L'école républicaine de l'égalité des chances. La route directe du socialisme.

L'école républicaine de l'égalité des chances. La route directe du socialisme.

Philippe Brindet - 07.12.2013

La République en France est une sorte de propriété privée, détenue par un groupe social composé de hauts fonctionnaires qui ont absolument tous pouvoirs. Celui de plonger quiconque ne leur plaît pas dans une noire misère ou, au contraire, de faire la fortune de qui leur convient. Et cela, bien entendu sans payer l'ISF !

Avec le fisc, l'enseignement est le lieu de l'oppression de cette caste qui recrute les gens les plus dociles, les plus étrangers à la réalité et les plus soumis à l'idéologie la mieux adaptée au maintien des privilèges de la caste possédante. Rappelons le à nouveau. La caste possédante est celle des hauts fonctionnaires, parvenus à leurs postes par ces mécanismes complexes qui ne doivent rien au mérite - fut-il républicain - et tout au népotisme le plus abject - familles, débauches, clubs, syndicats, partis politiques.

Autant l'indiquer dès ici. Notre article n'est bien entendu pas destiné aux honorables membres de la caste dirigeante et encore moins à leurs laquais. Nous ne sommes pas Kant. Nous ne sommes pas des leurs. D'ailleurs, nous ne cherchons à convaincre personne et l'outrance de nos propos est là pour le confirmer. Nous pensons que la caste dirigeante a fait pourrir l'objet de ses attentions. Et le pourri se décompose pour disparaître.

Dans le sujet que nous traitons, il faut d'abord bien considérer que les mines défaites des braves gens découvrant l'étendue des dégâts provoqués par la caste dirigeante dans le domaine de l'Instruction publique exigent qu'on les détrompe. "Ils" n'ont pas compris que c'est le but ultime de la République que de produire un citoyen aux moeurs abjectes, à l'ignorance crasse et à la prétention sans limite quand il applique ce qu'il croit être la "raison" qui n'est, après plus de vingt ans passés sur les bancs de l'école républicaine, que l'application de préjugés imposés par la caste dirigeante.

Pour atteindre cette emprise absolue sur l'immense majorité des gens, la caste dirigeante, qui s'affuble alors du terme d'Etat, s'attribue un budget pharaonique pour réaliser l'éducation nationale des gens sous son empire. Comme ces mêmes gens vivent dans l'illusion d'une démocratie, on leur fait croire que l'Etat, en tant qu'il est la "collectivité des fonctionnaires", rend compte aux citoyens de l'accomplissement de sa mission, qu'il s'est généreusement attribuée. L'autosatisfaction règne. Progrès social, élites florissantes, rien des poncifs ne nous est épargné. Les français sont donc en général parfaitement satisfaits de l'Education nationale, dès lors qu'ils en sont sortis

Jusqu'à il y a peu, notre sort éducatif indifférait l'étranger, seulement amusé par notre insupportable prétention à être ... l'excellence. Une seule chose gênait certains d'entre nous. L'ignorance crasse, l'inculture fétide qui partout règne dans la société française. Peu à peu, la montée de la barbarie. On voit certains fonctionnaires renâcler devant l'insipidité de la tâche qu'on leur impose. Des noms apparaissent comme Alain Finkielkraut, Alain Renaud, Jean-Paul Brighelli, Laurent Lafforgues, et tant d'autres. Ils écrivent tous leurs dégoûts, leurs alarmes. Tout le monde s'en moque.

Puis, peu à peu, l'étranger s'est emparé de la critique. La mondialisation impose aux Etats excédés un contrôle mondial qui perd peu à peu toute référence démocratique. Non, ce n'est pas pour respecter les valeurs des droits de l'homme comme c'était il y a peu. On s'arrêtait aux frontières de la citoyenneté. Mais, la libre circulation des étudiants a amené irrésistiblement la comparaison des instituts de formation supérieure, ou d'instruction finale si vous préférez. Un classement des universités fait par l'Université de Shangaï est devenu célèbre dans lequel les universités françaises et les grandes écoles deviennent presque invisibles.

La caste des fonctionnaires a alors réagi vigoureusement en mettant en cause l'indépendance du classement et surtout les critères retenus. Tout le monde s'est rendormi tranquillement, dans le meilleur des mondes, comme le dit mademoiselle Cunégonde qui, depuis Voltaire, est devenue quelque chose au ministère de l'Education nationale.

