Etude sur Pierre Jovanovici

Etude sur Pierre Jovanovici

Philippe Brindet - 13.05.2013

Pierre Jovanovici est un journaliste d'enquête et un analyste économiste qui a une vision globale de la crise contemporaine. Il a en particulier analysé le travail remarquable d'une femme, Blythe Masters, devenue directeur d'une des grandes banques mondiales que l'on désigne comme responsable de la faillite de l'économie mondiale, JP Morgan. P. J anime notamment un site sur leque il fait la vente directe de ses livres. Sa thèse est une thèse classique de la droite conservatrice. Le site est couplé avec un blog accessible depuis le site. Un article Wikidedia donne la biographie de P. J..

P. J participait à une émission de Didier Rochard sur Radio-Courtoisie. Il est aussi animateur d'un autre radio, Ici et Maintenant.

Analyse de la situation par P. J.

La finance est "devenue" le Maître du Monde et l'entraîne à sa ruine par idéologie anti-chrétienne, visant essentiellement le catholicisme et l'orthodoxie. L'inspiration de ces agressions serait d'essence protestante. L'étape actuelle de l'agression est celle de la spoliation des gens par les Etats, alliés aux Banques. La méthode utilisée consiste à attirer la richesse dans sa monétisation, puis à capturer cet argent sur des comptes détenus par les banques et enfin à rendre indisponible ces comptes en augmentant les tracas administratifs lors des retraits.

Il s'en suit que, à l'envie, les Etats peuvent garantir les pertes des banques en expropriant directement les titulaires des comptes ou indirectement en les surtaxant, par exemple à Chypre taxe sur tous les dépôts supérieurs à 100.000 euros.

P. J. estime que les Etats d'Europe du Sud y compris la France vont être contraints d'exproprier les avoirs en banque. Il pense que, d'ores et déjà, l'assurance vie est probablement devenue inaccessible. Il cite de nombreuses expériences traumatisantes de gens tentant vainement de reprendre leur argent.

Stratégie individuelle de résistance selon P. J.

La stratégie de résistance consiste donc à réaliser sa richesse hors des banques : achat d'or conservé chez soi et achat de biens immobiliers.

P. J. pense en particulier que l'étape suivante de l'action de l'alliance Etats et banques, est une révolution due à la misère et que cette révolution sera sanglante.

Il insiste sur deux choses :

  1. la situation est le fruit d'une stratégie centenaire des Etats-Unis qui veulent la destruction des Etats européens, stratégie qui conduit les Etats-Unis à donner le contrôle des institutions économiques et financières de l'Europe à des individus appartenant aux grandes banques privées américaines, Goldman Sachs, JP Morgan notamment, mais de la Banque centrale US qui est une banque privée ;
  2. la collusion d'intérêt et de pouvoir entre les banques françaises et l'Etat français.
P. J. insiste sur la trahison, il parle de collaboration, des politiciens européens qui se sont absolument soumis aux intérêts américains. Il cite les actions des Etats-Unis visant à obtenir la communication immédiate des références bancaires de tout individu, même non américain. Il cite aussi l'interdiction récemment levée des transactions bancaires de l'Etat du Vatican, qu'il pense sans précédent comme événement politique.

Critique de la thèse de P. J.

Bien que outrée, l'analyse de P. J. n'est pas fausse. Elle est d'ailleurs assez classique dans la droite conservatrice et catholique.

Sur sa stratégie de réplique, je pense que son idée de réaliser sa richesse hors du système étatique est par principe correcte. Mais l'application qu'il en fait paraît insuffisante à assurer son succès. Dans le cas de l'immobilier, la taxation foncière commence à fortement remonter (taxe foncière, taxe d'habitation). Elle peut à terme devenir complètement spoliatrice et les notaires détiennent pour le compte de l'Etat les titres de propriété absolument comme les banques détiennent les comptes bancaires.

D'ailleurs P. J. en est conscient qui note que de plus en plus de petits propriétaires commencent à être contraints de mettre en location une chambre de leur pavillon. Il lui semble voir là une indication d'une paupérisation des petits riches qui précède de peu une explosion sociale remarquable.

Par ailleurs, la détention d'or est soumis au risque de vol et, pire encore, pose le problème de l'origine de la "fortune" après la révolution, quand le détenteur remet l'or sur le marché pour acquérir ne serait-ce que de quoi survivre alors qu'autour de lui, la misère est totale et ne peut être combattue que par le travail productif. Il est très possible que l'utilisation de cet or "ancien" devienne impossible dans les circonstances sociales et politiques de l'après-crise.

Bien entendu, la plus forte critique de la thèse de P. J. est celle de son individualisme. Pourquoi condamner le "particulier" à n'avoir qu'un comportement individuel ? Pourquoi le "particulier" n'aurait-il pas une stratégie de coopération avec d'autres pour résister à la crise et même à la révolution : famille, voisinage, communauté, ...

On peut même se demander pourquoi le "particulier" n'aurait-il pas une attitude politique, par exemple en participant à une construction politique visant à changer la situation ?


Revue THOMAS (c) 2013