La crise du diocèse de QuimperPhilippe Brindet - 19 mai 2014 - Corrections du 13.12.20161 - De quoi s'agit-il ?Incidemment, nous apprenons la suspension de l'évêque de Quimper et Léon, Mgr Le Vert. Nommé par Benoît XVI en 2008, il a été autorisé à prendre du repos par le Vatican. On peut penser que la décision vient de la Congrégation des évêques. La CEF a produit un communiqué (Références [1] et [12]) annonçant la nomination de Mgr Guénéley, évêque émérite de Langres comme administrateur apostolique (Référence [13]). 2 - Les faitsLa première alerte d'un problème politique dans le diocèse de Quimper a été une visite de l'archevêque de Rennes, qui a passé plusieurs jours à "écouter" les divers ecclésiastiques et laïcs engagés (Référence [9]). Il semble que le conflit entre Mgr Le Vert et le haut-clergé de son diocèse provienne du choc entre un jeune évêque conservateur, issu de la Communauté Saint-Martin de Gênes et un clergé âgé, mais adhérent à un christianisme progressiste. Il semble que, exaspéré par les résistances des uns et des autres, Mgr Le Vert aurait ou bien démissionné ou bien contourné les ecclésiastiques qui ne tenaient pas à sa ligne. Et, suprême injure, il aurait installé des amis à lui, sans lien avec le diocèse, pour lui servir de conseil. Plusieurs actes pourraient avoir envenimés peu à peu la situation. Tout d'abord, il semble que Mgr Le Vert ait hérité d'une situation financière désastreuse - ce qu'il conteste le 2 mai 2014 quelques heures avant de savoir qu'il est suspendu (référence[24]). Et malgré le temps, il n'est pas parvenu à redresser vraiment la situation. Il est très possible que cette question joue un rôle avec le haut-clergé du diocèse, nécessairement impliqué dans cet état de fait et dans son passé. Il s'est séparé ou à pousser à la démission plusieurs responsables de son diocèse, deux vicaires épiscopaux notamment. Ces personnalités locales disposaient évidemment de soutiens dans leur clergé, mais aussi à la CEF et à la Curie. Un spectacle licencieux a été organisé sous la responsabilité d'une personnalité ecclésiastique locale (Référence [6]). Et Mgr Le Vert a cru de son devoir de dramatiser la chose, de sorte qu'il est possible qu'il y ait eu des suites de l'affaire,qui ridiculisait ses organisateurs. La décision de Rome est rendue publique par la CEF, Mgr Podevin, et par le site du diocèse de Quimper. Il semble que la chose se soit produite en moins de huit jours pour éclater publiquement le 12 mai 2014. On a vérifié les sermons de Mgr Le Vert [14]-[19]). Il n'est rien apparu qui puisse choquer même un progressiste blanchi sous le harnois de l'Eglise de France. Seul, un document [3], qui semble émaner de Mgr Le Vert, mais sans certitude, et qui concerne le "mariage pour tous", pourrait faire sourciller certains curés progressistes. Mais la chose est enrubannée d'un hymne à la démocratie d'un lyrisme brûlant qui rachète l'ensemble. Par ailleurs, sa liturgie est résolument conforme aux orientations de l'Eglise de France depuis l'après-Concile si on en croit un reportage vidéo (Référence [21]) de la messe prise un mois avant sa suspension d'activité. Il n'y paraissait d'ailleurs pas frappé d'une fatigue notable susceptible de se voir suspendu pour prendre du repos ... Si le clergé de Mgr Le Vert semble partagé sur sa destitution, les fidèles de Mgr Le Vert semblent eux frappés de stupeur devant l'affront fait à leur évêque et 300 d'entre eux se sont rassemblés le dimanche suivant son éviction, aux Vêpres avec le concours semble t'il du curé de la cathédrale (Références [4], [10]). L'évêque a été exfiltré vers un lieu inconnu et n'a plus donné aucun signe de vie sur le web. Dans Le Télégramme de Brest, on a noté une polémique initiée par le prêtre retraité Laurent Laot (référence [22]) qui mettait en cause Mgr Le Vert avec une satisfaction qui a troublé un professeur de philosophie. Ce dernier a publié une tribune en réplique (référence [23]) et invité les quimpérois aux Vêpres du dimanche suivant où ils sont venus en assez grand nombre [22]. 