Le Lavement des Pieds et le Pape François

Le Lavement des Pieds et le Pape François

Philippe Brindet - 29.03.2013

L'anecdote papale

La presse s'est fait l'écho d'une nouvelle démonstration médiatique papale. Le Pape François a lavé les pieds de jeunes dans une prison romaine lors de la cérémonie du Jeudi-Saint. Voilà ce que la presse française a souligné. Pour avoir des détails plus précis, il fallait lire la presse américaine et notamment un article intitulé Pope washes feet of two girls, two Muslims at youth prison de Alessandro Speciale du Religion News Service du quotidien The Washington Post en date du 28 mars 2013.

L'anecdote précise est ainsi rapportée :
Pope Francis on Thursday (March 28) washed the feet of 12 young inmates, including two girls and two Muslims, during a Maundy Thursday Mass at a youth detention center in Rome. Le Pape François le Jeudi (28 mars) a lavé les pieds de 12 jeunes détenus, comprenant deux filles et deux musulmans, pendant une Messe du Jeudi Saint dans un centre de détention pour jeunes à Rome.
Selon le journaliste :
Francis has repeatedly stated his desire to bring the papacy and the church closer to the poor and the marginalized.

The inclusion of two women in the rite — which commemorates Jesus’ washing of the feet of the apostles on the night before his death — is also a first for a pope, but Francis had already done so as archbishop of Buenos Aires.
François a déclaré de manière répétée sa volonté de rapprocher la papauté et l'église des pauvres et des marginaux.

L'inclusion de deux femmes dans le rite - qui commémore le lavement des pieds par Jésus des apôtres la nuit avant sa mort - est aussi une première pour un Pape, même si François l'avait déjà fait comme archevêque de Buenos Aires.
Le journaliste ne donne pas d'interprétation sur la présence pourtant indiquée de deux musulmans. Il s'est concentré seulement sur la présence de deux femmes alors que Jésus n'ayant lavé les pieds que d'hommes, les papes et la plupart des ecclésiastiques ne lavent les pieds le Jeudi-Saint que de prêtres ou à défaut de fidèles catholiques.

Selon le journaliste qui n'a pas assisté à la scène, mais qui rapporte une déclaration du Porte-Parole du Vatican, le RP Lombardi (sj), le Pape a déclaré :
“Among us, who is above must be in service of the others,” he said. “This doesn’t mean we have to wash each other’s feet every day, but we must help one another.” "Parmi nous, celui qui est au-dessus doit être au service des autres", a t'il dit. "Ceci ne signifie pas que nous devons nous laver les pieds les uns les autres, mais que nous devons nous aider les uns les autres."

Peut on critiquer le Pape et le Pape François ?

On sait que, dans la doctrine catholique, le Pape est "infaillible". Il s'agit d'une décision controversée du concile du Vatican I qui se tint à la fin du XIX° siècle. Dans une large mesure, la tenue du Concile Vatican II, son esprit d'une part, et la mise en oeuvre de la collégialité, d'autre part, a limitée cette infaillibilité. De toute façon, l'infaillibilité papale n'a de portée que sur des décisions très particulières et leur nombre est extrêmement réduit de sorte que le Pape peut célébrer un Lavement des pieds sans engager son infaillibilité.

Il n'en découle pas cependant que le chrétien soit en mesure de critiquer de manière avancée un acte public du Pape. Il faut donc affirmer que le Pape est bien libre de faire les gestes publics qui lui conviennent. Laver les pieds des filles ou des musulmans, surtout si le Pape n'en prend pas l'habitude quotidienne, ne nous paraît pas un acte en soi de nature à alarmer.

La signification catholique du Lavement des pieds

Elle est exprimée clairement, sans interprétation, dans les Evangiles. L'épisode du Lavement des pieds ne se trouve pas chez Saint Matthieu, pas chez Saint Luc, pas chez Saint Marc. Seulement présent chez Saint Jean, l'épisode fait 16 versets. Ce n'est pas long. Sa signification doit donc en prendre tous les aspects sans en laisser aucun. Et cette signification comporte deux aspects très clairs.

