Les canonisations de Jean XXIII et de Jean-Paul II

Les canonisations de Jean XXIII et de Jean-Paul II

Philippe Brindet - 24 avril 2014
avril 2014

L'auteur de ces lignes n'a strictement aucune espèce de critique ou d'approbation à donner à la décision de l'Eglise de canoniser deux Papes de l'époque récente.

Il n'en reste pas moins vrai qu'un fait est absolument incontournable : pendant la durée même du Concile, puis lors de sa mise en oeuvre, Paul VI et Jean-Paul II ont déplorée une situation calamiteuse qui se développait au sein même de l'Eglise, situation qui selon eux, ne naissait pas du Concile, mais qui prit une accélération notable à partir de la conclusion du Concile.

La première caractéristique de l'après-Concile a été la réduction extrêmement rapide du nombre de prêtres et de religieux. On sait que le mouvement avait commencé bien avant, mais la conclusion du Concile a été un choc majeur sur la démographie ecclésiastique.

Le deuxième caractéristique a été la perte presque complète de la pratique religieuse canonique, de l'assistance à la messe dominicale et du respect des fêtes d'obligation par les catholiques. Cette baisse de la pratique religieuse a conduit à la formation de deux populations très réduites de laïcs catholiques :

  • les observants réguliers qui, aujourd'hui, comptent de 2 à 4% de la population française, et leur décroissance est pratiquement constante dans tous les pays occidentaux ;
  • la structuration en lien avec les mouvements de gauche d'un activisme catholique de plus en plus réduit et qui commence même à renoncer à ses racines chrétiennnes (cas de la JOC en France et en Belgique).
Dans le même temps, l'Eglise hiérarchique, essentiellement en Occident, se situe dans un déni de réalité, se livrant sans vergogne à un discours auto-satisfait extrêmement inquiétant. Il est possible que l'interprétation ecclésiastique majoritaire des canonisations de Jean XXIII et de Jean-Paul II ressorte de la célébration de cette auto-satisfaction.

On aura remarqué que la Béatification préalable de Jean XXIII a été décidée et célébrée par le Pape Jean-Paul II. Lors de la cérémonie, il avait tenu à réunir le même jour les béatifications de Jean XXIII et d'un de ses lointains prédecesseurs, le Pape Pie IX, célèbre pour avoir notamment promulgué le Syllabus, sorte de catalogue de condamnation de la modernité à laquelle le Concile Vatican II se serait attaché de lui rallier l'Eglise.

Jean-Paul II avait alors tenu à rappeler la vénération particulière que Jean XXIII portait à Pie IX qui, non content d'avoir pourfendu le modernisme, avait aussi promulgué le dogme important de l'Immaculée Conception. Cette parenté spirituelle entre Jean XXIII et Pie IX était largement destinée à illustrer l'interprétation résolue du Concile Vatican II à la lumière de la tradition et à rejeter l'idée d'une Eglise renouvellée à l'issue du Concile, Eglise nouvelle qui n'aurait plus rien à voir avec l'Eglise de Pie IX notamment.

Par ailleurs, on remarquera aussi que les canonisations conjointes de Jean XXIII et de Jean-Paul II, si elles sont souvent comprises comme une sorte de déclaration de sainteté du Concile Vatican II, bien inutile puisque son caractère oecuménique et universel le lui accorde, concernent les vertus personnelles des deux souverains pontifes. Il serait oppprtun de relever leurs mérites. De manière concrète.


Revue THOMAS (c) 2014