2012 et sur son blog - (en local).

    Monsieur Garçon est un assistant en Sorbonne, spécialiste d'Histoire de l'Art et qui semble se "spécialiser" dans le cinéma. Après quelques recherches, il m'a semblé qu'il avait déjà publié un livre sur la formation française l'an dernier. Monsieur Garçon est sûrement une personne de qualité. Celà se voit du premier coup d'oeil sur la photo qu'il publie dans le Nouvel Obs' avec son article. Mais, quand il écrit :

    ... le modèle qui domine est le modèle universitaire. On y décerne non pas un diplôme d’ingénieur mais, au plus haut niveau, un doctorat. Les étudiants ne sont pas recrutés sur la base d’un concours imbécile, mais sur dossier.
    il se moque du monde et raconte n'importe quoi. Avec hargne, mais c'est quand même n'importe quoi.

    De plus, il n'existe qu'une seule personne au monde capable, comme le dit Monsieur Garçon "d’ânonner que le monde envie nos "grandes écoles d’ingénieurs".", et c'est justement un journaliste du Monde. Personne ne l'a jamais pensé et d'ailleurs tout le monde s'en fout.

    Monsieur Garçon n'a jamais de sa vie présenté le moindre concours à la plus modeste école d'ingénieurs, puisqu'il est historien en Sorbonne. Qualifier d'"imbécile" un concours qu'on n'a jamais été capable de passer fait planer plus qu'un doute sur la qualité d'enseignant et de chercheur que revendique Monsieur Garçon. J'ai moi-même raté certains de ces concours, il y a maintenant plus de trente ans. Je ne me prononce pas sur ceux d'aujourd'hui. Mais, je n'avais pas l'impression que ces concours fussent imbéciles. D'autant que leurs énoncés étaient souvent proposés en TD dans les universités scientifiques où j'ai aussi passé quelques temps.

    Je considère que la formation des écoles d'ingénieurs de ce temps passé était tout à fait correcte ainsi que leur voie d'accès. L'évolution contemporaine pose cependant clairement des problèmes. Il semble que la formation scientifique des ingénieurs se soit réduite au bénéfice de nombreuses autres disciplines, comprenant la "danse" et, comme Monsieur Garçon, j'en suis alarmé.

  8. L'affaire Depardieu

    L'acteur Gérard Depardieu s'est trouvé entraîné dans une polémique à cause d'un simple exil fiscal que la stupidité des réactions jacobines du PS et du gouvernement a transformé en une véritable émigration. J'en ai dit quelques mots dans un article intitulé : "L'émigration, les socialistes et Depardieu".

  9. Depardieu dénonce une oppression française, par Ivan Rioufol dans Le Figaro du 17 décembre 2012 - (en local).

    Rioufol a lui aussi senti le retour de l'Histoire dans l'émigration de Depardieu. Il s'est souvenu des émigrés de Coblenz. Mais il a mauvaise mémoire de son Histoire de France quand il écrit :

    Ceux qui rejoignirent Coblence ne firent pas l’histoire.
    Ivan Rioufol a-t'il oublié Chateaubriand et celui qui devint Louis XVIII. Ou ceux qui devinrent ensuite Charles X ou Louis-Philippe. Et combien d'autres qui passèrent à "Coblenz". Et a t'il oublié que le maréchal Ney a été fusillé par ceux de retour de Coblenz et que la plupart des régicides se sont retrouvés, non pas à Coblenz, mais à Bruxelles ....

  10. Depardieu, les gros sous et la morale par Editorial dans Le Monde du 17.11.2012 - (en local).

    Cette opinion sans nom est manifestement celle de la "rédaction" du quotidien le plus stupidement aligné sur les positions du gouvernement pourvu que ces positions fussent socialistes. Autant dire que l'affaire Depardieu ne le rend pas sympathique aux protozoaires qui utilisent le papier sur lequel on a coutume d'imprimer ce journal. Mais, la force des réactions du public les a incités à une prudence qui ressemble à du Tartuffe première manière. Et de pleurnicher pour bien montrer leur révérence à leur maître :

    M. Hollande risque de payer le coût politique de son coup électoral du printemps.
    Ce n'est pas impossible.

  11. Affaire Depardieu, être imposé à 85%, c'est possible, par Quentin Périnel dans Le Figaro du 18.12.2012 - (en local).

    Certains socialistes se sont esclaffés sur l'ignorance de Gérard Depardieu qui écrivait dans sa lettre ouverte à Ayrault :

    «Je pars, après avoir payé, en 2012, 85% d'impôt sur mes revenus.»
    Ces socialistes prétendaient qu'un tel chiffre était impossible. Par exemple, à cause du "bouclier fiscal " sarkozyste encore en vigueur sur les revenux 2011 que Depardieu paye en 2012.

    Eh bien, c'est Gérard Depardieu qui a peut-être bien raison. D'abord parce qu'il se pourrait que, quand même, il connaisse mieux ce qu'il gagne et ce qu'il paye que ses adversaires socialistes et féroces. Ensuite, parce que les avocats fiscalistes ont déclaré avoir des clients qui, en 2012, comme les années précédentes, ont payés plus de 100% de leurs revenus de 2011. Quentin Périnel cite ainsi Marylène Bonny-Grandil, avocate fiscaliste chez Altexis.

    Dans ces conditions, la personne n'a plus comme solution que l'émigration et la perte de ses biens en France. Comme en 1789.

  12. Est-il devenu impossible d'être riche en France ?, Par Samuel Laurent et Jonathan Parienté dans Le Monde.fr du 19.12.2012 - (en local).

    La question était intéressante. Sa réponse beaucoup trop risquée pour deux journalistes du Monde qui, en rédigeant, se sont manifestement épiés l'un l'autre pour éviter de s'écarter le la ligne du Parti. Inspirés par l'exil fiscal de Gérard Depardieu, les deux compères se limitent à rechercher si la "fiscalité" est plus dure en France qu'ailleurs et, en France, aujourd'hui qu'hier.

