La destruction du vol MH17 en Ukraine

La destruction du vol MH17 en Ukraine

Philippe Brindet - 09.09.2014

Les faits

La catastrophe

Le 17 juillet 2014, à 13 heures 20, le vol MH17, constitué par un Boeign 777 de la compagnie Malaysian Airlines disparaît des écrans du contrôle aérien ukrainien. Quelques instants plus tard, on annonce que des débris d'un avion de ligne viennent de s'écraser à l'Est de Donetsk dans une zone contrôlée par les activistes pro-russes.

Très vite, les média occidentaux, probablement actionnés par les services secrets américains et leurs antennes, notamment européennes, désignent les pro-russes équipés d'après eux par Moscou de missiles sol-air de type Bouk. Les activistes pro-russes auraient abattu par un tir d'un de ces missiles le Boeing malaisien. Pour prouver cette hypothèse, les Ukrainiens diffusent très tôt un enregistrement de radio intercepté par leurs services secrets entre deux responsables militaires pro-russes qu'ils traduisent de sorte que l'un d'eux informe l'autre que les "gars" ont abattu un avion de ligne.

Pour appuyer la réalité du missile Bouk, les américains vont diffuser directement et par leurs affidés européens des photos et des vidéos prétendant montrer un convoi de quelques camions, dans lequel se trouverait un système d'arme Bouk. Comme le système Bouk est un système complexe en deux groupes et surtout du fait que le Bouk est en fait la version ukrainienne d'un missile russe, et qui donc n'a aucune raison de traverser la frontière de la Russie vers l'Ukraine, les medias vont progressivement, sans que cela lève la moindre question, déplacer sa désignation sur un système S-300, parfois même S-200, là plus clairement de fabrication russe.

Les pro-russes et les russes vont timidement répliquer en demandant à Kiev de diffuser des enregistrements de contrôle aérien entre des contrôleurs aériens qui mettent en cause l'action d'un avion de chasse ukrainien dans la zone. Un contrôleur de cette zone, de nationalité espagnole, tiendra même quelques propos tendant à soupçonner les militaires ukrainiens de la responsabilité de cette destruction.

Pour finir, et comprendre l'émotion médiatique suscitée, il faut dire que l'avion malaisien transportait environ trois cent personnes dont beaucoup se rendaient à un congrès sur le SIDA qui se tenait en Malaisie.

L'enquête

La zone d'écrasement des débris étant réputée zone tenue par les rebelles pro-russes, les Occidentaux ont tardé tant qu'ils ont pu pour faire parvenir une équipe d'enquête. Or, si en effet des combats se déroulaient, la zone des débris n'était pas sous le feu des combattants. Les journalistes se rendaient sans encombre sur les lieux, filmaient les débris et interrogeaient les habitants sans aucun problème. Peu après des activistes pro-russes sont arrivés et ont pris le contrôle de la zone des débris. En réalité, les combats n'avaient pas lieu à l'endroit. Mais, les Occidentaux ont joué médiatiquement une magnifique comédie tendant à faire croire que les pro-russes se battaient pour empêcher l'équipe d'enquête de faire son travail.

En réalité, il semble que les troupes de Kiev étaient durement accrochées par les activistes pro-russes assez loin de la zone et n'avaient aucun moyen d'y accéder. Les pro-russes se déplaçant librement dans cette zone sont naturellement venus surveiller la zone. Ils ont même remis les boîtes noires du Boeing aux autorités aéronautiques venues sur place.

L'enquête a pris une quinzaine de jours de plus que le délai réglementaire. Le rapport préliminaire à trente jours, a été rendu public le 08.09.2014 presque 15 jours hors délai. On est un peu étonné de l'extrême modicité des résultats de l'enquête.

Une simple hypothèse

Le rapport préliminaire a très vite été publié sur Internet le 8 Septembre 2014. Le fichier sous lequel il a été trouvé est "239143230-Rapport-Vol-MH-17.pdf". Il fait 34 pages dont la plupart repasse des données sans importance.

Le rapport préliminaire passe en revue les données publiques de vol et en déduit que aucun accident interne à l'appareil n'a pu entraîner la catastrophe. C'est en effet une conclusion logique. En l'absence d'autres informations, cette conclusion nous paraît juste.

Ayant déclaré ce que l'accident n'était pas, le rapport préliminaire qui devait ne pas prendre position sur les responsabilités de l'accident, a établi l'hypothèse suivante :
“The pattern of damage observed in the forward fuselage and cockpit section of the aircraft was consistent with the damage that would be expected from a large number of high-energy objects that penetrated the aircraft from the outside,” La forme des dommages observés sur la partie avant du fuselage et sur la partie de cockpit de l'appareil correspond aux dommages attendus d'un grand nombre d'objets à haute énergie qui ont pénétré l'appareil de l'extérieur.

Quelques observations contenues dans le Rapport Préliminaire

On a remarqué plusieurs éléments curieux dans le rapport préliminaire :

  1. Une carte page 12/34 : la carte montre que deux autres avions, deux Boeing 777 identiques à celui du vol se trouvaient à 13 heures 20 voler aux mêmes altitudes et dans des directions très proches et dans le même sens, à respectivement 5 kilomètres et 35 kilomètres. On peut leur ajouter un Airbus A330 qui volait en sens inverse dans une direction semblable à la même altitude à 20 kilomètres environ. Alors que le Boeing malisien est identifié par son numéro de vol OAC, les autres appareils ne sont pas identifiés dans le rapport préliminaire.

