Le Front National a t'il changé ?

Le Front National a t'il changé ?

Philippe Brindet - 13.06.2014

Voilà la grave question que se posent les commentateurs politiques. Généralement pour affirmer qu'il s'agit "toujours d'un parti raciste, xénophobe, fasciste et nazi" ... Comme si les statuts fondateurs de ce parti contenaient des obligations radicales contraignant ce parti à se conformer à ce qu'on dit de lui.

Bien entendu, il n'en est absolument rien. Le Front National est un parti qui n'est pas fondé sur le racisme, la xénophobie, le fascisme ou le nazisme. Tout le monde le sait bien, y compris ceux qui affirment le contraire. Eux appliquent une constante de l'esprit républicain : "Calomniez, il en restera toujours quelque chose".

Mais, il y a un "mais". Deux même, si nous comptons bien.

Les "braves gens" sont majoritairement racistes, xénophobes, fascistes et nazis.

L'affirmation est difficilement recevable. Mais elle est aussis difficilement réfutable. Les "braves gens" comprennent très rapidement que l'ordre est plus profitable à leurs affaires que le désordre. Et justement qui peut représenter le désordre mieux que celui qui est différent du "soi" des "braves gens" ? Et emportés entre tendance à l'ordre et haine du "non-soi", les "braves gens" sont ainsi tout naturellement racistes, xénophobes d'un côté et fascistes et nazis de l'autre.

Alors que le matraquage idéologique est incessant depuis trente ans, le multiculturalisme de façade a exacerbé les réactions populaires de racisme et de xénophobie dans de nombreux milieux. On peut penser que, en dehors d'une classe de plus en plus réduite de gens complètement dépendant de la déformation culturelle et de l'intoxication idéologique, probablement moins de cent mille individus militant dans les associations gauchistes, les motifs xénophobes et racistes progressent de plus en plus comme une réaction à un insuppportable conformisme socialiste.

De ce point de vue, la haine terrible produite par la faillite du système socialiste, animé par l'UMP et par le PS, précipite les "braves gens" vers un fascisme d'état à la fois désespérant et effrayant. Joint à un grégarisme peut être jamais atteint dans l'histoire, il est clair que la tentation fasciste guette à peu près toutes les fractions de la société ou bien pour épanouir racisme et xénophobie ou bien pour faire triompher les idéologies social-démocrates mondialistes et européistes.

Et de ce point de vue, les vestiges de l'UMP et du PS, et plus encore ceux du Front de gauche et ceux de l'écologie politique nous paraissent encore plus tentées par le fascisme que ne l'est le Front National. Ou au moins autant. Les haines et l"intolérance s'expriment partout, encore de manière codée pour échapper au quadrillage policier qui réprime racisme, xénophobie et fascisme.

Le Front National a changé de recrutement de ses cadres ou membres actifs

Mais, dans le débat pour savoir si le Front National a changé, il faut faire une place à la récente élimination du blog du fondateur du Front National suite à une publication typique de l'antisémitisme ambiant et tellement répandu. Ce qui a changé probablement, c'est que le Front National a été rejoint par des gens plus jeunes, ignorants des querelles issues du gaullisme et de la Guerre d'Algérie. Très clairement, les membes actifs du Front National se recrutent maintenant aussi dans la petite bourgeoisie éduquée par le multiculturalisme. Les "blaques" douteuses du vieil homme qu'est devenu Jean-Marie Le Pen expriment peut être encore le racisme et la xénophobie ambiante. Mais, elles "fatiguent" les générations plus jeunes.

C'est sûrement l'un de ces paradoxes que le Front National se mette à réprimer chez lui ce qui pourtant fait le fond de la majorité des français.

Mais, le Front National a encore plus changé en recevant l'apport d'une masse de fonctionnaires qui autrefois lui était étrangère. Ces fonctionnaires ont largement fascisé l'idéologie du Front National sous l'aspect d'un dirigisme d'Etat particulièrement inquiétant exprimé clairement dans le programme présidentiel de 2012 de sa Présidente actuelle.

Nous pensons que les cadres politiques du Front National ne sont pas plus étatistes et autoritaires que ceux de PS. Et si le Front National a changé, c'est qu'il s'est rapproché du socialisme ambiant fondé sur le socle de la Révolution française et de la toute-puissance de l'Etat héritée du gaullisme et tombée depuis dans l'escarcelle de la social-démocratie également partagée entre le sarkozysme défunt et le hollandisme triomphant.

Très clairement, et le Front National s'est simplement réorienté en fonction de cette analyse, les français veulent de plus en plus être gouvernés rigidement par un Etat puissant et respecté de tous, appliquant la loi totale décidée par l'Etat. Et cette soumission totale nous inquiète plus que tout.


Revue THOMAS (c) 2014