    Les deux journalistes du Parti Socialiste au pouvoir ont des réponses ampoulées. Clairement parmi les nations les plus développées, la France a une fiscalité "forte" et ce depuis des années - quinze ans disent-ils ... Ils notent cependant deux choses :

    ... les hauts revenus sont clairement plus taxés depuis mai qu'auparavant. Surtout en cette année 2012 particulière, où se cumulent les dispositifs temporaires. Mais cette hausse de la pression fiscale sur les plus riches est tout sauf une surprise : François Hollande l'avait promise durant sa campagne ...
    Les deux journalistes semblent seulement imaginer qu'il se pourrait que les Français auraient changé d'avis sur cette promesse de Hollande. Leur imagination en tremble d'avance. Mais on ne sait toujours pas s'il est possible de devenir riche en France ...

  13. Affaire Depardieu : Deneuve répond à Torreton, rapportant une Tribune de Catherine Deneuve dans Libération, dans Le Nouvel Obs' du 21/12/2012 - (en local).

    L'Affaire Depardieu est devenue en quelques semaines de plus en plus complexe. Les politiques se sont rapidement "calmés" essayant d'oublier l'injure que leur fait Depardieu. Mais, des artistes prennent le relais. L'acteur Philippe Torreton, affidé du PS, écrit une tribune dans Libération dans lequel il injurie Depardieu, confirmant l'accusation de minable. L'acteur Lucchini va lui répliquer sur le ton persifleur qui caractérise son jeu en se demandant ce qu'a bien pu produire Torreton pour se confronter au monument du cinéma qu'est Depardieu. Deux jours plus tard, c'est au tour de Catherine Deneuve, icône du film français, qui s'emporte contre Torreton. Deneuve trouve mesquine l'attitude de Torreton de s'en prendre au physique de Depardieu, à son talent et à un prétendu "gâchis" que Torreton accuse Depardieu d'avoir fait de sa vie.

    Catherine Deneuve a enfin une exclamation qui me parait donner la mesure exacte des choses politiques qui se préparent. S'adressant à Torreton, elle déclare :

    "Qu'auriez-vous fait en 1789, mon corps en tremble encore !"
    L'actrice partage ainsi l'opinion de beaucoup de gens et que nous exprimions dans notre article du 16 décembre 2012 : L'émigration, les socialistes et Depardieu.

  14. Exil fiscal, climat de guerre civile, par Laurence Parisot dans une déclaration sur Europe N°1 rapportée par l'AFP dans le Figaro du 21/12/2012 - (en local).

    Laurence Parisot, Présidente du Medef, le syndicat du patronat français, prend position sur l'Affaire Depardieu. De manière consensuelle, elle condamne les menées récentes contre la paix sociale recherchée par Hollande. Je ne sais où elle a lu que Hollande recherchait la paix sociale. Mais, maintenant que le président normal est au pouvoir, il doit être ravi qu'"on" le croit.

    Pas vraiment dupe des intentions cachées du PS au pouvoir, Parisot glisse sournoisement :

    "En ce moment, on est en train de dire : +vous, M. Gérard Depardieu, vous êtes indigne d'être Français, vous M. le cadre dirigeant, vous l'êtes également+. Qu'est-ce que cela veut dire ? ça veut dire qu'on est en train de recréer un climat de guerre civile ?"
    Et pour vraiment dire à tout le monde ce qui se passe, Madame Parisot avec une pénétration qu'on ne lui attendait plus finit par cette flèche du Parthe :
    Je dis comme ce que dit Catherine Deneuve ce matin dans Libération, nous avons le sentiment aujourd'hui qu'on cherche à recréer quelque chose qui s'apparente à 1789, il faut bien mesurer à quel point c'est insupportable pour beaucoup de gens talentueux et c'est pour ça qu'ils sont amenés à partir, ...

  15. Le mariage pour tous

    Le débat, déserté par les religions, se limite à opposer ceux qui sont habitués à haïr la perversion à ceux qui promeuvent l'"égalité". En réalité, c'est un non-débat puisque sagement le législateur obéissant votera une loi évidente. N'en déplaisent aux anciens soutiens de François Hollande qui veulent oublier le 6 mai 2012.

  16. Mille jeunes s’engagent pour la famille, par François-Xavier Bellamy dans Libération du 03.12.2012 et sur son blog - (en local).

    Adversaire du "mariage gay", Bellamy semble engagé en politique local et dans la mouvance des mouvements d'action catholique. Il anime là une "pétition des jeunes" qui se veut défenseur des plus jeunes, menacés lui semble-t'il par le mariage homosexuel, tout en récusant toute accusation d'homophobie.

  17. Intolérable intolérance sexuelle de l'Eglise, par Olivier Py dans Le Monde du 04.12.2012 - (en local).

    Olivier Py est un auteur de théâtre et metteur en scène qui a longtemps revendiqué le fait d'être un homosexuel catholique. Il assène quelques vigoureux soufflets au catholicisme ecclésiastique :

    Enfin on est désespéré en tant que chrétien de voir depuis plus de vingt ans la frange la plus réactionnaire de l'Eglise prendre la parole pour des questions séculières et des questions de morale sexuelle.
    C'est amusant comme réflexion ...
    Quand les évêques parleront de la Trinité plus souvent que de la capote, de la beauté de l'eucharistie, plus souvent que des homosexuels, de la résurrection plus que de la contraception ?
    Là, je ne ris plus. Olivier Py aurait-il raison ?