    A ce propos, un internaute a remarqué que pendant le vol MH17, le président Poutine rentrait à Moscou en provenance du Sommet des Etats d'Amérique du Sud . Il ne nous a pas été possible d'identifier la route aérienne de son appareil. Il est très improbable qu'il fut l'un des appareils repérés par le Rapport préliminaire sur sa carte. Mais le problème reste entier. Les responsables de la destruction du MH17 se sont ils trompés de cible ?

    Si l'avion de Poutine se rendait à Moscou, il est très vraisemblable que sa route aurait eu une autre direction et il serait plus vraisemblablement passé par Varsovie que par Donetsk. Mais nous ignorons son point de départ en Amérique du Sud et le fait que sa destination fut Moscou n'est qu'une supposition.

    On note que le vol MH17 et celui du Boeing 777 le plus proche se suivent pas une des lignes normalisées entre les balises de navigation aérienne, contrairement aux deux autres appareils représentés. Quelques minutes avant la destruction, le contrôle aérien ukrainien a demandé à 12 heures 53 au vol MH17 de passer au niveau supérieur, ce que le pilote a refusé.

  2. Les photos des pièces montrent des perforations, page 23/34 , dont plusieurs sont alignées en oblique. Il semble exister deux agents possibles :
    1. un ou plusieurs canons d'aviation embarqués comme des canons de 30 millimètres;
    2. un missile explosant en avant du vol MH17 et propulsant des fragments perforants à grande vitesse.

  3. La carte des atterrissages de débris page 21/34 semble montrer un retournement de l'avion le cockpict tombant à 2 kilomètres du lieu de l'accident et la queue se trouvant à 8 kilomètres du lieu de l'accident.
    Le point de chute de la queue de l'appareil est cohérent avec la balistique d'une chute libre depuis le point de destruction, tandis que le point de chute du cockpict indique une forte vitesse initiale descendante composée avec la vitesse initiale de MH17.

Quelques réflexions pour résoudre l'énigme de la destruction du MH17

La direction de la source à haute énergie responsable de la destruction de MH 17 paraît devoir se trouver au-dessus de MH17 de face au cockpit. Ceci expliquerait la remarque du Rapport préliminaire,
Puncture holes identified in images of the cockpit floor suggested that small objects entered from above the level of the cockpit floor (figure 10)." Les trous de perforation identifiés sur les images du plancher cockpit suggèrent que de petits objets sont entrés par au-dessus du niveau du plancher du cockpit (figure 10)"
De tels objets pourraient parfaitement être des obus tirés depuis un chasseur venant de face et par dessus.

Contre cette hypothèse du canon embarqué, de 30 mm notamment qui est le standard de ce genre d'armement, on peut citer les arguments suivants :

  1. la taille des trous semble se trouver de moins de 30 mm à plus de 30 mm : le calibre n'est donc pas vraiment suggéré.
  2. l'écartement entre les trous est très faible de l'ordre de 2 cms à 50 cms.
    On note que l'armée ukrainienne dispose de 85 Sukhoy 27, un appareil capable d'intercepter un Boeing 777 et équipé d'un canon de 30 mm de type Gryazev-Shipunov GSh-30-1. Le projectile fait 400 g et la cadence pratique est de 1500 coups/minute, tandis que la vitesse d'éjection est de 860 m/s (source wikipedia). Les canons de ce type disposent en général d'environ 1.000 coups.
    Pour détruire en plusieurs morceaux un Boeing 777, on doute qu'une rafale de 30 mm puisse obtenir un tel effet. Le Boeing a été coupé en plusieurs morceaux.

L'hypothèse de l'explosion d'un missile sol-air est à notre avis plus improbable. En effet, le missile venant du sol, c'est par en dessous et par derrière qu'il aurait du aborder le Boeing. Ici, il a du aborder le Boeing par l'avant et par au-dessus. Ce n'est pas impossible, mais compliqué. En particulier, un guidage final par infrarouge qui vise les réacxteurs n'a pas du être utilisé.

Cependant, les missiles sol-air russes utilisent souvent un explosif à fragmentation (source wikipedia), les fragments produits par l'explosion de la charge sur l'ogive de la fusée produisant des projectiles de formes indéterminées à grande vitesse. La répartition des perforations relevées par le Rapport préliminaire n'est pas facilement imaginable avec une explosion relativement isotrope. Par ailleurs, la chaleur et l'énergie de l'explosion aurait conduit à des dégradations de structure du Boeing qui ne semblent pas relevés dans le Rapport Préliminaire. Il devrait y avoir des zones de brunissement.

Cependant, la diversité des formes et tailles des perforations relevées par le Rapport préliminaire correspond assez à un explosif à fragmentation. De plus, si le missile a explosé à quelques dizaines de mètres de l'avant supérieur du cockpit, la séparation du cockpit et sa chute proche s'expliquent.

Conclusions

Contrairement à ce qui était espéré, aucune conclusion ne peut encore être formulée. Les deux hypothèses avancées ne trouvent aucun fondement pratique mais seulement utilisent une certaine interprétation de certaines observations du Rapport préliminaire. En particulier, la découverte d'au moins l'un des objets à haute énergie qui ont pénétré l'appareil de l'extérieur pourraient permettre d'en savoir plus.


Revue THOMAS (c) 2014