Les municipales et le hollandisme

Philippe Brindet - 31.03.2014

Un désaveu de l'électorat ? Quel désaveu ?

Depuis le premier tour des municipales, on entend partout que le peuple - peuple sacré - aurait infligé un désaveu - cinglant bien entendu - au hollandisme, ce socialisme des beaux quartiers. Les puissants qui dirigent l'opinion ont hésité entre agiter le chiffon rouge pour répondre à la "montée du front national" - qui prend une douzaine de villes de 10.000 habitants ... - et la reprise du "pouvoir" municipal par l'UMP. Ce parti qui ne sait même pas qu'il est socilaiste à un point tel que le PS de François Hollande utilise sans vergogne ses lois pour infliger à la population vivant en France une dictature écrasant tout dans la misère et la pauvreté.

Le FN reste un parti ultraminoritaire, dont l'idéologie reste primaire, mal positionnée et dont la seule modernisation réside dans la montée d'un socialisme d'Etat complètement dépassé. Plus dépassé encore que le hollandisme ou le sarkozysme, le lepénisme ne représente rien d'autre que l'exaspération de certaines petites gens dont le seul mérite est de ne pas se laisser manipuler par les rodomontades des deux grands partis politiques, UMP et PS, tristement confondables dans leur nullité politique.

Les municipales ne sont un désaveu de rien du tout. Le pouvoir politique en France est essentiellement peuplé par les laquais qui occupent la place arrière des limousines de l'Etat, et habitent le troisième étage des palais nationaux. Le pouvoir réel est tenu par dix mille fonctionnaires, souvent installés là depuis leur arrière grand-père, et qui tiennent d'une main de fer tant les paltoquets qui agitent les slogans électoraux - à quoi se résume la démocratie en France - que les petits fonctionnaires qui viennent chercher au petit matin les Français pour les traîner dans de sales geôles en les arrachant à de tristes habitations, quand la fantaisie leur prend de contester leur pouvoir.

Alors, un désaveu ? On cherche encore.

L'abstention est-elle aussi un désaveu ?

38,4% d'abstentions au second tour des municipales 2014. Un français sur trois ne s'est pas rendu aux urnes. Il est possible d'ailleurs que parmi eux, il y avait d'anciens électeurs du PS qui, découragés par la politique détestable menée au nom de leur parti favori, ont préféré s'abstenir que de prendre parti.

Est-ce un désaveu ? Nous ne le pensons pas. Il est mieux probable que l'abstention se soit nourrie d'une mise en réserve des socialistes qui se reconnaissent dans une politique d'ultra-gauche qui consiste à spolier les riches pour payer la fraternité et l'égalité du peuple. Malheureusement, ces "braves gens" comprennent confusément que les riches sont partis. Alors, leur revendication tombe à plat et eux partent en vacances pendant les élections. En attendant le retour des riches.

Quelle nouvelle politique attendre ?

Le problème du hollandisme est identiquement celui du sarkozysme. Alors que, selon les institutions de la Cinquième République, le Président règne comme l'incarnation de la France, tandis que le gouvernement gouverne, Sarkozy et Hollande, se méprenant sur les attitudes quasi-monarchiques de leurs prédecesseurs, Mitterand et Chirac, ont cru de leur fonction qu'ils devaient mettre en oeuvre un programme politique de gouvernement. Ils ont concentré le pouvoir régalien et le pouvoir gouvernemental. De ce fait, le désaveu des français contre les mesures du gouvernement touchent exclusivement le Président de la République. Ce n'est plus son premier ministre qui doit partir, c'est lui-même qui doit se démettre.

Malheureusement, les institutions de la V° ne sont pas prévues pour cela. Il est donc clair que Hollande restera. S'il "charge" son premier ministre des erreurs de sa propre politique, il devra le sacrifier dans un grand remaniement. Mais, pourtant, tout conduit à l'idée qu'il faut ne rien changer. Hollande devrait garder Ayrault et ses principaux ministres, Taubira, Fabius et Valls. Peut-être Sapin, Moscovici et Le Foll. Les autres ne sont que des laquais qu'ont peu remercier avec un pourboire.

Sapin a martelé de toutes ses forces que le hollandisme allait garder le cap. Concédant des inflexions nécessitées par la défait électorale, il expliquait ainsi que le hollandisme ne doit en aucun cas changer. Il n'est pas programmé pour cela. Et il est totalement identique au sarkozysme, parce que pas plus que lui, il n'est animé par la moindre idée politique. Une seule obsession : la France doit être administrée. D'ailleurs, la France n'a plus que des fonctionnaires.

Maintenant, on verra son degré de faiblesse. S'il écarte Ayrault, c'est un clône de ce dernier qu'il installera le plus probablement. Alors que la seule solution politique est d'organiser des élections parlementaires anticipées et, en fonction de la nouvelle majorité dégagée, de nommer un premier ministre capable de mettre en oeuvre les projets acceptables par la majorité parlementaire.

Mais tel n'est pas le hollandisme. Pareil au sarkozysme,


Revue THOMAS (c) 2014