  18. Non à un monde sans sexes !, par Monette Vacquin et Jean-Pierre Winter dans LE MONDE du 04.12.2012 - (en local).

    Les délires psychanalytiques délivrent leurs derniers feux. Inventée au début du XX° siècle pour dynamiter la société pudibonde et le catholicisme obscurantiste en vigueur à Vienne, la psychanalyse finit au début du XXI° siècle en soutien de ce même catholicisme, toujours vivant, et qui a fini par l'annexer pour transformer la psychanalyse en défenseur d'une société qui tend à la perte de ses "valeurs traditionnelles".

    D'un côté, des siècles et des siècles d'usage, qui font que mariage et alliance d'un homme et d'une femme sont confondus. De l'autre, la revendication d'une minorité d'activistes ...
    Mais, les deux psychanalystes auteurs se rangent résolument aux côtés des ecclésiastiques contre le projet de loi Taubira :
    Faut-il que les mots d'homme et de femme disparaissent aussi ? Faut-il que l'on cesse de tenir compte du sexe en droit, sinon pour l'abolir, le "pourchasser" au nom de l'égalité, le langage employé témoignant d'anciennes fureurs ?
    Des mots, rien que des mots.

  19. Le "mariage pour tous" ne doit pas ouvrir la voie aux "mères porteuses", par Yvette Roudy et al. dans Le Monde du 11.12.2012 - (en local).

    "Elles" veulent la PMA pour tous à cause du mariage pour tous, mais veulent être sûres qu'il n'y aura pas la GPA. La première c'est la démocratie, la seconde c'est la marchandisation du ventre de la femme. En fait, "elles" ne veulent pas que les gays accèdent à un "droit à l'enfant" :

    La GPA donne la possibilité aux hommes de disposer du corps des femmes pour satisfaire un "droit à l'enfant" que nous récusons.
    Et deux lignes plus loin, elles persistent :
    Comment un gouvernement progressiste pourrait-il cautionner la création d'un marché des ventres au nom d'un "droit à l'enfant" qui n'existe pas et qui ne doit pas exister ?
    Est-ce clair, camarade "premier ministre" ?

    Une chose suggestive. Les auteures, réunies par le féminisme, se distinguent elles-mêmes entre individus "normaux" et lesbiennes quand elles écrivent :

    Féministes et lesbiennes féministes engagées pour l'égalité des droits ...
    Quelle maléfique société progressiste cauchemardent ces personnes ? On note ici les divisions caractéristiques au mouvement progressistes. Les féministes détestent les lesbiennes qui détestent les gays. Et tous sont unis par le progressisme, c'est-à-dire, la désagrégation de la société contemporaine au motif du "progrès". On notera que l'opinion de Roudy a été contestée par une déclaration de Pierre Bergé qui trouvait aussi légitime la location des bras d'un ouvrier que celle du ventre d'une femme.

  20. Mariage pour tous, l'Eglise ne cherche pas l'égalité mais des croyants soumis, par Marie-Françoise Blanchet, dans Le Nouvel Obs' du 14.12.2012 - (en local).

    Texte d'une indigence rare écrit par une ancienne grande maîtresse de la Grande Loge de France. L'ex-maîtresse écrit laborieusement :

    La République respecte toutes les croyances, mais la loi et la Constitution les renvoient à la sphère intime du croyant, qui ne peut s’imposer à l’ensemble. La loi reste au-dessus de la foi.
    C'est faux. Il n'existe pas un seul article de la loi ou de la Constitution qui renvoie la croyance d'un citoyen dans la sphère privée, c'est-à-dire dans la clandestinité sous le contrôle de l'Etat policier. Pire encore, la Déclaration des droits de l'homme et les traités internationaux garantissent le libre exercice publique des cultes et d'usage des croyances dans la sphère publique.

    Du coup, l'auteur part d'un peu loin pour appuyer le projet de loi sur l'ouverture du mariage civil aux personnes de même sexe ce qui rend inaudible son soutien. Sauf son invocation bigote au dogme "religieux" de l'égalité des droits, son argumentaire se limite à interdire l'expression d'une opinion dissidente de l'Eglise catholique au prétexte qu'elle devrait s'en tenir "à la sphère privée", ce qu'on a vu faux.

  21. Mariage pour tous, l'homophobie latente du débat, par Marie Ozymandias dans Le Nouvel Obs' du 21.12.2012 - (en local).

    Simplifiant à l'absurde le débat, Madame Ozumandias oppose l'homophobie latente, refoulée des opposants au mariage gay, à la contrainte légale de l'égalité des droits des fanatiques du mariage pour tous. Elle en reste là, accrochée avec fureur à cette certitude imposée par les médias et rien ne l'en fera varier.

2 - Nouvelles des débats dans le christianisme

    Aucun débat particulier dans le christianisme. Tous sont mobilisé contre l'homosexualité dont leurs prêtres leur ont dit qu'il ne s'agissait pas d'un débat religieux. Ils ont donc définitivement déserté l'Eglise. Le 21, le Pape a incidemment évoqué le débat français en citant le Grand Rabbin Bernheim.

  1. L'Église et l'avortement, il faut changer cette mentalité, par Suzanne Maurice dans le Nouvel Obs' du 17.12.2012 - (en local).

    Dans chaque publication sur Internet qu'elle commet, Madame Maurice revendique sa catholicité. Cà finit par en devenir douteux, d'autant qu'elle est persuadée que la meilleure preuve qu'elle puisse donner de cette "catholicité", c'est son rejet de l'Eglise officielle et son adhésion fanatique à ... François Hollande, ce qui semble lui assurer une certaine notoriété au moins parmi les journalistes du Nouvel Obs' qui publient fraternellement ses billets.

    Madame Maurice entretient simplement une sorte de "veille idéologique" pour maintenir dans l'opinion la permanence de la contestation progressiste dans l'Eglise : avortement, mariage homosexuel, oppression prétendue des femmes, thème de l'amour obligatoire, interdiction du jugement, service des pauvres, etc ad nauseam.