Et puis, les réalités sont tenaces. La mondialisation progressant, les étrangers se sont mis à s'intéresser au niveau du collège. Ils se sont mis à comparer le niveau des français d'envion 15 ans d'âge, après souvent plus de dix ans passés sur les bancs de l'école républicaine, à celui d'autres individus qui ne lui ont pas été soumis. Ce sont les enquêtes PISA. La nation de l'excellence, la patrie des droits de l'homme, recule régulièrement dans tous les indices de PISA. Ces indices sont au nombre de trois :

  1. la lecture : comprendre et expliquer un texte de quelques lignes et en retenir quelque chose
  2. les mathématiques : on doit calculer des choses simples à partir d'exposés un peu alambiqués
  3. les sciences : on doit interpréter des informations scientifiques.
La complexité de l'ensemble n'est pas bien élevée. Les résultats de PISA 2012 sont publiés par l'OCDE. Malgré l'accroissement des budgets accordés aux fonctionnaires de l'éducation nationale, la France régresse dans le classement de chaque enquête PISA. Que croyez-vous qu'ils firent ?

L'interprétation de PISA par les socialistes

Ils trouvèrent une interprétation facile. En étudiant l'analyse statistique des résultats de PISA, les fonctionnaires découvrirent que les mauvais résultats de la France n'étaient pas identiques partout. Admirable surprise ! Les socialistes en déduisirent immédiatement deux choses dont je serais fâché qu'elles vous semblassent douteuses :

  • la première chose, c'est que il existe encore des élèves qui ont d'excellents résultats. N'essayez pas de savoir lesquels. C'est inutile. Il suffit d'admettre qu'il y en a. Et cette existence suffit à un fonctionnaire pour affirmer que le système éducatif républicain est le meilleur du monde, puisqu' il génère ce pour quoi il est prévu : de l'excellence !
  • la seconde chose, c'est que PISA prouve qu'il existe en France des individus qui pourraient se croire supérieurs aux autres. Les fonctionnaires socialistes sont donc persuadés que le principe à la base de la "refondation de l'école de la république" - le critère de "l'égalité des chances" - est vraiment une exigence.
Il suffit d'éviter qu'à l'avenir les élèves qui répondent le mieux à PISA soient interrogés et, mieux encore, il est capital qu'ils ne disposent plus d'aucun enseignement susceptible de les conduire ou même de les maintenir dans cette insupportable inégalité des chances dont l'égalisation est vraiment une cause nationale.

Ainsi est donnée l'interprétation socialiste après trente ans d'efforts. Le dogme de l'égalité des chances s'impose comme l'exigence numéro 1 parmi les soucis pédagogiques. Et cette exigence respectée permettra de redresser la réputation de l'école républicaine qui respectera ainsi le critère de l'égalité des chances, les élèves excellents ayant disparu de la future enquête PISA.

Bien entendu, ce fatras récité à longueur de colonnes par les socialistes dans les quatre titres pricipaux de la presse française est une sorte de programme destructeur qui est en réalité mis en oeuvre partout. Ainsi, on pouvait lire :

l'équipe de France d'enseignement, piquée au vif, se servira de ces mauvais résultats pour rebondir et réaliser de meilleures performances mondiales dans les années qui viennent... à condition que le critère de l'égalité des chances redevienne également une cause nationale.
Le Monde, 03 décembre 2013 "Ca ne va pas si mal"
Devant une telle opinion, on hésite à se demander s'ils sont fous parce qu'ils sont stupides ou s'ils sont stupides parce qu'ils sont fous.

La leçon de PISA donnée par les Asiatiques

A l'inverse, les pays d'Asie : Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong, Taïwan, dénotent une vigueur redoutable dans les premières places. Dans ces pays, la connaissance est tenue pour la plus importante des choses à posséder. Il en résulte que l'instruction est produite par des enseignants réellement savants et distribuée à des élèves qui sont animés d'une réelle envie d'apprendre.

Pour y parvenir, tous, enseignants et élèves savent qu'il faut faire des efforts tenaces, longs. Qu'il faut respecter cet effort commun par le respect d'une discipline individuelle et collective rigoureuse.

Si on compare avec la situation standard de la France, les enseignants et les élèves sont séparés par une incompréhension réciproque et refusent les uns comme les autres de se soumettre à la moindre discipline. D'ailleurs, l'idée même que le professeur pourrait être discipliné est totalement absente de la tradition française qui confond le professeur avec un maître d'esclaves. Le mépris absolu dans lequel le rousseauisme tient l'enfant, stupide animal, qu'il faut façonner à sa guise, est resté dans l'inconscient collectif des fonctionnaires français.