Le premier aspect de la signification du Lavement des Pieds est personnel

Selon le premier aspect (versets 6 à 11) Jésus dialogue avec Simon-Pierre, le futur premier Pape. Il est le premier des Apôtres à qui Jésus lave les pieds et Simon-Pierre ne comprend pas ce geste. Pour lui Simon-Pierre, comme pour les autres disciples, c'est le serviteur qui lave les pieds de son maître et Jésus est le Maître.

Jésus ne discute pas avec Simon-Pierre de la question de Son autorité, de Sa maîtrise. Pour Simon-Pierre, c'est encore plus grave. Jésus le menace : "Si Je ne te lave pas les pieds, tu ne seras pas avec Moi dans le Royaume des Cieux." Et là, Jésus montre qu'Il se moque bien de savoir si Simon-Pierre Le reconnaît comme le Maître ou non. La question essentielle est toute autre. Il s'agit de savoir si Simon-Pierre, le futur premier Pape, va accepter de se reconnaître pécheur devant Jésus à ses pieds à lui, Simon-Pierre. Jésus, le Fils de Dieu, l'Homme-Parfait, à genoux devant le Pape pécheur. Voilà l'image définitive du Lavement des pieds.

On voit ici que la véritable humilité enseignée dans Saint-Jean, ne se réalise pas quand le Pape lave les pieds d'une fille, prisonnière. Ce sera quand il acceptera que le dernier des hommes lui lave les pieds, reconnaissant ainsi son péché, à lui, le Pape. Tant que le Pape se "prendra" pour le Christ lavant les pieds de ses disciples, jamais l'Eglise ne sera au service des pauvres et des exclus.

Et le premier aspect du Lavement des pieds, tel qu'il est enseigné par Saint Jean, est tout autre. Il est le sgne de la confession personnelle des péchés actuels. Ce que Jésus dit à Saint Pierre, ce n'est pas qu'il est au service des autres. C'est que Saint Pierre, et pas un autre, Saint Pierre personnellement, doit reconnaître son péché actuel. Pas celui des autres. Pas celui du passé. Et Simon-Pierre montre encore une fois qu'il ne comprend rien. Il réplique au Seigneur : " ... pas seulement les pieds, mais tout le corps ..." Jésus lui explique alors calmement la situation. "Tout le corps", Jésus va s'en occuper par Sa Passion. Simon-Pierre doit recevoir le Lavement des pieds, parce que lui dit Jésus : "Celui qui a pris un bain n'a pas besoin de se laver ; il est entièrement pur. Vous aussi, vous êtes purs ; pas tous cependant.

Jésus, nous enseigne Saint Jean, savait que Judas qui était parmi les Douze allait Le livrer. Et nous dit Saint Jean : "... voilà pourquoi il dit : "Vous n'êtes pas tous purs"." On note que, alors que Jésus connaissait le traître, Il ne le dénonce pas, Il ne l'accuse pas. Au contraire, c'est Simon-Pierre, pourtant déclaré pur par le Seigneur, qui doit accepter de se laisser purifier par Jésus : "Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi." (Jn 13, 8).

Bien entendu, ce commandement de Jésus donné à Saint Pierre, chacun de nous peut l'entendre. Ne serait-ce pas de la mission de Saint Pierre, du Pape, de nous le répéter inlassablement : "Pour avoir part à la Vie éternelle, il faut que je confesse mes péchés et que je m'en purifie auprès du Christ, seul Purificateur." On voit combien le premier aspect de la signification du Lavement des pieds ramène à la véritable nature personnelle et ce mouvement de retour sur soi se situe avant de participer à l'Eucharistie qui est instituée quelques instants après le Lavement des pieds, avec lequel elle forme un tout indissociable : "Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi." (Jn 13, 8).

Le second aspect de la signification du Lavement des Pieds est ecclésial.

Et c'est seulement ensuite, dans le récit de Saint-Jean, que le Christ introduit un second aspect de la signification chrétienne du Lavement des pieds. Jésus est passé aux pieds de chacun des autres Apôtres qui ont suivi docilement le ralliement de Simon-Pierre, montrant ainsi que l'Eglise a compris et assimilée la remontrance de Jésus à Simon-Pierre. Jésus, se redressant de son labeur de serviteur, reprend alors le ton du Maître. (versets 12 à 20).