  2. DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES VŒUX DE NOËL DE LA CURIE ROMAINE publié sur le site du Vatican le 21 décembre 2012 - (en local).

    Il s'agit d'un discours du Pape aux membres de la Curie Romaine et donc un discours adressé à des ecclésiastiques. Le discours concerne plusieurs événements de l'an passé et le Pape fait leur commentaire. C'est presque incidemment que le Pape s'intéresse ici au mariage homosexuel. Le Pape part d'un constat sur la famille :

    La grande joie avec laquelle des familles provenant du monde entier se sont rencontrées à Milan a montré que, malgré toutes les impressions inverses, la famille est forte et vivante encore aujourd’hui.
    La réflexion du Pape le conduit alors à considérer cependant que cette famille puissante est menacée par la tentation de l'individualisme, "par le refus du lien humain ... signifie que l’homme demeure fermé sur lui-même et, en dernière analyse, conserve son propre « moi » pour lui-même, et ne le dépasse pas vraiment." Le Pape y découvre alors la cause de la crise de la société contemporaine :
    Avec le refus de ce lien disparaissent aussi les figures fondamentales de l’existence humaine : le père, la mère, l’enfant ; des dimensions essentielles de l’expérience du fait d’être une personne humaine tombent.
    Le Pape ayant ainsi évoqué le thème principal de l'opposition des catholiques au projet de loi Taubira, passe alors à une remarquable apologie du texte publié par le Grand Rabbin Bernheim sur le même sujet et qui a été commenté dans notre Revue par l'article Gilles Bernheim, critique du projet de loi Taubira du 18.10.2012.

    De manière criticable, le Pape prend comme point de départ une saillie accessoire du travail de Bernheim sur la "théorie du genre". Le Pape tire alors l'argument de Bernheim de sa critique de la théorie du genre pour en déduire un rejet du mariage homosexuel. Or, malgré les efforts du Pape, l'homosexualité n'a qu'incidemment à voir avec la théorie du genre qui distingue soigneusement - et c'est là son erreur - l'orientation sexuelle de l'identité sexuelle. L'homosexuel possède encore l'identité sexuelle de son genre social. C'est son orientation sexuelle qui le porte vers le même sexe. A la différence de l'homosexuel, le transgenre a une orientation sexuelle qui n'est pas déterminée par son genre social, genre social qu'il pense pouvoir choisir à sa guise.

    Il est difficile d'affirmer que l'ouverture du mariage civil aux homosexuels tend à supprimer l'institution du mariage quand, dans le projet de mariage civil pour tous, l'homosexuel veut au contraire en bénéficier. Et l'en accuser en le confondant avec un transgenre que l'on suspecte de vouloir pervertir l'institution matrimonaile est contraire à la vérité.

    Toutefois, le Pape revient ensuite à un argument très sérieux pour un catholique :

    Selon le récit biblique de la création, il appartient à l’essence de la créature humaine d’avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d’être une personne humaine, telle que Dieu l’a donnée. Justement, cette dualité comme donné de départ est contestée.
    On note que, pas plus que Bernheim, le Pape n'évoque les condamnations féroces de l'homosexualité contenues dans les Ecritures Saintes. Mais, quelque étendue qu'il ait, l'argument ne vaudrait que contre l'invocation par un homosexuel chrétien d'un "droit" au mariage chrétien. Mais que vaut-il pour un mariage civil, enregistré par un Etat athée, pour des athées ou pour d'autres religions ? L'argument défaille complètement. Et on perçoit là l'erreur dialectique de l'Eglise moderne. S'il y a ouverture sur le monde, il faut accepter qu'il existe des hommes sans Dieu. Si on refuse d'admettre qu'un homme soit sans Dieu alors il faut fermer l'Eglise sur le monde et au contraire revenir à la tâche unique de conversion du monde.

    Enfin, on notera que l'affirmation de la création divine divisant l'humanité entre hommes et femmes n'est en rien contestée par l'homosexualité. Et elle ne l'est que par une certaine forme extrêmiste de la "théorie du genre" qui, dans d'autres expressions comme celle du transsexualisme thérapeutique, ne remettent pas plus en cause la division sexuelle constitutive de l'être humain que la création divine évoquée par le Pape.

  3. L'anglicanisme

  4. Chaos dans l'Eglise d'Angleterre, par Eric Albert Londres, dans Le Monde du 05.12.2012 - (en local).

    Selon les informations disponibles, l'Eglise anglicane aurait, par un vote de son Synode, rejeté la motion ouvrant le sacerdoce épiscopal aux femmes prêtres. Le journaliste Londres nous informe que le résultat de ce vote a été une surprise amère pour le clergé dans son ensemble acquis au droit des femmes à occuper toute fonction occupée par un homme. Le vote aurait été le fait d'un groupuscule intégriste opposé à ce droit des femmes.

    Sous réserve de vérification, Londres affirme que le vote était organisé en trois chambres : évêques, prêtres et laïcs. La motion d'accession des femmes à l'épiscopat a été rejetée par la seule Chambre des laïcs et par une très courte majorité. Londres soutient que toute la société britannique pousse à l'accession des femmes à toute fonction exercée par des hommes.

  5. On road to modernization, Church of England finds crisis, par Anthony Faiola, The Washington Post du December 19, 2012 - (en local).

    Le journaliste reprend le même sujet que son confrère Londres. Il apporte le même soutien à la cause progressiste et donne plusieurs notations qu'il met dans la bouche de femmes prêtres de l'anglicanisme. Pour elles, le refus de l'épiscopat pour les femmes va contre le sens de l'ouverture au monde et procède du même isolement que le refus du mariage homosexuel ou celui de l'ordination des gays et des lesbiennes.

