La France, une sociologie du craquement

La France, une sociologie du craquement

Philippe Brindet - 26.02.2014

La France, une idée d'autrefois

Tout d'abord, ce que j'appelle "La France" n'a rien à voir avec une quelconque idée, un quelconque culte. "La France", c'était une langue, un terroir, une histoire populaire. Mais c'était aussi des patois, , des provinces, des paysages et des destins qui se croisaient.

Aujourd'hui, les patois ont disparu et la langue française est encre marmonnée par quelques vieilles personnes. Nos histoires se sont démêlées, séparées. Elles ont été rendues indistinctes par la folie jacobine d'unité nationale qui n'a pas supportée la mondialisation. Et la langue du jacobinisme s'est effondrée sous l'attraction de l'anglais et de son globiche. Nous n'avons plus de destins croisés. Trop de ces destins s'éloignent les uns des autres.

Le tissu du peuple qui fait la république, tiraillé trop cruellement par l'Etat au service des groupes de pression, des clubs de pensée et des intérêts divergents, se déchire, craque de partout. La France est un pays qui craque de partout. Un reste de richesses a maintenu une certaine forme de cohésion nationale. Malheureusement, l'Etat est en train de dilapider ces restes avec une férocité sans exemple. La France n'est déjà plus qu'une idée d'autrefois. Et sur le long terme, elle rejoint d'autres Etats subsistant, comme la Grèce, l'Espagne, l'Italie dans une moindre mesure.

La politique craque de partout

Le dernier homme politique à utiliser un concept politique aura été Jacques Chirac. Après lui, plus personne n'a les moyens pour agiter les valeurs communes du fond politique chiraquien. Il faut reconnaître que Chirac a entretenu le dernier l'illusion fatale. Pour sauver sa puissance, il a été capable de faire croire à la pérénité de ces valeurs alors même qu'elles n'en étaient plus.

Sarkozy, le président bling-bling, a parfaitement reconnu que l'électorat, et non pas le peuple, l'électorat donc était sensible à l'idée socialiste. Il s'y est rallié, d'abord parce que la bourgeoisie s'y était ralliée depuis plus de trente ans et avec elle la fonction publique qui tient encore férocement le pouvoir sur les assujettis. Il a donc succédé à Chirac sur une tromperie en faisant croire qu'il représentait la Droite contre le socialisme alors que la Gauche était entièrement acquise au socialisme bourgeois que Sarkozy servait.

L'électorat, et non pas le peuple, effrayé par la crise financière, a lâché Sarkozy pour désigner Hollande, le président normal, aussi "bling-bling" que son prédecesseur sur son scooter des petits matins. En fait de valeurs, on a eu l'égalité, le mariage homosexuel, le genrisme, l'école pour tous pendant que les impôts montaient, le déficit public montait, l'émigration montait. On peut estimer qu'il ne restera plus rien lorsque Hollande remettra son mandat en jeu.

Et deriière ces fantômes de président, que voit-on sinon des individus déguisés en hommes ou femmes politiques, mais qui n'incarnent aucune idée politique sauf les idées électorales, que n'habite aucun projet politique susceptible d'entraîner une vie nationale, fut-elle républicaine. Ce vide appelle la dernière idée politique, la plus lamentable de toutes, celle de la guerre, intérieure ou extérieure.

Du peuple à l'électorat

Actuellement, le président Hollande règne en France avec un électorat représentant moins de 20% de la population adulte en âge de voter. Et parmi ces électeurs, de nombreux sont en réalité des agents de l'Etat, socialiste par nature. Ces fonctionnaires sont acquis au socialisme de Hollande - ou à celui de Sarkozy.

Caché derrière cet électorat fantôche, le peuple de France est atomisé, divisé en fractions de plus en plus ennemies. Les fractures sont immenses. On peut citer :

  1. la pauvreté qui fait éclater les groupes humains les plus liés et dissout les solidarités ;
  2. l'inculture massive qui rend étranger des gens pourtant voisins ;
  3. les religions qui se sont multipliées avec les origines les plus variées des gens qui y adhèrent ;
  4. l'absence d'avenir économique, notamment pour les jeunes et les sans travail, comprenant de plus en plus de retraités .
Et tant d'autres fractures.

Trois mouvements apparaissent nettement avec l'avancée de la crise :

  1. Les afflux massifs de groupes humains venant d'horizons lointains, s'ils ont résussi à briser la fermeture sur soi du peuple français issu de la Libération, ont excités des appétits opposés entre les groupes humains éclatés par les menées des socialistes. Ainsi, on a excité les femmes contre les hommes, les transgenres contre les cisgenres, les homosexuels contre les hétérosexuels, les riches contre les pauvres, les fonctionnaires contre les marchands, les musulmans intégristes contre les autres, les asiatiques contre les musulmans, les noirs contre les blancs, ... On a ainsi excité tant de divisions entre les gens que l'horizon le plus vraisemblable de l'histoire prochaine est celui de la guerre civile.

  2. Les jeunes sont actuellement dans une situation économique invivable. Ils sont agités par des messages de consommation encore plus puissants que ceux auxquels ont été soumis leurs parents. Leurs moyens financiers ne leur permettent plus d'envisager d'y répondre, mmême en "tapant" leurs aînés au bord de l'asphyxie financière. D'ailleurs, l'allongement de la durée des études provient essentiellement de la réaction vitale des adultes qui ne peuvent admettre l'arrivée dans le monde de la production des jeunes. De plus, les études poussent les jeunes dans une insupportable sujétion dès lors que les perspectives économiques sont bouchées. Quant à la culture dans laquelle une minorité de jeunes aurait pu se consacrer, elle a été "savamment" déconstruite, par des iconoclastes applaudis par la bourgeoisie socialiste, de sorte que seuls des pervers y poursuivent des carrières purement commerciales.

  3. Plus récemment, on a reconnu un mouvement "traditionnel" en réaction aux dernières menées progressistes. D'abord encadré par le clergé catholique, ce mouvement a littéralement échappé aux institutions, partis aussi bien qu'Eglises. Ce peuple réactionnaire est, à notre estimation, encore majoritaire. Il est exaspéré des circonstances et ne demande qu'une chose : qu'on lui désigne un ennemi, un responsable de la gabegie. Actuellement, il tourne sur lui-même, incosncient de sa force, se cherchant des meneurs, des aspirations. Les Eglises et les partis ne comprennent pas ce peuple même si c'est parmi ses membres que les Eglises et les partis recrutent leur électorat ou leurs fidèles.

Il nous semble que tant qu'il s'agira d'un électorat, les partis politiques peuvent l'ignorer. En effet, ce peuple réactionnaire sera toujours soumis à l'autorité tant que quelqu'un ne l'arrachera pas à sa servitude.

Toujours est il que le peuple réactionnaire de la Manif' pour tous ou autres fariboles, constitue un groupe social qui peu se reconnaître en lutte contre les autres groupes sociaux. Mais, il peu ausis faire alliance avec certains d'entre eux. Avec les musulamns par exemple. Ainsi, ces divers groupes, plus ou moins étrangers entre eux, peuvent un jour ou l'autre se rencontrer. Pour s'allier ou pour se déchirer.

Dans l'un ou l'autre cas, ce sera la fin des partis et la fin des Eglises. La fin du socialisme ?


Revue THOMAS (c) 2014