Son premier mot est une question posée à tous : "Comprenez-vous ce que je vous ai fait ..." (Jn 13, 12). Pour accéder au second aspect de la signification du Lavement des Pieds, il faut définitivement comprendre le premier aspect. Que l'homme n'est ni un maître, ni un serviteur. Il n'y a qu'un seul Maître, Jésus, et l'homme est un pécheur qui tente inlassablement de se purifier de son péché dans l'offre inépuisable du Lavement des pieds de Jésus, par Jésus. Cette question de Jésus à ses Apôtres est vraiment insistante. Elle dénote de l'agacement. Parce que le Christ le sait : "ils" ne comprennent rien. Et rien n'a changé à ce sujet.

Le second aspect présente un mouvement de transfert du premier aspect de sa dimension personnelle vers l'ensemble des Apôtres et, on peut le penser, l'ensemble des disciples du Christ. L'aspect personnel devient un aspect ecclésial. Et il s'agit d'un transfert mémoriel qui ressemble à deux autres transferts : celui de la prière du Seigneur et celui, qui suit le Lavement des pieds, de la Cène. Le Christ au Lavement des pieds, déclare au verset 15 : "Je vous ai donné l'exemple, pour que vous agissiez comme j'ai agi envers vous."

Quelques instants plus tard, le Christ institue le mémorial de sa passion en déclarant : " ... faites ceci en mémoire de moi" (Luc 22, 20). Et nous pouvons comprendre que, bien qu'il s'agisse d'une action en mémoire, il existe une actualisation de l'acte christique. Et dans le Lavement des pieds, ce n'est pas à une affaire secondaire que le Christ invite ses Apôtres. C'est à se purifier les uns les autres entre disciples, non pas pour signifier leur perfection, totalement défaillante, mais pour exécuter l'acte de miséricorde du Christ qui pardonne les péchés, les remet, nous rendant semblables à Lui.

Et cette tâche, Lui qui est le Maître, le seul Maître, ne l'a pas cru indigne de Lui, le Parfait. Le signe de cette tâche était exécuté par le dernier des serviteurs dans les maisons de maîtres. Et, tout en affirmant sa maîtrise : "Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis." (Jn 13, 13) Mais, le signe ne renvoie plus à la pratique juive du lavement des pieds, ni à ses traductions dans d'autres cultures et d'autres temps, mais il renvoie à la tâche dévolue par le Christ à la confession des péchés et à la purification recherchée dans la seule miséricorde de Dieu. Et ce signe de la miséricorde est exécuté par obéissance au commandement du Maître et Seigneur.

Saint Bernard illustre la signification catholique du Lavement des Pieds

Dans un sermon du Jeudi-Saint (lire dans l'édition web de l'Abbaye-Saint-Benoît du Valais) Saint Bernard va encore plus loin. C'est dans la considération du péché originel et du baptême qu'il puise la source de la signification du Lavement des Pieds. Et il lie fondamentalement le Lavement des Pieds avec l'exigence de la purification des péchés actuels. Saint Bernard va jusqu'à le tenir pour un Sacrement de l'Eglise en tant qu'il est signe d'une chose sainte. Ainsi Saint Bernard écrit :

... pour que nous ne doutions point de la rémission de nos fautes quotidiennes, nous avons le sacrement du lavement des pieds. Vous voulez savoir où j'ai appris que c'est là un sacrement pour la rémission des péchés? C'est de la bouche même du Seigneur, quand il dit à Pierre: « Vous ne savez pas maintenant pourquoi je fais ce que je fais, mais vous le saurez plus tard (Joan. XIII, 7). »
Et Saint Bernard poursuit un peu après :
Mais voulez-vous vous convaincre qu'il n'était pas seulement question là d'un simple exemple, mais bien d'un sacrement? Ecoutez ce que Jésus dit à Pierre : « Si je ne vous lave point, vous n'aurez point de part. avec moi (Ibid. 8). » Il y a donc, caché sous cette ablution, quelque chose de nécessaire au salut, ...