    Dans le cadre de l'Eglise catholique romaine. la même dialectique est à l'oeuvre dans une histoire identique, ayant seulement vingt ans de retard sur l'anglicanisme. Mais, le principe d'ouverture au monde établi définitivement, d'après les Papes, depuis le Concile Vatican II, les amènera nécessairement à adopter l'ensemble des mesures progressistes. Parce qu'il n'existe aucune autre cause à l'ouverture au monde que le progressisme. Et le progressisme ne se divise pas. Il n'est pas possible d'être à demi-progressiste, d'adopter une menée progressiste et pas l'autre. Le progressisme est un tout auquel on doit se soumettre.

3 - Débats de société

  1. Les victimes serbes ignorées par la justice internationale, par Pierre Hazan, dans Le Monde du 14.12.2012 - (en local).

    Pierre Hazan est un juriste, spécialiste de droit international. A l'aide des opinions furieuses de deux juges dissidents de la Cour d'Appel du Tribunal Pénal International, il s'étonne de sa censure d'un jugement antérieur qui désignait des victimes serbes d'un crime de guerre croate. Il note que l'institution judiciaire internationale a refusé de compter la moindre victime serbe alors qu'à l'évidence leur nombre a été très élevé sans que pour celà leurs bourreaux croates ou kosovars soient inquiétés.

    C'est possible.

    Monsieur Hazan écrit que

    la raison d'être de ce Tribunal était de participer à l'écriture d'une histoire inclusive des terribles guerres de l'ex-Yougoslavie ...
    Je crois qu'il se trompe complètement. La Justice n'a rien à voir avec l'Histoire. C'est une erreur qui s'impose depuis une vingtaine d'années en Occident. Elle participe de sa sénécence. Elle rejoint celle qui consiste à confondre le soldat et le policier. Cette erreur est d'ailleurs une tartufferie qui tente de dissimuler que la Justice - et ici aussi - a toujours été du côté des vainqueurs. "Vae victis", malheur aux vaincus.

  2. Sortir l'islam de l'islamisme, par Abdelwahab Meddeb dans Le Monde du 16.12.2012 - (en local).

    Meddeb est un écrivain français assez connu. Depuis quelques années, il joue dans les média le rôle du parangon de la vertu républicaine. C'est dans cette veine qu'il débute son article :

    ... je constate qu'il est nécessaire de mettre en place un réseau des intellectuels et des artistes musulmans libéraux pour défendre nos pays contre la déferlante wahhabite salafiste. Celle-ci est en train de transformer l'islam et de conduire ses peuples vers le pire, vers la régression, l'obscurantisme, la fermeture, le fanatisme
    On a quelques doutes, sinon sur la sincérité du propos, du moins sur son efficacité. Cependant, Meddeb cite quatre "points" de la bataille à livrer aux salafistes.

    Le premier point concerne "l'islam vernaculaire". Meddeb entend par là celui du culte des saints qui fait le lien avec l'ère pré-islamique. Le deuxième point est "l'approche doctrinale et la procédure juridique" qui permettent aux salafistes d'éliminer le malikisme et le hanafisme. Le troisième point est celui du "retour au fonds théologique et soufi". Le quatrième point est celui de "l'articulation de notre discours à la pensée moderne et postmoderne telle qu'elle d'est exprimée depuis le XVIII° siècle, depuis Rousseau et Kant, jusqu'à Karl Popper et Jacques Derrida". Vaste programme. Il est culturel et apolitique. Le salafisme est aculturel et politique. Le combat ne pourra donc avoir lieu puisque les adversaires se donnent rendez-vous dans des lieux où l'adversaire ne viendra pas.

  3. Le débat sur l'euthanasie et le projet de loi Ayrault

    L'Assemblée Nationale va devoir voter une loi concernant l'ouverture de l'euthanasie. Cette chose est terrible. D'abord parce qu'elle est principalement un mot qui décrit ou définit peut être une réalité qui dépasse de beaucoup les capacités d'analyse rationnelle. Ensuite, parce qu'elle renverse deux millénaires et plus d'un tabou qui, quand il est transgressé, est un crime passible des peines extrêmes. Il ne faudrait pas l'oublier. Et si on l'évacue, ne serait-il pas utile de réfléchir sur cette révolution ?

  4. Mais qui donnera la mort, par Vianney Mourman dans Le Monde du 13.12.2012 - (en local).

    Le Dr Mourman est un spécialiste des soins palliatifs. Sa conscience de médecin et sa conscience d'homme lui interdisent l'euthanasie qu'il voit venir à grande vitesse. Il se demande avec angoisse qui sera celui chargé de donner la mort.

    Comme beaucoup d'adversaires de l'euthanasie, le Dr Mourman n'a pas bien compris la démarche progressiste. Elle est pourtant très bien exposée par Georges Orwell. Il suffit de donner un autre nom à ce qui effraye le Dr Mourman. Il respectera simplement la "dignité" ... et le tour est joué. Allez donc vous battre contre des mots auprès d'individus décérébrés.

  5. Garantir le droit à mourir dans la dignité, par Maurice Tubiana dans Le Monde du 13.12.2012 - (en local).

    Et voilà la réponse au Dr Mourman. Elle lui est donnée par un célèbre professeur de Médecine, Maurice Tubiana, très âgé de plus. Spécialiste du traitement du cancer, le Pr Tubiana joue encore avec les mots quand il déclare :

    "Il faut, en parallèle au droit de vivre, introduire le droit de mourir dignement. "
    Mais, pour lui, d'après son article, le "mourir dignement" semble équivalent à "mourir sans souffrance insupportable". C'est comme celà qu'il conclut son article en écrivant :
    L'euthanasie ne doit être envisagée que si toutes les autres voies ont été explorées et que les souffrances sont liées à l'état du vieillard, qu'aucune action de l'entourage ni la mise en oeuvre de soins palliatifs ne peuvent améliorer.
    On notera que le Pr Tubiana commence son article de manière beaucoup plus délicate quand il évoque :
    De plus, j'ai 93 ans. Pour moi, la fin de vie n'est plus une perspective lointaine et j'assiste chaque jour à la dégradation de ce corps qui fut source de tant de joies et dont la déchéance m'humilie.