3 - Mgr Le Vert, trop conservateur ?Certaines personnes ont estimé, qu'à un certain degré, Mgr Le Vert serait un conservateur en lutte avec une partie importante progressiste de son clergé (lire [8], [9]). L'activisme du prêtre Laot, notamment sur l'affaire du mariage homosexuel, montre bien une telle animosité. Mais, tout d'abord, Mgr Le Vert n'a jamais sanctionné Laot, retraité bien actif. Ensuite, le conservatisme de Mgr Le Vert est modéré. Il n'existe en effet dans son diocèse, bien qu'il soit un évêque "Benoît XVI", aucune messe "Summorum Pontificum" dite du rite extraodinaire institué par Benoît XVI le 7 juillet 2007. En témoigne une lettre de La Bretagne Catholique et romaine du 24 juillet 2009, dans laquelle on peut lire : Si la ville de Brest accueille depuis plusieurs années une messe en rite extraordinaire tous les dimanches dans une chapelle (pour une ville de près de 200.000 habitants), le sud du Finistère n'est pas encore bénéficiaire des fruits de cette liturgie.Il est possible que les demandes ne soient pas assez nombreuses pour établir sans conteste l'existence du "fameux" groupe stable exigé par le Motu Proprio. Cependant, selon la même source citée plus haut : En effet, un groupe stable de fidèles - au moins une quarantaine de personnes hors vacances scolaires et potentiellement plus d'une centaine en période estivale - est désireux de voir célébrée la messe en rite extraordinaire. Il s'agit notamment de jeunes familles, éloignées des clichés poussiéreux que l'on cherche par trop souvent à colporter. Malgré une demande faite à Mgr Le Vert, aucune suite favorable n'a été donnée à cette requête formulée avec charité et bienveillance.Mgr Le Vert n'est donc pas aussi conservateur qu'on le dit. Avant d'être nommé à Quimper, Mgr Le Vert était à Meaux, auxiliaire de Mgr de Montléon qui n'était pas plus conservateur que lui et de fait, le diocèse de Meaux n'a institué aucune messe de forme extraordinaire. On notera qu'il existe cinq lieux parfois désignés sur le diocèse de Quimper comme proposant des messes de forme extraordinaire. Il s'agit en réalité d'oratoires de la FSSPX qui ne célèbre pas la forme extraodrinaire, mais le rite tridentin en rebellion avec Rome. Ce qui est bien différent. Mgr Le Vert n'y est pour rien. Selon une mise à jour de la liste des messes de forme extraordinaire, en date du 28.04.2014 (http://www.amdg.asso.fr/lieux_messes_spv.htm), il existe toujours un seul lieu d'une messe du dimanche en forme extraordinaire dans le diocèse de Quimper et Léon. Que s'est-il passé ?A force de retourner les rares faits disponibles au public, il faut considérer qu'on est incapable de répondre à la question. Il y a des problèmes qui par nature semblaient devoir s'aggraver sans fin. L'Eglise hiérarchique a décidé s'arrêter l'escalade. Mais, comme aucun des faits relevés ne semble de nature à créer une situation exceptionnelle, on est une fois de plus conduit à penser que la caste ecclésiastique a cru de sa dignité ne pas révéler les problèmes qui l'agitent actuellement. On notera cependant que la résignation du Pape Benoît XVI qui avait échoué à imposer une voie moyenne d'interpétation du Concile a manifestement conduit son successeur à choisir une voie résolument progressiste ainsi qu'en témoigne par exemple l'étonnante influence du cardinal Kasper à Rome. Plusieurs affaires dans l'Eglise de France montrent aussi une certaine inquiétude des milieux modérés et un enthousiasme inattendu de la part des milieux progressistes. Mgr Le Vert s'est-il trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? Plusieurs menées violentes secouent actuellement l'Eglise de France. Elles sont généralement le fait d'ecclésiastiques âgés ayant appartenu à l'activisme progressiste dans leur jeunesse que la démission de Benoît XVI et l'accession au pontificat de François ont littéralement rajeunis. Comme disait le bon docteur Galipeau : "C'est le dernier mieux !". Mise à jour de Décembre 2016Mgr Guéneley a terminé sa mission avec la nomination par Rome d'un nouvel Evêque, Mgr Laurent Dognin. Il existe maintenant trois lieux de célébration de la forme extraordinaire dans le diocèse de Quimper. Mgr Le Vert, après sa disparition, est réapparu pour devenir une sorte d'auxiliaire temporaire du Diocèse de Bordeaux. Il a au bout d'un an été transféré dans le Diocèse de Fréjus, où il s'occupe de plusieurs associations de fidèles. Mgr Le Vert semble ne pas communiquer ni sur son passé, ni sur son présent. Quant à son avenir ... Sources diversesIl s'agit de liens locaux non publics. Les documents étaient consultables sur le net le 19 mai 2014.
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