Pour des raisons complexes, si complexe que lutter contre elles semble aujourd'hui impossible dans les conditions sociales actuelles, les élèves ignorent même l'existence d'une discipline. Et ils méprisent des professeurs, dont la science ne dépasse pas en général le contenu du manuel scolaire duquel ils tirent des photocopies dénommées pompeusement "support de cours". Il est d'ailleurs souvent impossible d'en vouloir à ces professeurs parfaitement ignorants de ce qu'ils enseignent puisque dans une large mesure le "pédagogisme" stupide règne.

Dans le pédagogisme, dérivé de l'Emile de Rousseau, l'élève est supposé apprendre par lui-même. Le "maître" n'est là que pour le contraindre à rechercher. On conçoit qu'avec de telles méthodes, le professeur n'a pas à s'encombrer de l'excédent de bagages que représente la culture qu'il méprise absolument.

Les Asiatiques, mais pas seulement, les finlandais et les suisses par exemple, partagent avec leurs élèves le goût des choses qu'ils apprennent. Elles ont une valeur qui ne dépend pas de la recherche de l'élève, mais qui se trouve dans la connaissance elle-même. Il suffit au professeur de l'exposer à l'élève pour que celui-ci souhaite se l'approprier. En France, le "maître" est supposé donner à l'élève la raison et le jugement du bon républicain. Cela suffit à l'Etat.

La médiocrité socialiste est l'objectif de la refondation de l'école républicaine

Il n'est pas possible de comprendre les objectifs socialistes en matière d'enseignement si on ne tient pas compte de la question politique. Et avant tout de ce que la question sociale précède la question politique. Le but du socialisme en France est très clair. Il est de transformer la société traditionnelle en une société sans classe mais multiculturelle, dans laquelle aucune culture ne puisse être tenue pour supérieure aux autres. Dans une société animée d'une telle conviction socialiste, la qualité essentielle est celle de la soumission à l'ordre socialiste. Il est évident que la science est admissible pour autant qu'elle soit acquise dans un but socialiste, c'est-à-dire dans celui de l'utilité de l'Etat.

Il en résulte qu'un citoyen en connaît toujours assez quand il a acquis les seules connaissances qui sont nécessaires à la tâche que l'Etat socialiste lui attribue dans la société. L'idée qu'il pourrait lui-même déterminer cette tâche, ou encore qu'il pourrait chercher à acquérir des connaissances dépassant l'exécution de cette tâche, serait une idée subversive. Elle contribuerait en effet à détourner ce citoyen de l'objectif que l'Etat lui assignera. Il en résulte que, en plus des connaissances d'un socle commun basé sur les valeurs du socialisme, l'élève n'a besoin de connaître que les informations strictement nécessaires à au métier auquel l'Etat socialiste le destine par la voie de l'orientation scolaire. Toute formation doit donc comporter deux composantes et deux seulement :

  1. les connaissances du socle commun qui permettent de fonder les déterminismes socialistes de soumission à l'ordre républicain ; et
  2. dans la limite de l'adhésion de l'individu aux valeurs du scole commun, les connaissances nécessaires à la tâche pour laquelle l'Etat souhaite accorder un travail au citoyen correctement formé.
Tout le reste contribuerait à former une classe bourgeoise c'est-à--dire une classe d'individus pénétrés de leur supériorité sur les autres classes de citoyens, rompant ainsi le pacte républicain de l'égalité. Ces éducations bourgeoises et élitistes doivent être interdites. Et c'est ainsi que le respect du critère de l'égalité des chances destiné à effacer les inégalités sociales conduti à configurer l'enseignement sur le niveau le plu sbas des élèves et non pas d'amener le plus grand nombre possible au niveau le plus élevé que chacun d'eux veut atteindre.

Il en résulte que le rôle de l'école est de transmettre à la fois le socle commun de la citoyenneté et, de façon sélective, les connaissances des métiers utiles à l'Etat socialiste. On répondra seulement ainsi au critère de l'égalité des chances essentiel au pacte de refondation de l'école républicaine. Le socialisme scientifique n'a que faire des fanfreluches de la culture et de la science. Seules les choses utiles au socialisme sont admises.

Au bout du compte, les mauvais résultats des mauvais élèves français ne seront plus apparents parce que les bons élèves auront disparus. Le critère d'égalité des chances aura été scurpuleusement respecté puisque tous appartiendront à la classe statistique des mauvais élèves de l'enquête PISA, dans le respect de l'égalité. Des esprits primaires se révoltent à cette évocation demandant nerveusement quel avantage aurait l'Etat à fabriquer des crétins. Monsieur Brighelli s'était gravement posé la question il y a près de dix ans. Mais, le crétinisme du citoyen est la condition ultime de la soumission à l'ordre socialiste. L'école républicaine de l'égalité des chances ? La route directe du socialisme ...


Revue THOMAS (c) 2013