    Le drame de la vieillesse est qu'elle vous exclut de la société. Un médecin, par exemple, n'est plus capable de soigner, un scientifique de créer des concepts originaux ou un écrivain d'écrire.
    Qu'il est difficle de répondre, sinon en s'inquiétant que le sentiment d'humiliation ressenti par le Pr Tubiana semble nourrir la difficile légitimité revendiquée d'une euthanasie de conservation de la dignité de soi.

    L'article du Pr Tubiana comporte un autre aspect. Nous ignorons la confession du Pr Tubiana. Mais sa réflexion montre les ravages de l'ignorance religieuse ou pire la déformation terrible du courant majoritaire du catholicisme quand il écrit :

    L'idée que la maladie est une punition divine qu'il faut accepter et subir pour obtenir une rédemption n'est plus exprimée. Dieu a cessé d'apparaître comme un procureur qui punit pour des fautes. La foi peut soulager.

    En revanche, elle ne protège pas contre la maladie et ne peut hâter la guérison. Dieu est un Dieu d'amour, mais il n'intervient pas dans le domaine de la santé.
    Le Dieu du Pr Tubiana n'est ni le Juge de l'Ancien Testament, ni le Guérisseur du Nouveau Testament. La foi a changé et la vie devient insupportable quand la mort s'approche et que la foi est ainsi déviée. Et alors, il faut entendre le cri terrible du Pr Tubiana qui écrit :
    La seule façon d'éviter chez le vieillard le développement d'un sentiment de culpabilité et d'angoisse est de rendre possible l'euthanasie, grâce à laquelle il reste maître de son destin.
    Ici, on ne fait plus de la "philosophie". C'est de l'homme. Mais de l'homme sans la foi droite.

    Aura t'il le paradis ? Nul ne le sait. Il revendique la mort "digne". Et c'est terrible.

  6. Illusoire "laisser mourir", par Marta Spranzi, dans Le Monde du 13.12.2012 - (en local).

    Revendiquant la qualité de philosophe, l'auteur critique la Loi Leonetti qui, selon elle, autorise un faible "laisser mourir" et punit le terrible "faire mourir". Malheureusement, la dialectique utilisée assure un niveau de compréhension indéquat des situations complètes comme celle de la fin naturelle de la vie. Et on ne l'éclaire pas en la confondant avec les situations dramatiques.

    L'auteur critique les idéologies dérivées de la loi naturelle. Elle n'a pas toujours tort à ce sujet. Invocant la nécessité d'une loi nouvelle sur la fin de vie, elle écrit avec un certain bonheur :

    ... la loi devrait aider les soignants à définir, de façon collégiale, les différents gestes de fin de vie susceptibles de permettre à chaque patient de mourir le mieux possible étant donné le contexte médical, psychologique et social et qui lui est propre.
    L'auteur, qui semble pourtant adopter une attitude euthanasique, n'a pas entendu le cri du Pr Tubiana quand il voulait se réapproprier sa propre mort. La collégialité, ou l'unanimité communautaire, ou l'assentiment démocratique, deviennent des impératifs catégoriques de l'éthique. Après le témoignage du Pr Tubiana, on devrait pourtant s'en défier.

    On peut trouver un certain flou dans la pensée de l'auteur quand elle écrit en conclusion :

    L'interdiction de l'injection létale pourrait ainsi être remplacée par un principe de subsidiarité : les gestes de fin de vie les plus passifs devraient être préférés aux plus actifs ...
    L'interdiction de l'injection léthale est du "faire mourir" qu'elle condamnait dans la loi Léonetti. Elle la "remplace" et c'est là une grande ambiguité. Remplacer ? Mais l'injection léthale n'existe que dans le crime. Pourquoi la remplacer ?

    On n'est absolument pas d'accord avec la vision finale de l'auteur :

    La médecine n'a pas d'autre raison d'être que de modifier le cours d'une nature bien souvent cruelle ...
    C'est encore la croyance en une toute puissance de la raison ... Beaucoup de médecins qui pratiquent leur art pensent que plus simplement, il s'agit de soulager les souffrances des hommes. La nature n'a que peu à voir avec les sentiments. Elle n'est pas cruelle contrairement à une médecine du "faire mourir".

  7. Une insuffisance criante de soins palliatifs, par Xavier Emmanuelli dans Le Monde du 13.12.2012 - (en local).

    Xavier Emmanuelli et Claire Brisset plaident en faveur des soins palliatifs. Ils ne le font pas en réaction au projet d'euthanasie, mais comme si les soins palliatifs étaient la réalité constante et nécessaire. En fait, la première chose qu'il faut noter de leur article c'est que ce ne sont pas seulement les "soins palliatifs" qui sont défaillants. C'est la mort de la majorité des personnes âgées. Notre plus probable avenir !

    Ce qu'ils découvrent à notre ignorance, c'est la mort solitaire dans le couloir des Urgences d'un hopital surchargé où nous aura conduit la peur de la mort de nos proches, émus par notre propre détresse agonique. C'est un article encore plus terrible que tous ceux sur la "dignité de mourir".

  8. Un an de prison pour une psychiatre, Par Dolorès Lina Torres, Psychiatre des hôpitaux dans Le Nouvel Obs' du 20.12.2012 - (en local).