Dans l'analyse de Saint Bernard, il n'y a aucune référence à l'humilité du Seigneur qui se mettrait "au service des autres" comme on l'entend hélas si souvent agité pour désigner que ce serait ce service qui serait la source du salut personnel.

L'enseignement de Saint Bernard est exactement dans le fil de celui de Saint Augustin, bien avant lui qui écrivait dans son Tractatus :

... Les dispositions de l'âme humaine sans lesquelles on ne vit pas dans cette mortalité sont comme les pieds où nous sommes affectés en raison des choses humaines, et nous sommes affectés de telle sorte que, si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. [I Jn 1, 8] Chaque jour donc, celui qui intercède pour nous nous lave les pieds et, chaque jour, dans la prière même du Seigneur, nous confessons que nous avons besoin de laver nos pieds, c'est-à-dire de redresser le chemin de notre marche spirituelle […] ..."
Saint Augustin lit le passage de Saint Jean et, pour lui donner sa pleine extension, le confronte à l'exigence radicale du christianisme, loin au delà des questions d'humilité ou de service qui, pour importantes qu'elles soient, ne sont en rien au premier plan de l'enseigenment évangélique. Et Saint Augustin poursuit :
C'est pourquoi l'Eglise que le Christ purifie par un bain d'eau dans la parole est sans tache ni ride [Eph. 5, 26-27] non seulement en ceux qui, aussitôt après le bain de la régénération, sont enlevés aux contaminations de cette vie et ne foulent pas la terre de façon à avoir besoin de se laver les pieds, mais également en ceux à qui le Seigneur a accordé cette miséricorde de sortir de ce siècle en ayant aussi les pieds lavés. Cependant, même si elle est pure en ceux qui demeurent ici parce qu'ils vivent justement, ils ont besoin néanmoins de laver leurs pieds puisqu'il ne sont pas évidemment sans péché." (Tr LVI, 4-5, pp. 81-83)
L'accent est ainsi mis par Saint Augustin sur le problème du péché personnel dont la purification exige un service de l'Eglise, service essentiel au Salut de chacun et de tous et qu'Elle doit rendre à l'imitation de Notre Seigneur. Ainsi le Lavement des Pieds est une exignece préalable à l'Eucharistie et il est lui-même une exigence qui touche exclusivement le baptisé et sûrement pas une "femme musulmane".

La Pape Benoît XVI a prononcé un enseignement en lien avec les auteurs comme Saint Augustin et Saint Bernard, notamment dans son homélie de la Messe du 20 mars 2008. Le Pape souligne le fait que

le lavement des pieds, selon le sens de tout le chapitre, n'indique pas un simple sacrement spécifique, mais le sacramentum Christi dans son ensemble
et, recherchant dans la lettre de Saint Jean une explication au secret du Lavement des pieds, Benoît XVI lit :
Nous avons besoin de ce "lavement des pieds", de ce lavement des péchés quotidiens et pour cela nous avons besoin de la confession des péchés dont parle saint Jean dans cette Lettre. Nous devons reconnaître que dans notre nouvelle identité de baptisés nous péchons également. Nous avons besoin de la confession sous la forme du Sacrement de la réconciliation.
Dans l'homélie du Jeudi-Saint 2006, Benoît XVI avait déjà insisté sur la purification nécessaire des péchés des chrétiens. Et il souligne l'humilité du Seigneur qu'il explique par l'amour, ou comme l'expression de cet amour.

On ne peut que comparer avec l'interprétation complètement opposée donnée dans l'Eglise catholique concilaire depuis des années et à ce propos, on pourra lire le récent texte de méditation de Mgr Dagens qui écrit dans son blog :

... Qui donc est Dieu pour s’abaisser ainsi à nos pieds ? Qui donc est ce Jésus s’il renonce ainsi à faire valoir les droits du Dieu tout puissant ?

