Joie chrétienne et contentement bourgeoisPhilippe Brindet - 14 septembre 2013Les grincheux n'auront pas part au Royaume des Cieux. L'agence Zenit publie le texte suivant : ROME, 7 juillet 2013 (Zenit.org) - Jésus forme une communauté misisonnaire, fraternelle non pour "socialiser" mais pour aller annoncer l'Evangile à tous, "faire du bien", guérir de tout mal, fait observer le pape en commentant l'évangile du jour: une communauté missionnaire. Il interpelle les jeunes, les mettant au défi de répondre avec joie et courage à l'appel de Jésus. Cette brève citation du Pape François concentre probablement toute l'interrogation que soulève la noiuveauté du style qu'il impose à la papauté. Référence à Jésus, Plutôt que de se référer à l'imposante Parole de Dieu des biblistes, c'est à "la voix de Jésus" que le Pape pense.Et il n'y a aucun intermédiaire entre cette "voix de Jésus", qui proclame un appel "à la mission", bien définie dans la première phrasde de l'information de Zenit : aller annoncer l'Evangile à tous, "faire du bien", guérir de tout mal, D'une science sacrée, aucun besoin, il suffit d'"entendre la voix", De qualités à acquérir laborieusement, aucun besoin, il suffit de "le vouloir". Et toujours cette idée de "chemin", déjà exprimée par le Pape aux cardinaux électeurs quelques minutes après son élection. La seule qualité du chrétien, c'est la "joie". Et cette joie fait dire au Pape "Vous êtes bien ! Cela me plaît! [Les applaudissements redoublent]" Et ce plaisir du Pape de voir la joie des chrétiens qui se sentent "bien", renvoie ses auditeurs à leur propre contentement bourgeois, de braves gens gavés de bonnes nourritures fournies par Burger King ou MacDonald. D'un chemin pénible, dans une vie de sacrifices, toute entière dévorée par le sens du péché, voilà de quoi l'esprit du Concile a libéré la bourgeoisie, seule rescapée de la sociologie ecclésiastique. Et avec elle, parce que la plupart des membres de la caste sacerdotale en sont issus, cet extrême contentement de soi, qui alimente le sens de la joie, sûrement épurée par la tradition de l'Eglise, mais lointaine, de plus en plus lointaine. Quand les auditeurs du Pape auront cheminé "à la voix de Jésus", avec cet extrême contement de soi, il viendra un moment, pour beaucoup d'eux, où l'on se demandera avec amertume : "Et que s'est-il passé pendant que je cheminai en "annonçant l'Evangile, faire du bien et guérir de tout mal"." Il ne se sera strictement rien passé, sauf ce temps perdu offert au contentement de soi. Et cette fichue incapacité que nous avons par nature, de nous mettre en chemin pour annoncer l'Evangile, pour faire le bien et pour guérir de tout mal. Et ce maudit contentement de soi sera là qui ou bien se changera en amertume des efforts dépensés pour rien, ou bien fera place à la haine de l'Eglise, qui aura mis en chemin pour rien. Pour le contentement de soi. Comme les membres de la "famille impériale", le souverain pontife ne souffre aucune critique. Aussi, les catoliques romains qui liront ces lignes seront ils outrés de cette opinion. Et c'est ainsi que monte la division. Entre les "prophètes bigles" et autres oiseaux de malheur, et les "ravis de la crèche" et autres contents de soi. Pour rien. Et si un jour le Pape se mettait à s'occuper des choses importantes ? Lesquelles ? Mais, à lui de les trouver. Mais "mettre en chemin les chrétiens à la voix de Jésus" est sûrement une phrase qui contente grandement celui qui la prononce. Est-ce une raison suffisante ? Ou même nécessaire ? |