    L'affaire est celle de la condamnation en première instance d'une psychiatre d"hôpital qui aurait laissé "en liberté" un fou. Ce dernier a massacré dans des conditions folles un octogénaire et échappe à toute sanction pénale du fait de son irrresponsabilité. Il fallait trouver un responsable dans la chaîne de l'autorité publique. Ce fut la psychiatre.

    Que n'avait-on fait là ! Levée de bouclier corporatiste et immédiate. Madame Linas Torrès écrit un article de coutien à sa collègue condamnée. Sa thèse est simple :

    Les psychiatres n’accepteront pas que l’on revienne à une psychiatrie de l’enfermement et de l’obscurantisme.
    Son discours est tout entier centré sur la satisfaction des clients de la psychiatrie sans aucun égard pour le reste de la population.
    Les personnes qui souffrent de troubles psychotiques ou schizophréniques sont avant tout des citoyens comme tous les autres, ils ont des droits, et bien sûr, des devoirs. Avec les progrès actuels de la psychiatrie, ils peuvent vivre comme tout le monde, avoir leur appartement, travailler, avoir une vie familiale, des loisirs, voter…

    Mais sa revendication d'une psychiatrie de spécialistes au-dessus de toute responsabilité au prétexte de la "souffrance" des fous est essentiellement une revendication politique. destinée à exonérer la psychiatrie d'un quelconque contrôle social, l'inversant même quand Linas Torrès écrit :

    ... qui peut se dire qu'il ne présentera jamais de troubles psychiques, ou bien que ses proches, ceux qu'il aime, ne présenteront jamais de tels troubles ? Nous sommes tous concernés.
    Comprenez : si vous vous dressez contre les psychiatres, ils ont de quoi s'occuper de vous ... Merci bien. Que les psychiatres assument simplement la responsabilité que la loi leur a fixé.

  9. Les diplômes ne rapportent qu’aux étudiants déjà riches, par Lucile Quillet dans Le Figaro du 20/12/2012 - (en local).

    Excellent article qui souligne sur la société américaine un point clairement visible dans la société occidentale dans son ensemble. Les diplômes de haut niveau n'ont de valeur que si leur titulaire appartient à la classe supérieure de ceux qui les embauchent. L'article note une seconde chose : les diplômes les moins chers sont tellement nombreux qu'ils ne représentent aucune valeur marchande sur le marché de l'emploi. Il nous semble que seule la rareté fait le prix et de produire 100.000 diplômes quand il y en a besoin de 10.000, c'est assurer la pauvreté et l'exclusion sociale de 90% des diplômés. C'est exactement ce qui arrive à de nombreux titulaires du doctorat et de bien d'autres diplômes. Surtout en France.

  10. Review of FBI forensics does not extend, par Spencer S. Hsu dans The Washington Post du 23 décembre 2012 - (en local)<.

    Il s'agit d'une enquête extrêmement fouillée comme la presse américaine est capable d'en faire. Les analyses criminologiques basées sur les microanalyses de fragments de cheveux sont incertaines. Les verdicts rendus sur la base des évidences prétendues par les experts de justice devront être tous revus. Il s'agit d'un scandale formidable. D'autant que ce scandale succède à celui des analyses ADN bâclées.Nous ignorons complètement si cette nouvelle est applicable en France.

  11. Comment être encore psychiatre aujourd'hui, pae Yves Hémery, dans Le Monde du 27.12.2012 - (en local).

    Yves Hémery est un psychiatre hospitalier. Il reprend plusieurs arguments pour défendre sa consoeur reconnue responsable de l'assassinat d'uyn octogénaire par un de ses patients. Hémery souligne qu'elle n'était qu'un maillon d'une chaîne de thérapie sociale. D'un certain point de vue, Hémery refuse de porter la moindre responsabilité sociale en tant que psychiatre. Mais, il est possible qu'à son idée, cette exonération se limite à la garantie de résultat qu'il ne veut pas assumer. Mais, il semble pourtant que ce soit sur l'obligation de moyens que la psychiatre ait été censurée.

    Toujours est-il que le psychiatre est un thérapeute. Et il semble que comme tout thérapeute, il affirme être le seul à savoir et il en résulte qu'aucune personne n'a le droit de le juger. Sa science le rend inviolable, sacré. Je crois qu'on ne peut pas plus se tromper. Mais, c'est comme celà que les médecins, psychiatres et aitres, se voient. Et la société se croyait jusqu'à présent soumise à leur opinion. Le jugement qui condamne la psychiatre serait il un tournant ?

  12. Procréation médicale assistée et savoir psychanalytique par Hervé Glevarec, dans Le Monde du 27.12.2012 - (en local).

    En fait, l'article se borne à se poser la question de l'acte de décès de la psychanalyse, peut être de la psychanalyse lacanienne :

    A partir des derniers Séminaires (1974), la fonction paternelle est définie comme une stricte opération de nomination totalement dégagée de la personne d'un père.
    Cette idée déduite de Lacan permettra t'elle au contraire d'adapter la psychanalyse à la famille homoparentale ?
    les transformations de la filiation induites par la PMA semblent déboucher sur le nécessaire abandon des références paternelles et maternelles comme structurales. Ce n'est pas rien.
    Cette conclusion conduit à l'idée de l'échec de la psychanalyse.

Les Arts et Lettres

  1. Is ‘The Hobbit’ a ‘Christian’ film? Yes and no., par Kay Campbell et Greg Garrison dans The Washington Post du 14.12.2012 - (en local).