Le lavement des pieds demeure parmi nous le signe bouleversant de l’humilité de Dieu. Et ce signe vient bousculer ces idées toutes faites que l’on continue à se faire de Dieu, même parmi nous, les croyants : car nous continuons à imaginer qu’entre Dieu et nous existe un rapport de forces, Lui étant le plus fort, et parfois d’une force écrasante, et nous étant les plus faibles, écrasés à ses pieds.

Eh bien non ! Lui a choisi de se mettre à nos pieds, avec cette force douce et désarmée
Il n'y a plus aucune référence ni au salut, ni au péché et à sa nécessaire purification. Vingt siècle de foi sont ici anéantis en quelques décennies.

Rapprocher le signe du Pape François et la signification du Lavement des pieds

Il est clair que le signe du Pape François, bien qu'il soit exécuté lors du Jeudi saint et qu'il affecte les formes décrites par Saint Jean, ou certaines d'entre elles, est bien distinct de la tâche remplie par le Seigneur et confiée par Lui à ses Apôtres.

On note que le Pape François simule lui aussi le commandement du Christ, mais "à l'envers". Quand le Christ déclare : "Je vous ai donné l'exemple, pour que vous agissiez comme j'ai agi envers vous." (Jn 13, 15), le Pape François déclare quant à lui : ""Ceci ne signifie pas que nous devons nous laver les pieds les uns les autres ...". Il a bien raison, parce que c'est un geste ridicule qu'il n'y a aucune obligation de faire. Mais, on doit bien comprendre ici que le commandement du Christ est tout bonnement inversé par le Pape François. Lui, il demande qu'on ne le fasse pas. Jésus, Lui, demande que le geste soit fait ...

Un autre rapprochement est intéressant. Quand le Christ déclare : "Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis." (Jn 13, 13), le Pape François déclare quant à lui que son geste signifie que "... nous devons nous aider les uns les autres." (voir plus haut le verbatim du Washington Post). La simulation du Pape François est donc loin de l'immensité de l'original christique. Et le Pape François le sait qui demande que nous nous aidions les uns les autres.

On note un autre rapprochement plein d'enseignement. Le Pape François n'a pas choisi un douzain de cardinaux empanachés et sérieux ... comme des Papes, mais une bande de jeunes délurés, un peu turbulents, et qui semblent, de près ou de loin, ne rien avoir à faire avec l'Eglise en particulier et avec le Christ en général. Au lieu de douze Apôtres dont un futur traître - Judas l'Iscariote - et un futur renégat - Simon Pierre - le Pape François choisit douze jeunes qui n'ont pas comme point commun de confesser le Christ. Ils ont l'avantage sur Judas qu'ils ne pourront pas Le trahir et sur Simon-Pierre, pas Le renier.

On peut vraiment penser que c'est la signification du geste médiatique du Pape François.

De l'herméneutique de la continuité à l'esprit de Vatican II

Qui se souviendra dans trois mois que l'ancien Pape, Benoît XVI, promouvait une interprétation de l'enseignement du Concile à la lumière de la Tradition de l'Eglise. Face à ce mouvement du Pape retiré, se dresse le mouvement de l'"esprit du Concile". Un mouvement pour lequel il y a un "avant le Concile" et un "après le Concile". Et que cet "après le Concile" mobilise une Eglise servante des pauvres, à l'image du Seigneur qui lave leurs pieds pour la promotion de l'homme dans le Monde aimé de Dieu. Un Monde sans péché parce qu'il a été assumé par l'amour du Christ il y a deux mille ans. Et qu'aujourd'hui, il faut vivre, comme le dit le Pape François, non pas en conservateurs de vieilleries démodées, mais en "compagnons d'humanité". Une Eglise qui n'a nul besoin de se laver les pieds. "Le Lavement des pieds ne signifie pas que nous devons nous laver les pieds les uns les autres ..." nous dit le Pape François dans l'"esprit du Concile".

Après les circonvolutions embarrassées de Jean-Paul II et, plus encore, de Benoît XVI, le Lavement des pieds du Pape François est l'indication claire de l'engagement de l'Eglise dans la voie moderne. Et le Monde ne s'y est pas trompé qui a tressailli de joie.


Revue THOMAS (c) 2013