Le délire fiscal français - Quelques réflexions

Le délire fiscal français - Quelques réflexions

Philippe Brindet - 30 Septembre 2013

Les Français ne payent pas assez d'impôts

Il existe un courant animé par les socialistes qui pensent que les français doivent payent plus d'impôts pour une raison très simple. Les électeurs français ont porté au pouvoir ceux qui décident de l'actuelle hausse d'impôt. La question du consentement à l'impôt n'a pas d'autre réponse que celle de la soumission à la loi républicaine qui, notamment, établit l'impôt.

Si vous préférez : il n'y a pas le choix entre consentir ou ne pas consentir à l'impôt. Il n'y a qu'à se soumettre à la loi. Et il en résulte que les socialistes ont économiquement raison de hausser les impôts parce que ceux qui veulent les baisser sont politiquement minoritaires.

Cette position, dont nous créditons les socialistes, était celle du régime sarkozyste qui, en cinq ans, avait instauré environ 40 taxes nouvelles et préparé l'impôt décidé par le régime hollandiste aujourd'hui, en doublant l'endettement public d'alors. Le sarkozysme démontrait là qu'il était lui-même socialiste par nature et hollandiste par opportunisme. Et que, les électeurs français étant politiquement piégés, n'auront pas d'autre solution que de porter au pouvoir un autre régime dont le nom ne présente aucune espèce d'intérêt puisque de toute façon il sera socialiste.

Les Français payent trop d'impôts

Non contents d'être dénoncés comme "des ennemis de la République" par les socialistes de la motion soutenue ci-dessus, ceux qui pensent que nous payons trop d'impôts se font souvent rétorquer que les nations comparables (le Bélouchistan ?) payent presque autant d'impôts et que, pour chaque impôt, il est possible de trouver un Etat plus cher que l'état français.

Beaucoup d'adversaires des hausses d'impôt hollandiste les auraient défendu si elles avaient été sarkozystes. Autant dire que la zone économique que l'on nomme encore la France est en fait mise en coupe réglée par les uns et les autres du milieu politique pour le compte d'une classe noble essentiellement composée de hauts fonctionnaires et de chefs d'entreprise.

Au sujet de ces derniers, on ne s'est pas assez demandé pourquoi ils participaient à une bizarre compétition pour savoir celui qui toucherait les plus grosses rémunérations. La raison en est toute simple. C'est que leur payeur doit aussi supporter les impôts qui augmentent.

Et plus les impôts augmentent, plus les rémunérations augmentent, ce qui conduit inéluctablement à une hausse du PIB total. La majeure partie de la richesse vantée de la France provient d'une surestimation des plus-values engendrée par la hausse des prélèvements obligatoires. Nous ne sommes la cinquième puissance économique du monde que pour la raison que notre fiscalité (au sens large) est la plus confiscatoire.

Mais, en contre-coup, l'idée de baisser les impôts pourrait avoir un effet pervers. Je sais bien que cette baisse d'impôt est une hypothèse qui fera pouffer de rire un peu partout. Nous savons tous qu'elle est impossible. Mais, il serait plus sage, non pas de ricaner, mais de s'inquiéter si les impôts refluaient de manière significative. Notre économie - oui, ça s'appelle comme ça - s'effondrerait probablement.

Et alors ! On fait quoi ?

Quand l'Etat hausse les impôts, quelque soit le mot qu'on utilise pour désigner le racket exercé par des fonctionnaires ou assimilés sous la protection des tribunaux et de la police, cette hausse d'impôt est immédiatement financée par deux mesures souvent concurrentes :

  1. une hausse des prix de vente ;
  2. une réduction des charges et des investissements de celui qui doit payer l'impôt supplémentaire exigé.
Bien sûr, en économie normale, on produit juste un petit peu plus et la hausse des impôts est financée. Et ce serait là, selon certains auteurs vilipendés partout, l'impôt maximal admissible. Mais, il y a très longtemps que notre économie est incapable de produire "juste une petit peu plus". Ce "juste un petit peu" coûte trop cher.

Il faut donc appliquer un double jeu : "gagner plus et payer moins". C'est la base du commerce. Les "commerçants" sauront donc toujours s'arranger. Par contre, il existe au moins un opérateur économique qui est totalement désarmé à ce petit jeu : c'est le consommateur. En moyenne, il s'agit d'un salarié ou d'un chômeur dont sa capacité à obtenir un salaire supplémentaire est extrêmement limitée et dont la capacité à dépenser un petit peu moins est souvent inexistante. Il faut bien manger et se loger, s'habiller et se déplacer. Se déplacer avec 90% de taxes d'ailleurs ...

Je glisse un conseil aux hollandistes. Qu'ils veillent à ne pas décider d'une élection en fin de mois. Parce que les électeurs qui sont dans leur immense majorité des consommateurs, auront le ventre vide lorsqu'ils feront la queue à l'isoloir. Et ils pourraient devenir vindicatifs.

Vers la faillite de l'état ?

Il existe des discussions savantes pour savoir si un état peut ou non faire faillite. De plus, une telle circonstance dans une économie globale très "interconnectée", la chose paraît impraticable. Même la Grèce n'a pas encore fait faillite ! Alors la France ....

Pour nous la question de la faillite de l'état reste assez nébuleuse. Ce qui paraît, c'est que l'état sera toujours en place tant qu'il pourra payer ses tribunaux. Il disparaîtra quand il ne pourra plus payer sa police. D'où son intérêt à soigner policiers et magistrats. Les autres ....


Je ne peux m'empêcher d'évoquer ici un fait récent. La Suisse a organisé ce week-end, des manoeuvres militaires sur son territoire pour résister à une invasion venant de l'Ouest du Jura suisse. Du Jura français si vous préférez. Sauf que ce Jura a fait sécession depuis la faillite de l'état français et qu'il a décidé, en formant une Sabaudia libre, d'attaquer la Suisse pour piller ses banques.

Certains ont beaucoup ri en France de cet exercice militaire. Malheureusement, il évoque une possible péripétie de notre Histoire. Qui s'annonce déjà hors de France.


Revue THOMAS (c) 30.09.2013