    "The Hobbit" est un nouveau film diffusé après le succès mondial du "Seigneur des Anneaux" d'après Tolkien, devenu célèbre grâce à cette trilogie des années 2000. "The Hobbit" reprend une autre aventure racontée originellement par Tolkien. Comme le catholicisme de cet écrivain britannique est indubitable, son catholicisme est interrogé à tout propos. Ici, les deux auteurs pose une vraie question. Ils n'y répondent donc absolument pas. En fait, du film, ils n'en disent pas un seul mot, se référant seulement à l'oeuvre de Tolkien. L'article se pose donc la question de savoir si l'oeuvre de Tolkien est catholique ou non. Mais, il ne se réfère pratiquement pas à l'oeuvre de Tolkien. Ils préfèrent se reporter à des déclarations sorties de leur contexte de deux érudits de l'oeuvre de Tolkien. Et en dehors de l'affirmation répétée que Tolkien était catholique et que l'oeuvre de son compère, C.S. Lewis, auteur de Narnia, est beaucoup plus catholique que la sienne, on n'en saura pas davantage.

  2. Gérard Depardieu, la liberté à tout prix, par Jean-Christophe Buisson dans le Figaro du 22.12.2012 - (en local).

    Article sympathique du journaliste Jean-Christophe Buisson qui explique assez convenablement la complexité de la personnalité de l'acteur Gérard Depardieu. On peut seulement la citation finale du poème de Boileau. Depardieu est tout sauf "un fou rempli d'erreur" que mettait en scène Boileau. C'est même un homme d'affaires avisé qui émigre quand il lui semble que le comportement rationnel de celui qui cherche à protéger sa fortune le contraint à changer de milieu. Je sais qu'il peut s'agir du conseil reçu d'un gestionnaire de fortunes avisé. Mais, le fou rempli d'erreur n'appliquerait pas un conseil avisé.

    On sait que non seulement Depardieu part en exil fiscal, mais qu'il s'établit pour des raisons positives d'attrait pour la communauté urbaine de Néchain. Comparer cette émigration aux errements d'un fou galopant est plus insultant que la qualification de minable qu'un certain Ayrault lui avait appliqué. On peut dire que Monsieur Buisson semble identifier cette terrible émigration à la ballade du fou de Boileau. On ne peut se tromper davantage.

  3. Aragon, l'écrivain qui préférait Staline à Proust, par Pierre Juquin interrogé par Le Nouvel Obs' du 28.11.2011 - (en local).

    Aragon homosexuel était poète. Aragon politique était communiste. Staline n'a jamais été un poète. Comme le dit Pierre Juquin, qui lui admire Aragon :

    Aragon est un personnage tragique de la tragédie des communistes. C'est l'histoire d'un aveuglement dans un monde atrocement binaire.
    Je n'aime pas Aragon.

Le monde

  1. Comme Apple, l’Amérique dit "Welcome back manufacturing", par Thibault de Jaegher dans L'Usine Nouvelle du 06.12.2012 - (en local).

    Le journaliste décrit les raisons d'une restauration d'un secteur industriel aux Etats-Unis, précurseur de celle souhaitée en France par certains et farouchement combattue par d'autres. Pour l'auteur, trois actions ont été menées aux Etats-Unis :

    1. L'intervention de l'Etat : il cite l'action de l'administration Obama sur General Motors, créditée de sa résurrection. Le moyen a été l'injection de capitaux publics et les fermetures de sites non rentables. La solution paraît inabordable en France.
    2. La prospection de gaz de schistes. Inabordable en France qui préfère la marine à voile de l'éolien.
    3. Allègement du coût du travail par la baisse des taxes et incitations fiscales ciblées sur l'industrie, Impensable en France qui préfère un fumeux crédit d'impôt dont le fisc ne fera qu'une bouchée quand il sera appliqué.
    Le journaliste a le culot d'affirmer que c'est ce que Ayrault est en train de mettre en place ! Nous n'en croyons pas un mot.

  2. L'Europe face à la régression de la Russie, dans Le Monde du 20.12.2012 - (en local).

    Le Monde publie sans signature un article sur la Russie. Poursuivant une longue tradition depuis la fin de l'ère soviétique que les politiciens ne regrettent jamais assez, Le Monde se livre à une opération de manipulation de l'opinion française par une longue suite d'affirmations calomnieuses et de toutes façons appuyées sur la présentation d'aucun fait.

    La vérité qui, en France occupée par les Hollandistes, une sorte de métastase pourrie du socialisme le plus visqueux, ne présente plus aucune espèce d'intérêt, est que la Russie est l'une des nations les plus prospères et dont la croissance est la plus rapide.

    L'environnement et la santé sont cependant deux domaines qui semblent en danger en Russie. De même, la Russie est fortement menacée par de nouveaux états frontaliers, fortement agités par le wahabisme notamment. Mais en pouvoir d'achat corrigé par tête d'habitant, la Russie selon la Banque Mondiale fait au moins aussi bien que la France.

    En réalité, ce qui fait hurler les hollandistes, c'est que les officines de déstabilisation politique et de promotion de la drogue et des diverses perversions qui l'accompagne ne sont pas les bienvenues en Russie. Le pouvoir russe vient d'en renvoyer plusieurs soutenues par la CIA sur les rives du Potomac. Cà ne plait pas à nos maîtres. La Russie s'en moque absolument et accueille sincèrement Gérard Depardieu, banni de France. Cà plaît encore moins à Mademoiselle Cunégonde qui, chacun le sait nous enseigne que nous vivons dans le meilleur des mondes ...

  3. La malédiction du train Benelux, par Jean-Pierre Stroobants dans Le Monde du 27.12.2012 - (en local).

    L'auteur rapporte les pannes incessantes d'un nouveau train reliant Bruxelles à Amsterdam. Ce train construit sous une direction européenne démontre l'incompétence rare des exploitants de transport public. Pour Stroobants, l'affaire révèle l'échec du modèle libéral de libre concurrence. Il démontre surtout l'incompétence des autorités publiques ou parapubliques qui limitent leur capacité technique à choisir l'offre la mieux disante, c'est-à-dire la moins chère. Si peu chère qu'elle ne peut fonctionner ...


Revue THOMAS (c) (2012)